Des Assedics à 8 millions d’euros par an : comment Benoît Wojtenka de Bonne Gueule a fait
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Transcription texte de l’interview
Olivier Roland : Il a démarré comme stagiaire aux Assedics, vendeur de carrelage à Leroy Merlin.
Benoit Wojtenka : J’ai travaillé chez Leroy Merlin au monde Sol. Donc, toute la journée, j’étais vendeur pour du carrelage, du parquet, etc.
Olivier Roland : Et même nettoyeur de poubelles.
Benoit Wojtenka : J’ai travaillé pour le père d’un ami où je nettoyais les poubelles et les cages d’escalier d’HLM.
Olivier Roland : A la fin de ses études, il se retrouve dans un stage de consulting où il ne comprend littéralement rien.
Benoit Wojtenka : Je suis arrivé, le boss a fait une réunion où il a expliqué une réorganisation des équipes, je n’ai rien compris à ce qu’il racontait, mais rien de rien.
Olivier Roland : Et pourtant, Benoit fait aujourd’hui plus de 8 millions d’euros par an de ventes. Et en termes de chiffre d’affaires ?
Benoit Wojtenka : En 2019, on a fait… je vais le dire hors taxe, je sais que tu veux tellement que je dise TTC, mais je n’ai pas le… En 2019, on a fait 8,3 millions, le Covid a été un peu dur, on a fait 7 millions hors taxe en 2020, mais là, on fait une belle reprise.
Olivier Roland : Avec une entreprise florissante qui a une cinquantaine d’employés, un des blogs les plus visités sur la mode masculine en français et 5 boutiques dans différentes villes françaises. Comment a-t-il fait ? C’est ce que nous allons découvrir dans cette interview.
Benoit Wojtenka : Je me suis dit « Soit Benoit, soit c’est Bonne Gueule, soit c’est toute l’expérience que tu as vécue avant, à savoir les Assedics, Leroy Merlin, les poubelles ou le consulting ».
Olivier Roland : Nous verrons aussi :
- Des techniques simples mais peu appliquées pour tirer son épingle du jeu
- Est-ce que ses études l’ont aidé ou ont été un frein pour devenir entrepreneur
- Comment affronter ses peurs pour passer à l’action
- Comment garder la motivation pour avancer quoi qu’il arrive
- Comment partir d’un blog pour bâtir un empire et concurrencer les plus grandes marques dans un environnement concurrentiel féroce
- Et bien d’autres choses passionnantes
C’est parti.
<Générique>
Olivier Roland : Salut les rebelles intelligents, je suis actuellement avec Benoit de Bonne Gueule. Salut Benoit, comment ça va ?
Benoit Wojtenka : Ça va Olivier.
Olivier Roland : J’ai toujours eu du mal à prononcer ton nom de famille, c’est Benoit Wonjka.
Benoit Wojtenka : Wojtenka.
Olivier Roland : Wojtenka.
Benoit Wojtenka : Voilà.
Olivier Roland : Voilà. C’est d’origine polonaise.
Benoit Wojtenka : Tout à fait.
Olivier Roland : Tes grands-parents ou…
Benoit Wojtenka : Je crois que c’était mon arrière-grand-père qui venait de Pologne. Famille d’immigrants polonais en partie qui sont venus travailler dans les mines parce qu’il fut une époque en France où on avait besoin de mains d’œuvre étrangères.
Olivier Roland : Apparemment.
Benoit Wojtenka : Et ma mère est basque, du coup, je suis basque-polonais.
Olivier Roland : D’accord. Et tu parles basque ?
Benoit Wojtenka : Je sais compter jusqu’à trois en basque.
Olivier Roland : Parce que c’est une des langues les plus différentes parce que c’est vraiment un isolat. Mais bon, on ne va pas parler de cela parce que sinon, voilà, mais intéressant. Ok.
Benoit Wojtenka : Voilà.
Olivier Roland : Aujourd’hui, tu es le cofondateur de Bonne Gueule, tu es un codirigeant aussi avec Geoffrey.
Benoit Wojtenka : Tout à fait.
Olivier Roland : J’ai déjà eu l’occasion de t’interviewer deux fois sur ma chaîne principale
- Interview Comment Benoit et Geoffrey de Bonne Gueule battent les sites ecommerce avec leur blog
- Interview 🧥 CA x 75 en 6 ans et 5 boutiques ouvertes, à partir d’un BLOG : Comment Bonne Gueule a fait ? ).
Benoit Wojtenka : Oui.
Olivier Roland : Et aujourd’hui, on va s’attarder davantage sur ton parcours de rebelle intelligent.
Benoit Wojtenka : Ok.
Olivier Roland : Déjà, j’aimerais commencer tout simplement par une question qui va nous mettre directement dans le vif du sujet. Est-ce que tu as l’impression d’avoir une vie atypique ?
Benoit Wojtenka : Oui, quand même. Je m’en rends compte qu’effectivement, parfois, j’ai l’impression que j’ai, parce que Bonne Gueule, c’est 50 personnes, donc c’est parfois beaucoup de contraintes, beaucoup de pressions. J’ai l’impression parfois d’avoir pas mal de contraintes. Mais finalement, quand je vois un peu autour de moi, je me dis que j’ai beaucoup de liberté. Tu vois, le fait de pouvoir bloquer un après-midi pour toi, je n’ai aucun compte à rendre à personne, le fait de pouvoir travailler aussi d’où je veux et si je veux, et aussi de faire les projets qui m’animent à moi, c’est aussi beaucoup de liberté. Donc oui, quand je vois aussi mes amis, ce que je fais, oui, j’estime que j’ai une vie quand même assez atypique.
Olivier Roland : Donc, tu définis d’abord le fait que c’est atypique parce que tu as plus de liberté que la moyenne.
Benoit Wojtenka : Je dirais cela, et sur le fait que j’ai la chance de travailler sur des projets qui m’animent vraiment et que j’aime vraiment. Étant passionné de vêtements, c’est quand même un luxe aujourd’hui, je pense, de pouvoir vraiment travailler et vivre de ta passion. C’est pour cela que j’aime autant ton travail parce que c’est ce que tu apprends aux gens à faire finalement, à vivre de ce qui les fait kiffer. Et pour moi, c’est un côté un peu atypique, j’ai l’impression de maitriser un peu mon destin, on va dire, en tout cas d’avoir beaucoup de liberté pour agir dessus.
Olivier Roland : Et c’est vrai que je partage des chiffres au tout début de « Tout le monde n’a pas eu la chance de rater ses études » sur est-ce que les gens aiment ou pas leur travail, et on se rend compte que la France, c’est un des pays les plus mal classés du monde là-dessus. Je ne me rappelle plus des chiffres exacts, mais en gros, il y a facilement plus de 50% des gens qui soit détestent activement leur travail, soit sont ni amoureux ni détestent mais voilà.
Benoit Wojtenka : C’est un truc qu’ils subissent.
Olivier Roland : Voilà, exactement. Et finalement, les gens passionnés par ce qu’ils font, ce n’est vraiment pas la majorité.
Benoit Wojtenka : Nous, on vit un peu dans une bulle. Il faut quand même s’en rendre compte, mais pour plein de Français moyens, pour la plupart des Français…
Olivier Roland : Et même des gens moyens.
Benoit Wojtenka : Oui, des gens « dans la moyenne », leur travail, c’est un truc, s’ils pouvaient s’en passer, ils le feraient sans problème. Donc, c’est pour cela que j’estime que j’ai une vie assez atypique, oui.
Olivier Roland : Pourtant, on entend à tous les coins de rue « oui, fais quelque chose que tu aimes, c’est super important ».
Benoit Wojtenka : Oui.
Olivier Roland : Mais on voit que dans les faits, il y a peu de gens qui pratiquent.
Benoit Wojtenka : Oui.
Olivier Roland : Comment tu vois cette contradiction ?
Benoit Wojtenka : Le problème, c’est qu’il y a beaucoup de gens qui n’ont pas la détermination ou la bonne méthode pour le faire jusqu’au point où « cela va marcher », et finalement, ils n’y croient plus. Et je pense que moi, ma force a été cela, c’est de se… J’ai un côté un peu… ma petite sœur pense que je suis un peu autiste sur les bords, donc tu vois de ce côté, quand on dit quelque chose, j’y crois et je me dis « Benoit, tu peux arriver à vivre de ta passion notamment grâce à Des Livres Pour Changer De Vie », parce que comme je l’ai dit, j’ai découvert ton premier blog en Septembre 2008.
Olivier Roland : Tu te rappelles de la date ?
Benoit Wojtenka : Oui, parce que je venais de rentrer en école de commerce et donc je me souviens d’avoir passé une bonne après-midi entière à lire tous les articles.
Olivier Roland : Ce n’est pas en 2008 parce que je venais juste de le créer.
Benoit Wojtenka : Oui, je crois que c’était Septembre-Octobre 2008, j’en suis sûr.
Olivier Roland : Il n’y avait encore pas juste quelques articles ?
Benoit Wojtenka : Je les ai tous lus.
Olivier Roland : Ah, oui ?
Benoit Wojtenka : Oui.
Olivier Roland : Et tu as vu, il y avait eu le fameux article avec le défi de lire 52 livres en…
Benoit Wojtenka : Oui, exactement. Et sans ton travail, il n’y aurait sûrement pas eu Bonne Gueule et je pense que j’avais simplement besoin que quelqu’un me dise que c’est possible ou me montre que c’est possible, et cette personne-là, c’était toi. Donc, je pense qu’effectivement, il y a plein de gens qui, de suite, dès qu’on va leur dire « fais ce que tu aimes », la machine à excuse va se mettre en place : « Je ne suis pas capable, je n’ai pas le temps… » Et moi, je crois que je me suis dit « Ok, s’il dit que c’est possible, c’est que cela doit forcément l’être et tout simplement ». Donc, j’avais une espèce de candeur ou de naïveté qui m’a beaucoup aidé pour la suite.
Olivier Roland : Tu penses que c’est de la candeur ou une certaine forme d’ouverture d’esprit, une certaine forme de « allez, on tente, on verra bien » ?
Benoit Wojtenka : J’ai eu la faiblesse ou la force d’esprit de croire que c’était possible en tout cas et de me dire « s’il le dit, c’est que cela doit être vrai ». Donc, tout simplement. Ce n’est pas allé plus loin que cela ma motivation en fait.
Olivier Roland : Alors, c’est intéressant. Ok, tu tombes sur mon blog. A l’époque, tu étais en école de commerce ?
Benoit Wojtenka : Oui, j’étais en première année d’école de commerce, je venais de finir un DUT technique de commercialisation. J’ai été en école de commerce à Evry dans le 91 qui s’appelle aujourd’hui, ils ont changé de nom plusieurs fois, c’est Institut Mines-Télécom Business School, qui était à l’époque une école de commerce « publique ». Les frais de scolarité, je crois que c’était 1 000€ l’année, donc c’était la…
Olivier Roland : Ce n’est pas cher.
Benoit Wojtenka : Oui. Mes parents avaient les moyens de me la payer, ils ne pouvaient pas payer plus, je ne remercierai jamais assez mes parents. Du coup, j’ai atterri dans cette école-là. Là, je me rendais compte aussi que j’avais un côté un peu atypique parce que j’ai l’impression que j’étais un peu le seul qui m’intéressait à ce genre de choses. Alors qu’aujourd’hui, c’est marrant parce que je vois certaines personnes qui étaient avec moi en école, qui partagent tes contenus sur Facebook. Et je me dis qu’aujourd’hui, le développement personnel s’est beaucoup développé, toutes ces choses-là sur l’entreprenariat, mais il fut une époque où je me sentais vraiment très seul pour le coup.
Olivier Roland : Alors, on va revenir justement…
Benoit Wojtenka : Oui, excuse-moi, j’ai tendance à tout…
Olivier Roland : Non, c’est intéressant, mais on va revenir sur cette base où tu sentais un peu atypique à l’école. Mais moi, j’aimerais revenir sur ce déclic que tu as eu. Tu tombes sur le blog, tu te dis « Ok, c’est possible ». Mais tu t’es dit « qu’est-ce qui est possible, en fait ? » parce qu’il y a tellement de possibilités de déclics dans…
Benoit Wojtenka : Il y avait plusieurs choses là. La première, c’est qu’effectivement, je n’avais aucune idée de ce que j’allais faire de ma vie et je m’étais dit « je vais prendre une formation « commerciale » parce que c’est celle qui peut m’ouvrir le plus de portes. ». Tu vois, mes deux parents ont été fonctionnaires, donc je n’étais pas vraiment destiné à l’entreprenariat. Et je tombe sur ton blog. Et l’autre évènement qui va arriver 3 ans plus tard, c’est qu’on me pose un pacemaker. Je crois que j’en avais déjà parlé dans une de tes interviews, parce que j’ai une maladie cardiaque héréditaire qui est sans gravité, je vis tout à fait normalement.
Olivier Roland : C’était en 2011 ?
Benoit Wojtenka : Non, 2010, c’était 2 ans plus tard. Et là, il y a ce côté où en fait, à un moment, il faut commencer à kiffer sa vie, sinon parce que tout peut s’arrêter rapidement finalement. Donc, je dirais que cela été un moteur supplémentaire.
Olivier Roland : Parce qu’on t’a mis ce pacemaker, tu as une sorte d’irrégularité. C’est cela ?
Benoit Wojtenka : Oui, c’est un trouble du rythme, cela s’appelle le syndrome du QT long si certains veulent aller le voir sur Google. C’est un trouble du rythme, et donc, ils m’ont mis un pacemaker et qui, je pense aussi, a été une force d’une certaine manière.
Olivier Roland : Et alors, tu te dis que cela peut s’arrêter à n’importe quand.
Benoit Wojtenka : Exactement.
Olivier Roland : Cela t’a donné une sorte de pression, de deadline pour…
Benoit Wojtenka : Oui, en me disant « soit c’est cela, soit je me mets à fond dans Bonne Gueule ou soit je finis consultant comme la plupart des gens de ma promo », et consultant qui est un chouette métier, mais qui n’était clairement pas fait pour moi.
Olivier Roland : Mais donc, tu t’es dit « Ok, je vais faire quelque chose de différent », et pour toi, cela a été l’entreprenariat ? Est-ce que tu savais dès le départ que tu voulais faire l’entreprenariat ?
Benoit Wojtenka : Non, pour moi, c’était juste monétiser Bonne Gueule parce que pour moi, être entrepreneur, c’était un truc que j’ai…
Olivier Roland : Alors attends, parce que Bonne Gueule, tu l’as créé quand ?
Benoit Wojtenka : Je l’ai créé en 2007.
Olivier Roland : D’accord. Donc, tu l’avais créé avant de trouver mon blog.
Benoit Wojtenka : Oui, mais c’était un blog vraiment pour partager. Il n’y avait pas d’optin. Je n’avais rien mis en place pour récolter des adresses mails, il n’y avait pas tout cela, c’était juste le plaisir de partager ma passion.
Olivier Roland : Ce n’était pas un business Tu étais déjà passionné par le vêtement avant ?
Benoit Wojtenka : Oui, tout à fait.
Olivier Roland : Depuis, l’enfance finalement, enfin l’adolescence, j’imagine.
Benoit Wojtenka : Oui, c’est cela.
Olivier Roland : Et tu étais tellement passionné que tu voulais partager au monde ?
Benoit Wojtenka : Exactement, cela venait, il y avait cette espèce de truc… j’aimais bien écrire, j’aimais bien expliquer des choses, je me suis dit « je vais expliquer toutes mes découvertes autour du vêtement, à quoi on reconnait un vêtement de qualité ». Tout cela, je vais l’expliquer, je vais le partager.
Olivier Roland : Tu n’avais pas du tout une visée business en faisant cela ?
Benoit Wojtenka : Aucune. Mais rien que le fait de voir des gens qui commentaient mes articles, pour moi, c’était complètement dingue. Je me suis dit « il y a des gens qui lisent ce que je fais et cela les intéresse, c’est ouf ! » Parce que quand je l’ai commencé, je n’habitais pas à Paris, donc je ne me sentais pas forcément légitime, mais il y avait la candeur du débutant, on va dire. Donc voilà, j’avais déjà Bonne Gueule. Et puis, quand j’ai vu qu’on pouvait le monétiser parce que j’avais téléchargé ton livre gratuit ici que tu avais fait en 2000…
Olivier Roland : 10.
Benoit Wojtenka : Oui, 2010.
Olivier Roland : Fin 2010, oui.
Benoit Wojtenka : Cela m’avait mis une belle claque, tu vois.
Olivier Roland : « Vivez la vie de vos rêves grâce à votre blog ».
Benoit Wojtenka : Exactement, avec le triangle.
Olivier Roland : Oui, de la réussite.
Benoit Wojtenka : Exactement, oui.
Olivier Roland : Absolument. Oui, tout à fait, c’est trafic, relation, autorité.
Benoit Wojtenka : Exactement. Et je me suis dit « mais en fait, j’ai les bases pour faire cela, mine de rien ». J’ai des bases pour faire cela, j’ai un peu de trafic, les gens apprécient mon contenu, donc je me dis « je peux aller un peu plus loin ».
Et c’est tombé à un moment où j’étais stagiaire dans une boîte de conseil qui, honnêtement, ils n’avaient rien à me donner à faire, donc j’avais beaucoup de temps libres, et au moment où j’ai rencontré Geoffrey, mon associé actuel, et donc tout cela, toutes les étoiles étaient parfaitement alignées et c’est là que je me suis dit « c’est maintenant ou jamais » parce que je n’avais rien à perdre.
Je vivais dans 15m², j’étais très heureux d’ailleurs, mais je n’avais pas de crédit, pas de bien matériel. Je n’avais rien, donc je ne pouvais rien perdre. Donc, c’était vraiment maintenant ou jamais qu’il fallait que je lance ce truc avec Geoffrey qui m’a beaucoup aidé, qui a vraiment apporté cette force entrepreneuriale, on va dire, parce que moi, j’étais passionné par le vêtement, lui, il était passionné par l’entreprenariat. Donc à nous deux, cela a très bien matché, avec nos forces et nos faiblesses, chacun. Ensuite, cela a été le début, on a commencé à monétiser en vendant en PDF. Mais cela, je le raconte dans l’interview de 2012, je crois.
Olivier Roland : Oui, tout à fait. Et puis, si on accélère jusqu’à aujourd’hui, je pense qu’on peut partager tes chiffres.
Benoit Wojtenka : Oui. Donc aujourd’hui, Bonne Gueule, on est à peu près une cinquantaine d’employés. Attends, on a combien de boutiques ? On a Bordeaux, Lyon, Paris, on a deux, donc cela fait 4, plus Lille, on a 5 boutiques. Et là, on prévoit d’ouvrir 2 boutiques avant la fin de l’année.
Olivier Roland : Et en termes de chiffre d’affaires ?
Benoit Wojtenka : En termes de chiffres d’affaires, en 2019, on a fait… je vais le dire hors taxe, je sais que tu veux tellement que je dise TTC, mais je n’ai pas le… En 2019, on a fait 8,3 millions, le Covid a été un peu dur. On a fait 7 millions hors taxe en 2020, mais là, on fait une belle reprise, et je tiens à préciser que nous sommes l’une des rares marques de vêtements à publier nos comptes sur Infogreffe.
Olivier Roland : Ok. Donc, tout le monde peut aller vérifier, on peut dire.
Benoit Wojtenka : Tout le monde peut vérifier notre marge…
Olivier Roland : Donc là, vous êtes parti pour faire 10 millions cette année.
Benoit Wojtenka : Oui, 10 millions ou un peu moins, entre 9 et 10, je pense.
Olivier Roland : Juste une parenthèse, je pense que Benoit devrait partager ses chiffres TTC parce que les gens, là en plus, il s’adresse vraiment à des particuliers, les gens paient avec la TVA. Parce s’il enlève la TVA, pourquoi il n’enlèverait pas l’impôt sur la société aussi par exemple. C’est juste pour qu’il y ait une cohérence.
Benoit Wojtenka : Dans nos documents financiers, on parle tout le temps hors taxe, c’est pour cela que j’ai les chiffres en tête.
