Le gendarme homme-sirène qui voyage 6 mois par an

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Transcription texte de l’interview

Olivier Roland : Il a vécu le système scolaire comme un enfer.

Alex Haffner : Non, c’était une catastrophe. Je ne me retrouvais absolument pas dans le système scolaire conventionnel, j’étais plutôt mis de côté. C’était très compliqué. C’est une période que j’aime essayer d’oublier.

Olivier Roland : Et était même très fainéant.

Alex Haffner : J’étais très fainéant, c’est-à-dire que je n’étudiais pas.

Olivier Roland : Et s’il est aujourd’hui à la tête de sa petite entreprise, il n’est pas millionnaire pour autant. Pourtant, Alex a aujourd’hui une vie libre, riche et atypique, beaucoup plus que bien des gens qui gagnent plus que lui. Parmi les nombreuses activités qu’il pratique, il est gendarme.

Alex Haffner : Donc, on fait tout ce qui est mission de surveillance générale, police route. Avant, on faisait du transfert de prisonnier. Maintenant, on fait aussi tout ce qui est BGE, c’est-à-dire qu’on fait aussi des patrouilles de nuit par exemple.

Olivier Roland : Hypnotiseur.

Alex Haffner : On fait des spectacles, des séminaires en entreprise sur le lâcher-prise, le bien-être au travail. Alors, je fais un peu de thérapie et ma spécialité, c’est retirer les phobies, gestion de stress post-traumatique pas forcément par l’hypnose uniquement en fait, par l’EMDR, la PNL.

Olivier Roland : Il a créé sa propre association caritative.

Alex Haffner : Simplement, moi, je fais des spectacles dans des orphelinats. On fait des spectacles de magie et de sculpture sur ballon. En fait, moi, ce qui me plait, c’est non seulement donner des étoiles dans les yeux, mais derrière, il y a aussi un contexte un peu psychologique.

Olivier Roland : Il voyage énormément comme un aventurier des temps modernes et il a même participé au concours de Mister Triton.

Comment a-t-il fait pour passer d’un simple BTS technico-commercial à une telle vie d’aventure ? C’est ce que nous allons découvrir dans cette interview.

Nous verrons aussi :

  • Comment vous créer des opportunités dans la vie même avec des circonstances de départ défavorables
  • Comment optimiser tous les aspects de votre vie pour qu’elle soit au service de vos objectifs.
  • Comment créer une petite entreprise qui vous laisse le temps
  • Comment faire des choses qui semblent extraordinaires aux autres sans vous stresser, petit pas par petit pas

Bref, comment faire de la vie une aventure même avec peu d’argent et bien d’autres choses.

Alors, juste une petite parenthèse, si vous écoutez cette interview au format audio, je vous encourage à aller jeter un œil à la vidéo sur la chaîne des rebelles intelligents, non seulement pour découvrir l’appartement d’Alex qui est visuellement intéressant, mais surtout car nous y avons ajouté de nombreuses photos et vidéos des aventures d’Alex. C’est parti.

<Générique>

Olivier Roland : Salut les rebelles intelligents. Je suis actuellement avec le seul, l’unique, le vrai, Alex. Comment ça va Alex ?

Alex Haffner : Ça va super, et toi ?

Olivier Roland : Alex, ça va super. Toi, tu as un nom de scène qui est ?

Alex Haffner : Alex Haffner.

Olivier Roland : Alex Haffner. Donc, tu es hypnotiseur, mentaliste, gendarme. Cela ça peut vous paraitre sûrement étonnant, mais on va justement discuter de tout cela. Tu voyages 6 à 8 fois par an hors période Covid, cela a été une période un peu spéciale. Et tu as pas mal d’actions dans l’humanitaire aussi, on va en discuter.

J’ai voulu t’interviewer parce que vraiment je trouve que tu as un incroyable parcours d’aventurier, d’iconoclaste, de rebelle intelligent. Tu es vraiment quelqu’un qui s’est créée sa propre aventure dans la vie. Et contrairement à d’autres personnes que j’ai pu interviewer sur cette chaîne, tu es entrepreneur, ton business marche, mais ce n’est pas non plus un business… Ce n’est pas un empire, tu n’es pas millionnaire, et tu as décidé de mettre la priorité plutôt sur la qualité de ta vie et même l’aventure de ta vie plutôt que ton business, contrairement à d’autres personnes. Vous allez voir, cela va être très intéressant.

J’aimerais commencer cette interview par te poser la question classique de l’interview des rebelles intelligents. Est-ce que tu as l’impression d’avoir une vie normale ?

Alex Haffner : Moi, j’ai l’impression d’avoir une vie normale par rapport à moi, mais c’est plus les gens qui me disent que je n’ai pas forcément une vie qui est tout à fait dans les clous.

Olivier Roland : Oui, ils pensent que tu as une vie un peu atypique, pourquoi ?

Alex Haffner : Simplement parce que j’ose faire certaines choses que des gens n’oseraient pas faire.

Olivier Roland : Par exemple ?

Alex Haffner : Ne pas avoir un boulot fixe, déjà c’est le point le plus important, je pense, qui va me différencier très fortement d’une autre personne. Et donc, de ne pas avoir peur de ne pas avoir un boulot fixe.

Olivier Roland : Ok.

Alex Haffner : Ce qui me permet de faire plein d’autres choses.

Olivier Roland : Comme par quoi par exemple?

Alex Haffner : Voyager. Après, j’ai mon association de mission humanitaire, donc je dois m’occuper de cela. Travailler aussi dans différentes branches parce qu’en fait je vais m’ennuyer assez rapidement, donc il me faut vraiment des stimulations, sinon je tourne en rond et ça ne va pas. Je suis quelqu’un qui réfléchit tout le temps, et donc, il me faut moult…

Olivier Roland : Stimulations différentes ? Voilà. Et c’est pour cela que je voulais d’interviewer parce que pour moi, tu es un excellent exemple de qu’on peut faire en tant que rebelle intelligent. Tu n’as pas hésité à sortir des sentiers battus, à vraiment créer ta propre aventure dans la vie, en fait. Déjà, je pense que cela vous a peut-être interpellé que je mette dans la même phrase que tu es hypnotiseur et gendarme. On précise, tu es gendarme de réserve, ce n’est pas ton métier principal.

Alex Haffner : Exactement.

Olivier Roland : Mais tu exerces quand même ce métier depuis déjà plus de 10 ans, je crois.

Alex Haffner : Depuis 2003.

Olivier Roland : Depuis 2003. Et qu’est-ce que c’est d’ailleurs gendarme de réserve ?

Alex Haffner : Alors gendarme de réserve, nous renforçons les brigades aux alentours. On fait tout ce qui est mission de surveillance générale, police route. Avant, on faisait du transfert de prisonniers. Maintenant, on fait aussi tout ce qui est BGE, c’est-à-dire qu’on fait aussi des patrouilles de nuit par exemple.

Olivier Roland : D’accord. On est en train de sortir, on l’espère, de la période Covid. Cela a été un peu compliqué pour toi, pour ton métier d’hypnotiseur. Mais disons que jusqu’au Covid, pendant un certain nombre d’années, c’était vraiment ton métier principal, c’est cela qui te permettait de vivre. Et magicien aussi et mentaliste. Tu fais des spectacles dans la région lilloise et un peu partout.

Alex Haffner : Voilà, c’est cela. On fait des spectacles, des séminaires en entreprise, sur le lâcher prise, le bien-être au travail. Alors, je fais un peu de thérapie et ma spécialité, c’est retirer les phobies, gestion de stress post-traumatique, pas forcément par l’hypnose uniquement, par l’EMDR, la PNL.

Olivier Roland : Et tu as un diplôme en hypnose ?

Alex Haffner : Absolument pas, pas du tout. En fait, tout le monde me demande : « Mais est-ce que tu as un diplôme ? ». C’est vraiment la première question. Je fais « Non, je n’en ai pas ». Et il dit « Mais comment on peut te faire confiance ? » C’est la question que tout le monde se pose. Simplement, moi, je ne travaille quasiment que par le bouche-à-oreille, c’est-à-dire que si c’était nul ce que je faisais, je n’aurais pas de clients, et automatiquement, je mourrais de moi-même, faute de clients.