Olivier Roland : Là, on a un peu accéléré jusqu’à aujourd’hui, c’est juste pour vous donner un aperçu du parcours. Tu disais que finalement, tu avais une certaine ingénuité, une candeur qui a fait que tu y as cru. Est-ce qu’aujourd’hui, tu croirais encore à quelque chose de similaire ?
Benoit Wojtenka : Justement, je me faisais la réflexion ces jours-ci, c’est qu’aujourd’hui, cela demande un effort d’entretenir cette candeur, parce que tu sais, Bonne Gueule, cela fait presque 10 ans qu’on l’a monétisé. Tu sais d’ailleurs que notre PDF là, cela fait 10 ans qu’on l’a sorti. Donc tu vois, tu as eu des évènements, des épreuves, parfois quelques échecs, petit à petit, qui peuvent alimenter la machine à excuses dans ta tête. Justement, j’essaie de conserver cet état d’esprit où on se dit « attends, il a dit que c’est possible, alors c’est sûrement vrai, donc allons-y ». Et sauf que maintenant, il faut convaincre aussi des équipes, ce n’est pas aussi…
Olivier Roland : Il n’y a plus que toi, oui.
Benoit Wojtenka : Il n’y a plus que moi. Donc, il faut convaincre aussi les équipes que c’est possible, mais oui, j’essaye vraiment d’entretenir déjà cette passion autour du vêtement, de ne pas m’en lasser, de découvrir toujours plein de choses et vraiment ce côté « Ok, c’est sûrement possible, on va voir ».
Olivier Roland : Est-ce que tu as eu des moments où cela t’a desservi d’avoir cette candeur ?
Benoit Wojtenka : Oui, parce qu’on n’imagine pas à quel point… parce que tu as peut-être tendance à un peu sur simplifier les choses, tu vois, à ne pas embrasser toute la complexité du système. Et heureusement qu’il y a des gens dans mon équipe qui disent « attends Benoît, mais tu as pensé à cela ? »
Là par exemple, on va lancer une collection femme pour 2022, on commence déjà un peu. Mais tu vois, avant, cela aurait été « attends, on lance trois protos » et puis voilà, on lance et puis… Finalement, tu as les équipes qui disent « Attends Benoit, comment tu comptes faire au niveau du marketing, au niveau du positionnement de prix, au niveau de la distribution de boutiques, au niveau des contenus, au niveau des lancements ? Est-ce que tu as pensé à tout cela ? Au niveau du nombre de références ? Ok. Donc quel est le chiffre d’affaires attendu ? » C’est le genre de chose où t’es obligé un peu de step up.
Donc pour cela, avec Geoffrey, on a fait un gros document de 3000 mots où on détaille tout notre positionnement à destination de notre équipe : où on veut aller avec cette collection femme ? Quelle est notre ambition ? Qu’est-ce qu’on veut être ? Qu’est-ce qu’on ne veut pas être ? Etc.
Olivier Roland : Oui, c’est cela. Finalement, des fois, tu sur simplifies, tu ne penses pas à tout. En même temps, si tu fais l’inverse, tu tombes dans la paralysie d’informations et…
Benoit Wojtenka : Mais c’est ce que je dis, c’est qu’être dirigeant, c’est toujours gérer des équilibres. C’est toujours gérer, ne pas tomber dans l’extrême ou dans l’autre, c’est toujours cela : le bon équilibre entre vélocité, entre réflexion, le bon équilibre entre liberté et entre être dirigeant. C’est mon gros insight. Ma grosse réflexion 2020, c’est qu’être dirigeant, tu gères des équilibres, toujours trouver le juste milieu. Et le pire dans tout cela, c’est que parfois quand on te donne certains conseils, pour certaines personnes un peu extrêmes, cela peut marcher pour elles, et donc comment tu gères cela aussi ? Enfin bon, voilà.
Olivier Roland : Pour revenir sur l’école, comment tu as vécu ton parcours scolaire ?
Benoit Wojtenka : Moi, je suis quelqu’un qui a beaucoup aimé l’école.
Olivier Roland : D’accord.
Benoit Wojtenka : Franchement, je ne fais pas partie de ces gens qui détestent l’école, ce n’est pas moi. Il y a eu des moments difficiles parce qu’effectivement, mes parents ont déménagé à Tours. Quand je suis arrivé en 3ème, cela été difficile au début, vraiment. Mais après, cela m’a plu. J’avais des amis, cela se passait bien. J’avais des amis bienveillants. Donc moi, j’ai aimé mon lycée, j’ai aimé mes études supérieures. J’ai beaucoup aimé mon DUT parce que cela a été une vraie formation commerciale sur 2 ans qui était super intéressante où j’ai appris le marketing, où j’ai appris plein de choses qui me servent encore un peu, et c’est une belle formation que je conseillerai.
Olivier Roland : Alors, c’est intéressant parce qu’il y a beaucoup d’entrepreneurs qui disent que finalement, les études qu’ils ont faites de commerce, ce n’est pas super utile. Qu’est-ce que tu utilises dans le marketing par exemple que tu as appris à l’école ?
Benoit Wojtenka : J’avais du marketing direct, j’avais du marketing général, j’avais du marketing de point de vente, j’avais plein de trucs.
Olivier Roland : Donc, des choses plus concrètes.
Benoit Wojtenka : Voilà.
Olivier Roland : Intéressant.
Benoit Wojtenka : Oui. Franchement, parfois, on devait faire des trucs super marrants. Je me souviens, on devait faire une pub pour un biberon, on devait…
Olivier Roland : Oui, c’est concret. Donc, on vous a parlé de bénéfice, de fonction.
Benoit Wojtenka : Exactement.
Olivier Roland : D’accord.
Benoit Wojtenka : Toujours ce réflexe bénéfice-produit, à quel problème on répond… On devait faire aussi… Il y a un truc qui m’avait marqué. Pour les sirops Teisseire, on devait designer un point de vente sirops Teisseire, quel élément tu vas mettre, où… ? Donc, c’était assez marrant. On avait des cours de négociation, qui était vraiment bien d’ailleurs. On a même eu des cours d’analyse transactionnelle, tu vois, le parent, l’enfant… l’adulte. On a eu des cours d’organisation. Cela, j’ai mis du temps à comprendre à quoi cela allait servir, mais comment est-ce qu’on organise des hommes dans un système.
Évidemment, le cours qui sert le plus mais que personne ne suit, c’est tout ce qui est comptable, analyse financière, qui est très utile et moi, je m’en veux vraiment de ne pas avoir pris l’ampleur de l’utilité de… et les profs de compta, souvent, sont soit très bons, soit très mauvais, donc…
Olivier Roland : C’est un peu comme les profs de Maths.
Benoit Wojtenka : Exactement. Donc oui, cela été hyper utile. Non, cela été une belle formation et on a vraiment kiffé. On faisait la fête tout le temps, on avait des cours qui nous plaisaient. Et puis après, j’ai fini mes études à HEC Montréal.
Olivier Roland : Alors, juste là-dessus, est-ce que tu ne penses pas qu’en lisant un bon bouquin, cela peut compenser un cours ou en tout cas le… ?
Benoit Wojtenka : Oui, mais bon, les études, c’est fait pour kiffer aussi, tu n’as pas tout cela. Mais oui, effectivement, d’un point de vue purement connaissance, parfois, ce n’est pas à jour. Effectivement tu lis un bon bouquin, tu l’as, mais je ne sais pas, c’est…
Olivier Roland : Tu ne vas pas forcément avoir l’idée de lire le livre.
Benoit Wojtenka : Oui. Et puis, tu vois, les études, cela met une certaine discipline aussi. Cela te pousse quand même à te lever, pour aller en cours à 8h, pour ceci, pour cela. Cela t’aguerrit, cela cultive ta ressuscité comme diraient les militaires, tu vois, le côté… cela te pousse aussi à socialiser, cela te pousse aussi à t’entendre dans un groupe, à te placer. Oui, je trouve cela hyper utile, puis tu as plein de cas concrets. Et parfois, cela t’oblige à faire des choses que tu n’as pas envie de faire et je trouve cela très bien.
Olivier Roland : Et donc, tu as été à HEC Montréal, cela t’a permis de découvrir une autre culture.
Benoit Wojtenka : Oui, pendant un an. Et là, c’était génial, c’était vraiment le pied parce que j’ai fait un DESS en affaires électroniques parce que c’est que là-bas, ils traduisent tout.
Benoit Wojtenka : En affaires électroniques ?
Benoit Wojtenka : Oui, business.
Olivier Roland : Ah, oui !
Benoit Wojtenka : Là, j’avais des profs de haute volée vraiment, j’avais 15 heures de cours par semaine et c’était sur des sujets que je connaissais un peu grâce à Bonne Gueule. Il y avait beaucoup de simulations intellectuelles pour le coup, c’était vraiment très pesant.
Olivier Roland : Et parmi tous ces camarades de HEC, tu sais quel est le pourcentage à peu près qui ont créé une entreprise depuis ?
Benoit Wojtenka : Je pense entre 10 et 20% à peu près.
Olivier Roland : D’accord.
Benoit Wojtenka : Oui. Non, moi, vraiment les études, mon année à Montréal, cela a été fabuleux. Même mes études à Evry pendant 2 ans, c’était génial aussi, j’ai rencontré plein de super amis qui le sont toujours aujourd’hui. Vraiment, non, c’était…
Olivier Roland : Tu as kiffé.
Benoit Wojtenka : Oui. Et il y avait aussi un truc important surtout, c’est que sur les cours qui m’ont beaucoup été utiles, c’est con mais sur l’outil informatique, en DUT, on t’apprend à te servir de Word, on t’apprend à te servir de PowerPoint, on t’apprend à te servir d’Excel, on t’apprend à faire une présentation orale et c’était vraiment une formation de haute volée pour le coup. Moi, j’ai aimé mes cours.
Olivier Roland : Alors, c’est intéressant que tu dises cela et en même temps, tout à l’heure, tu as dit que tu te sentais un peu marginal parfois.
Benoit Wojtenka : Oui.
Olivier Roland : Et tu dis aussi qu’il n’y a que 10 à 20% des élèves…
Benoit Wojtenka : Oui, tout à fait.
Olivier Roland : Donc, tu as aimé, mais tu t’es senti un peu différent ?
Benoit Wojtenka : Oui, dans mes centres d’intérêt parce que c’est vrai que je lisais du développement personnel, mais à l’époque, c’était 2008, même avant, mon DUT, c’était quand, c’était 2006, le développement personnel en France, il n’y avait pas David Laroche, il n’y avait pas toi, il y avait…
Olivier Roland : Les infopreneurs. J’espère, on a quand même amené cela plus à la masse.
Benoit Wojtenka : Tu es allé à la Fnac, tu n’avais pas Tim Ferriss, il n’y avait rien de tout cela. Et pour le coup, cela m’intéressait déjà, mais je me sentais extrêmement seul parce que mes copains, quand ils rentraient chez eux, ils regardaient des séries télé. Je ne sais pas, mais moi, je lisais des blogs sur le sujet et j’adorais cela.
Et là pour le coup, je me suis toujours senti un peu seul, mais j’ai toujours eu la chance d’avoir des amis qui ont respecté cela, qui ont dit « Écoute, oui, c’est ton truc, pas de souci », qui ne m’ont jamais jugé là-dessus. Je n’avais personne avec qui partager tout cela finalement et c’est là où je me sentais un peu atypique. Et je ne me rendais à la fois pas trop compte parce que je me disais « c’est un centre d’intérêt comme un autre ». Mais c’est comme les intérêts composés, quand cela fait 10-15 ans que tu lis des choses sur le développement personnel, 15 ans plus tard, tu n’es pas au même endroit que quelqu’un qui n’en a jamais lu.
Olivier Roland : Absolument. Mais cela rejoint aussi l’idée de Atomics Habits (Un rien peut tout changer), donc les petites habitudes et l’effet… c’était quoi déjà le…
Benoit Wojtenka : Le compound effect.
Olivier Roland : Oui, le compound effect où si juste une fois par semaine, au lieu de manger de la pizza, vous mangez de la salade, au bout de 10 ans, il y a une différence dans votre énergie et votre corps, sa forme…
Benoit Wojtenka : Exactement. Si à chaque matin, quand tu vas au boulot, tu lis un article sur la psychologie et sur le marketing au lieu de regarder une connerie sur YouTube, pareil, sur…
Olivier Roland : Cela fait une énorme différence.
Benoit Wojtenka : Sur la fin, cela fait une énorme différence.
Olivier Roland : Tout comme lire des bons livres…
Benoit Wojtenka : Exactement.
Olivier Roland : de pratique, c’est en grande partie pour cela que j’ai créé « Des Livres Pour Changer de Vie », c’était pour partager. C’était toute bête, mais tu lis un livre par mois, ce que je dis toujours, cela fait 12 livres par an, au bout de 10 ans, cela fait 120. Si tu en lis 2 par mois, cela fait 240 livres au bout de 10 ans.
Benoit Wojtenka : Oui.
Olivier Roland : Si ce sont des livres de qualité, vous imaginez la différence que cela fait dans votre horizon.
Benoit Wojtenka : C’est surtout que si on lit tes résumés sur « Des Livres Pour Changer de Vie », pareil, si le mec les lit depuis plusieurs années par rapport à quelqu’un qui joue sur son téléphone dans le métro, cela fait une différence énorme.
Olivier Roland : C’est énorme. Et pourtant, on voit bien, il suffit de prendre le métro, le train ou n’importe quoi, les gens regardent des vidéos, ils regardent Facebook. Très, très peu lisent.
Benoit Wojtenka : Oui.
Olivier Roland : On voit bien que cela nous donne un avantage absolument énorme.
Benoit Wojtenka : Exactement.
Olivier Roland : Et c’est une manière justement de continuer les cours après avoir fait ses études, d’apprendre tout au long de sa vie.
Benoit Wojtenka : Justement, je viens de penser que les cours, cela m’a aussi appris à me… tu vois, tu as quelque chose à apprendre, même si sur le coup, tu as envie de faire autre chose, tu le fais.
Olivier Roland : Cette force quoi.
Benoit Wojtenka : Voilà. Tu n’es pas en train de te plaindre des réseaux sociaux, de l’addiction des réseaux sociaux, tu dis « Tu fermes ta gueule et tu le fais ».
Olivier Roland : Est-ce qu’ils t’ont donné le goût d’apprendre tout au long de ta vie ou tu l’as plutôt eu à l’extérieur, cela ?
Benoit Wojtenka : Cela, pour le coup, je ne vais pas te mentir, je pense que c’était un peu inné chez moi. En fait, j’ai un père qui travaille dans la recherche, qui a travaillé dans la recherche. Et ma mère aimait beaucoup la culture aussi, donc ils m’ont toujours cultivé une certaine curiosité, je pense et ils se sont toujours employés à la satisfaire. Donc, je pense que cela m’a beaucoup aidé. Et cela aide que les gens qui ne sont pas du tout curieux.
J’ai beaucoup, beaucoup du mal pour le coup. Dès que j’ai eu Internet moi, c’était pour lire des trucs, de chercher des infos sur les sujets qui m’intéressaient et j’ai beaucoup de mal avec les gens qui pour eux, Internet, c’est juste pour passer le temps. C’est un truc que j’ai beaucoup du mal à comprendre.
Le fait que par exemple, quand quelqu’un ne sait pas quelque chose dans mon équipe, moi, j’ai ce réflexe de tout seul, on va trouver la solution sur Google. Et les gens qui n’ont pas ce réflexe-là, c’est un truc que j’ai beaucoup de mal à les comprendre, vraiment, on est sur une autre planète.
Olivier Roland : Oui. C’est toujours la même chose entre combler le vide avec les bêtises ou…
Benoit Wojtenka : Mais toi, tu es un peu comme cela aussi, t’aimes bien apprendre, tu vois.
Olivier Roland : Oui, absolument.
Benoit Wojtenka : Mais il y a des gens chez qui ce n’est pas inné et j’ai mis du temps à le réaliser.
Olivier Roland : Et pourtant, on peut essayer d’apprendre des choses sans que cela soit difficile. Enfin, je veux dire, peut-être qu’il faut prendre un peu sur soi, peut-être que c’est manger la salade par rapport au hamburger, mais au bout d’un moment, c’est la même chose. Votre cerveau, si vous bouffez des pizzas toute votre vie, votre corps ne va pas être en bon état et votre cerveau va être pareil.
Benoit Wojtenka : Oui, puis l’inconfort. Il y a un moment, si on veut avoir la vie qu’on veut, il faut se mettre un peu dedans tout simplement parce qu’effectivement, on vit dans une espèce de crise de confort où la moindre chose inconfortable, il faut enlever de la vie. Et effectivement, oui, parfois il faut se forcer un peu, mais cela fait du bien.
Olivier Roland : Alors, qu’est-ce qui a fait que tu as fait partie de la minorité qui s’est lancée dans l’entreprenariat ? En plus, je suppose que parmi les 10-20%, la plupart n’ont pas démarré juste après leurs études, contrairement à toi.
Benoit Wojtenka : Alors, première chose, c’est que je pense que j’étais passionné et il y a plein de gens…
Olivier Roland : Passionné par quoi ?
Benoit Wojtenka : Par mon sujet, par le vêtement.
Olivier Roland : Oui, d’accord.
Benoit Wojtenka : Il y a des gens, la plupart qui ne sont pas passionnés et qui ne veulent pas partager, donc forcément, c’est un peu compliqué. Donc, j’étais passionné alors qu’il y a beaucoup de gens, encore une fois, qui n’ont vraiment de passion. Leur temps libre, c’est quoi ? C’est voir leurs potes, ce qui est très bien aussi, ou regarder des séries télé, ce que je ne juge absolument pas, mais quand tu n’as rien qui t’anime, c’est compliqué de le monétiser.
Olivier Roland : Tu sais que j’étais choqué au début quand il y a des gens qui venaient me voir et qui me disent « Olivier, je n’ai pas de passion, je fais comment ? » Parce que pour moi, c’était inconcevable, en fait.
Benoit Wojtenka : Oui, pareil.
Olivier Roland : Je comprenais… j’ai découvert qu’il y a des gens sans passion.
Benoit Wojtenka : Cela existe vraiment.
Olivier Roland : Oui, et finalement, c’est un nombre assez conséquent. Je pense que c’est plutôt une minorité, je ne sais pas en fait, mais j’ai été choqué. Aujourd’hui, je comprends bien que cela fait partie du paysage mais…
Benoit Wojtenka : Cela fait partie du monde.
Olivier Roland : Moi, je dis toujours, je pense que pour pas mal de ces gens, peut-être pas pour tous mais pas mal de ces gens, c’est surtout un problème d’exploration.
Benoit Wojtenka : Exact, curiosité.
Olivier Roland : Ils n’explorent pas assez le sujet. Peut-être qu’ils sont super passionnés par la cuisine mexicaine, je veux dire d’en faire, mais qu’ils n’ont jamais fait et donc ils ne savent pas en fait.
Benoit Wojtenka : Oui. Cela dit, je pense que le Covid et les périodes de confinement ont peut-être un tout peu changé la donne.
Olivier Roland : Espérons.
Benoit Wojtenka : Oui. Donc, j’étais passionné, j’avais envie de découvrir et surtout, encore une fois, j’ai eu la naïveté ou la force d’esprit de croire que c’était possible de vivre de ma passion. Et moi, je ne me voyais pas du tout entrepreneur. Pour moi, c’était un truc… être entrepreneur, c’est pour les gens qui n’ont pas peur, c’est pour les gens qui sont courageux et moi, je ne me voyais pas du tout comme cela. Oui, il y a eu cela. Et moi, je voulais juste monétiser un peu Bonne Gueule pour pouvoir arriver à en vivre et c’est Geoffrey, encore une fois, qui a vraiment apporté cette force-là et c’est comme ça qu’on a pu…
Olivier Roland : Là, la force d’en faire un vrai business, tu veux dire ?
Benoit Wojtenka : Exactement, oui. Geoffrey a toujours eu cette vision business. Lui, ce qui l’intéressait, ce n’était pas d’être sur la plage en Thaïlande, c’était vraiment de prendre des bureaux, de recruter des équipes, de lancer des projets…
Olivier Roland : Oui, parce qu’à l’époque, même maintenant, cela faisait partie des objectifs mis en avant par les infopreneurs d’avoir un petit business qui rapporte quelques milliers d’euros par mois et puis d’aller en Thaïlande ou dans d’autres pays.
Benoit Wojtenka : Ce qui est vraiment OK.
Olivier Roland : Oui, absolument.
Benoit Wojtenka : Et parfois, j’envie ces personnes-là, vraiment.
Olivier Roland : Oui, mais toi, tu as fait le choix de partir dans l’ambition de développement d’un vrai business. En plus, cela, c’est un vrai business de brique et de mortier comme disent nos amis anglo-saxons avec des boutiques et tout cela, on va revenir là-dessus mais… Du coup, tu n’as jamais eu de job dans ta vie ?
Benoit Wojtenka : Si, j’en ai eu quelques-uns qui m’ont beaucoup appris. J’ai été stagiaire pendant 3 mois aux Assedics.
Olivier Roland : Ah bon ?
Benoit Wojtenka : Oui. J’aidais les demandeurs d’emploi à se servir d’Internet.
Olivier Roland : Ah, intéressant.
Benoit Wojtenka : Et donc là, justement quand tu passes ton temps à rencontrer des gens qui sont en demande d’emploi, je venais d’avoir 18 ou 19 ans, cela te remet les pieds sur terre. Pour le coup, cela m’a beaucoup… oui, vraiment, rencontrer des demandeurs d’emploi toute la journée, cela te fait un truc.
Olivier Roland : Alors du coup, cela aurait pu casser ta naïveté un peu, non ?
Benoit Wojtenka : Non, parce que je me suis dit « Ah oui, voilà ce qui se passe si je regarde tout le temps la télé, si je n’ai pas la curiosité. »
Olivier Roland : D’accord, oui, c’était l’inverse en fait. Cela t’a conforté en ta décision de…
Benoit Wojtenka : Oui et surtout il y a aussi des gens qui sont très vaillants, mais il y a une vraie détresse humaine, qu’ils ne sont pas nés au bon endroit, au bon moment et qui essaient de galérer mais qui ne savent pas que… qui mettent beaucoup d’efforts, mais qui manquent un peu de méthode. Pour la plupart d’entre eux, je suis certain qu’ils savaient mieux faire une lettre de motivation ou s’ils savaient simplement se vendre, s’ils prenaient le temps de chercher comment le faire, cela irait beaucoup mieux. Mais oui, j’ai vu des gens très vaillants.
Et surtout, j’ai vu des gens qui étaient avec moi au collège, c’est moi qui les ai inscrits au chômage et ça, cela m’a vraiment mis une… parce que c’était des jeunes qui faisaient un peu des petits voyous, pour le coup, qui étaient rebelles mais pas intelligents, qui ont tout rejeté en bloc dans le système, qui n’ont eu aucun avenir derrière et qui se sont retrouvés à 18 ans sans rien.
Tu vois, je crois que tu n’as pas fait l’étude supérieure, tu es à Bac-2 comme tu dis, ces gens un peu comme toi mais qui n’ont pas eu cette envie, cette curiosité d’entreprendre… et qui n’ont pas eu envie de creuser cela.
Et encore une fois, je dis cela, c’est facile dans ma position de lire aussi, mais j’ai eu des parents qui savaient écrire correctement, qui étaient très curieux, qui m’ont stimulé. Et pour des gens pour qui ce n’est pas le cas, je comprends tout à fait que c’est de toute façon d’autant plus difficile de sortir de cet environnement-là où tu n’es intellectuellement pas stimulé, tu as des parents peu ou pas présents. Donc, je pense aussi d’une certaine manière, cela m’a beaucoup appris à développer mon empathie et le fait de ne pas juger les gens qui n’ont pas cette curiosité parce que tu ne sais jamais de quoi a été composée leur vie.
Moi, j’ai eu des gens alcooliques qui venaient, qui foutaient un peu la merde et tout et qu’il fallait gérer aussi, donc… mais bon, ça va.
Olivier Roland : Tu as vu un peu la misère.
Benoit Wojtenka : Oui, exactement. Et ensuite, j’ai travaillé…
Olivier Roland : Alors, juste pour rebondir ce que tu disais, parce que c’est intéressant puisque j’ai un témoignage très complémentaire au tien.
Benoit Wojtenka : Oui.
Olivier Roland : Finalement, j’avais la même envie que toi, le feu sacré pour réussir, sauf que moi, j’ai quitté l’école très tôt et que je n’avais pas le choix en fait.
Benoit Wojtenka : A 16 ans, je crois.
Olivier Roland : 18. J’ai bossé un an sur le projet création d’entreprise. Je dis que j’ai un Bac-2, en effet, j’ai un Bac-1 parce qu’un Bac-2, cela sonne mieux.
Benoit Wojtenka : Tu n’as pas eu ton Bac, du coup ?
Olivier Roland : J’ai eu mon Bac français, donc je n’ai pas eu mon Bac.
Benoit Wojtenka : Ok.
Olivier Roland : J’ai arrêté après une première L, tu vois, et j’avais redoublé, donc c’est pour cela que j’avais 18 ans.
Mais j’avais la même envie que toi et finalement, c’est ce qui nous a distingués. Mais par contre, je viens d’une famille où mes parents… ma mère m’a donné le goût de la lecture, ça, c’est bien, mais ils n’avaient pas beaucoup de stimulations intellectuelles à m’offrir et cela, j’ai vraiment été allé chercher par moi-même. J’ai eu de la chance parce que finalement, j’étais malin. Je suis tombé sur des bonnes personnes, des bons livres. Mais j’ai fait une énorme erreur, c’est que pendant 8 ans, les 8 premières années de ma carrière d’entrepreneur, je n’ai lu aucun livre de business. Et c’est en découvrant « La semaine de 4 heures » et d’autres livres où cela m’a mis un électrochoc. « La semaine de 4 heures » a changé ma vision d’un métier que je pratiquais depuis 8 ans en un week-end, c’est là que je me suis mis en quête d’autres bouquins.
Et c’est cela qui m’a aussi donné l’envie de créer « Des Livres Pour Changer de Vie » parce que je me suis dit « si moi qui adore lire, je n’ai pas eu l’idée pendant 8 ans, probablement que d’autres ne l’ont pas eu ». Et je rejoins là ce que tu dis, c’est que des fois, c’est tout bête, mais il suffit d’une seule idée.
Benoit Wojtenka : L’effet papillon.
Olivier Roland : Et boom. Et des fois, tu es dans des environnements où tu n’as pas ce genre d’idées qui vienne à toi, en fait.
Benoit Wojtenka : Mais surtout qu’en plus, aujourd’hui, cela n’a jamais été aussi facile. Avec YouTube maintenant, tu as des résumés vidéo de livre. Aujourd’hui, il n’y a plus d’excuse.
Olivier Roland : Mais il y a plein de gens qui n’ont pas l’idée, en fait.
Benoit Wojtenka : Exactement.
Olivier Roland : Et on essaie de, enfin moi, j’essaie de diffuser cela.
Benoit Wojtenka : Oui. Puis, ils sont dans cette idée « je suis dans une vie que je ne peux pas améliorer parce que ceci, parce que cela ».
Olivier Roland : Et c’est un comportement par défaut, j’ai l’impression.
Benoit Wojtenka : Oui, je suis dans une vie que je ne peux pas améliorer et… Nous, encore une fois, cela fait 10-15 ans qu’on est dans le développement personnel, dans l’entreprenariat, donc cela nous paraît aberrant mais il y a des gens qui n’ont jamais eu cette petite étincelle parce qu’ils ne font pas grand-chose.
Olivier Roland : Oui, ils pensent que tout est figé et que…
Benoit Wojtenka : Exactement, et que j’ai une vie que je subis. Et de toute façon, pour que les gens me considèrent, il faut que je montre que je suis en train de souffrir parce que sinon, personne ne va s’occuper de moi.
Olivier Roland : Absolument. Là, on a déjà quelques bases, quelques points communs à la plupart des rebelles intelligents, c’est cette envie d’apprendre, le fait d’apprendre par soi-même, et on peut très bien suivre dans les études aussi des choses intéressantes, comme tu le dis, et puis l’envie d’explorer des chemins un peu différents.
Benoit Wojtenka : Exactement, Oui. Si tu n’as pas l’envie d’apprendre, si tu n’es pas passionné, cela va être compliqué pour la suite. Cela va être très, très compliqué.
Olivier Roland : Et pour revenir sur les jobs, tu as fait ce stage aux Assedics, tu as fait quoi d’autres ?
Benoit Wojtenka : J’ai travaillé chez Leroy Merlin au monde Sol. Donc, toute la journée, j’étais vendeur pour du carrelage, du parquet… boulot très physique. Là aussi, pareil, des fois, je commençais à 7h du matin, un boulot très physique et cela m’a aussi fait prendre conscience que là aussi, si Benoit, tu ne lis pas ces livres, si tu ne lis pas assez d’articles d’Olivier Roland, attention, voilà ce qui peut être possible.
Olivier Roland : D’accord.
Benoit Wojtenka : Et encore une fois, il y avait des gens qui étaient… Pour le coup, j’avais des collègues qui étaient passionnés par cela. Vraiment, ils prennent cela très à cœur, mais ce n’était pas pour moi.
Après, j’ai travaillé pour le père d’un ami où je nettoyais les poubelles et les cages d’escalier d’HLM.
Olivier Roland : Mais comment cela se fait que tu as fait tous ces jobs ? C’était des trucs d’été ?
Benoit Wojtenka : Leroy Merlin, c’était un stage et ils m’avaient tellement apprécié qu’ils ont voulu me reprendre pour l’été. Ils voulaient me garder pour la suite d’ailleurs. Ils voulaient que je signe un CDI, que je fasse la carrière chez eux. Et pour les cages escaliers et les poubelles, c’était un job d’été, oui, et je n’avais aucune idée de ce qui allait m’attendre. Je commençais tous les matins à 7h ou 6h30, je crois, en été.
Olivier Roland : C’est intéressant cela que tu ais pu explorer un peu les jobs du bas de l’échelle finalement.
Benoit Wojtenka : Oui. Et pareil, j’ai vu des gens très valeureux, très vaillants. Et pour le coup, j’ai vu aussi des gens pour qui c’était… il y avait des gens, c’était des HLM et effectivement, ils cherchaient par tous les moyens à chercher comment remplir leur journée. Il y a une espèce d’angoisse où il fallait passer le temps. Et là aussi, cela remet les idées en place pour le coup, cela fait du bien.
Olivier Roland : D’autres jobs ?
Benoit Wojtenka : Et après justement, j’étais pendant un an stagiaire, c’était mon année de césure dans une boîte de conseil où là, j’ai…
Olivier Roland : Alors, qu’est-ce que c’est une année de césure ?
Benoit Wojtenka : Dans tes études supérieures, tu peux choisir soit de finir tes études ou soit, entre ton avant-dernière et ta dernière année, de faire une année où tu fais un stage d’un an, donc c’est ce que j’ai fait.
Olivier Roland : Tu es quand même attaché au fait d’être sur le terrain ?
Benoit Wojtenka : Oui. Effectivement, je voulais voir et là pour le coup, j’ai vu que le métier dans le conseil, ce n’était pas pour moi du tout.
Olivier Roland : Non ?
Benoit Wojtenka : Je me suis senti vraiment idiot, en fait, débile parce que je ne comprenais rien du tout.
Olivier Roland : Ah, oui, à ce point-là ?
Benoit Wojtenka : Oui, c’est du conseil IT. Et je me souviens de la première semaine où je suis arrivé, le boss a fait réunion où il a expliqué une réorganisation des équipes, je n’ai rien compris à ce qu’il racontait, mais rien de rien. Il parlait de silo, d’expertise métier, de compétences clés, de force vive, et je ne comprenais pas du tout où il voulait en venir. C’était vraiment, cela a été un…
Olivier Roland : Donc là, il y avait un manque d’adéquation entre ta formation et puis ton stage ?
Benoit Wojtenka : Exactement.
Olivier Roland : Et personne n’avait vérifié cela.
Benoit Wojtenka : Oui, vraiment. Et puis, je ne comprenais pas l’intérêt de ce que je faisais aussi.
Olivier Roland : Et tu es resté un an là-bas ?
Benoit Wojtenka : Je suis resté. Mais je te dis, ils n’avaient rien à me donner à faire.
Olivier Roland : Et à la fin, tu comprenais de quoi il parlait ou pas ?
Benoit Wojtenka : Pas trop.
Olivier Roland : D’accord, Ok.
Benoit Wojtenka : Mais cela m’a permis vraiment de lire tes articles.
Olivier Roland : C’est vrai ? Ah, oui. Donc, c’était pour toi une année sabbatique, un peu.
Benoit Wojtenka : Non, j’ai travaillé un petit peu. Mais les gens voyaient très bien que je n’étais pas très doué, donc ils m’ont donné le moins possible parce qu’il fallait toujours passer derrière moi pour corriger ce que je faisais, parce que je n’étais pas du tout en maitrise. Du coup, cela m’a permis vraiment de lire « Des Livres Pour Changer de Vie » à fond, d’écrire des articles, d’écrire des leads magnets, tout cela.
Olivier Roland : A côté de cela, c’est cela qui est intéressant finalement. Déjà, après, tu es revenu, tu as fait un an d’étude, tu as eu ton diplôme.
Benoit Wojtenka : Oui.
Olivier Roland : Pendant que tu faisais tout cela, tes études et ton année de césure, tu continuais à bâtir Bonne Gueule ?
Benoit Wojtenka : Oui, oui.
Olivier Roland : Mais toujours sans visée business ?
Benoit Wojtenka : Oui, c’était vraiment de monétiser. Mais de toute façon, je me suis dit « Benoit, soit c’est Bonne Gueule, soit c’est toutes les expériences que tu as vécues avant : à savoir les Assedics, Leroy Merlin, les poubelles ou le consulting. Évidemment, fais ton choix camarade.
Olivier Roland : Cela t’a donné une bonne motivation là.
Benoit Wojtenka : Oui. Effectivement, cela m’a donné une très bonne motivation. Et là, la question de « est-ce que je suis capable ou pas ? », elle ne se posait même plus, il fallait le faire.
Olivier Roland : Là, ce n’est pas ton cas, mais parfois, c’est presque inutile de savoir ce qu’on veut, c’est déjà très bien de savoir ce qu’on ne veut pas.
Benoit Wojtenka : Oui, tout à fait.
Olivier Roland : Là, en l’occurrence, tu savais ce que tu voulais aussi.
Benoit Wojtenka : Je ne savais pas très bien ce que je voulais. Mais jamais je n’aurais imaginé où est-ce que cela allait m’amener, jamais, mais par contre, je savais très bien ce que je ne voulais pas vraiment.
Olivier Roland : Donc, tu connais le concept japonais de l’ikigai ?
Benoit Wojtenka : Oui.
Olivier Roland : C’est au carrefour de passion, potentiel économique, compétence et mission de vie, donc tu avais la passion ?
Benoit Wojtenka : Oui.
Olivier Roland : Est-ce que tu imaginais qu’il y avait un potentiel économique là-dessus ?
Benoit Wojtenka : Mais pas du tout.
Olivier Roland : Et donc cela, c’est Geoffrey qui te l’a…
Benoit Wojtenka : Oui. Moi, quand on a sorti l’ebook là et qu’on a vendu sur le… qu’on faisait 5 000€ par mois, mais je n’en revenais pas. Oui, il y a tellement de gens qui sont prêts à payer pour acheter mes écrits, mes conseils et c’est complètement dingue.
Olivier Roland : Alors, on va essayer de récapituler un petit peu l’aventure Bonne Gueule. Donc, tu démarres cela en 2007, tu étais déjà à l’école. Après, tu découvres « Des Livres Pour Changer de Vie », cela te conforte dans cette idée.
Benoit Wojtenka : Oui.
Olivier Roland : Ton année de césure, c’était 2009 ?
Benoit Wojtenka : 2010-2011.
Olivier Roland : 2010-2011. Donc là à l’époque, Bonne Gueule, ça a un bon trafic, mais cela ne génère pas de revenu.
Benoit Wojtenka : Non.
Olivier Roland : Et ta rencontre avec Geoffrey, c’était ?
Benoit Wojtenka : Janvier 2010, et on sort l’ebook en Mai 2011.
Olivier Roland : D’accord. Et là, boum, du jour au lendemain, cela passe de 0 à 5 000€ par mois.
Benoit Wojtenka : Oui, je crois que sur le premier week-end, on doit faire genre dans les 15 000 ou 20 000€ pour un ebook qui est à 27€.
Olivier Roland : Mais c’est impressionnant.
Benoit Wojtenka : Oui. Mais pourquoi j’ai lancé un ebook et pas autre chose ? Parce que je ne me sentais pas capable de créer une formation, j’avais encore des blocages.
Olivier Roland : Alors, pour tous ceux qui ne connaissent pas ce que c’est que ce monde de l’infoprenariat, c’est vrai qu’on a insisté plusieurs fois ce mot, c’est un nouveau métier. En gros, il s’agit de créer du contenu pour aider les gens à résoudre des problèmes dans un domaine spécifique. Là en l’occurrence, Benoit avec son blog Bonne Gueule, parce que ce sont les hommes, c’est un blog de mode masculine, il aide les hommes à mieux s’habiller tout simplement. Donc la souffrance, c’est : j’aimerais être bien, avoir un beau look, mais je ne sais pas quel vêtement choisir…
Benoit Wojtenka : Oui, quel objet il faut mettre ?
Olivier Roland : Comment les entretenir ? ». Tout ce genre de problèmes qui sont liés à finalement comment je peux avoir une meilleure image auprès des autres et de moi-même tout simplement. Et généralement, on monétise ce genre de blog. Quand je dis blog, c’est le blog et tout l’écosystème qui va avec, la chaîne YouTube et tout cela, avec des produits de contenu : ebook, formation en ligne. Et en général, les formations, c’est ce qui rapporte le mieux.
Benoit Wojtenka : C’est ce que j’ai fait en 2012, oui.
Olivier Roland : Donc là, tu as un parcours d’infopreneur classique. C’est Geoffrey qui te pousse à faire cela.
Benoit Wojtenka : Oui.
Olivier Roland : Et déjà boum, alors 15 000€ en un week-end pour quelqu’un qui vient de faire un stage d’un an, tu es payé genre 500€ par mois, un truc comme cela ?
Benoit Wojtenka : Non, un peu plus 1 000. En fait, moi, surtout ce qui me…
Olivier Roland : Donc, tu fais l’équivalent de 15 mois de salaire en un week-end ?
Benoit Wojtenka : Exactement. Et je me suis dit « mais je ne vais pas avoir à bosser cet été pour payer mes vacances ».
Olivier Roland : C’est fini les poubelles, les stages aux Assedics.
Benoit Wojtenka : Je me suis dit « C’est trop bien, je vais pouvoir me verser 500€ pour ma semaine de vacances avec mes potes sans travailler, c’est incroyable».
Olivier Roland : Et à l’époque, Bonne Gueule faisait quel trafic par mois à peu près ?
Benoit Wojtenka : Je ne m’en souviens plus, mais c’était il y a 10 ans. Il faut que je retrouve les analytiques, mais ce n’était pas… je crois que sur la mailing list, on devait avoir moins de 5000 personnes, il me semble.
Olivier Roland : C’est vraiment excellent comme résultat pour un ebook parce que si tu avais 5000, cela fait 3€ par prospect à peu près.
Benoit Wojtenka : Je crois, oui, mais on avait des prospects bien chauds, bien qualifiés.
Olivier Roland : Parce que j’imagine, à l’époque comme aujourd’hui, vraiment Bonne Gueule, cela se distingue par son contenu d’excellente qualité.
Benoit Wojtenka : On fait ce qu’on peut.
Olivier Roland : C’est clair, où vraiment on lit un article, on fait « Waouh ! J’ai appris cela et maintenant, je sais comment combiner ces vêtements ou comment choisir ces matériaux, à quoi cela sert… »
Benoit Wojtenka : Exactement.