Olivier Roland : Oui. Donc, c’est vraiment la qualité de ta prestation qui a fait que…

Alex Haffner : Exactement, et surtout le feed-back des gens qui ont utilisé mes services.

Olivier Roland : Alors, comment tu as vécu ton parcours dans le système scolaire ?

Alex Haffner : Horrible! Non, c’était une catastrophe. Je ne me retrouvais absolument pas dans le système scolaire conventionnel, j’étais plutôt mis de côté. C’était très compliqué. C’est une période que j’aime essayer d’oublier.

Olivier Roland : A ce point-là ?

Alex Haffner : Oui.

Olivier Roland : Qu’est-ce qui n’allait pas ?

Alex Haffner : J’étais en dehors des clous, par exemple. Il y avait une personne par exemple, notamment au collège qui avait une fente labio-palatine, un bec-de-lièvre. Et en fait, tout le monde se fichait de lui… et moi, cela me bouleversait les inégalités. Cela me bouleverse et, du coup, je faisais un peu de judo et je le défendais… et donc…

Olivier Roland : Tu faisais des prises de judo aux gens qui le…

Alex Haffner : Non, pas vraiment, mais j’arrivais un peu plus à m’affirmer vis-à-vis de cela. Tu sais, quand tu es au collège, tu dis que tu fais de judo, les autres pensent que tu fais du ninja. Du coup, j’étais un peu dans le paria parce que justement je me préoccupais de lui.

Olivier Roland : Ok. Donc cela, c’était un exemple. Tu n’arrivais pas à rentrer un peu dans le moule.

Alex Haffner : Non, absolument pas.

Olivier Roland : Ok. Et en termes de résultats scolaires ?

Alex Haffner : J’étais très fainéant.

Olivier Roland : T’étais comme moi.

Alex Haffner : C’est-à-dire que je n’étudiais pas, ça va et j’avais des bonnes notes jusqu’à un certain point.

Olivier Roland : Genre la quatrième ?

Alex Haffner : En fait, j’ai redoublé ma troisième alors que j’avais eu mon brevet parce que simplement, je n’avais rien fait de l’année et j’avais révisé une semaine avant, et donc forcément… J’ai eu une très, très bonne note.

Olivier Roland : On peut redoubler sa troisième en ayant eu son brevet ?

Alex Haffner : Oui.

Olivier Roland : D’accord.

Alex Haffner : Oui, mais moi, je suis plus dans… lorsqu’il y a un défi, je me mets à fond pour le relever en très peu de temps, c’est vraiment ma force. Du coup, je ne voyais pas l’intérêt de bosser toute l’année pour un truc que je faisais en une semaine juste avant.

Olivier Roland : Tu as quel diplôme ? Tu en as un ?

Alex Haffner : Oui, j’ai un BTS TC, technico-commercial, et j’ai fini mes études à Taïwan en commerce internationale, à l’université à Taipei.

Olivier Roland : Waouh ! Pourquoi Taïwan ? Ce n’est pas un choix ultra courant.

Alex Haffner : Simplement, j’aime me laisser guider, c’est-à-dire que toutes les opportunités sont bonnes à prendre, et ensuite, je les emprunte et je vois ce qui arrive. Et en fait, j’ai eu l’opportunité, il y avait un ami qui allait à Taïwan et j’ai dit « Pourquoi pas ? » et je l’ai suivi simplement.

Olivier Roland : Donc, ça t’a ouvert des choses ?

Alex Haffner : Tout à fait. Déjà voir que je pouvais habiter dans un pays étranger. Également, appréhender une autre culture, vraiment une culture qui est totalement différente. Du coup, ça m’a un peu passionné et cela m’a donné l’envie de voir les autres cultures, toutes les autres cultures parce que cela m’intéressait ce fonctionnement différent. Et moi qui étais très enfermé dans…

Olivier Roland : Un moule ?

Alex Haffner : Dans un moule, oui, mais même dans le très peu de choses que je savais, cela m’a plus cassé ma non ouverture d’esprit.

C’est vrai que quand j’étais plus jeune, j’étais dans une situation où en fait on m’avait un peu bloqué vis-à-vis de certaines ouvertures d’esprit, et cela m’a vraiment permis de les exploser et de me donner l’envie d’en découvrir plus et de devenir justement beaucoup plus tolérant.

Olivier Roland : Et comment on passe de BTS technico-commercial à hypnotiseur ?

Alex Haffner : Absolument rien à voir, mais quoiqu’ on nous donne une certaine aisance quand même en commerce qui peut s’avérer bien positive pour un hypnotiseur.

Olivier Roland : D’accord. Du coup comment tu as fait pour te lancer ? Enfin, déjà, comment tu as eu l’idée de te lancer là-dedans et comment tu t’es formé ? Parce qu’il faut se former quand même à un moment.

Alex Haffner : Comme je te l’expliquais juste avant, pareil, c’est un concours de circonstances, c’est-à-dire que j’ai trouvé une petite pierre sur mon chemin et j’ai décidé de la suivre. En fait, c’est un de mes amis, Mathieu, qui m’a dit « Regarde, il y a des mecs qui font de l’hypnose dans la rue ». Je fais « Mais Mathieu, tu es sûr que cela fonctionne ? Tu es sûr que c’est vrai ? ». Et il me fait « Si, si, mais pourquoi tu ne le fais pas ? ». Je fais « mais c’est vrai ». En fait, simplement, l’hypnose, je l’ai commencé parce que n’y croyais pas forcément, je n’étais pas sûr et la meilleure manière de savoir si c’est vrai, c’est de le faire soi-même.

Et simplement, voilà, j’ai testé. Au final, ça m’a plu et j’ai continué dedans, ce qui ne veut pas dire que ce sera cela tout le reste de ma vie, c’est-à-dire que…

Olivier Roland : D’accord. Donc, tu découvres cette possibilité de faire de l’hypnose et tu te dis « je vais tester ». Mais d’abord, tu dois te former avant de pouvoir tester. Comment tu as fait ? Tu as lu des bouquins, tu as suivi une formation ?

Alex Haffner : Oui, j’ai lu des bouquins et surtout après, c’est en forgeant qu’on devient forgeron, je suis allé dans la rue et j’ai demandé à des gens que je ne connaissais pas « est-ce que je peux vous hypnotiser ? »

Olivier Roland : Ça, c’est une démarche quand même assez inhabituelle, il y a peu de gens qui auraient cette démarche. Déjà, tu as la démarche du bon septique, donc de te dire, il n’y a qu’une seule manière de savoir, c’est de tester. Mais aller dans la rue, parler à des inconnus, ce n’est pas donné à tout le monde quand même. Qu’est-ce qui fait que tu t’autorises à faire ce genre de chose ?

Alex Haffner : Ce qui m’autorise à faire ce genre de chose, c’est simplement quelque chose qui me revient d’un peu plus en arrière lorsque j’étais très timide, et en fait, j’ai rencontré des gens qui l’étaient plus ou moins également, on s’est un peu entraidé, motivé à justement pouvoir parler à n’importe qui, avoir une certaine aisance, pouvoir dialoguer et communiquer.

Olivier Roland : Et cela impliquait de faire des défis dans la rue.

Alex Haffner : Exactement.

Olivier Roland : Donc, on peut le dire, c’était des clubs de développement personnel. Moi, j’en faisais partie aussi sur Lille, c’est comme cela qu’on s’est connu d’ailleurs. Et le but, voilà, il y avait différentes personnes, dont des gens qui faisaient du théâtre d’approche. Je ne crois pas que tu en as fait, mais moi, j’en faisais, et on allait dans la rue parler à des inconnus. Cela faisait partie des défis, on se donnaitdes défis assez drôles.

Du coup, tu as utilisé cette compétence que tu as développée pour aller tester ton hypnose. Tu demandais carrément aux gens « Bonjour, est-ce que je peux vous hypnotiser ? », et les gens disaient oui ? Ils n’avaient pas un peu peur de se faire hypnotiser par des inconnus ?

Alex Haffner : Pas tous. Mais de toute façon, tu as une proportionnalité de gens qui acceptent.

Olivier Roland : Et donc là, tu as vu que cela marchait ?

Alex Haffner : Au début, cela ne marchait pas.

Olivier Roland : Forcément quoi.