Olivier Roland : Oui. Je me souviens quand j’étais en vacances, ce qui me fascinait, c’était de voir que des gens achetaient l’ebook pendant que je faisais la fête.
Olivier Roland : Tu disais « je vais au bar et je rentre, je sors du bar, j’ai plus d’argent dans ma poche que… »
Benoit Wojtenka : Oui, on rentrait de soirée. Des fois, il était 7h du matin et il y avait eu des ventes pendant la nuit, c’était complètement dingue. Et là, j’ai su que c’était la bonne voie et qu’il ne fallait pas que je ne revienne surtout pas en arrière.
Olivier Roland : Parfois, on reprochait aux infopreneurs de faire croire qu’on gagne de l’argent pendant qu’on dort, mais finalement, quand tu as un vrai business avec des effets de levier, cela se produit.
Benoit Wojtenka : En tout cas, c’était le cas. Je confirme, on faisait des ventes quand on rentrait parfois même à 7h-8h du matin, je me dis « c’est incroyable, il y a des gens qui achètent cela la nuit ». Là, pour le coup, cela a été un tel sentiment de liberté, d’accomplissement et vraiment je souhaite à tout le monde de connaitre cela, son premier lancement réussi et d’expérimenter un peu ce truc où les revenus sont décorrélés du temps. C’est un sentiment qui est extrêmement grisant que tout le monde devrait vivre une fois dans sa vie, je pense.
Olivier Roland : Absolument. Oui, le premier lancement de la formation, c’est extraordinaire aussi.
Benoit Wojtenka : Oui, c’est ton boulot d’apporter cela aux gens.
Olivier Roland : Absolument, oui. Et donc, tu as fait ce premier week-end à 15 000 et ensuite, tu avais à peu près 5 000€ de vente par mois avec cela.
Benoit Wojtenka : Oui. Mais PayPal qui te bloque le compte parce qu’à l’époque, PayPal…
Olivier Roland : Ils ne comprenaient pas. Ils sont toujours nuls, ne t’inquiète pas.
Benoit Wojtenka : Sauf qu’ils ne sont plus tous seuls aujourd’hui.
Olivier Roland : Heureusement, oui, il y a de la concurrence.
Benoit Wojtenka : C’était compliqué cela.
Olivier Roland : Oui, PayPal, à l’époque, c’était vraiment horrible, horrible.
Benoit Wojtenka : C’est des bandits.
Olivier Roland : Oui, mais bref, cela n’a pas très, très changé.
Et donc, cela t’a conforté. Là, tu t’es dit « Ok, génial, je peux vraiment faire un vrai business de cela » ?
Benoit Wojtenka : Oui.
Olivier Roland : Et du coup, pas besoin de trouver de boulot non seulement pour l’été mais pour le reste.
Benoit Wojtenka : Exactement. Ensuite, j’ai fini mes études à Montréal. Pendant ce temps-là, je….
Olivier Roland : Ah, oui, tu étais toujours à Montréal à ce moment-là ?
Benoit Wojtenka : C’était juste avant que je parte à Montréal, donc j’avais un an de battement. Et Geoffrey, il a démissionné de son job et il m’a dit « Benoit, je me mets à plein temps sur Bonne Gueule. Grâce à l’ebook, je peux me verser un petit salaire », je crois qu’il se versait 2 000 ou 2 500€, quelque chose comme ça, « et je te prépare un tapis rouge quand tu reviendras de Montréal », et c’est ce qu’il a fait.
Olivier Roland : Waouh ! Sympa de sa part.
Benoit Wojtenka : Oui. Moi, en même temps, j’écrivais pas mal d’articles.
Olivier Roland : C’est intéressant parce que,… Donc, c’est Geoffrey qui t’a permis de faire ça, parce que beaucoup d’entrepreneurs à ce stade arrêtent leurs études. On peut penser aux plus célèbres Bill Gates, Sergey Brin, tous ces gens-là. Ils faisaient leurs études à Stanford, Harvard… ils ont arrêté parce que ça marchait très bien leur boîte.
Benoit Wojtenka : Oui. Mais moi, je voulais trop aller à Montréal.
Olivier Roland : Ah, oui, tu voulais y aller. En fait, c’était juste pour aller, c’est pour cela ? C’était plus pour cela que… Ok.
Benoit Wojtenka : Oui, je me disais que j’ai trop envie d’aller un an à Montréal, découvrir, d’aller à HEC Montréal. Je vais pouvoir voir toutes les marques canadiennes que j’aime bien, j’avais trop envie. Oui, je pensais que c’était une opportunité d’une vie, j’ai bien fait. C’est l’une des meilleures années de toute ma vie, Montréal.
Olivier Roland : Oui, et puis, j’aime beaucoup Montréal, j’y vais régulièrement, donc je peux comprendre. Puis, c’est vraiment les cousins. C’est vraiment la culture francophone la plus différente à part celle d’Afrique, mais je veux dire, la culture occidentale francophone qui est à la fois proche et lointaine, le pont avec les Etats-Unis.
Benoit Wojtenka : Je ne voulais pas arrêter, je voulais continuer vraiment.
Olivier Roland : Du coup, c’est intéressant parce que je n’avais pas cette notion que tu avais, Bonne Gueule qui commençait déjà à gagner de l’argent quand tu étais à HEC. Cela faisait quoi d’être un entrepreneur qui faisait 5 000€ par mois « sans rien faire », en tout cas, sans que tu aies besoin d’être derrière la machine en permanence, tout en faisant ces études-là ? Tu ne te sentais pas un peu comme un extraterrestre ?
Benoit Wojtenka : Si. Alors là, oui, complètement. Complètement parce que j’avais des collègues qui eux devaient travailler pour payer leurs études ou pour… tu vois, qui devaient avoir un job à côté. Et moi, mon job, c’était Bonne Gueule et c’était ma passion. Là, j’avais un sentiment de liberté qui était juste extraordinaire pour le coup. En plus, on n’avait pas d’équipe à gérer, donc tu vois, tu avais beaucoup moins de…
Olivier Roland : Vous n’étiez que deux.
Benoit Wojtenka : On n’était que deux.
Olivier Roland : C’était votre seul produit.
Benoit Wojtenka : Voilà. Tu n’avais pas les réunions de comité de pilotage, pas de comité de direction, pas de reporting aux investisseurs, tu n’avais pas tout ça.
Olivier Roland : C’était la bonne période.
Benoit Wojtenka : C’était vraiment du pur kiff. C’était la folie. J’ai vraiment, vraiment kiffé.
Olivier Roland : Et tu n’avais pas envie des fois de prendre tes camarades, les secouer en leur disant « mais regardez ce que vous pouvez faire ».
Benoit Wojtenka : J’ai essayé un peu d’expliquer, mais toujours « oui, mais moi, je n’ai pas de passion, j’ai ceci, j’ai cela ». Et à l’époque, j’avais compris qu’on ne peut pas faire boire un âne qui n’a pas soif, comme on dit. Finalement, la meilleure chose que je pouvais faire, c’était peut-être de les inspirer en développant Bonne Gueule et qu’ils se disent « Si Benoit l’a fait, on peut le faire ». Tu vois ? C’est un peu ça. Mais oui, j’avais envie de…
Olivier Roland : Absolument. Moi ma famille, pendant longtemps, j’ai essayé de les bouger, il ne s’est rien passé. C’est quand ils ont vu mon succès que ça les a inspiré.
Benoit Wojtenka : Si, oui, quand j’étais à HEC Montréal, il y a une personne qui a voulu faire pareil, mais elle s’est lancée dans une usine à gaz pas possible. Pareil, j’ai dit « Attends, il faut que tu résolves un problème avec… », mais quand cela ne veut pas rentrer, cela ne veut pas rentrer. Puis, c’était une personne qui ne voulait pas se former sur le web marketing, vraiment.
Olivier Roland : Oui, c’est problématique là.
Benoit Wojtenka : Tu vois, moi en plus, j’avais envoyé ces articles en lui disant « tiens, comment faire un lancement, il y a ça, tout est gratuit, il y a des choses pas mal. Et fais ton truc », mais ça ne voulait pas.
Olivier Roland : Est-ce que tu as discuté avec certains de tes profs en e-commerce pour leur dire ce que tu faisais ? Je crois que c’était directement lié là.
Benoit Wojtenka : Un peu, oui.
Olivier Roland : Excuse-moi, c’était quoi, en commerce électronique ?
Benoit Wojtenka : En affaires électroniques.
Olivier Roland : Oui, en affaires électroniques.
Benoit Wojtenka : Oui. Oui, c’était un peu, mais certains ne comprenaient pas beaucoup ou certains n’étaient pas… tu vois, la stratégie de mailing, je me souviens, on avait un cas d’étude où il fallait qu’on fasse une… Non, il y en avait deux. Il y en avait un où il fallait qu’on fasse le site Internet d’une marque de maillot de bain, donc là, j’ai appris plein de choses à mon prof sur le sujet. Et il y avait une autre étude où il fallait qu’on fasse la stratégie digitale d’une boîte de sécurité. Je me dis là, c’est parfait, il y a plein de points de souffrance sur lesquels on peut jouer et tout. Et le prof ne comprenait pas où je voulais en venir. Il dit « il faut faire du lead magnet, on va récolter les mails des gens, puis on s’est retrouvé à la séquence mail, on va faire comme cela ou on va lancer tel produit.
Olivier Roland : Oui, donc il avait 10 ans de retard là.
Benoit Wojtenka : Voilà. Et le mec a dit « Ecoutez, cela a l’air d’être une bonne idée, mais c’est un peu atypique quand même, je n’avais jamais entendu cela ». Mais oui, ils avaient…
Olivier Roland : Donc là, c’est intéressant parce que sur ce point spécifique, les gens étaient beaucoup plus au point à l’extérieur de l’école que dedans. Cela a peut-être changé depuis.
Benoit Wojtenka : Alors, il y avait des trucs pour le coup où je me suis pris aussi des belles leçons d’humilité, notamment sur des… il y avait un cours d’analyse business, je crois, où je suis arrivé en mode « c’est bon, j’ai lu Des Livres Pour Changer de Vie. »
Olivier Roland : Et là, non, boum.
Benoit Wojtenka : Voilà. Les Framework, je les connais, et en fait, pas du tout, non. Je me souviens, la première note, j’ai eu un C- ou quelque chose comme cela.
Olivier Roland : Ok.
Benoit Wojtenka : Oui, là, je me suis dit « Ok, dans la vie… »
Olivier Roland : C’est moins sur F, cela doit être de A à F les notes.
Benoit Wojtenka : Oui, je crois que c’est ça.
Olivier Roland : Donc, ce n’est pas bon, c’est en dessous de la moyenne là.
Benoit Wojtenka : Oui, c’était en dessous. Et là, je me suis dit Ok. Donc, j’ai appelé ma prof, j’ai dit « expliquez-moi où j’ai merdé ». D’ailleurs, elle a été très cool, elle m’a vraiment pris le temps de dire « attendez, il y a ça, ça, ça », et après de suite, j’ai eu un B+ ou des choses comme cela. Mais oui, pas d’excès de confiance.
Olivier Roland : Intéressant.
Benoit Wojtenka : Oui. Et c’est important d’avoir, ce genre d’évènements qui te ramènent un peu les pieds sur terre.
Olivier Roland : Ok, pourquoi je t’ai demandé si tu avais envie de secouer les gens ? Parce que moi, c’est… tu vois, tu avais envie de partager ta passion sur les vêtements, moi quand j’ai découvert tout ce monde-là et que j’ai vu à quel point il y a très peu de gens qui connaissaient tout cela. Je me rappelle à l’époque quand je faisais déjà 14 000€ par mois avec « Des Livres Pour Changer de Vie » qui faisaient peut-être 1000 visites par jour.
Benoit Wojtenka : Ah, c’est beau.
Olivier Roland : Oui. Eric Dupin de Presse-Citron a partagé comment il faisait 30000 visites par jour et qu’il faisait 6 000€ par mois.
Benoit Wojtenka : Oui, et je me souviens, il avait voulu être affilié à toi. Et puis, il y a son public a dit « oui, c’est du Ponzi », puis il y a les mecs qui ne comprennent rien.
Olivier Roland : Ils étaient là, mais ils étaient un public de geeks et puis c’était en 2010, donc…
Benoit Wojtenka : Ça, ça m’a révolté pour le coup parce que j’ai dit « Mais non, du marketing de réseau, ce n’est pas cela les gars. Juste vous pensez tout savoir, mais en fait, vous ne savez rien. »
Olivier Roland : Et ce n’est même pas un marketing avec plusieurs niveaux, c’était juste un affilié qui se promouvait.
Benoit Wojtenka : C’était un lancement de produit avec un…
Olivier Roland : Voilà, quelqu’un qui promeut et qui touche une commission d’affilié. Non, mais cela montre aussi l’ignorance un peu des…
Benoit Wojtenka : Oui. Et ça, c’est un truc qui m’a intrigué, c’est que les gens qui se croient plus intelligents et qui sont… c’est l’effet Dunning-Kruger, un truc comme cela là où parce que tu ne connais rien, tu ne te rends pas compte à quel point tu ne connais rien et à quel point ton ignorance fait problème. Alors que ces mecs qui pensaient tout savoir ce que c’était du truc de Ponzi là ou du marketing de Multi-Level, mais ils ne savaient rien, ce n’était pas du tout cela.
Olivier Roland : Et Dupin, il avait un trafic trente fois supérieur à moi et un chiffre d’affaires de moitié inférieur. Et donc, j’avais vraiment envie de secouer tout le monde et c’est cela aussi qui m’a donné l’idée de créer Blogueur Pro. Donc toi, tu as ressenti cela, mais finalement, ce n’était pas la même passion non plus.
Benoit Wojtenka : Je pense que je n’avais pas autant le feu sacré que toi pour que les gens changent de vie. Oui, puis j’avais ce côté, les gens s’ils ont envie de savoir, ils me demandent et je leur explique, tu vois, mais cela ne se passe pas comme ça.
Olivier Roland : Moi, j’étais tellement persuadé que j’étais tombé sur un truc incroyable que je disais aux gens, cela a été un peu arrogant, mais avec le recul, c’était vrai, je leur disais « il y aura une différence énorme dans votre succès de business dans 5 ans si vous m’écoutez versus si vous ne m’écoutez pas. »
Benoit Wojtenka : Mais c’est quoi ? J’en suis la preuve. J’en suis la preuve, bien sûr, oui.
Olivier Roland : Quand tu dis ça, les gens te prennent pour un prétentieux, ce que je peux comprendre. Après, il y a beaucoup de gens disent ça et ce n’est pas vrai, tu vois. Mais vraiment, je suis encore déçu parce que je pense là dans ma tête à certaines personnes que je n’ai pas réussi à convaincre et qui auraient fait des choses magnifiques.
Benoit Wojtenka : Mais toi, je pense qu’il faut que tu infiltres le système pour promouvoir un peu ton amour de l’entreprenariat.
Olivier Roland : C’est ce que je fais au final, cela fait des années avec les livres et tout ça. Et cela commence à se démocratiser tout cela, comme tu dis, aujourd’hui le développement personnel…
Benoit Wojtenka : Je ne sais pas dans des commissions sur l’entreprenariat, sur des trucs comme cela, mais il faut que je pense que… toi, c’est vraiment ton truc. Enfin, ta mission de vie, c’est que les gens changent de vie, donc je trouve cela super cool en tout cas.
Olivier Roland : Et donc là, tu termines HEC, tu as toujours Bonne Gueule qui fait 5 000€ par mois.
Benoit Wojtenka : Je termine, je fais un road-trip aux Etats-Unis avec Geoffrey en Mai et en Juin, je reviens et Juin, c’est Bonne Gueule à plein temps. Et on prend notre bureau en Novembre 2012.
Olivier Roland : Et là, vous décidez de sortir une formation.
Benoit Wojtenka : Oui, une formation qu’on vendait 200€ qui a bien marché, et dès qu’on a besoin d’un peu de trésoriers, on refaisait un petit lancement. C’est cela qui est pratique avec les infoproduits.
Olivier Roland : Absolument.
Benoit Wojtenka : Quand tu as besoin d’un peu de cash, tu refais un petit lancement.
Olivier Roland : Un petit lancement, un petit webinar. C’est pour cela que dans notre secteur, on voit beaucoup moins des levées de fonds. J’étais surpris quand tu en as fait une, on va peut-être en reparler après.
Benoit Wojtenka : Oui.
Olivier Roland : Mais voilà. C’est vrai qu’on peut presque imprimer de l’argent, c’est un peu exagéré, mais c’est vrai. Il y a cette notion que tu peux vraiment…
Benoit Wojtenka : Oui, cela demande un peu d’effort quand même, mais oui.
Olivier Roland : Tu as besoin de quelque chose, d’un peu d’argent, tu fais une opération.
Benoit Wojtenka : Tu fais une opération et voilà. Puis, ce sont des business à forte marge, donc tu te paies bien.
Olivier Roland : Oui, c’est vraiment pas mal. Finalement, il s’est écoulé combien de temps entre le moment où tu as créé le blog et le moment où tu as commencé à gagner un salaire complet à partir de… ? Des années ?
Benoit Wojtenka : Oui, 4-5 ans, je dirais à peu près.
Olivier Roland : Mais parce que tu avais tes études à côté.
Benoit Wojtenka : J’avais mes études à côté, oui.
Olivier Roland : Et avec le recul, si tu t’étais mis sur ton blog à fond, peut-être pas tout de suite, mais peut-être de 2-3 ans, tu ne crois pas que tu aurais eu du succès plus vite ?
Olivier Roland : Ah les études, c’est cool, j’ai vraiment kiffé. Avec tous mes potes et tout, on faisait des soirées.
Olivier Roland : Ok, mais c’était cool d’un point de vue là, mais tu ne crois pas qu’il y a eu un coup d’opportunité d’un point de vue purement business ?
Benoit Wojtenka : On pourrait le voir comme cela et je me dis qu’il y avait eu aussi un très beau coup de joie et de bonheur à faire toutes ces études-là aussi.
Olivier Roland : Absolument.
Benoit Wojtenka : Mais oui, effectivement, on pourrait dire que j’ai perdu 3-4 années, mais franchement, c’était des belles expériences dont je n’ai pas de regret, vraiment.
Olivier Roland : Ok. Finalement, c’est intéressant parce que là, tu dis « j’ai aussi continué mes études parce que c’était un choix lifestyle », parce que j’avais une meilleure qualité de vie, je voulais explorer Montréal, une autre culture.
Benoit Wojtenka : Voilà, un an à Montréal. En plus là-bas, le dollar canadien était très faible, donc avec 1 000€, tu étais le roi du pétrole. Justement, c’est grâce à mes études que j’ai pu avoir cette opportunité-là. Enfin, j’aurais pu l’avoir avec Bonne Gueule, tu vas me dire, mais bon quand même, c’était cool.
Olivier Roland : Là, du coup, tu n’as plus jamais été salarié depuis.
Benoit Wojtenka : Non.
Olivier Roland : Est-ce que tu te verrais redevenir employé ?
Benoit Wojtenka : Oui, j’y réfléchis de temps en temps, je me pose la question. Je pense que oui, à condition qu’il y ait un projet avec beaucoup de sens et d’impact.
Olivier Roland : Par exemple, travailler pour Elon Musk et aider l’humanité à aller sur Mars, cela serait intéressant ?
Benoit Wojtenka : Peut-être pas à ce point-là mais…
Olivier Roland : Il te faut une mission.
Benoit Wojtenka : Oui, vraiment, il faudrait un truc…
Olivier Roland : Intéressant.
Benoit Wojtenka : Oui, vraiment quelqu’un qui… je pense que je pourrais travailler pour un mec comme toi, par exemple.
Olivier Roland : Ah, oui ?
Benoit Wojtenka : Pour qui sa mission de vie, c’est d’aider les gens à changer de vie. Me dire que je contribue à cela, je pourrais, je pense.
Olivier Roland : Oui. Alors, tu voudrais quoi comme position ? Agent numéro 2 ?