Alex Haffner : J’ai dit « Bon, vous n’êtes pas réceptifs ». Je n’aime pas trop ce terme « réceptif », mais c’est juste que je n’étais pas compétent. Et au fur et à mesure, tu le deviens. Et moi, ce que j’aime, c’est créer mes propres protocoles et affiner avec le temps ce qui fonctionne, ce qui ne fonctionne pas, hop, on change et on s’améliore toujours. Ce qui fait que maintenant, j’ai une technique qui m’est propre surtout parce que je n’ai pas voulu lire ce qu’on m’imposait en hypnose, et au final, j’ai développé quelque chose qui m’est très particulier. Et c’est pour cela que je suis bon aussi dans cela, parce que des fois, il faut le savoir aussi ne pas se mettre dans un moule.

Olivier Roland : Oui, absolument. Du coup, aujourd’hui, quand tu utilises l’hypnose, c’est juste pour faire des spectacles ou c’est aussi pour… ?

Alex Haffner : Un spectacle. Après, en thérapie un petit peu. Voilà.

Olivier Roland : Et dans tes spectacles, tu mêles hypnose, mentalisme, des tours de magie,ce genre de chose. Déjà il y a cette notion d’apprendre les concepts de base, mais après, il y a encore une fois se lancer devant un public et faire des choses. Alors, parler en public, c’est une des peurs les plus répandues dans la population, mais en plus sur un spectacle, c’est encore un autre niveau. Comment cela s’est passé la première fois ?

Alex Haffner : J’ai envie de vous dire à tout le monde en fait « lancez-vous », parce que lorsqu’on est dans quelque chose qu’on aime et qu’on est sur la scène, au final, on devient quasiment hypnotisé. C’est-à-dire que moi, je ne le vois plus le public, je suis dans ma bulle simplement. Et donc, il y a des gens qui peuvent avoir peur de cela, mais je vous le dis « lancez-vous vraiment et vous verrez ».

Olivier Roland : Et toi, tu n’as pas eu peur la première fois ?

Alex Haffner : Effectivement dans la rue, lorsque j’hypnotisais des gens, il y avait des gens qui venaient voir. Donc en fait, ça s’est un petit peu fait naturellement et crescendo. Après, dans la rue, je n’hypnotisais plus une seule personne, j’en ai hypnotisé 5 en même temps, 10 en même temps.

Olivier Roland : Donc, cela s’est vraiment fait progressivement ?

Alex Haffner : Oui, c’est cela.

Olivier Roland : Cela, c’est une excellente manière de vaincre la peur finalement. A la limite, tu ne l’as même pas ressenti parce que c’était vraiment des petits pas de bébé et finalement, ton premier spectacle, c’était juste la continuation naturelle de ce que tu faisais.

Et là, tu as commencé à gagner ta vie avec cela ?

Alex Haffner : C’est cela. On a commencé à faire des spectacles, cela a bien fonctionné.

Olivier Roland : Partageons comment tu es passé de « Ok, c’est un hobby que je fais dans la rue pour tester un peu » à « Ok, je vais en faire un véritable business ». Comment tu as fait justement pour faire la transition et pour demander de l’argent pour ton premier spectacle ?

Alex Haffner : En fait, je ne l’ai pas faite. Comme je te l’ai dit, ça s’est un peu imposé. C’est-à-dire que j’ai commencé sur ce chemin et on m’a fait une proposition. Dans la rue, il y a une personne qui voyait le spectacle « Ah, on peut… », voilà, « Oui ». J’ai juste dit « oui » en businessman.

Olivier Roland : Et c’était quoi ? C’était un barman ?

Alex Haffner : Non, c’était pour un anniversaire.

Olivier Roland : Ah d’accord.

Alex Haffner : Voilà. Donc, j’ai juste dit oui simplement à des propositions qui me sont faites.

Olivier Roland : Quand il t’a demandé le prix, tu savais de quoi… ce que tu allais demander.

Alex Haffner : Non, pas vraiment, j’y ai été au feeling.

Olivier Roland : D’accord. Donc, tu as proposé que c’est combien de l’heure alors à l’époque ?

Alex Haffner : Je ne sais plus. J’avais proposé un truc très cheap.

Olivier Roland : Très bas ?

Alex Haffner : Oui

Olivier Roland : Et au fur et à mesure, tu as commencé à demander de plus en plus.

Alex Haffner : C’est cela.

Olivier Roland : Et aujourd’hui, tu fais des spectacles devant combien de personnes ?

Alex Haffner : Cela dépend, entre une quinzaine de personnes à 1 000 des fois.

Olivier Roland : 1 000, waouh ! Tu as fait cela où ?

Alex Haffner : C’était pour les quartiers d’été, c’est-à-dire que c’est une ville qui avait jeux gonflables et de l’animation pour l’été pour les résidents. Et en fait, ils ont un petit amphithéâtre et c’était en extérieur, et c’était génial. Franchement, super bon.

Olivier Roland : Tu étais sur scène devant 1 000 personnes, tu faisais partie du show.

Alex Haffner : Ce n’était pas vraiment sur scène, c’était vraiment sur le plat alors que tout le monde était dans des gradins, mais c’était génial quand même.

Olivier Roland : Et donc aujourd’hui, tu as 36 ans, tu as une liberté que très peu de gens de ton âge, de la population générale, ont. Tu ne fais que des choses qui n’ont absolument rien à voir avec ton diplôme, et tu voyages énormément. Je trouve cela très intéressant que tu ais toute cette liberté sans avoir de business web, parce que finalement, la plupart des gens que je rencontre qui ont ton degré de liberté, souvent, c’est ce qu’ils ont derrière. Ils ont cette liberté géographique que leur donne un business web, aussi les rentrées d’argent que font cela. Donc toi, ton business d’hypnose, cela marche bien, mais ce n’est pas non plus une énorme entreprise.

Qu’est-ce qui fait que tu as cette liberté qui semble vraiment, j’ai envie de dire, quand on te voit, on sent que c’est un état d’esprit et que plein de gens pourraient avoir matériellement cette liberté mais que finalement ils ne l’ont pas parce qu’ils n’y pensent pas, ils n’explorent pas assez. Qu’est-ce que tu as fait pour avoir tout cela ?

Alex Haffner : Je pense que c’est aussi une particularité qui m’est propre, j’optimise tout. D’accord ? C’est-à-dire que je me dis « pourquoi avoir une belle voiture ? ». Je n’ai pas besoin d’avoir une belle voiture, moi, j’ai une Clio 2, toute pourrie, OK. Pourquoi j’ai pris une Clio 2 que j’ai achetée 600 euros ?

Olivier Roland : Tu l’as acheté 600 euros ?

Alex Haffner : 600 euros.

Olivier Roland : Oui, ce n’est vraiment pas cher.

Alex Haffner : Exactement. Donc, elle a beaucoup de kilomètres… mais pourquoi j’achète une Clio 2 à 600 euros ?

Tout simplement parce que cela me permet de l’assurer côtière au minimum. S’il y a un accident, poubelle. S’il y a des petites réparations, je les fais, si ce sont des grosses réparations, poubelle. Et en même temps, cela permet aussi de valoriser jusqu’au bout une automobile.

Olivier Roland : Là, c’est intéressant. On voit que tu réfléchis différemment de la majorité où tu dis que tu as une voiture jetable, que tu vas aussi… Enfin, c’est du recyclage quasiment quoi.

Alex Haffner : Exactement.

Olivier Roland : Tu prends un truc en fin de vie et que…

Alex Haffner : Je l’amène jusqu’au bout.

Olivier Roland : Tu n’as pas besoin autant d’assurance et de réparation si c’est pour te racheter une voiture…

Alex Haffner : Tout à fait. Et donc, par exemple, je n’ai pas peur qu’on me la raye, je n’ai pas peur qu’on me la défonce, je m’en fiche.

Olivier Roland : Donc, ça, c’est un premier élément.

Alex Haffner : Et cela permet aussi de me zénifier parce que je n’ai pas cette peur.

Olivier Roland : Je te comprends. Moi, cela fait 6 ans que je n’ai pas de voiture depuis que je suis parti à Londres. Je prends des Ubers et tout cela, cela a un certain coût. Mais finalement, quel gain de temps et de sérénité. Tu n’as plus besoin de te stresser avec les réparations, les machins, les trucs, plus besoin de garer ta voiture en plus quand on n’en a pas. Toi, tu en as une mais aussi avec une certaine sérénité.

Ça, c’est un premier élément de réponse. Tu as une vision plutôt minimaliste. Tu ne vas pas t’encombrer d’objet dont tu n’as pas besoin, tu vas essayer de réfléchir à comment les utiliser de la meilleure manière. Ok. Quoi d’autre ?

Tu penses que c’est un élément extrêmement important cela pour être libre de ne pas s’encombrer d’objets qui autrement pourraient nous emprisonner ?

Alex Haffner : En fait, le problème, c’est que ce n’est pas le cas.

Olivier Roland : C’est-à-dire ?

Alex Haffner : C’est-à-dire que justement, j’ai tendance à accumuler des objets.

Olivier Roland : Alors, on peut voir derrière là, tu as pas mal d’objets de collection. Donc, c’est vrai que c’est…

Alex Haffner : Des objets de collection, enfin des objets anciens plutôt ou des objets que j’achète en voyage.

Olivier Roland : C’est beaucoup d’objets anciens que tu recueilles au gré de tes balades dans les brocantes, des voyages, tout cela ?

Alex Haffner : C’est exactement cela.

Olivier Roland : Du coup, c’est un peu contradictoire avec le minimalisme, comment tu réconcilies les deux ?

Alex Haffner : Mais je ne suis pas du tout minimaliste en vrai

Olivier Roland : Ok.

Alex Haffner : Absolument pas. Et justement, j’ai encore ce gros travail à faire sur moi qui est conscient, c’est-à-dire que je me sens enchaîné à ces objets parce que là, vous n’en voyez qu’une petite partie, mais en fait, il y en a une grosse partie. Et là, c’est encore un de mes très gros travaux à fournir parce que je me sens enchaîné. Je ne suis pas bien parce que je sais qu’il y en a trop. J’ai besoin de faire ce…

Olivier Roland : Pourtant, tu as une liberté qui est largement supérieure à…

Alex Haffner : Oui. Effectivement, j’ai un boulet au pied, mais j’ai quand même tout fait pour avoir cette liberté. Donc, moi, je voyage comme je veux, je fais ce que je veux au moment où je le veux, toujours, toujours, toujours. On n’a qu’une seule vie. Si c’est pour ne pas faire ce qu’on veut au moment où on le veut, non. D’accord ?

Olivier Roland : Comment tu fais pour faire ça alors ?

Alex Haffner : Cela vient naturellement, c’est-à-dire que je ne sais pas, je me lève le matin, j’ai envie d’aller à Paris, hop, soit je vais à l’autoroute et je fais du stop. Regarde, par exemple, là cet été, régulièrement, je le fais le trajet jusqu’à Saint-Tropez en stop.

Olivier Roland : D’accord. Cela te prend combien de temps, ça ?

Alex Haffner : Cela dépend. Des fois, c’est un peu plus long, cela me met entre 15 et 20 heures.

Olivier Roland : 15 et 20 heures. Combien de temps tu mets pour trouver une personne en général ?

Alex Haffner : Cela dépend encore, il y a vraiment…

Olivier Roland : Tu es là avec ton panneau Saint-Tropez à Lille ?

Alex Haffner : Non, tu es obligé vraiment de…

Olivier Roland : De faire étape par étape.

Alex Haffner : Faire étape par étape, c’est cela exactement.

Olivier Roland : D’abord Paris, puis… Ok.

Alex Haffner : C’est cela. Après, des fois, ce n’est pas Paris. Des fois, c’est Reims. Cela dépend de la personne en vrai.

Olivier Roland : Donc, tu mets « Je vais au sud ».

Alex Haffner : Oui, c’est cela.

Olivier Roland : Tu vois, j’essaie vraiment de comprendre comment on peut inspirer les gens à être plus libre à travers ton exemple. Donc là, on a cet exemple de déjà utiliser l’autostop qui n’est forcément un réflexe que la plupart des gens vont avoir. On voit aussi qu’il y a quand même cette idée de ne pas avoir peur finalement de s’exposer au regard des autres, faire de l’hypnose dans la rue, monter progressivement en taille de public jusqu’à arriver à faire des spectacles payants, faire de l’autostop, c’est-à-dire savoir aussi braver les éléments et le regard peut-être que les gens peuvent avoir. Quoi d’autre ?

Alex Haffner : Après, je pense que c’est de pouvoir se libérer du regard des autres qui va me permettre cela. C’est quelque chose, par exemple, ma voiture. C’est un exemple. Un autre exemple, je ne vais pas apprécier un…

Olivier Roland : Tu n’as pas besoin de rouler en Ferrari.

Alex Haffner : Un restaurant 5 étoiles, tu vois. C’est-à-dire j’optimise tout et je me dis qu’avec un seul repas 5 étoiles, je peux en faire plein de très sympas plus petits. Et donc, en fait, je ne vais même pas apprécier. J’ai déjà été invité dans des restaurants 5 étoiles, pas 5 étoiles, un peu moins mais

Olivier Roland : Étoilés en tout cas.

Alex Haffner : Oui, étoilé. Ok, bon.

Olivier Roland : C’était bien, mais sans plus.

Alex Haffner : Cela m’a fait moins plaisir en vrai.

Olivier Roland : Que quoi ? Qu’un bon kebab par entre amis ?

Alex Haffner : Qu’un bon kebab, ou même quelque chose d’un peu plus sophistiqué mais plusieurs fois.

Olivier Roland : D’accord.

Alex Haffner : Oui, j’essaie d’optimiser aussi parce que comme tu dis, je ne gagne pas non plus des mille et des cents. J’essaie de faire comme je peux. Par exemple, la liberté de ne pas avoir un travail fixe, cela me permet également de choisir les périodes dans lesquelles je pars en vacances. Et donc un billet, comme tu le sais, en Juillet-Août, ce n’est pas la même chose qu’en Septembre ou en Octobre.

Olivier Roland : Absolument.

Alex Haffner : Donc, avec peu de moyen, je peux faire énormément.

Olivier Roland : C’est aussi une des clés de voyager hors saison.

Alex Haffner : Mais bien sûr.

Olivier Roland : Tu essaies toujours d’optimiser les choses.

Alex Haffner : Toujours.

Olivier Roland : De hacker le système, en fait.

Alex Haffner : C’est cela, exactement.

Olivier Roland : Oui. Ça, c’est clair. C’est quelque chose que je vois chez toi et j’aimerais vraiment qu’on essaie de trouver un peu tous les moyens que tu utiliser pour hacker cela, et pouvoir partager à notre audience.

Alors, tu me donnes l’exemple de partir en autostop à Saint-Tropez, qu’est-ce qu’il y a d’autres comme exemples qui te paraissent normaux, j’en suis sûr, mais qui peuvent paraitre un peu fous pour la plupart des gens ? De choses que tu as fait pour pouvoir voyager librement.

Alex Haffner : En continuant, en fait. Je pars en stop à Saint-Tropez avec une tente, un duvet et un petit chargeur solaire.

Olivier Roland : Et tu vas dormir où à Saint-Tropez ?

Alex Haffner : Là où je peux, où je trouve en fait simplement comme… Je vais encore revenir dessus, mais le fait de ne pas avoir de plan te permet de faire des trucs incroyables. C’est-à-dire que moi, j’étais par exemple à Tel-Aviv et il y a une de mes amies qui vient boire un verre avec moi, et elle me dit « Tu peux dormir chez moi à une heure de route dans le Nord de Tel-Aviv, mais vu que tu vas demain à Jérusalem, je te conseille de prendre le bus de nuit ». Je dis « Ok ». Elle fait « Tu trouveras des parcs où te reposer », parce que vraiment, j’étais sac à dos sur le dos avec un duvet et je dormais comme cela où je pouvais.

Olivier Roland : Et comment tu es allé à Tel-Aviv ? Tu as pris un avion ?

Alex Haffner : Oui, j’ai pris un avion.

Olivier Roland : Et tu as essayé de trouver un truc pas cher ou… ?

Alex Haffner : Oui, c’est cela, exactement. Du coup, j’arrive à Tel-Aviv. J’étais avec une amie qui est bénévole où on faisait aussi beaucoup d’actions humanitaires. Et en fait, je me dis qu’en grignotant sur le logement, en grignotant sur pas mal de trucs, on pouvait donner plus pour les enfants orphelins.