Benoit Wojtenka : Oui, je te fais ta stratégie de contenu. Je te fais ton branding, ton marketing. Je développe l’univers de marque Olivier Roland, je peux faire tout cela.
Olivier Roland : Intéressant, on en parle après.
Benoit Wojtenka : Avec évidemment certaines conditions, tu vois.
Olivier Roland : Bien sûr. Qu’est-ce que ce serait ? Parce que j’imagine, voilà, tu demanderais une certaine autonomie, tu me dis si je me trompe.
Benoit Wojtenka : Oui. Une autonomie, d’être associé.
Olivier Roland : Oui. D’accord, donc tu ne serais pas un salarié vraiment, tu serais…
Benoit Wojtenka : Oui, vraiment d’avoir un bon contrat.
Olivier Roland : D’être dans la boîte. Oui, Ok.
Benoit Wojtenka : Oui, oui.
Olivier Roland : Disons que si tu renonces à être entrepreneur, c’est contre un prix quand même parce que tu renonces à quelque chose d’important.
Benoit Wojtenka : Envie d’être salarié, divisé mon salaire par 3 et avoir rien, oui, cela serait à la limite pour de l’associatif. Pourquoi pas ? Mais sinon…
Olivier Roland : Oui, bon, d’accord. Mais là, c’est intéressant parce que le deuxième truc, c’est « oui, il faut être partenaire ». Donc, tu es entrepreneur, du coup ?
Benoit Wojtenka : C’est vrai.
Olivier Roland : Tu peux si tu as 5% de la boîte. Est-ce que tu es entrepreneur ? Cela discute, tu vois.
Benoit Wojtenka : Oui, enfin, j’ai une espèce de variable sur le chiffre d’affaires où je me dis « je n’ai pas de limite sur ma rémunération ». Je n’aurais pas envie d’avoir une rémunération qui soit capée à tout jamais.
Olivier Roland : Mais donc, tu serais un intrapreneur finalement.
Benoit Wojtenka : Peut-être un intrapreneur, oui.
Olivier Roland : Alors, est-ce que tu pourrais redevenir employé normal avec un salaire qui n’est pas indexé sur le chiffre d’affaires ?
Benoit Wojtenka : Ça, il faudrait des bonnes conditions
Olivier Roland : Il faudrait vraiment.
Benoit Wojtenka : Mais pour le challenge, je serais curieux de le faire, tu vois.
Olivier Roland : Ah, bon ?
Benoit Wojtenka : Me dire « qu’est-ce que je pourrais apporter dans une boîte ? »
Olivier Roland : Mais tu serais motivé, tu penses ?
Benoit Wojtenka : Pour le challenge. Peut-être que je me dirais finalement « ce n’est tellement pas pour moi en fait » et ça serait cool aussi, cela serait un bel enseignement. Et je ferais un gros article de 10000 mots « D’entrepreneur, je suis redevenu salarié, voici ce que j’ai appris ».
Olivier Roland : C’est marrant parce que finalement, on ressent toujours un peu cette ingénuité, tu te dis « Pourquoi pas ? »
Benoit Wojtenka : Oui, de savoir, tout dépend…
Olivier Roland : Même si on ressent que là, il y a une petite résistance quand même.
Benoit Wojtenka : Oui, mais cela, c’est un de nos coachs et investisseurs qui nous a dit… je ne sais plus, on parlait d’une vie après Bonne Gueule et il me dit par contre « le problème, c’est que si vous voulez travailler pour quelqu’un d’autre, vous aurez envie que cela soit un peu chez vous quand même », sous-entendu qu’on soit associé. Oui, je pense que par challenge, toute l’expérience que j’ai apprise pour Bonne Gueule, je serais curieux aussi de voir comment après nourrir d’autres entreprises. Voilà.
Olivier Roland : Donc, tu pourrais être prestataire pour ça, être consultant. Tu reviendras à tes premiers amours de consultant.
Benoit Wojtenka : Le consulting, ça va un peu trop loin, tu sais.
Olivier Roland : Non, mais là, tu peux faire ton consulting à toi.
Benoit Wojtenka : Oui.
Olivier Roland : Celui que tu as amené avec tes propres mots et…
Benoit Wojtenka : Mais il faudrait que je batte un peu mon syndrome de l’imposteur, mais oui, un peu. Oui.
Olivier Roland : Tu penses que passer une entreprise de 0 à 10 millions, 12 avec la TVA, c’est quand même un bel accomplissement non ?
Benoit Wojtenka : Oui, et tu as toujours le camarade qui a fait plus que toi ou qui, dans l’interview, dit des choses plus pertinentes, plus intelligentes. Effectivement, oui, donc c’est oui et oui.
Olivier Roland : Mais après, est-ce que le camarade, il n’est pas disponible pour tout le monde et…
Benoit Wojtenka : C’est vrai.
Olivier Roland : Il n’a peut-être pas envie non plus de…
Benoit Wojtenka : C’est vrai, il y a aussi le syndrome de l’imposteur, mais cela peut être aussi une force, tu vois. Cela t’oblige vraiment d’avoir une posture d’humilité en disant « attends, je ne connais rien, donc je dois apprendre », à toujours un critère ouvert, à toujours te dire « attends, Ok, certes, peut-être que je l’ai entendu plein de fois, mais je vais quand même le réécouter ce truc » et ne pas dire non, non.
Olivier Roland : Ça, c’est tellement intéressant parce que beaucoup de gens font le reproche justement aux infopreneurs « mais vous dites toujours la même chose ». Oui, mais tu as appliqué quoi dans ce qu’on a dit ?
Benoit Wojtenka : Exactement.
Olivier Roland : Et beaucoup de gens se posent la question, en fait.
Benoit Wojtenka : Exactement. Moi, encore une fois, encore aujourd’hui, je continue à lire des articles sur comment faire une stratégie de mailing… Je n’apprends rien de nouveau, mais c’est important de le faire. Cela peut être aussi une forme de syndrome de l’imposteur, et pour moi, il ne faut pas complètement s’en débarrasser pour garder cette espèce d’humilité, cette posture un peu de débutant où on dit « je continue à apprendre, je continue à me remettre en question tout le temps et je continue à remettre en question tout ce que je sais ».
Olivier Roland : Finalement, tu as eu un parcours qui était assez doux dans la transition. Je veux dire que tu n’as pas arrêté l’école tôt, tu n’as pas vraiment brûlé tes navires derrière.
Benoit Wojtenka : Je suis un mauvais rebelle intelligent, moi.
Olivier Roland : Mais non, pas du tout. Moi, tu vois, je dis toujours que je fais partie de les… enfin, c’est vrai que j’ai arrêté l’école à 19 ans, mais qu’est-ce qui m’a convaincu de faire cela ? C’est que j’avais testé sur le terrain mon idée et que j’avais gagné de l’argent, je savais que c’était viable.
Benoit Wojtenka : Oui, oui.
Olivier Roland : Tu vois, même si mon test n’était pas parfait, je n’ai jamais brûlé vraiment mes navires derrière moi.
Benoit Wojtenka : Moi, je ne les ai pas brûlés, j’ai même kiffé la croisière, tu vois.
Olivier Roland : Ça, ce n’est pas mal comme…
Benoit Wojtenka : Oui. Non, je ne les ai pas brûlés.
Olivier Roland : Et du coup, j’imagine que tes parents n’ont jamais été trop durs à gérer à ce niveau-là parce que tu faisais tout de manière raisonnable.
Benoit Wojtenka : Oui, au début, ils ne comprenaient pas vraiment ce que je faisais. Et puis, je crois qu’ils ont compris que leur job de parents, c’était aussi que quand leurs enfants sont adultes, ont envie de faire des choses, il faut les encourager. Donc oui, ils ne comprenaient pas trop au début, je pense, ce que c’était que cette activité, que de vendre des PDF, d’être à plein temps sur un blog.
Olivier Roland : Moi, tous les 6 mois, je devais réexpliquer à ma mère ce que je faisais.
Benoit Wojtenka : Voilà, ma mère aussi un peetit pu, mais…
Olivier Roland : C’est normal, il y a un problème… enfin, c’est juste de génération.
Benoit Wojtenka : Oui, mais je crois que mes parents ont eu vraiment l’intelligence de se rendre compte que j’avais besoin de plus de soutien que de dire « attention, tu ne vas pas y arriver ».
Olivier Roland : Et donc, tout à l’heure, tu as laissé entendre que tes parents sont issus d’un milieu modeste parce que 1000€ par an, c’était déjà beaucoup pour eux, pour ton école.
Benoit Wojtenka : Oui, on allait pas souvent au restaurant, tu vois. Avec mes parents, je ne suis jamais allé au ski parce qu’ils ont toujours dit que… enfin, tu sais c’est la classe moyenne qui est trop riche pour avoir des bourses, mais « trop pauvre », je mets beaucoup de guillemets, pour partir au ski.
Olivier Roland : Oui, moi non plus, je ne suis jamais allé au ski. On est dans un milieu identique apparemment.
Benoit Wojtenka : Oui, la classe moyenne qui a un peu les inconvénients de chaque côté, on va dire.
Olivier Roland : Oui, moi, je dirais classe moyenne inférieure.
Benoit Wojtenka : Oui, j’avais quand même un père qui était fonctionnaire, qui était, je pense, relativement bien payé. Donc, je ne dirais pas que j’ai… je ne suis pas vraiment le plus à plaindre, mais oui, je viens d’un milieu avec… parce que j’ai rencontré des entrepreneurs où leurs parents étaient entrepreneur qui avait des… quand même en termes de mindset, ce n’est pas pareil, mine de rien. Tu aperçois vraiment qu’ils ont des réflexes, qu’ils ont une manière de voir le monde, qu’ils sont beaucoup plus bullish, finalement en français, ça serait beaucoup plus…
Olivier Roland : Agressif ?
Benoit Wojtenka : Fonceur, voilà.
Olivier Roland : Oui.
Benoit Wojtenka : Que moi, qui ai toujours peur de attention là, attention aux risques…
Olivier Roland : Non, mais c’est intéressant ce rapport aux risques parce que souvent, il y a ce cliché finalement que les entrepreneurs à succès, ce sont des gens qui prennent forcément des risques démentiels alors que pas du tout.
Benoit Wojtenka : Pas du tout, oui.
Olivier Roland : Et d’ailleurs, la plupart des entrepreneurs que je connaisse ne sont pas dans cette catégorie-là. Ils prennent des risques mais des risques mesurés, avec des plans B, C, D, E, F, G, E, H au cas où le plan A ne marche pas et ils font des transitions, ils font des tests sur le terrain en mode lean startup.
Benoit Wojtenka : Exactement. Le truc, c’est quand même, il y a des entrepreneurs très médiatisés qui font des holdings comme Elon Musk. Effectivement, du coup, il y a cette espèce de croyance, mais non. Il y a mon pote Baptiste là dont je te parlais qui a vendu sa première boîte d’import-export de matériels électroniques, lui, cela a été vraiment une approche « petit malin ». Mais moi, ce n’est pas péjoratif. C’est vraiment un mec très smart, très débrouillard, qui voit des optimisations partout, qui a vraiment eu des risques ultra-mesurés, tu vois, qui a bien géré ses achats, ses stocks… Et oui, on peut entreprendre sans forcément hypothéquer sa maison.
Olivier Roland : Absolument.
Benoit Wojtenka : Et surtout avec le modèle d’infoprenariat.
Olivier Roland : Oui. Alors là, donc tout ce qu’on a parlé tout à l’heure effectivement parce que cela a besoin de peu d’investissement, même si aujourd’hui avec la pub Facebook, cela dépend. Mais bon, le trafic organique, cela se bâtit. C’est long, mais cela marche.
Benoit Wojtenka : Mais ce n’est pas comme si tu dois créer un restaurant ou…
Olivier Roland : Absolument, oui. Et puis les marges, comme tu disais, sont juste énormes.
Benoit Wojtenka : Oui, tout à fait.
Olivier Roland : C’est probablement un des secteurs avec les plus grandes marges.
Benoit Wojtenka : Voilà, avec le trafic de drogue.
Olivier Roland : J’aime bien la comparaison, oui. C’est sûr qu’on n’est pas en train de bâtir une centrale nucléaire qui va coûter des milliards avant même de produire quoi que ce soit.
Benoît Wojtenka : Qu’il va falloir amortir sur 10 ans.
Olivier Roland : Pour 10 ans, tu es gentil.
Benoît Wojtenka : Sur 30 ans.
Olivier Roland : On en a déjà parlé rapidement, mais pour résumer, est-ce que tu penses que tu as des croyances différentes de la majorité ?
Benoît Wojtenka : Oui. Je pense effectivement. Je ne dirais pas que rien n’est impossible, mais je pense que les gens ne se rendent pas compte jusqu’où ils peuvent aller avec une volonté d’apprendre et avec une volonté de tester des choses. Je pense qu’il y a vraiment cette croyance que l’apprentissage…
Olivier Roland : Que c’est possible.
Benoît Wojtenka : Voilà. Avec de l’auto-apprentissage, c’est possible. Avec de la passion, c’est possible. Et toutes ces choses-là, elles peuvent se créer et peuvent s’entretenir vraiment.
Olivier Roland : Donc, ça, c’est le premier point. Est-ce que tu as d’autres choses ? Tu en as déjà parlé mais…
Benoît Wojtenka : Oui. Je pense que les gens, vraiment, sous-estiment beaucoup de quoi ils sont capables aussi en termes de…
Olivier Roland : C’est clair. Mais moi, je m’en suis rendu compte à force de tester des trucs, de me rendre compte qu’en fait, je pouvais faire des choses qui me paraissaient hallucinantes.
Benoît Wojtenka : Exactement.
Olivier Roland : Et après, cela renverse complètement la perspective. C’est que tu as l’impression que c’est normal et les gens trouvent cela hallucinant, mais toi, tu te dis « mais ce n’est pas si grave que cela, enfin c’est pas si… »
Benoît Wojtenka : On peut le faire.
Olivier Roland : Oui, exactement.
Benoît Wojtenka : Vraiment, il y a cela et sur le fait que le… et je pense qu’ils surestiment beaucoup les peurs et les conséquences de ce qui peut arriver s’ils se plantent aussi. Moi, le premier, je me mets dedans. Donc, il y a cela. Enfin, tu vois, il y a…
Olivier Roland : Surestimer la peur.
Benoît Wojtenka : Surestimer la peur et sous-estimer toute la sensation de liberté que cela va apporter, vraiment. Et cette motivation-là, elle peut se créer, elle peut s’entretenir, elle peut s’augmenter, mais cela demande de la volonté. Et là aussi, les gens sous-estiment à quel point ils peuvent faire preuve de volonté quand il faut.
Olivier Roland : Puis, tu as parlé aussi lire et à apprendre tout au long de sa vie.
Benoît Wojtenka : Exactement. C’est hyper important cela. Cela permet vraiment d’entretenir un mindset. Même si tu vas écouter l’interview d’un entrepreneur, à la fin de l’interview, tu ne vas pas retenir grand-chose, mais cela entretient un mindset et puis après, cela va faire des connexions avec une autre interview que tu vas avoir… et c’est là où le réseau d’idées va se construire dans ta tête.
Olivier Roland : En plus de ces croyances différentes, est-ce que tu as des actions que tu fais différemment ?
Benoît Wojtenka : Oui. Alors moi, il y a un truc que j’aime beaucoup faire, c’est ce que j’appelle « le soft learning », c’est-à-dire quand que je dois apprendre un truc, une vidéo le matin en me lavant les dents sur le sujet YouTube ou pendant que je m’habille, je mets mon téléphone et je mets en haut-parleur, et une vidéo le soir avant de se coucher.
Olivier Roland : Sur le même sujet ?
Benoît Wojtenka : Sur le même sujet.
Olivier Roland : Ah, oui !
Benoît Wojtenka : Donc, tu vois…
Olivier Roland : Tranquille, pas de pression ?
Benoît Wojtenka : Tu fais 10-15 minutes le matin, 10-15 minutes le soir. Franchement, tu vois, le soir parfois pendant que je cuisine ou pendant que… je mets ma vidéo, je vais me laver les dents, je prépare ma tenue pour demain, je fais un peu de rangement. Et quand tu fais cela sur des mois et des années, enfin, quand tu fais 30 minutes sur un sujet et que tu le fais sur un mois complet, cela fait… je te laisse calculer le nombre de minutes que cela fait sur le…
Olivier Roland : 30 minutes par jour x 100 x 10, cela fait 300 x 100, cela fait 3 000. 9 000 minutes. Allez, on va dire, je ne sais pas, 11 000 par an ?
Benoît Wojtenka : Oui.
Olivier Roland : Cela fait combien d’heures ça ?
Benoît Wojtenka : Cela fait beaucoup.
Olivier Roland : D’accord et c’est énorme. Et est-ce que tu donnes des sujets consciemment ou c’est un peu… ?
Benoît Wojtenka : Cela, c’est un peu au gré des envies. Donc moi, j’aime beaucoup la musculation et c’est comme cela que j’ai appris, tu vois. Souvent, ce sont des vidéos qui durent moins de 10 minutes, même sur le chemin pour aller à faire des courses parce que j’ai…
Olivier Roland : Tu écoutes des podcasts ?
Benoît Wojtenka : J’ai Youtube Premium. Avec Youtube Premium, tu peux télécharger les vidéos, donc tu peux les voir dans le métro et tu peux écouter en mettant l’écran en veille. Très bon investissement Youtube Premium. Cela, pour le coup, je le conseille à tout le monde.
Quand tu fais cela, en fait, tu te rends compte que sur une semaine, sur des mois, que tu as écouté facilement des dizaines d’heures sur le sujet et que tu commences à avoir une connaissance assez très, très correcte du sujet. Donc, j’ai fait cela pour la musculation. J’ai fait cela aussi pour l’entreprenariat, pour le marketing, pour plein de sujets. Donc là, j’ai une passion sûrement un peu particulière sur les sacs à dos. Je kiffe les sacs à dos.
Et pareil, maintenant, j’ai des copains qui me demandent conseil « Ah Benoît, sur les sacs à dos, qu’est-ce que tu me conseilles ? », alors que je ne suis pas revendeur, mais c’est juste que c’est un sujet que j’apprécie tellement que j’ai commencé à accumuler pas mal de connaissances. Donc vraiment, je pense que c’est une manière d’apprendre qui est très soft, qui se fait vraiment quotidien, sans forcer. C’est vraiment un truc, il n’y a pas beaucoup qui font cela.
Après, comme je te l’ai dit, je ne fais pas de miracle morning, je ne fais pas de douche froide, je ne fais pas de méditation, je ne fais pas tout cela. C’est vraiment, je pense, l’habitude qui me…
Olivier Roland : Tu ne médites pas ?
Benoît Wojtenka : Non.
Olivier Roland : C’est rare ça chez les entrepreneurs.
Benoît Wojtenka : Oui, je devrais. Ensuite, je pense que j’ai des habitudes relativement normales, on va dire, et j’ai la bonne ou la mauvaise habitude de travailler le soir aussi depuis peu.
Olivier Roland : Jusqu’à quelle heure ?
Benoît Wojtenka : Cela dépend, 20h – 21h -22h.
Olivier Roland : Tu n’as pas d’enfant, on va préciser.
Benoît Wojtenka : Voilà. A 23h, donc oui, je travaille. J’ai des bonnes journées aussi. Ensuite, encore une fois, tout ce qui est podcast, tout ce qui est Instapaper, Pocket, toutes ces applications qui permettent d’enregistrer les articles qui te plaisent, à les lire plus tard. Mais cela, chez les entrepreneurs, c’est les grands classiques tout cela.
Olivier Roland : Oui, les petits hacks de productivité.
Benoît Wojtenka : Oui. Même si je pense qu’en productivité, je pourrais beaucoup m’améliorer, je n’ai pas de… j’avais beaucoup aimé ton article sur GTD là, le système de David Allen…
Olivier Roland : C’est une usine à gaz, Getting Things Done.
Benoît Wojtenka : Exactement.
Olivier Roland : Je ne connais personne qui l’applique complètement.
Benoît Wojtenka : Il y en a un que j’aime beaucoup qui s’appelle Tiago Forte, je ne sais pas si tu connais.