Et donc, on arrive et on ne trouve pas les parcs. On voit un curé et on dit « Where is a quiet place to sleep ? ».

Olivier Roland : Donc, où est-ce qu’il y a une place tranquille pour dormir ?

Alex Haffner : Voilà. Il fait « Suivez-moi ». Il était donc catholique mais thaïlandais.

Olivier Roland : En Israël ?

Alex Haffner : Oui, mais c’est normal, c’est-à-dire que tu as toutes les communautés chrétiennes qui sont représentées et qui sont à Jérusalem. Donc, il nous emmène, il fait un petit peu la visite de la vieille ville. Il fait « Voilà, c’est l’église du Saint-Sépulcre », et il nous fait rentrer, il nous montre des bancs et il fait « Vous pouvez dormir ici ». On commence à dormir. En fait, on se rend compte quand on rouvre les yeux qu’on est à 15 mètres du tombeau du Christ.

Olivier Roland : D’accord.

Alex Haffner : Voilà. Alors, tout en étant agnostique, c’est quand même un truc très, très fort. Et c’est-à-dire que si j’avais planifié mon voyage à Jérusalem,

Olivier Roland : Tu n’aurais pas vécu cette aventure.

Alex Haffner : Ce ne serait jamais arrivé. Après, on a continué jusqu’en Jordanie et qu’on arrivait à…

Olivier Roland : Comment, en bus ?

Alex Haffner : Non, en stop, en bus. Cela dépendait de ce qu’on trouvait. Et on arrive au désert de Wadi Rum. Et donc, tu as les nomades qui t’attendent pour te faire payer. Enfin, avec leur 4×4, tu paies un tour dans le désert, etc. Alors, on disait « Mais non, on ne veut pas dépenser d’argent, on va le faire à pied ». Donc, il y avait un gars, il a insisté… et il dit « écoutez, moi, je retourne au village nomade, je vous emmène, vous aurez plus vite accès aux trucs qui sont beaux à voir ». Et je fais « Écoute, tu fais un truc pour moi, je vais faire un truc pour toi », et là, je fais un tour de magie mais incroyable. Il était… voilà.

Il dégonfle ses pneus pour ne pas s’enfoncer dans le désert, on continue. On arrive, il y avait deux bédouins qui étaient en train de prendre le thé, mais vraiment au milieu du désert, il n’y avait rien du tout autour. Et il fait « est-ce que tu pourrais leur faire le tour de magie ? ». Donc, on fait et on prend le thé dans le désert, et là, on danse la macarena dans le désert. Je fais « What ? ». OK.

Et donc, on traverse le village et on va plus loin. Je fais « Ok ». Et là, il nous emmène dans un endroit mais idyllique, c’est-à-dire que c’est une dune et tout autour, tu as les falaises en arc de cercle. Et il nous fait monter la dune, il fait « vous pouvez faire un petit feu ». Moi, j’ai été scout, j’ai fait un petit feu. Il fait « attendez, je reviens dans une heure ». Donc, on est là avec ma pote, on discute. Et là, il revient avec un plat énorme : poulet, riz, et victuailles. En fait on a mangé avec lui. Il a dormi avec nous. Et là, effectivement, tu voyais vraiment toutes les étoiles, incroyables, vraiment un moment top. Il fait « moi, je vais devoir aller travailler, mais allez-y, je vous retrouve après ».

Donc, on reprend les sacs à dos, on continue. Et là, il y a des bédouins qui nous prennent en stop et on leur dit qu’on veut voir, en fait tu as une sorte de petite montagne avec un arbre tout en haut et un petit ruisseau, une petite cascade. Et donc on voulait voir cela. Ils nous emmènent un peu plus près. A peine, on était descendu qu’une autre jeep blanche dernier modèle s’arrête. Vous allez où ? Et en fait, là, on tombe sur Abdallah qui nous dit « mais je vous emmène ». Donc, on y va. Il fait « Vous voulez faire quoi ? Allez voir là ? ». On fait oui. Il fait « Écoutez, je reviens dans 2 heures vous reprendre ».

Olivier Roland : Et comme cela.

Alex Haffner : Comme cela. Voilà. Mais ce n’est pas fini, c’est cela le pire. Donc, on monte et là, je le vois d’en haut. Laura était redescendue. Je vois d’en haut et je fais « Abdallah ! ». Et là, je descends comme un dingue pour le voir. Et là, il nous fait une petite balade dans le désert. Il nous emmène jusqu’à la frontière de l’Arabie Saoudite. Il fait « je vais vous emmener là ». Alors, je n’en menais pas large parce que je me dis « Où est-ce qu’on va ? », et en fait, il nous a même fait conduire son 4×4 dans le désert, un truc de malade.

Ensuite, après, sur le chemin du retour, il nous montre ses chameaux et il dit « Là, on prend un petit raki en plein milieu du désert. » Il fait « Écoutez, moi, je suis gérant d’un camp », un camp très réputé, il fait « Moi, j’ai des clients ce soir, et en fait, le thème c’est barbecue dans le désert et on dort tous ensemble. Ils ne sont que deux. Pour avoir du monde, moi, je vous invite gratuitement, vous passez la soirée avec nous aux frais de la princesse. »

Olivier Roland : Waouh ! Super sympa. Et tout cela, cela a démarré du fait que tu ne voulais pas payer et que tu as dit « On va se balader à pied » ? Et cela, tu t’es connecté différemment aux gens, en fait.

Alex Haffner : Exactement et c’est cela. Parce que là, tu as une vraie interaction surtout que ce n’est pas terminé. Le lendemain, il nous emmène à son camp qui était un camp de dingue. Il fait « vous pouvez prendre le petit déjeuner », il y avait un buffet monstrueux, tout ça est offert, vous pouvez prendre une douche. Après, il repart. Et en fait, nous, on va visiter quelques trucs sympas un peu plus loin, on revient. Et là, il nous remmène et il nous dit « J’ai une cousinade, il y a 40 de mes cousins qui se retrouvent dans le désert ». Alors, on ne parle que de course de chameaux… mais c’est génial. Et ma pote, c’était la seule fille. En fait, là, on était vraiment dans sa famille, vraiment dans le truc.

Olivier Roland : De plus, les gens parlaient en arabe du coup ?

Alex Haffner : Oui, bien sûr. Alors lui, il traduisait un petit peu en anglais… Et en fait, là, c’était vraiment un partage. Cela m’arrive souvent parce que je n’ai pas cette démarche du touriste qui a de l’argent et qui ne se préoccupe pas de la personne en face de lui parce qu’en fait il a l’ascendant parce qu’il a plus d’argent que lui. Et non, là justement, j’en ai même encore moins. Pas forcément moins, mais je n’en ai pas énorme. Et en fait s’installe vraiment une vraie interaction, à ce moment-là.

Olivier Roland : Cela, c’est vraiment quelque chose de typique dans tes voyages de vivre des aventures comme cela ?

Alex Haffner : Oui, toujours.

Olivier Roland : Quelle est l’aventure la plus folle ou intéressante que tu ais vécu ?

Alex Haffner : Celle que je viens de raconter, c’était déjà pas mal. Après, le problème avec cela, c’est que tu vas me demander cela. J’en ai plein, mais c’est tellement normal pour moi, c’est tellement ma normalité que cela en devient banal.

Olivier Roland : Je te comprends. Moi, on me demande souvent « mais c’est quoi ton pays préféré dans le monde ? ». Je dis « Cela dépend complètement de mon état d’esprit, ce que j’ai envie de faire et tout cela ». Et effectivement, j’en ai vu tellement que de toute façon… j’ai rarement été déçu en fait, il y a toujours des choses à trouver et à voir.

Ok, cela te parait normal. Quelle est l’aventure qui te parait la moins normale de toutes les aventures normales que tu as vécues ?

Alex Haffner : J’étais en Colombie juste avant le Covid. Pareil, à chaque fois, on était dans des trucs soit très cheap où moi, j’avais demandé à mon cousin et à ma pote d’acheter des hamacs.

Olivier Roland : D’acheter des hamacs sur place.

Alex Haffner : Non, on les avait achetés avant.

Olivier Roland : Ah bon, vous les aviez emmenés. D’accord.

Alex Haffner : Exactement.

Olivier Roland : Cela prend de la place cela quand même.

Alex Haffner : Ça va, parce que plier franchement, cela prend juste ça.

Olivier Roland : Ok, du genre même pas un mètre cube.

Alex Haffner : Ça va. Donc, avec moustiquaire et également une petite toile au cas où il flotte.

Olivier Roland : C’est génial. Tu peux te mettre entre deux arbres.

Alex Haffner : Oui, exactement. Donc, le gros trip, cela a été d’aller dans la jungle et de bivouaquer dans la jungle simplement.

Mais c’est trop marrant. Par exemple, on rencontre une nana et elle nous dit « Ah, mais vous allez bivouaquer dans la jungle. C’est dangereux, il y a des animaux sauvages… ». Je fais « Oui, mais c’est pour cela qu’on est trois. Du coup, s’il y a un léopard, on en jette un, et pendant qu’il mange …»

Olivier Roland : Et les autres courent après.

Alex Haffner : On se barre. Et le fait exprès, c’est que le lendemain, on recroise cette fille et là, Laura était partie autre part. Et elle fait « mais cela a été ? », je fais « non, malheureusement, on a perdu Laura ». Mais en plus, le pire, c’est qu’on avait entendu des bruits dans la jungle. On avait légèrement flippé. C’est vrai que sur le moment, tu as vraiment peur, mais après, tout en optimisant tout, j’avais quand même essayé d’être en sécurité. C’est-à-dire qu’avant de partir, je leur avais tous acheté des petits couteaux en céramique pliable. Je leur avais tous acheté un laser, éventuellement pour faire peur… ou…

Olivier Roland : Aux animaux ou les distraire, oui.

Alex Haffner : Exactement, ou les distraire. J’aurais trop vu le léopard qui jouait comme un chat avec un laser, cela aurait été…

Olivier Roland : C’est possible. Je n’en sais rien, mais oui.

Alex Haffner : Oui, je ne sais pas.

Olivier Roland : En Colombie, c’est déconseillé de se balader dans la jungle comme cela parce que tu peux tomber sur des laboratoires clandestins de drogue. Et en général, quand les touristes tombent dessus, ils n’en reviennent pas.

Alex Haffner : Oui, en général.

Olivier Roland : Tu étais au courant de cela ?

Alex Haffner : Après, effectivement, on n’est pas non plus allé au plus profond de la jungle, on est allé quand même dans des trucs un peu safe. C’étaient des parcs nationaux.

Olivier Roland : Voilà, tu savais qu’il n’y avait pas de laboratoire.

Alex Haffner : Voilà, c’est cela, exactement. Dans un parc national, cela devrait aller. Mais bon, c’étaient vraiment des très bonnes expériences.

Olivier Roland : Donc, tu fais 6 à 8 voyages par an. Enfin, avant Covid, tu faisais cela ?

Alex Haffner : Oui, c’est cela.

Olivier Roland : Et à chaque fois, ce sont des aventures comme cela où tu t’organises à la MacGyver et… ?

Alex Haffner : Où je ne m’organisais pas vraiment. C’est cela le truc, c’est de se laisser surprendre par toutes les opportunités. Regarde par exemple, il y a des trucs très bêtes, des trucs qui me marquent. Tu vois, tu me disais des grosses aventures qui me marquent, cela va être un truc incroyable. C’était en Turquie et c’était en Septembre, me semble-t-il, cela remonte un peu. Et le truc le plus incroyable, c’est que la saison des grenades à manger était passée, donc il en restait sur les arbres. Et en fait, elles étaient tellement mures qu’elles étaient éclatées. Et tu les prenais,

Olivier Roland : Et tu les mangeais.

Alex Haffner : C’est cela. Cela, tu vois, c’est extraordinaire. Juste cela, tu vois, ça peut, ce n’est pas forcément un truc de dingue quelque chose d’extraordinaire.

Olivier Roland : Absolument. Donc, c’est aussi cela la clé finalement dans ta liberté, c’est aussi savoir savourer les plaisirs simples.

Alex Haffner : Exactement. Parce que c’est vrai que chez nous, non seulement c’est cher, mais en plus manger une grenade a un impact carbone, donc tu évites. Alors que là, tu es juste là au moment où en plus, ils sont encore plus murs que tu ne l’aurais jamais espéré, et encore plus délicieux que… Tu vois, ça, c’est extraordinaire. Tu me demandais un truc extraordinaire, cela.

Olivier Roland : Et donc, comment tu fais pour… tu as un business, comme nos amis anglo-saxons disent, de brique et de mortier, donc vraiment un business physique, tu n’as rien sur Internet, tu n’as pas de chaîne YouTube même si je te disais que tu devrais créer une chaîne YouTube et que je ne suis pas le seul à priori à te le dire. Du coup, comment tu fais pour gérer ton business tout en faisant tous ces voyages ?

Alex Haffner : C’est aussi pareil, c’est tout le temps le lâcher priser. Ça vient si ça vient, ça ne vient pas si ça ne vient pas. Et je prends tout comme cela. Vraiment, dans ma vie, c’est tout comme cela. Si cela doit se passer, c’est que cela doit se passer. Si cela ne doit pas se passer, c’est tout. Et en fait, comme cela, je ne suis jamais déçu.

Olivier Roland : Et tu te planifies des voyages combien de temps à l’avance ?

Alex Haffner : Cela dépend. Des fois, cela peut être une semaine, comme des fois, cela peut être des mois avant. Après, je ne les planifie pas, je prends juste le ticket, c’est tout.

Olivier Roland : D’accord. J’ai bien compris, oui. Tu prends le billet d’aller-retour et puis c’est tout.

Alex Haffner : C’est cela.

Olivier Roland : Il y a pas mal de choses similaires dans nos manières de voyager parce que moi aussi, ce n’est jamais organisé, je prends d’ailleurs souvent juste mon billet aller. D’ailleurs, il y a des pays qui te refusent si tu n’as pas de billet de retour, donc du coup, je prends des faux. Pas des faux, mais il y a des sites spécialisés pour te donner des billets de retour qui après, ils te les annulent automatiquement. C’est vachement pratique cela parce qu’en fait, je ne sais jamais quand est-ce que je pars. Des fois, je le sais mais voilà.

Par contre, oui, je pense que j’aurais fait partie des gars qui auraient juste payé le mec sans chercher à comprendre, même si cela m’est arrivé des aventures un peu similaires. Mais c’est intéressant parce que finalement, il y a des points communs et aussi des points de différences. Mais moi, je ne comprends pas trop les gens qui vont au Club Med. A la limite, le Club Med, c’est très bien, mais tu n’as pas besoin d’aller en Tunisie pour aller au Club Med. Tu peux le faire tant qu’il y a du soleil. A la limite, on s’en fout, c’est un peu toujours pareil. Et voilà. J’adore, comme toi, explorer les cultures.

Avant cette interview, tu me disais que justement, les voyages t’avaient profondément transformé. Est-ce que tu peux nous parler un peu de cela ?

Alex Haffner : Simplement, c’est vrai que j’étais comme tout le monde en fait qui reste un peu dans sa ville et un peu limité culturellement, et limité aussi par ce qu’on lui apprend, le contexte familial. Moi, c’est vrai que si j’avais suivi ce qu’on m’avait dit, je n’aurais pas l’ouverture d’esprit que j’ai actuellement.

Olivier Roland : Concrètement, cela veut dire quoi ? Tu serais devenu quoi ? Raciste ?

Alex Haffner : En fait, simplement effectivement, quand j’étais plus jeune, c’est pour cela que je peux comprendre quelqu’un qui est raciste. Alors, je ne l’excuse pas, d’accord ? On est bien très, très clair. En fait, on peut le comprendre, pourquoi ? Parce que c’est une personne qui n’a pas de chance, qui n’a pas quelle chance ? La chance de voyager, de rencontrer des gens et d’être enfermé dans un bocal en verre tout simplement.

Olivier Roland : Tu veux dire qu’il n’a pas de chance parce qu’il est enfermé dans un bocal, oui.

Alex Haffner : Oui.

Olivier Roland : D’accord.

Alex Haffner : Mais c’est aussi quelque chose que tout le monde a en soi qui te maintient dans ce bocal. Qu’est-ce que c’est ? C’est la peur. Et cela, c’est un sentiment que tout le monde peut comprendre. En fait, simplement, je pense que le racisme, c’est simplement la peur.