Olivier Roland : Non.
Benoît Wojtenka : Ce mec est un putain de génie pour faire de la productivité, c’est le mec à suivre sur la productivité.
Olivier Roland : Comment tu dis ?
Benoît Wojtenka : Tiago, T-I-A-G-O, Forte, F-O-R-T-E.
Olivier Roland : Et le nom de son livre, tu te rappelles ?
Benoît Wojtenka : Il n’a pas fait de livre mais…
Olivier Roland : Ah, c’est une formation.
Benoît Wojtenka : Et cela va te plaire parce qu’il y a ce côté très… enfin, il a mis la productivité, mais pas seulement comme un truc qui sert à être plus efficace, c’est cela que je trouve génial. Il donne beaucoup de sens, il y a un vrai côté un peu philosophique. J’adore ce mec, vraiment. Donc oui, en termes d’habitude, je n’ai pas, à part le soft learning, à part le sport.
Olivier Roland : Ce qui est très intéressant, tu es le premier qui me partage cela.
Benoît Wojtenka : Mais personne ne le fait, alors c’est vraiment… moi, j’ai appris plein de sujets facilement comme ça, vraiment. C’est une vidéo en te lavant les dents.
Olivier Roland : Un podcast, enfin…
Benoît Wojtenka : Mais il faut que cela soit assez court, moins de 15 minutes. Il faut que tu puisses faire cela en…
Olivier Roland : Tu ne peux pas regarder une vidéo en deux fois ?
Benoît Wojtenka : Tu peux le faire en deux fois si tu veux, mais tu fais cela chaque jour, le matin et le soir, ou parfois le midi sur ta pause.
Olivier Roland : Pendant une semaine et puis.
Benoît Wojtenka : Sur ta pause déjeuner, et sur 3 mois, mais tu vas voir que tu vas avoir…
Olivier Roland : Tu n’as peut-être pas l’impression de bosser parce que c’est vraiment… Déjà le matin, il faut te réveiller un peu.
Benoît Wojtenka : Mais non, c’est vraiment rien. C’est le grand truc de comment il s’appelle cet auteur-là ? MJ DeMarco qui a écrit « The Millionnaire Fastlane ». Il y a ce côté université, il appelle cela « université permanente » où dès que tu fais la queue, bam, tu te lis un article.
Olivier Roland : Absolument. Moi, je pratique mon portugais et je lis des bouquins sur mon téléphone.
Benoît Wojtenka : Tu retrouves un article que tu as enregistré sur pocket, tu regardes une vidéo Youtube que tu as enregistré.
Olivier Roland : Donc toi, cela fait quand même déjà des choses, Ok.
Benoît Wojtenka : Oui.
Olivier Roland : Non, mais rien que ça, parce que je veux dire, le temps que les gens perdent dans les temps masqués comme cela, je vois dans les aéroports, les gens ne font rien. Ils regardent le plafond, enfin, quel est l’intérêt ?
Benoît Wojtenka : Et moi, du coup, c’est un peu… parce que mes copains me disent « tu es toujours sur ton téléphone » et j’essaie avant d’apprendre dès que j’ai un moment à ne pas me jeter sur mon téléphone et à essayer d’apprécier l’instant présent, de ne pas avoir cette angoisse en disant…
Olivier Roland : Se trouver l’équilibre.
Benoît Wojtenka : Voilà, toujours trouver l’équilibre, de ne pas me dire : « Ah là là ! Je dois apprendre un truc et là, je ne le fais pas, c’est du temps perdu… ». Non, d’apprendre à apprécier cela et de vraiment apprécier cela. Mais oui, c’est un truc hyper important pour moi le fait d’apprendre. Ensuite, il faut choisir ses combats. Et là, pour les gens qui sont très curieux comme nous, cela peut un peu partir dans tous les sens. Tu vois, donc est-ce que la priorité cette année, tu vas apprendre des choses sur l’investissement ? Est-ce que tu vas apprendre des choses sur la méditation ? Est-ce que tu vas apprendre des choses sur des trucs un peu plus exotiques ? Là, pour le coup, c’est important de choisir. Oui, j’ai cette habitude-là qui m’a amené beaucoup où je suis, je pense.
Olivier Roland : Et à quoi cela ressemble la journée typique de Benoît aujourd’hui ?
Benoît Wojtenka : Pas mal de réunions.
Olivier Roland : D’accord. Parce que donc aujourd’hui, c’est vrai qu’on n’a pas expliqué toute la transition, mais tu es passé de cette vente d’ebook qui était ton produit unique, après, tu as fait la formation. Mais tu as fait un pivot que très, très peu d’entrepreneurs ont fait, c’est-à-dire que tu t’es mis à vendre des produits physiques.
Benoît Wojtenka : Du hard goods, comme on dit, ou du soft goods.
Olivier Roland : Oui. Donc, vraiment la… en l’occurrence, c’était un peu logique quand même dans ton domaine, mais beaucoup ne l’auraient pas fait, donc de vendre de vêtements.
Benoît Wojtenka : Il y a pleins d’infopreneurs qui n’aient pas les croyances, qui pensent qu’ils ne peuvent pas le faire mais ils peuvent le faire, il y a plein de trucs.
Olivier Roland : Puis, je pense qu’il y en a beaucoup qui savent qu’ils peuvent le faire, mais ils se disent « c’est trop d’emmerdes ».
Benoît Wojtenka : Exactement.
Olivier Roland : Et tu es d’accord avec cela ?
Benoît Wojtenka : Cela dépend…
Olivier Roland : Cela fait beaucoup de réunions.
Benoît Wojtenka : Non, en vrai, cela dépend de la « puissance de la mission » que tu as derrière. Effectivement, si toi, tu ne veux pas absolument d’emmerdes, oui, il ne faut pas le faire. Par contre, si tu estimes que c’est pour « un petit sacrifice » pour quelque chose de plus grand, il faut le faire. Mais je suis convaincu que la plupart de tes élèves, ils peuvent faire du produit physique, convaincu, ou des collaborations, des trucs comme cela et toi, le premier.
Olivier Roland : Oui. D’ailleurs, je t’avais déjà dit que j’avais une idée de collab. avec Bonne Gueule, mais on en parlera après.
Benoît Wojtenka : Ok.
Olivier Roland : Mais oui. Voilà. Donc aujourd’hui, non seulement vous vendez des vêtements sur votre blog, mais vous avez été carrément au-delà. Vous avez des boutiques comme tu l’as dit au tout début de cette interview. Et je vous donne toujours comme exemple de ce qu’on peut faire avec du contenu et de montrer à quel point c’est vraiment connecté à des business « tradi » parce que vraiment, cela vous distingue immédiatement de Zara, de H&M et de toutes les boutiques comme cela parce que quand on va chez Bonne Gueule, on ne va pas chez H&M. On va voir des gens qui nous conseillent tous les jours ou presque. Enfin, on va sur Bonne Gueule et on n’est pas en connexion avec des vendeurs, on est en connexion avec des conseillers, des amis presque qui vont vraiment nous aider à mieux s’habiller. Et on sent cette authenticité et la valeur du contenu parce qu’on peut le voir, et on sait que chaque vêtement qui est dans la boutique, il a droit à son propre article sur le blog avec comment on a eu l’idée de le faire, avec qui on s’est associé pour le faire.
Benoît Wojtenka : D’où vient le tissu ?
Olivier Roland : Voilà. D’où vient le tissu ? Comment on fait pour le porter ? Comment on fait pour le mixer ? Comment on fait pour l’entretenir. Enfin, c’est incroyable la valeur et pourtant, à la base, c’est un article.
Benoît Wojtenka : Oui, tout à fait.
Olivier Roland : C’est-à-dire ce n’est quand même pas incroyablement difficile à faire, mais la plupart des boutiques de marques fringues ne font pas ça.
Benoît Wojtenka : On a lancé notre ligne de vêtements en 2014, du coup, cela va faire 7 ans. Je parle de cela en marque et je…
Olivier Roland : Ils ne comprennent pas. C’est comme ton prof de marketing HEC.
Benoît Wojtenka : Il y en a pour le coup qui ont très bien compris ce qu’on faisait, qui ont bien appliqué la recette clé. Cela reste des micro marques. Mais les grosses marques, c’est vraiment…
Olivier Roland : Trop d’inertie, trop de résistance culturelle.
Benoît Wojtenka : Oui, tu te heurtes au mammouth.
Olivier Roland : Tant mieux pour vous.
Benoît Wojtenka : Au paquebot. Oui, tu vois et je me dis « tant mieux pour nous ». Et peut-être qu’un jour à force de nous voir le faire, peut-être qu’un jour, ils vont se rendre compte qu’il faut le faire, oui. Moi, j’y crois beaucoup à cela. Et je pense qu’avec Bonne Gueule, honnêtement, avant, je n’osais pas le dire, mais je pense qu’honnêtement, en France en tout cas, on a inventé une nouvelle manière de parler du vêtement, ça c’est clair, qui a été pas mal reprise après.
Olivier Roland : Alors, pour revenir à la journée typique, déjà tu te réveilles. Tu mets un réveil ou tu te lèves quand tu veux ?
Benoît Wojtenka : Non, je ne mets pas de réveil. Moi, il faut savoir que j’habite à 300 mètres de mes bureaux.
Olivier Roland : C’est aussi l’avantage.
Benoît Wojtenka : Oui. Donc, je vais au bureau entre 9h et 10h.
Olivier Roland : Pas d’heure précise ?
Benoît Wojtenka : Pas d’heure précise, parfois. Mais demain, j’ai une réunion à 9h30, tu vois, donc…
Olivier Roland : Cela dépend des contraintes.
Benoît Wojtenka : Oui.
Olivier Roland : Tes employés peuvent faire pareil ou ils ont… Remarque, les boutiques, non, elles ouvrent à une heure précise.
Benoît Wojtenka : Alors, les employés, les horaires des gens franchement, je n’ai jamais employé d’horaires et les gens viennent à 9h ou 10h. Parfois, il y en a qui viennent plus tôt que moi. Enfin, il n’y a pas de souci là-dessus.
Olivier Roland : Déjà, c’est quand même plutôt libre et flexible le matin.
Benoît Wojtenka : Voilà. Ensuite le midi, soit j’ai un déjeuner avec toi, soit c’est sport.
Olivier Roland : Ok. Là, tu fais du sport le midi ?
Benoît Wojtenka : Oui, j’essaie d’en faire.
Olivier Roland : Tu prends un sandwich vite fait ?
Benoît Wojtenka : Pas de sandwich.
Olivier Roland : Une salade ?
Benoît Wojtenka : Il y a un truc qui s’appelle Freshie à Paris qui est très cool, où tu peux manger assez fit.
Olivier Roland : D’accord.
Benoît Wojtenka : Et par la force des choses, je me suis rendu compte que je mangeais pas mal la qualité en fait, beaucoup d’aliments peu transformés et beaucoup de légumes et tout cela. Donc, oui, j’essaie de faire le sport tous les jours. En ce moment, je n’arrive pas trop, trop, mais soit un peu de course à pied, soit un peu de musculation. Mais souvent, oui.
Le matin, j’essaie, cela fait quasiment 10 ans que j’essaie de me tenir avec ce truc de ne pas faire les mails le matin, mais c’est difficile, parfois il y a toujours les petites urgences. Donc, j’essaie de faire, souvent, j’ai toujours un article à écrire, du contenu à faire.
Olivier Roland : Tu écris encore des articles pour le blog ?
Benoît Wojtenka : Oui, alors que je devrais moins le faire pour le coup. Ça, c’est un goulot d’étranglement qui…
Olivier Roland : Tu aimes cela ?
Benoît Wojtenka : Oui, enfin là, je commence à être un peu fatigué notamment pour les lancements de produits.
Olivier Roland : Parce que je te disais, moi, cela fait 6 ans – 7 ans que je n’ai pas écrit de vrais articles.
Benoît Wojtenka : Tu as deux extrêmes, du coup.
Olivier Roland : Je me suis consacré à mon livre aussi.
Benoît Wojtenka : Oui, toi, cela a été…
Olivier Roland : Oui, c’était intense.
Benoît Wojtenka : Cela a été le saint annuaire le truc.
Olivier Roland : Oui, c’est ça. C’est la bible, les gens l’appellent.
Benoît Wojtenka : Oui, que je conseille à tout le monde.
Olivier Roland : Il y en a qui s’en servent pour faire de la muscu le matin.
Benoît Wojtenka : Du coup, il y a pas mal de réunions. J’essaie le matin de faire du travail un peu plus créatif. Puis ensuite, l’après-midi, toujours des petites réunions, des mails, des choses comme ça ou des rendez-vous. Et le soir, c’est très variable, je peux sortir à 18h comme très tard. C’est très, très variable. Cela dépend, en général… Là, j’essaie de sortir, partir du bureau avant 19h30 parce que justement les derniers mois où j’ai…
Olivier Roland : Tu as travaillé trop. Vous êtes en pleine croissance.
Benoît Wojtenka : Oui, j’ai envie de retrouver… d’avoir des horaires où je… en plus les confinements, je les ai vécus au bureau où là, j’ai beaucoup de volumes horaires. En fait, je partais quand les gens applaudissaient aux fenêtres. Je me dis là, tiens, il faut peut-être que je commence à…
Olivier Roland : C’est à 20h cela.
Benoît Wojtenka : Oui, à 20h. Donc, oui, j’essaie de partir maintenant avant 19h30.
Olivier Roland : Tu travailles le week-end ?
Benoît Wojtenka : Un peu.
Olivier Roland : C’est vrai ?
Benoît Wojtenka : Oui. Un peu, oui.
Olivier Roland : Tu prends des vacances ?
Benoît Wojtenka : Un peu. Oui, j’essaie toujours de faire des petits week-ends de 3 jours par-ci, par-là avec mes potes.
Olivier Roland : Mais des vraies vacances, je veux dire, genre partir 15 jours.
Benoît Wojtenka : Oui, là, je pars au pays basque en Août. Mais effectivement, avec le recul, cela a été un point avec ma coach justement qui nous a fait la même remarque pour Geoffrey « On ne part pas assez en vacances ».
Il y a presque un côté un peu, il y a l’égo qui dit « Moi, je suis un ouf, je prends très peu de vacances, je suis une machine et tout ». Ce n’est pas bon cela.
Olivier Roland : Et en plus, tu pourrais peut-être au moins voyager tout en continuant à travailler un peu, parce que tu peux faire quand même pas mal de choses à distance ?
Benoît Wojtenka : Alors un peu, mais c’est vrai que j’aime bien être sur place pour recevoir les prototypes. Je kiffe. Dès qu’il y a un prototype qui arrive, voir les tissus et tout.
Olivier Roland : Et ça, c’est régulièrement ?
Benoît Wojtenka : Oui, c’est tout au long de l’année. Oui, effectivement pour le coup, le Covid, je me suis dit « j’aimerais bien profiter un peu plus de cette liberté de travailler un peu, de faire une semaine par ci avec d’autres potes, un peu des…
Olivier Roland : Même tes prototypes, tu peux les recevoir.
Benoît Wojtenka : C’est vrai, mais bon.
Olivier Roland : Si tu prends une villa, je dis n’importe quoi, en Espagne.
Benoît Wojtenka : Mon chef produit n’habite pas à Paris et lui, il reçoit les prototypes chez lui et ensuite il vient quelques jours à Paris par semaine, il les ramène et tout. Mais oui, j’aimerais profiter un peu plus de cette liberté.
Olivier Roland : Puis avec FedEx, tu reçois tout en 48h dans le monde entier.
Benoît Wojtenka : Exactement.Oui, j’aimerais bien. Je ne sais pas, moi, Tokyo me manque beaucoup, j’aimerais bien essayer pourquoi pas de passer 2-3 semaines.
Olivier Roland : Ah ! Tokyo, tu as exploré ?
Benoît Wojtenka : Oui. Mais pour la mode, c’est juste la meilleure ville au monde, c’est une ville qui me fascine vraiment.
Olivier Roland : J’ai adoré le Japon aussi.
Benoît Wojtenka : Oui, c’est des fous. Sur les sapes, c’est des fous et pas que sur les sapes.
Olivier Roland : Ils sont fous sur plein de trucs, oui.
Benoît Wojtenka : Donc effectivement, là, j’aimerais bien prendre plus de vacances parce cela me fait du bien, mine de rien. Tu vois, il y a des fois, il y a moments où je…
Olivier Roland : Est-ce qu’il faut que « Des Livres Pour Changer de Vie » publie un article sur ce sujet pour que…
Benoît Wojtenka : Je pense que je le lirais avec attention.
Olivier Roland : Mais clairement, je pense que c’est super important.
Benoît Wojtenka : Voilà. Mais en vrai, j’ai une journée d’entrepreneur de dirigeant assez classique finalement, tu vois. Il n’y a pas de rituel particulier, il n’y a pas de trucs un peu à l’américaine. Ce sont des réunions, travail créatif, des rendez-vous, des mails et tout ça. Et puis travail le soir, un peu de travail le week-end, pas beaucoup mais… Tu vois, j’aime bien parce que le week-end, tu as une énergie un peu différente qui t’amène à autre chose aussi, donc j’aime bien. Mais clairement, oui, je sors d’une période où j’ai quand même un peu trop travaillé et je n’ai pas peur de le dire. Tu as ton égo qui aime bien dire que tu en fais plus que les autres, mais ça, c’est du…
Olivier Roland : C’est marrant parce que mon égo me dit l’inverse moi. C’est parce que, tu vois, très vite, je me suis mis dans cette optique pas de semaine de 4h mais de philosophisme de 4h.
Benoît Wojtenka : Et je me demande comment cela s’est construit ça, comment j’ai perdu ce truc, arriver à optimiser, être suffisamment malin pour mieux optimiser. Et comment cela s’est… parce que je pense que je côtoie pas mal d’entrepreneurs plus classiques qui se donnent beaucoup et, du coup, il y a une espèce de truc un peu inconscient qui s’est mis en place dans ma tête.
Olivier Roland : Peut-être aussi le fait d’avoir un bureau avec des gens, des employés que tu vois, parce que moi, je n’ai pas de bureau, je n’ai que des… Le travail en asynchrone, cela aide aussi.
Benoît Wojtenka : Oui, effectivement. C’est un point le temps de travail qui… je suis dessus en ce moment, c’est mon sujet.
Olivier Roland : Ok, on fera une interview dans quelques années. Tu me diras « je bois trop de Mojito maintenant à la plage. »
Benoît Wojtenka : Je ne bois pas l’alcool en semaine, vraiment j’ai arrêté, à part pour les évènements exceptionnels, avec toi par exemple.
Olivier Roland : Je ne vois pas de quoi tu parles.
Benoît Wojtenka : Non, mais ta venue à Paris, c’est toujours un peu exceptionnel, tu vois. On se voit quoi ? Deux, trois fois par an, pas plus ?
Olivier Roland : C’est cela, quand je passe.
Benoît Wojtenka : Là, pour le coup, je serais d’accord de partager un petit verre de vin.
Olivier Roland : Yes. Question intéressante, est-ce que tu regardes le diplôme des gens que tu embauches ?
Benoît Wojtenka : Pas vraiment.
Olivier Roland : C’est toi qui t’occupes de l’embauche ?
Benoît Wojtenka : Cela dépend. Vraiment cela dépend des postes, mais oui, on peut faire des entretiens.
Olivier Roland : J’imagine que toi et Geoffrey, vous regardez tous les deux à chaque fois les gens qui…
Benoît Wojtenka : Cela dépend. Sur les conseillers en boutique, on ne peut pas parce que cela nous prendrait vraiment trop de temps, mais un peu. Alors, un diplôme, pas tant que cela parce soit ils ont fait une école que tu ne connais pas, donc c’est vrai que je ne regarde pas beaucoup le diplôme. Je regarde les études qu’ils ont faites. Mais ce qui va m’intéresser, cela va être vraiment les expériences et la qualité de l’expression écrite. Parce que souvent effectivement, les gens qui n’ont pas fait d’études, au niveau de l’expression écrite ou de l’intelligence émotionnelle et situationnelle, parfois c’est un peu chelou. Tu sens qu’il manque quelques codes professionnels. Donc, je vais vraiment regarder cela et la partie, tout ce qui est loisirs. Entre un mec qui va te dire « musique, cinéma et lecture » et un mec qui va détailler des passions un peu atypiques, pour moi, cela fait une vraie différence. Là, je me dis « Tiens, on a quelqu’un qui est un peu singulier », tu vois.
Olivier Roland : Qui est un peu curieux, qui…
Benoît Wojtenka : Oui. Parce qu’en gros, ils ont tous fait une école, ils ont tous eu un bon diplôme, ils ont tous fait des trucs humanitaires. Enfin, tu vois, ils ont tous un bon parcours. Donc, tu essaies un peu en regardant les diplômes de voir un peu ce qui transparaît, un peu atypique et la lettre de motivation, voir si le mec avait fait quelque chose assez générique ou s’il sent qu’il a vraiment pris le temps de comprendre ce qu’est Bonne Gueule et de voir ce qu’il peut apporter.
Olivier Roland : Donc, tu dis qu’ils ont tous fait une bonne école et tout cela. Est-ce que c’est parce que cela filtre le domaine dans lequel vous êtes ou est-ce que peut-être il y a une sorte de bulle éducative dans ton domaine qui fait que tout le monde a un diplôme et que cela vaut plus… ?
Benoît Wojtenka : Je pense que notre communauté, parce qu’on pioche beaucoup dans notre communauté, on a des gens… Enfin, tu vois, on fait des articles assez longs, donc par nature, on a des gens qui aiment assez lire, qui aiment comprendre, qui aiment apprendre, et je pense que cela biaise un peu le truc.
Olivier Roland : Parce que tu recrutes surtout dans ta communauté ?
Benoît Wojtenka : Oui, enfin.
Olivier Roland : Cela permet d’avoir des gens, tout de suite, qui sont au courant de plein de choses.
Benoît Wojtenka : Voilà, dans notre réseau, tu vois. Oui.
Olivier Roland : Est-ce que tu prendrais des gens sans diplôme ?
Benoît Wojtenka : Oui, je pourrais, mais il faut qu’il… enfin, je reste traumatisé une fois d’un de mes premiers entretiens d’embauche où c’était un mec, pareil, qui voulait être stagiaire chez nous, qui n’avait pas fait de diplôme mais qui se formait de par lui-même, qui te lisait… Le mec, le stagiaire, il me demandait 2 500€ d’indemnité de stage, il ne voulait pas venir au bureau. Il me dit « Non, non, moi, je suis plus efficace chez moi » et tout. Là, je me suis dit « Le mec n’a rien compris », tu vois. J’avais envie de lui dire « Mais attends, moi, des mecs qui sont tout aussi doués que toi, qui veulent moins et qui en plus veulent venir au bureau, veulent venir s’impliquer dans la vie de bureau, il y en a plein quoi ».
Donc, oui, je pourrais prendre quelqu’un qui n’a pas de diplôme du moment qu’il ait les codes, qu’il ait une bonne expression écrite et qu’il ait fait des choses. C’est-à-dire que le fait qu’il n’ait pas de diplôme, qu’il en a profité pour tester des choses, pour créer pourquoi pas une petite entreprise, pour faire un voyage particulier, pour faire un documentaire sur tel ou tel sujet, tu vois, ça, cela m’intéresse.
En gros, il faut qu’il ait accompli des choses ou il faut qu’il ait envie d’accomplir des choses. C’est cela que je vais regarder. Sur quelqu’un de très jeune, je vais voir par exemple s’il a créé un petit blog, une petite chaîne Youtube, un petit podcast, je vais voir tout cela, ou s’il a créé de petits courts métrages. Il y a plein de choses qui sont possibles aujourd’hui.
Olivier Roland : Absolument.
Benoît Wojtenka : Oui. Si je vois quelqu’un, il n’a pas de diplôme, Ok, mais qu’il n’a pas profité de cela pour s’auto-former, surtout pour faire des choses, pour créer des choses, cela m’intéresse moins.
Olivier Roland : En France, le sujet de l’argent est un peu tabou. Toi, quel est ton rapport à cela ? Bon, je sais que tu partages cela plutôt librement finalement ?
Benoît Wojtenka : Oui. Mon rapport à l’argent ?
Olivier Roland : Oui.
Benoît Wojtenka : Il est plutôt bon. Non, blague à part. Mais justement les finances personnelles, c’est un vrai sujet sur lequel j’ai fait un gros deep diving, un deep dive, enfin en français
Olivier Roland : Un plongeon profond.
Benoît Wojtenka : Un plongeon profond.
Olivier Roland : Une analyse profonde.
Benoît Wojtenka : Oui. Parce que pour le coup, en France, on n’a aucune culture financière.
Olivier Roland : Ça, c’est clair
Benoît Wojtenka : A la limite, on t’apprend un peu à épargner. Et je pense que justement, je crois que c’est toi qui avais dit cela dans ton livre, que le fait qu’on apprenne au lycée ce que c’est qu’un emprunt bancaire avec des dettes…, des intérêts composés, tu avais dit que cela permettrait d’avoir une population beaucoup moins endettée.
Olivier Roland : Oui. Là, il y a un vrai problème de gens surendettés en France.
Benoît Wojtenka : Exactement, parce qu’ils ne savent pas ce que c’est qu’un, tu vois, un…
Olivier Roland : Ils n’ont pas les bases quoi.
Benoît Wojtenka : Voilà. Ce que c’est un crédit, des mensualités… Donc oui, justement, je me suis beaucoup intéressé à l’investissement. Comme toi, je place des choses sur des ETF. Comme toi, je fais partie de la gestion, de ce qu’on appelle de la gestion passive où tous les mois, tu mets la même somme sans poser…
Olivier Roland : Cela te prend 5 minutes par an ou par mois et à la rigueur…
Benoît Wojtenka : Il faudrait que je rééquilibre d’ailleurs, là, je viens de le penser. Mais oui, moi, c’est un sujet que j’ai vraiment voulu creuser et le rapport à l’argent, c’est, comment dire ? Moi, je vis dans une industrie, enfin, je travaille dans une industrie où c’est très facile d’acheter plein de passifs, à savoir des vêtements. Tu as toujours des vêtements magnifiques et tout et j’ai dû un peu me refreiner par rapport à cela et être assez frugal dans mes dépenses pour acheter du passif justement parce qu’il serait facile d’acheter une paire de chaussures à 1 000€ dans notre industrie.
Olivier Roland : Oui, même plus.
Benoît Wojtenka : Elle est justifiée par un savoir-faire unique, ou d’acheter un costume à 2 500€, pareil parce qu’il a un savoir-faire, il y a un tissu qui vient de… mais cela reste des passifs. Moi, mon challenge, cela a été de casser un peu ce truc-là et de se dire vraiment « allez, on arrête on et commence vraiment à investir sérieusement ».
Donc, mon rapport à l’argent, cela a été vraiment de… je savais ce que c’était qu’un actif et un passif, mais cela a été vraiment de me dire « Bon ! Allez, on arrête maintenant, on rééquilibre le bilan et on investit dans des choses qui seront des actifs pour la suite. »
Olivier Roland : Juste pour expliquer, un actif en gros, c’est quelque chose qui vous rapporte de l’argent alors qu’un passif, non. Voilà, tout simplement. Et là, on voit les exemples avec les voitures, les vêtements. Dès que vous sortez le truc du magasin, cela a déjà perdu de sa valeur, c’est-à-dire que si vous le revendez immédiatement et même si vous ne l’avez même pas porté ou vous avez fait 5km avec la voiture, vous allez la vendre moins cher.
Benoît Wojtenka : Et moi, je travaille dans un milieu où les gens aiment bien acheter des passifs, aiment beaucoup acheter. Enfin, ce sont souvent des gens qui aiment les beaux objets et qui aiment bien acheter des belles choses. Donc, il a fallu que j’apprenne à être un peu plus raisonnable. Voilà mon rapport à l’argent, c’est-à-dire en ce moment, il est vraiment sur l’investissement.
Olivier Roland : Et il y a aussi quelque chose d’intéressant, c’est que tu es très transparent, jamais tu as eu le souci à partager le chiffre d’affaires de Bonne Gueule. J’avais aussi écouté une de tes interviews dans un autre podcast où tu partageais carrément ton salaire, qui m’avait choqué parce qu’il est quand même très faible, mais tu m’as dit que cela avait augmenté. Qu’est-ce qui fait que d’après toi, tu es plus open sur ce sujet-là que la plupart des Français ?
Benoit : Pourquoi je ne le serais pas ?
Olivier Roland : Non, je suis d’accord avec toi. Mais finalement, ce n’est pas si répandu que cela.
Benoît Wojtenka : C’est mon côté un peu autiste. On me pose la question, je réponds, tu vois.
Olivier Roland : D’accord.
Benoît Wojtenka : Voilà, le côté… oui, on m’a posé la question, j’y ai répondu et je me dis ben. Et puis moi, les rémunérations des dirigeants, je me demande parfois quand je vois que tu es un entrepreneur, je me dis « mais combien il gagne ? », tu vois.
Olivier Roland : Je suis d’accord avec toi, c’est intéressant.
Benoît Wojtenka : Comment il structure son patrimoine ? Dans quoi il investit ? Quelles sont les zones de sa vie où il aime bien dépenser sans culpabilité ?
Cela fait aussi un moment où je suis Ramit Sethi qui est un infopreneur américain, pour ceux qui ne le connaissent pas, qui écrit beaucoup justement sur le rapport à l’argent et cela m’a aussi beaucoup décomplexé par rapport à cela. J’aime bien sa vision de l’argent et je m’en suis beaucoup inspiré. Donc, oui, effectivement, je vois, il y a cette espèce d’omerta en France que je ne comprends pas. Ma sœur a acheté une voiture, elle a refusé de me dire le prix de sa voiture.
Olivier Roland : Ah bon ? C’est étonnant quand même.
Benoît Wojtenka : Alors que nous, tu vois, dans l’entreprenariat, on…
Olivier Roland : C’est sur le catalogue.
Benoît Wojtenka : Oui. Je lui dis « Mais combien elle t’a coûté ? Elle t’a coûté combien ? » Elle n’a pas voulu me le dire. Je lui dis « mais pourquoi ? ». Elle me dit « non, mais cela ne te regarde pas et tout » . Je ne comprends pas.
Vraiment, mais oui. Et je pense aussi que cela peut aussi inspirer des plus jeunes de voir combien on peut gagner… Je pense qu’il faut le faire, on a ce devoir de le faire. Et aussi moi, je n’aime pas ce côté de l’entrepreneur qui annonce des patrimoines et tout dans tous les sens, en disant « oui, j’ai une fortune de 1 000 000 », on ne sait pas trop si c’est du patrimoine, de la valorisation. Cela m’énerve.
Olivier Roland : Oui, parce que valoriser sa boîte à des millions, ce n’est pas si dur surtout si tu utilises des formules de la Silicon Valley. Ce n’est pas facilement applicable.
Benoît Wojtenka : Tu fais 20 fois les mines d’or, tu vois. Donc ça, ça m’énerve et je me dis « je donne les vrais chiffres parce que j’aimerais qu’on me donne les vrais ». Et aussi, je comprends les gens qui estiment « non, cela ne regarde que moi…». Je peux comprendre le truc.
Olivier Roland : Donc là, business de 10 000 000 par an, tu es à quel salaire du coup ?
Benoît Wojtenka : Alors, c’est un peu particulier parce que maintenant, Geoffrey et moi, on a une holding. On facture en fait des frais de management. Mais je dirais que j’ai un train de vie par mois qui… si je voulais avoir le même dans le salariat, il faudrait que je gagne entre 4 000- 4 500 ou 5 000-5 500, on va dire.
Olivier Roland : Entre 4 000 et 5 500, il y a un gap quand même. Du coup, c’est plutôt quoi ?
Benoît Wojtenka : On va dire plutôt dans les 5 000€ par mois, je dirais.
Olivier Roland : C’est bien. Cela a augmenté parce qu’il y a genre un an, tu disais que tu faisais 3 500 et je me suis dit « ce n’est vraiment pas beaucoup ».
Benoît Wojtenka : Mais parce que cela faisait 2 ans qu’on ne s’était pas augmenté avec Geoffrey. D’ailleurs, cette année, on ne s’est pas encore augmenté à cause du Covid. C’est cela, quand tu es dirigeant dans une boîte, tu t’augmentes en dernier, sachant qu’on a fini l’année en perte donc…
Olivier Roland : D’accord. A cause du Covid ?
Benoît Wojtenka : Oui. Toute l’équipe a été augmentée. Enfin, les augmentations salariales ont suivit leur cours, mais Geoffrey et moi, on ne s’est pas augmenté. Mais oui, je dirais que c’est à peu près cela. Alors, j’ai des copains qui gagne beaucoup plus que moi et clairement, il y avait, je ne sais si tu connais The Galion Project.
Olivier Roland : Non.
Benoît Wojtenka : C’est Rudel là, le mec qui a fait Critéo, qui a fait le gagnant, c’est un truc pour aider les fondateurs de startups. C’est un sujet très concret. Comment est-ce qu’on partage la valeur avec les employés ? Comment on structure tel deal ? Etc. Et il a fait un long article sur les rémunérations des dirigeants de startups qui est très intéressant en fonction de plein de critères, et clairement nous, on est dans le plus bas, Geoffrey et moi, de cela alors qu’on devait vraiment être dans le plus haut.
Olivier Roland : Moi, vraiment, ça m’a surpris. Je sais que tu es quelqu’un d’assez frugal. Tu es comme moi. On est minimaliste, on n’achète pas beaucoup d’objets, tu parlais aussi de te limiter par rapport aux vêtements et tout cela. Et moi-même, je me rappelle, mon comptable m’avait dit…
Benoît Wojtenka : Mais tu as révélé ton salaire, toi, en fait ou pas ?
Olivier Roland : Jamais.
Benoît Wojtenka : Ok, je ne vais pas te le demander alors.
Olivier Roland : Non, mais je peux. Non, mais ce n’est pas un souci. C’est vrai qu’on ne m’a jamais posé la question en fait.
Benoît Wojtenka : Du coup, combien ?
Olivier Roland : C’est compliqué pour moi de répondre parce que je ne regarde même plus en fait. Moi, dès que j’ai besoin d’argent, je m’en prends et j’investis 20% du bénéfice de l’entreprise dans mon truc perso chaque mois (et 10% à des associations caritatives), et du coup ça je devrais le compter en salaire normalement.
Benoît Wojtenka : Dans tes ETF ?
Olivier Roland : Oui.
Benoît Wojtenka : Mais du coup, c’est combien que tu investis alors sur l’année ?
Olivier Roland : Moi, je dirais que je suis au moins à 200 000€ par an, minimum.
Benoît Wojtenka : D’investissement ?
Olivier Roland : De salaire et tout ça, donc 200, 250 000 facile quoi. Mais comme j’ai un train de vie assez frugal comme toi, finalement, quasiment tout part dans les investissements.
Benoît Wojtenka : Oui. Alors, c’est vrai que nous avec Geoffrey et moi, on a fait une levée de fond, on a fait ce qu’on appelle un cash out, c’est-à-dire que…
Olivier Roland : Là, vous avez vendu des…
Benoît Wojtenka : On a vendu des… tu vois, le fonds à acheter une partie de nos actions, mais ce n’était pas pour se l’approprier. Mais sur une partie de nos actions, Geoffrey et moi, on les a vendus en perso, et donc là, on a pu faire un bon rattrapage de tout l’argent qu’on aurait dû gagner.
Olivier Roland : Parce qu’il y a cela aussi, il y a ce capital qui monte de la valeur de la boîte qui fait que quand vous vendez des parts, cela… Et donc, c’est intéressant parce que tu vois, quand j’étais encore en France, mon comptable m’a dit « Hé, Olivier, il va falloir faire quelque chose parce que en fait, la boîte gagne trop d’argent, il va falloir augmenter votre salaire ». A l’époque, j’étais à 3 500 par mois, cela me suffisait largement et il me dit « On va monter à 6 500 ». Je lui dis « 6 500€, mais je vais faire quoi avec cela ? ». Franchement, cela me paraissait hallucinant, je ne vois pas comment j’allais dépenser.
Benoît Wojtenka : Mais je crois que je suis un peu à ce stade finalement parce que j’ai les mêmes, nos investisseurs trouvent que Geoffrey et moi, on ne se paie pas assez. Mais avec le Covid et tout, on était un peu… on n’a pas pu.
Olivier Roland : Et finalement, en investissant, tu arrives toujours.
Benoît Wojtenka : Oui.
Olivier Roland : Tu sais, moi, je me constitue ma propre retraite, je ne compte pas sur le gouvernement.
Benoît Wojtenka : Moi, c’est pareil. Justement, c’est un peu mon PEA qui est bien rempli, qui me…
Olivier Roland : Et tu connais cette étude qui dit que… enfin, il y a eu plusieurs études qui disent qu’en gros, après 6 500€, de toute façon, tu n’augmentes pas ton bonheur.
Benoît Wojtenka : Oui et c’est vrai que moi, tu vois, je vis dans un 35m² en plein Paris. Je suis très content, j’ai 1 200€ de loyer, mais je n’ai pas envie de plus, enfin vraiment. Mon actif, c’est le principal, c’est Bonne Gueule. J’ai la chance quand même d’avoir accès à pas mal de choses grâce à mon métier. Je n’ai pas envie de plus vraiment, je suis bien comme ça.
Olivier Roland : Là, je te comprends, on est pareil, on préfère se payer des expériences plutôt que des objets.
Benoît Wojtenka : Mais cela dit, pour le coup, en toute honnêteté, si je voulais avoir 200 000€ de salaire par an, cela ne serait pas possible. Pour le coup, je pense que notre entreprise n’aurait pas les moyens de le supporter. Mais oui, quand je vois les expériences de vie que j’ai, je n’ai pas du tout l’impression de manquer, vraiment.
Olivier Roland : Oui, mais là à 5 000 par mois, plus la boîte paie forcément des trucs, des dépenses business, je pense que tu n’as pas l’impression souvent de te priver quoi.
Benoît Wojtenka : Là, j’étais à une semaine à Quiberon chez mon pote Valentin qui fait le thé matcha bio là, Kumiko Matcha, un de mes meilleurs amis. On était dans la villa de son père qui ne l’utilise plus, qui a une piscine au bord de la mer, à parler business, parce que c’est quelqu’un de très spirituel Valentin, à parler vraiment de…, à cogiter sur des problématiques qu’il a juste kiffé. Mais je ne pense pas qu’il y a plein d’entrepreneurs qui paieraient très cher pour avoir ma place, tu vois, ne serait-ce que dans les endroits où je sors. Ma salle de sport, c’est une des plus belles de Paris, donc je n’ai vraiment pas l’imp… enfin.
Olivier Roland : Quand tu fais tes courses, est-ce que tu regardes les prix ?
Benoît Wojtenka : Non.
Olivier Roland : Moi non plus, cela fait longtemps.
Benoît Wojtenka : Non, je ne regarde pas les prix.
Olivier Roland : Il y en a qui disent que c’est à partir de ce moment-là que tu sais que tu es « riche », c’est que tu ne regardes plus les prix de ce que tu achètes.
Benoît Wojtenka : Je n’ai aucune idée de combien cela coûte 1kg de tomates.
Olivier Roland : Même une baguette, les verres dans les bars, je ne regarde plus.
Benoît Wojtenka : Oui, c’est vrai. Oui, puis tu vois, j’essaie de manger bio autant que possible et c’est vrai que je ne regarde pas les prix, mais d’un côté…
Olivier Roland : C’est cela qui est génial finalement, c’est qu’on est vraiment à un niveau où on n’a plus besoin de s’embêter quoi.
Benoît Wojtenka : Ce n’est pas qu’on est déconnecté, mais d’un côté, cela me fait aussi plaisir de soutenir des producteurs bio.
Olivier Roland : Non, puis ce n’est pas d’être déconnecté, c’est juste de se dire « On n’a plus ce problème à gérer, on a autre chose à penser, on va pouvoir se consacrer à autre chose ».
Benoît Wojtenka : Oui.