Olivier Roland : Et la peur de quoi, du coup ?

Alex Haffner : Des autres, la peur du changement aussi.

Olivier Roland : Donc, les voyages, cela t’a permis de dépasser ces peurs-là.

Alex Haffner : Non, mais c’est… je vous conseille vraiment de voyager, c’est un truc de fou pour l’ouverture d’esprit. Maintenant, je suis la personne la plus ouverte que vous n’ayez jamais vu, ce qui ne m’a pas empêché de faire des erreurs. J’ai fait du mal à des gens et franchement, je le regrette. Et si vous le voyez, je vous présente mes excuses. Si je vous ai blessé, si j’ai fait des choses qui auraient pu vous heurter, je vous présente mes excuses et n’hésitez pas à même revenir vers moi pour qu’on puisse en parler.

Olivier Roland : Voilà, le message est lancé. Mais donc malgré cela, les voyages, comment ils t’ont transformé exactement ? Tu as dépassé la peur des autres forcément, puisque tu as dû te mettre en contact avec des personnes très différentes, la peur du changement aussi forcément. Et ça t’a permis d’être moins raciste, mais aussi de voir tout simplement qu’en fait, il y a des gens extraordinaires de toutes les couleurs.

Alex Haffner : Mais pas moins raciste. Je veux dire, pour moi, le racisme, c’est devenu une aberration totale. Et au contraire, maintenant, je suis très, très dans la liberté, c’est-à-dire que je veux que tout le monde puisse faire ce qu’il veut au moment où il veut, sans interférer sur la liberté des autres. Je suis très dans la liberté, c’est hyper important pour moi et c’est ce que je prône. Ce que cela m’a appris en fait de voyager, ce que cela m’a appris, c’est que je ne sais absolument rien du tout.

Olivier Roland : Ok. Donc, cela t’a donné quoi ? Une certaine modestie, du coup ?

Alex Haffner : Pas une certaine modestie. C’est-à-dire que quand tu vois la diversité cognitive de toutes les personnes qui t’entourent, ajoutée à cela les différences culturelles, ajoutée à cela des contextes politiques, ajoutée à cela plein d’autres choses, des vécus différents, en fait tout ce que tu sais, c’est que tu ne sais absolument rien et que quelque chose va fonctionner avec quelque chose. Il n’y a jamais de formule magique universelle. Ce n’est pas possible, en tout cas dans les relations humaines. Donc, il faut savoir redescendre et se dire « Pourquoi ? ». Mais pourquoi ne pas se dire « je n’interviens que sur ce dont j’ai le pouvoir, juste très légèrement autour de moi, et tant pis pour le reste ».

Olivier Roland : Oui. Tu veux dire, te focaliser plutôt sur ton cercle d’influence direct ?

Alex Haffner : Exactement.

Olivier Roland : Plutôt que de te préoccuper de choses qui se passent à des milliers de kilomètres.

Alex Haffner : Mais exactement. Par exemple, les gens qui sont complotistes, j’ai un ami qui est complotiste, mais je lui dis « Mais pourquoi tu t’embêtes avec quelque chose qui te ronge sur quelque chose que tu n’auras déjà aucune réponse ? Même quand bien même tu en ais, tu ne peux pas savoir si c’est vrai ou si c’est faux. Et quelque chose qui te ronge et sur lequel tu n’as aucune emprise. Pourquoi tu t’embêtes avec cela ? ».

Olivier Roland : Qu’est-ce qu’il a répondu ?

Alex Haffner : Il fait « Oui, tu as raison. »

Olivier Roland : Il a arrêté ?

Alex Haffner : Non, pas tout à fait. Mais au moins, ça lui a permis de redescendre d’un cran. Après, je pense que des fois, il faut savoir aussi le redire à certains bons moments. Il y a des moments pour donner un conseil et qui vont être pris totalement, et il y a d’autres moments où ils ne vont être pris qu’à moitié et d’autres moments où cela… C’est ce que je disais, par rapport à la connectivité des gens et par rapport à la différence, il n’y a jamais le moment idéal.

Olivier Roland : Non, c’est vrai.

Alex Haffner : On ne peut jamais savoir.

Olivier Roland : Tu as voulu lui apporter cette…

Alex Haffner : Je veux juste jeter un appât et si cela mord, je suis content. Et si cela ne mord pas, je m’en fiche en vrai. Ce n’est pas que je m’en fiche, c’est que je n’ai pas envie que cela m’impacte parce que cela ne devient plus de mon ressort. Moi, j’ai fait ce que j’avais à faire.

Olivier Roland : Donc, tu es aussi beaucoup dans l’humanitaire ?

Alex Haffner : Oui.

Olivier Roland : Est-ce que tu peux nous parler un peu de cela ?

Alex Haffner : Simplement, moi, je fais des spectacles dans des orphelinats. On fait des spectacles de magie et de sculpture sur ballon. En fait, moi ce qui me plait, c’est non seulement donner les étoiles dans les yeux, mais derrière, il y a aussi un contexte un peu psychologique, c’est-à-dire que les gens me disent « Mais pourquoi juste un spectacle ? Qu’est-ce que tu leur apportes ? ». Ce que je leur apporte, c’est que les orphelins côtoient des écoles, avec d’autres enfants qui ne le sont pas.

Tu es orphelin, d’accord ? Moi, je ne le suis pas et je fais « Ah, mais moi, j’ai été dans un parc ce week-end avec mes parents, c’était génial et tout ». Là, tu peux dire, qui est-ce qui peut répondre l’orphelin ? « J’ai vu une cassette vidéo d’un film », non. Alors que si tu lui donnes quelque chose d’un peu exceptionnel pour un pays, par exemple, moi, j’ai vu un magicien français, mais aucun autre de ces enfants n’aurait vu un magicien français. Et donc, ça leur permet…

Olivier Roland : Ce sont des orphelinats à l’étranger ? Dans quel pays par exemple?

Alex Haffner : Oui, à l’étranger. Et donc en fait, je leur permets juste de pouvoir ne pas avoir la tête sous l’eau et d’avoir quelque chose à répliquer, de quelque chose d’un peu exceptionnel.

Olivier Roland : Donc, tu essaies vraiment de leur apporter ce moment exceptionnel qu’autrement ils n’auraient pas.

Alex Haffner : Voilà, c’est cela, exactement. Après, je suis allé en Afrique, en Afrique noire, en Afrique du nord, beaucoup l’Afrique du nord, notamment beaucoup, beaucoup…

Olivier Roland : Tu faisais des spectacles en français du coup ?

Alex Haffner : Au Maroc. Après, la magie et les ballons, c’est un peu international comme langue. Donc, voilà. En Colombie, en Thaïlande, au Burkina Faso, Algérie, Tunisie, Maroc, Égypte. Après, je ne peux plus, il y en a tellement que…

Olivier Roland : Oui, bien sûr, c’est déjà un bon exemple, OK. D’accord. Et tu fais d’autres choses humanitaires ?

Alex Haffner : Avant, je travaillais pour des grosses associations où j’ai été vraiment dégoûté, c’est pour cela que j’ai créé mon association. Alors, gâchis d’argent. Tu vois, moi, j’optimise tout. Gâchis d’argent, copinage, gloire personnelle, moi, cela m’a dégoûté, sincèrement. Donc, j’ai lâché cette grosse association et je suis allé dans une toute petite qui distribuait des vêtements chauds et des repas chauds. Je me suis dit « C’est bon ». Là, il y a zéro copinage.

Et en fait, là, je me suis également rendu compte qu’il y avait des soucis. Par exemple, ils venaient voir une personne qui était à la rue, pas un bonjour, pas se présenter, pas « est-ce que je peux te prendre 5 minutes ? ». Ce n’est pas parce qu’il est à la rue qu’il a 5 minutes à t’accorder. Tu es d’accord ? Voilà. Et ensuite, lorsqu’on revenait, donc après, moi, je prenais un peu les devants, je venais « Bonjour, moi, c’est Alexandre. Est-ce que je peux te prendre 5 minutes ? Etc. ». J’essayais de prendre les devants.

Olivier Roland : Pourquoi ils voulaient leur parler ? Pourquoi ils voulaient parler à eux ?