Olivier Roland : Que regarder les prix, effectivement. Puis, on peut choisir nos producteurs.
Benoît Wojtenka : Oui, et puis même au niveau de grâce à mon métier, je mange quand même dans les plus beaux restaurants de Paris, enfin tu vois, je n’ai pas du tout l’impression de… oui, je ne suis pas du tout limité dans quoi que ce soit. Je pense qu’en termes de voyages que j’ai pu faire, en termes de certains de mes amis et tout, c’est le kif total quoi, vraiment. Mais c’est vrai qu’effectivement, je pourrais me payer plus, il paraît.
Olivier Roland : C’est tout le mal que je te souhaite.
Benoît Wojtenka : Oui, oui. Je peux partir en vacances avec une dizaine de potes. Le prix de la location, je ne dis pas que je ne l’ai pas regardé, mais franchement, on va se mettre bien. J’ai eu un EVG, les prix, je n’ai même pas regardé.
Olivier Roland : Un EVG ?
Benoît Wojtenka : Un enterrement de vie de garçon. J’ai un copain qui se marie et on avait une très belle villa avec une piscine. Je regarde rarement les prix en fait, mine de rien.
Olivier Roland : Oui. Là, j’étais à un mariage et j’ai oublié mon costume à Dubaï, donc ma mère m’a trouvé un magasin où louer un costume. Elle me dit « Oui, désolée, c’est 100€ pour louer le costume pour le mariage, je n’ai pas trouvé moins cher ». Moi, je me suis dit « 100€, enfin, c’est… ». C’est avec ce genre de truc que je me rends compte après du décalage.
Benoît Wojtenka : Oui. Enfin, tu vois, j’ai accès à de très beaux vêtements. Vraiment, je ne me sens pas du tout limité.
Olivier Roland : Alors, j’ai une question pour toi qui va nous amener vers la conclusion, parce que tu dis qu’en ce moment, tu travailles beaucoup, peut-être même trop, que peut-être tu devrais prendre des vacances. Est-ce que tu te sens heureux au quotidien ? Et même la question vers laquelle j’aimerais t’amener, c’est : est-ce qu’on peut mêler ambition et bonheur ?
Benoît Wojtenka : C’est une très bonne question. Alors déjà, j’ai beaucoup de gratitude envers mes équipes ou Bonne Gueule… Il y a eu des moments difficiles, mais là aussi, j’ai « presque de la gratitude » pour ce moment-là parce que ça m’a beaucoup formé, j’ai appris beaucoup. Oui, clairement, je suis quelqu’un d’heureux parce que j’ai plein de possibilités devant moi, c’est un super projet. Bonne Gueule n’a jamais été une marque aussi singulière, on n’a jamais autant peaufiné la proposition de valeur. Donc oui, je dirais que j’ai des équipes formidables. J’ai un super rédacteur en chef, j’ai un super chef de produit avec qui je travaille vraiment régulièrement et qui ont eux-même de très belles équipes. Oui, je dirais que je suis quand même bien heureux. Enfin, je ne suis vraiment pas le plus à plaindre.
Olivier Roland : Et tu pratiques activement la gratitude ?
Benoît Wojtenka : Oui, complètement.
Olivier Roland : Ça c’est prouvé par A+B scientifiquement que c’est cela te rend plus heureux.
Benoît Wojtenka : Oui, moi, mon truc, c’est la gratitude.
Olivier Roland : Tu fais genre cela tous les jours ?
Benoît Wojtenka : Cela se fait naturellement.
Olivier Roland : Voilà une action que la plupart des gens ne font pas et que toi, tu fais.
Benoît Wojtenka : Oui. Tu vois, je rentre chez moi, je me dis « qu’est-ce que j’ai de la chance d’avoir mon appartement à deux pas du bureau, de voir des beaux immeubles », où je me dis… Pendant le confinement, je courrais au Louvre parce que j’étais dans le rayon de 1km en fait, j’ai le Louvre et je me dis « mais il y a les touristes qui paient super cher pour avoir le droit de faire cela et, moi, je peux le faire tous les jours si je veux ».
Olivier Roland : C’est clair.
Benoît Wojtenka : Le fait de pouvoir aller au jardin du palais royal sans prendre le métro, sans prendre le RER, puis je dis « j’ai vraiment beaucoup de chances ». J’ai beaucoup de gratitudes pour cette vie que j’ai, effectivement, il faut la cultiver. Mais ton point, l’ambition, je suis complètement d’accord avec toi. C’est que c’est très dur d’être ambitieux sans sacrifice. Vraiment, je ne vois pas comment on peut faire.
Il y a un moment, oui, l’ambition se construit hors de sa zone de confort. Elle va se construire dans le doute, dans la difficulté, dans les découragements, dans la démotivation et c’est là où on voit si tu es vraiment motivé ou pas. Donc, ce sont des phases par laquelle je suis passé, je passe encore et dans laquelle je passerai beaucoup. Mais on est bien soutenu. J’ai la gratitude justement d’être bien soutenu, d’être bien entouré, d’être accompagné par une coach notamment, Blandine que je salue, qui m’a beaucoup apporté. Mais oui, ce n’est pas du tout repos.
Olivier Roland : Et comment tu vois le point de vue des bouddhistes qui disent que finalement, la source de la souffrance humaine, c’est de toujours en vouloir plus.
Benoît Wojtenka : C’est un bon point parce que mon pote Anthony justement qui est très là-dedans, qui dit « Tout est parfait y compris l’imperfection, il ne faut rien changer parce que tout est parfait. »
Olivier Roland : Du coup, comment tu réconcilies ça avec une démarche d’entrepreneur ?
Benoît Wojtenka : Il faut être un peu… Oui, effectivement le « toujours en vouloir plus », il y a à la fois source de frustration, je suis d’accord, mais c’est un bon moteur aussi. C’est comme cela que des gens ont changé le monde, c’est comme cela que des gens ont changé de vie, c’est comme cela que des gens ont perdu 20kg, c’est comme cela que des gens se sont remis en question et qui ont bâti une nouvelle vie.
Olivier Roland : Heureusement que nos ancêtres préhistoriques ne se sont pas contentés de ce qu’ils avaient, on serait encore dans les cavernes là.
Benoît Wojtenka : Exactement. Mais oui, et je comprends les deux côtés du spectre et je pense que c’est toujours cet équilibre dont je parlais qu’il faut gérer et qu’il faut prendre ce qu’il faut, le juste milieu de ces deux côtés, à la fois le côté… enfin, il faut être content de ce qu’on a, il faut cultiver la gratitude. Et à la fois, c’est bien de continuer à driver et de vouloir faire toujours un pas de plus parce que sinon, on n’aurait jamais exploré les Amériques. Il y a plein de choses qu’on n’aurait pas faites s’il n’y avait pas eu de gens qui se disent « je vais aller un peu plus loin », et c’est hyper important.
Et pour moi, cette compréhension de la souffrance et d’en vouloir plus, elle ne peut se comprendre que quand on a une vie spirituelle très riche et très intense. Et pour la plupart des gens, si quelqu’un, le fait de vouloir une nouvelle voiture, une plus belle, ça peut le pousser à entreprendre, c’est tant mieux. Si quelqu’un qui est frustré sentimentalement, le fait de vouloir mieux s’habiller, aller faire du sport, ça va le motiver à faire tout cela, c’est tant mieux, tu vois. Donc moi, je pense qu’il faut prendre cela avec… cela peut être une très belle force, une très belle énergie, il ne faut pas s’en priver.
Olivier Roland : Oui, moi, j’essaie de réconcilier cela finalement avec des cycles. Il y a des cycles où tu vas profiter ce que tu as et justement être dans la gratitude, et d’autres où tu vas essayer de te développer.
Benoît Wojtenka : Exactement, parce qu’effectivement, des gens qui ont beaucoup, des gens… j’ai quelques amis qui sont quand même assez riches, d’autres qui ne le sont pas du tout, mais j’en ai certains qui sont très riches, ils veulent toujours plus. Il y a jamais un moment où ils vont se poser, ils vont être contents de ce qu’ils ont, parce que le cousin est milliardaire et pas moi, tu vois.
Olivier Roland : Et ça, ce n’est pas forcément la bonne motivation.
Benoît Wojtenka : Et là, tu vois, c’est lié…
Olivier Roland : Mais après, tu as là celle d’Elon Musk qui aurait pu se contenter de vendre. 200 ou 300 000 000 de dollars, il a eu ?
Benoît Wojtenka : 200 000 000 de dollars, 187 000 000, je crois.
Olivier Roland : Qu’il a eu en ventes. Il aurait pu littéralement être jet-setteur jusqu’à la fin de sa vie, on est bien content qu’il ne se soit pas contenté de cela.
Benoît Wojtenka : Il est en train de bousculer des industries et cela va…
Olivier Roland : Et peut-être même de sauver l’humanité.
Benoît Wojtenka : Voilà, et cela va profiter à tout le monde.
Olivier Roland : Voilà, exactement. Donc, il y a les bonnes et les mauvaises motivations contrairement aux bons et mauvais chasseurs, il y a une vraie différence.
Benoît Wojtenka : Voilà. J’ai un de nos coachs et investisseurs qui s’appelle François, qui nous avait conseillé un bouquin de management qui était très bien, dont j’ai oublié le nom. Mais enfin, il listait toute une liste de qualité qu’il fallait avoir et avec à chaque fois, tu avais l’under use, le over use et le good use.
Par exemple, je ne sais pas moi, sur la force de travail, tu avais ce qui se passait quand tu étais en under use, en over use, en good use. Voilà. Et pour moi, ce côté-là, la souffrance, c’est quand tu en veux toujours plus, il faut avoir le good use de cela. Mais oui, quand tu es trop là-dedans, tu as envie de ne rien faire, de ne pas changer et il n’y a rien qui te drive et quand t’es trop dedans, tu n’es jamais content de ce que tu as et tu as une vie de frustration finalement, celle justement que les bouddhistes peuvent dénoncer. Donc, il faut kiffer un peu de temps en temps.
Olivier Roland : Donc, tu as mentionné un livre. C’est bien, cela me permet de faire une transition tout en douceur vers…
Benoit Wojtenka : Comment s’appelle ce livre.
Olivier Roland : Alors, la question qui va quasiment terminer cette interview très intense, c’est quels sont les trois livres que tu recommanderais à notre audience ?
Benoit Wojtenka : Moi, j’en ai un que je suis depuis des années qui s’appelle « Reinventing Organizations », de Frédéric Laloux, qui est vraiment très bien, qui m’a beaucoup éclairé parce que cela mixe un peu l’approche dynamique de Ken Wilber, de « la Spirale Dynamique » que j’aime beaucoup, très, très intéressant. En plus, justement, il a été adapté en bande dessinée ce livre.
Olivier Roland : D’accord.
Benoit Wojtenka : Donc, qui est très bien.
Olivier Roland : Et justement parce que j’expliquais juste avant que « Tout le monde n’a pas eu la chance de rater ses études » va être adapté en BD (Retrouvez le format BD ici).
Benoit Wojtenka : Oui, ils l’ont adapté. Peut-être que j’en ai un au bureau, un truc que je pourrais t’offrir, et je pense que tu dois le lire d’ailleurs.
Olivier Roland : D’accord.
Benoit Wojtenka : Pour toi qui vas faire ton TenX là.
Olivier Roland : Oui, j’ai dit à Benoit que j’ai objectif de multiplier par 10 le chiffre d’affaires.
Benoit Wojtenka : Je pense que tu dois le lire parce que c’est vraiment une belle perspective.
L’autre « Les mots sont des fenêtres » de Marshall Rosenberg sur la communication non violente, un livre qui a changé ma vie, vraiment.
Olivier Roland : Oui, tu n’es pas le seul à le dire.
Benoit Wojtenka : Tu ne l’as pas lu ?
Olivier Roland : Je ne l’ai pas lu, mais on en a parlé plusieurs fois.
Benoit Wojtenka : En plus, tu as fait une vidéo sur la communication non violente, je crois.
Olivier Roland : Absolument, oui.
Benoit Wojtenka : Oui.
Olivier Roland : Mais c’était peut-être même sur ce résumé de livre. Le résumé avait été fait par mon équipe et j’avais fait la vidéo après.
Benoit Wojtenka : Oui, c’est un livre incroyable, très, très beau.
Et le troisième, c’est compliqué parce que j’ai peur de citer des livres vus et revus. Il y a des livres que j’aimerais lire, que je n’ai pas encore lu. Là, j’en ai plein, mais sinon le troisième, cela serait « Integral Relationship », de Martin Ucik.
Olivier Roland : Donc, tu lis beaucoup de livres en anglais, tu es comme moi. Tu vas directement à la source.
Benoit Wojtenka : Alors attention, oui, et en français, il commence à y avoir des trucs vraiment sympas, notamment des livres sur le management, mais j’étais blow up, j’étais impressionné par le…
Olivier Roland : Et tu étais blow up par les livres en français, t’étais impressionné.
Benoit Wojtenka : Oui, ce sont des trucs aux Etats-Unis qui seraient vendus à des millions parce qu’il y aurait eu la belle couverture, le bon testimonial qui va bien, le bon graphisme. Et en français, on a des trucs vraiment solides, vraiment, vraiment. Un livre sur le management situationnel dont évidement que j’ai oublié le nom, mais qui… Il faut taper « management situationnel » dans Amazon et vous allez le trouver. Mais oui, celui-là, je trouve qui est très riche vraiment. Il y a des super trucs, mais le problème, c’est que c’est marketé comme des livres d’université d’académie, tu vois.
Olivier Roland : Non, ce n’est pas sexy.
Benoit Wojtenka : Tiens, tu vois, ce que j’aimerais faire, je serais prêt à travailler, être salarié pour une boîte d’édition et faire une boîte d’édition à l’américaine.
Olivier Roland : On en aurait besoin. Les éditeurs français, ils sont vraiment en retard.
Benoit Wojtenka : Avec des livres bien, avec une couverture bien rigide, avec un beau papier, une vraie campagne de promotion digne de ce nom. Ça, ça me plairait. Voilà. Mais oui, la plupart des livres que je lis sont en anglais.
Olivier Roland : Ok. Bon, merci. Du coup, là…
Benoit Wojtenka : Attends, c’est quoi ta question sur les trois livres d’ailleurs maintenant en 2021 que tu recommandes ?
Olivier Roland : Maintenant, là ?
Benoit Wojtenka : Oui.
Olivier Roland : Mais c’est-à-dire sur quel sujet ?
Benoit Wojtenka : Je ne sais pas, les trois livres que tu recommandes, la même question que tu as posée.
Olivier Roland : En tout, en général quoi.
Benoit Wojtenka : Oui.
Olivier Roland : « La semaine de 4 heures » toujours. Moi, je ne vais pas citer mon bouquin.
Benoit Wojtenka : Souvent, je recommande ton bouquin d’ailleurs.
Olivier Roland : D’accord. Mais bon, « La semaine de 4 heures », il est un peu vieux. Les tactiques, stratégies sont un peu obsolètes, mais le fond reste toujours pertinent.
Benoit Wojtenka : Le fond et la motivation qu’il donne aussi.
Olivier Roland : Oui, c’est clair, cela donne le feu sacré ce truc.
Benoit Wojtenka : Oui, il faudrait qu’il soit écrit « La semaine de 35 heures » et cela serait un peu plus adequat.
Olivier Roland : Donc, il y a « Influence et manipulation » et puis… Il y en a tellement et c’est ça le problème.
Benoit Wojtenka : Ah « Les manipulateurs sont parmi nous », justement, très, très bon livre.
Olivier Roland : Et puis, « Comment se faire des amis », c’est des classiques mais…
Benoit Wojtenka : Ah, oui, donc toi, tu es très décomplexé à donner des titres de livres, un peu des grands classiques ?
Olivier Roland : Oui, oui.
Benoit Wojtenka : Oui, je devrais faire un peu cela.
Olivier Roland : Non, mais bref. Ecoute, tu as déjà pas mal partagé, c’est bien.
Du coup, dernière question pour terminer cette interview parce que tu sais que là, je ne sais pas, cela doit faire deux heures qu’on a démarré, donc il reste 17 personnes. Non, je ne pense pas, mais il reste quelques gens, 20%. Donc, les gens qui sont là, ils sont ultra motivés. D’ailleurs, si toi, tu regardes et que tu fais partie des gens qui sont allés jusqu’au bout, dis-nous dans les commentaires, dis « moi, je fais partie des gens qui sont restés jusqu’au bout », on verra combien il y en a eu. Quel est le conseil que tu donnerais donc au rebelle intelligent qui est toujours là, qui est impressionné par ton parcours, qui veut se lancer, qui se dit… ? Peut-être le conseil qui résume un peu tout ce que tu as dit.
Benoit Wojtenka : C’est vrai, oui. Cela, il faut vraiment me le dire, il faut que je puisse anticiper cette question la prochaine fois.
Olivier Roland : Parce que Benoit m’a demandé de lui envoyer les questions à l’avance, je lui dis « écoute, moi, je préfère que ce soit spontané »
Benoit Wojtenka : Voilà, ce que je craignais est arrivé.
Là aussi, c’est compliqué de donner des… de ne pas donner des conseils bateau sur le fait de croire en soi… mais…
Olivier Roland : Dis celui que tu as envie de donner.
Benoit Wojtenka : Apprenez des choses par vous-même vraiment. Forcez-vous. Parfois, c’est nécessaire de se forcer encore une fois parce qu’il y a ce côté « oui, je ne peux pas, ceci, cela », les excuses. Ok, tu as peur, tu as des craintes et tout, mais force-toi, fais-le.
Apprends à faire le hardwork, le hardthings, en anglais. Apprends à en chier un peu finalement, tu vois, c’est cela pour apprendre. Apprends à en chier un peu pour apprendre. Oui, force-toi à lire des livres alors que tu as envie de regarder une série Netflix. Force-toi à croire en ton projet alors que tout le monde dit que cela ne va pas marcher. Fonce, mais fonce en faisant tes devoirs, c’est-à-dire je ne sais pas, tu veux lancer même un restaurant, lis en anglais les trois livres sur comment faire un restaurant à succès, ce genre de chose.
Donc, fonce et apprends à bien foncer. Et force-toi quand tu n’as pas envie.
Olivier Roland : Voilà, merci pour ce super conseil de fin.
Benoit Wojtenka : Je ne sais pas si c’est un super conseil.
Olivier Roland : Non, mais c’est excellent. Merci Benoît d’avoir été aussi profondément, si loin dans le partage. Tu as été jusqu’à partager ton salaire. Donc, on espère tous que tu vas gagner plus que tes…
Benoit Wojtenka : J’espère que tu vas poser cette question au suivant, du coup, finalement.
Olivier Roland : Oui, écoute, on verra.
Benoit Wojtenka : Je serai curieux de voir.
Olivier Roland : Après, cela dépend, ce n’est pas forcément toujours pertinent. Tu vois, moi, on m’avait jamais posée la question. Tout à l’heure, c’est vrai que je m’intéresse plus en général au chiffre d’affaires. C’est juste que toi, tu l’avais partagé dans un podcast, cela m’avait interpellé à quel point je trouvais cela peu en fait.
Benoit Wojtenka : Encore une fois, on m’a posé la question, donc je réponds moi complètement.
Olivier Roland : Merci, Benoit.
Benoit Wojtenka : Merci beaucoup, Olivier.
Olivier Roland : Et puis, à la prochaine.
Benoit Wojtenka : A la prochaine.
Olivier Roland : Tchao, tchao.
Et voilà chers amis Rebelles Intelligents, si tu es encore là, tu fais partie des 25%, des 20%, des 2% qui sont restés jusqu’au bout. En tout cas, tu fais partie de la minorité motivée. Je suppose que c’est parce que ce podcast t’a plu. Si c’est le cas, tu es libre de laisser un commentaire sur ta plateforme de podcast préféré. Et si tu le fais, je t’en remercie par avance parce que c’est grâce à des petits gestes comme celui-ci que ce podcast va toucher davantage de rebelles intelligents et les aider à créer l’aventure de leur vie.
Merci d’avoir écouté ce podcast et à très vite pour le prochain.