Alex Haffner : Pour leur donner des vêtements chauds et des repas chauds.

Olivier Roland : D’accord. Donc, ils faisaient juste « tiens, prends cela » et puis… d’accord.

Alex Haffner : Oui, plus ou moins.

Olivier Roland : Cela manquait d’humanité, en fait.

Alex Haffner : Cela manquait d’humanité, voilà. Et lorsqu’on est revenu, on voyait par exemple des shampoings jetés, tous neufs, c’était nous qui les avions donnés. Et là, tu avais des mecs qui disaient « Mais c’est un peu honteux, on leur donne et ils les jettent par terre ». Et en fait, j’étais en train de dire « Mais est-ce que tu lui as vraiment demandé si vraiment il en avait besoin ? ». Parce qu’après, tout le monde connait un peu le triangle dramatique. D’accord ?

Olivier Roland : C’est-à-dire ?

Alex Haffner : Avec le bourreau, la victime et le sauveur. D’accord ? Et en fait, c’est très facile de basculer, c’est-à-dire que si tu veux sauver quelqu’un qui ne veut pas l’être, tu deviens bourreau. Et là, c’était exactement cela. Et moi je ne veux pas, il y avait peut-être des personnes qui étaient là juste pour dire d’avoir fait. Après, il y a aussi des personnes qui, je le pense très profondément, qui le faisaient de bon cœur mais qui le faisaient mal.

Olivier Roland : Oui, ils ne donnent pas des shampoings juste pour… de manière mauvaise. Ils pensent cela bien, mais ils ne regardent pas si c’est vraiment efficace. Ça, c’est aussi une critique que je fais souvent à beaucoup d’actions caritatives, qu’il n’y a pas assez de réflexions sur la stratégie à long terme, en fait.

Alex Haffner : Par exemple, lorsqu’il y a des famines… Et en fait, le problème, c’est que c’est aussi manipulé, c’est-à-dire que quand il y a des famines, tout le monde envoie du riz et je ne sais plus dans quel pays c’était, mais l’économie rizicole du pays s’est cassé la figure parce qu’ils ne voulaient pas acheter du riz alors qu’ils pouvaient l’avoir gratuitement.

Mais il y a le pire. Il y a aussi, cela s’était passé en Afrique, des généraux de guérilla qui faisaient exprès d’affamer les populations pour faire venir l’aide humanitaire et qui, après, pillaient cette aide humanitaire pour nourrir leurs troupes. Donc, ce n’est pas que « Allez, viens, on donne ». Il faut vraiment avoir cette réflexion derrière, cette analyse, faire des tests et voir en fait simplement. Ce n’est pas si facile que cela d’aider.

Olivier Roland : Absolument.

Alex Haffner : Et c’est pour cela que je milite pour que ce soit très réfléchi et pas n’importe comment parce que cela peut faire pire que bien des fois.

Olivier Roland : Cela, je suis d’accord. Après, le problème, c’est que beaucoup de gens n’ont pas le temps finalement de faire cette analyse-là. Déjà, on les sollicite beaucoup pour donner, ils ne donnent pas forcément beaucoup. Ils se disent « Au moins, je suis tranquille, j’ai donné à une association. ». L’idée, c’est quand même d’essayer de trouver des associations qui sont sérieuses, qui ont un bon travail d’analyse, mais ce n’est pas si facile finalement.

Alex Haffner : Voilà. Moi, je n’en veux pas à ces personnes-là, mais ce que je veux, c’est que les grosses associations fassent le ménage et réfléchissent.

Olivier Roland : Donc, tu as une petite entreprise, on peut dire que tu es entrepreneur. Est-ce que tu penses qu’on peut avoir ta liberté en étant employé ?

Alex Haffner : Je pense qu’on peut avoir une certaine liberté en étant employé.

Olivier Roland : C’est intéressant que tu dises « certaine », cela veut bien dire que tu ne penses pas que…

Alex Haffner : Non, cela ne veut pas dire… c’est-à-dire que quelqu’un qui a de la liberté, il peut se contenter de cette liberté. D’accord ? Moi, j’en ai besoin de beaucoup. Après, quelqu’un qui est employé, si par exemple, ses vacances lui suffisent totalement, pourquoi ne pas l’être ?

Olivier Roland : Mais là, on est sur le podcast des rebelles intelligents, des gens qui veulent créer leur propre aventure et qui veulent être différents de la moyenne. Est-ce que tu penses que tu pourrais redevenir employé ?

Alex Haffner : De toute façon, non, absolument pas.

Olivier Roland : J’aime bien, c’est vraiment un oui.

Alex Haffner : Non, mais ce n’est pas possible. C’est impossible. Après, c’est peut-être aussi parce que j’ai goûté à une certaine liberté qui ne me permet plus de revenir en arrière.

Olivier Roland : Cette liberté que te donne l’entreprenariat, c’est quelque chose auquel tu es profondément attaché aujourd’hui.

Alex Haffner : Tout à fait.

Olivier Roland : Parce que oui, quand tu dis que tu peux partir en voyage dans une semaine, c’est bien parce que tu as une entreprise qui te permet de faire cela.

Alex Haffner : Exactement.

Olivier Roland : Quand tu n’as pas de spectacles qui sont prévus, tu es libre comme l’air finalement.

Alex Haffner : Tout à fait.

Olivier Roland : Et c’est cela qui est aussi intéressant dans ton parcours, c’est que finalement, moi, je suis surtout en contact en général avec des entrepreneurs qui ont souvent un bon style de vie, une bonne qualité de vie, mais qui ont quand même fait le choix de mettre en priorité le développement de leur business. Moi, j’ai plutôt l’impression que tu vois vraiment, mais à 2 000%, ton business comme un moyen de servir ta vie et que tu as vraiment mis la qualité de ta vie et le côté aventurier comme priorité absolue. Est-ce que j’ai fait une bonne analyse ?

Alex Haffner : Tout à fait. Par exemple, quelqu’un m’a dit « Écoute Alexandre, moi, je gagne très bien ma vie, mais il y a une chose que je ne pourrais jamais me payer : le temps ». Et c’est cela. Donc, j’ai privilégié le fait de ne pas avoir énormément d’argent, mais d’avoir le temps de faire ce que je veux au moment où je le veux.

Olivier Roland : Et est-ce que des fois, tu ne sens pas un peu la tentation de te dire « Ok, maintenant, je vais développer mon business et puis… », peut-être pas en faire un empire, mais en tout cas de l’amener à un autre niveau ?

Alex Haffner : En fait, c’est exactement la même chose que la personne qui est employée et qui se contente de ses vacances, c’est-à-dire que lui, il ne sait pas ce qu’il perd. Moi, en ne gagnant pas énormément d’argent et en ne côtoyant pas forcément les milieux très aisés, pareil, je ne sais pas non plus ce que je perds. Donc, cela ne me manque pas. Donc si – je dis une bêtise – je crée quelque chose, cela marche bien et après cela se casse la figure, là, je serai malheureux parce que j’aurai goûté et cela me manquera par la suite. Est-ce que c’est judicieux de tenter cela alors que pour l’instant, cela me convient parfaitement ?

Olivier Roland : Donc, c’est quelque chose que tu fais naturellement de savoir te contenter de ce que tu as.

Alex Haffner : Oui.

Olivier Roland : En même temps, tu dis cela, mais tu es toujours dans une démarche de progression, d’apprentissage et d’aventure.

Alex Haffner : Bien sûr, mais par exemple, je parle plus au domaine financier, je ne roule pas sur l’or, mais je suis heureux dans ce que je suis.

Olivier Roland : Tu as un parcours très atypique, tu fais des choses qui n’ont rien à voir avec ton diplôme. Comment tu as fait pour gérer tes parents, la famille, la pression un peu sociale de tout ce milieu-là ?

Alex Haffner : A force de le faire, ils ont dû simplement abdiquer.

Olivier Roland : Ils ont dû abdiquer. Ils ont essayé de te remettre dans le droit chemin à un moment ou pas ?

Alex Haffner : Oui, complètement, bien sûr que oui. Cela a stressé beaucoup ma mère. C’est tout. Je suis comme cela et je ne veux pas me trahir.

Olivier Roland : Ok. Tu n’as jamais eu… finalement, tu te dis « c’est ma voie et puis cela te plait ou cela ne te plait pas, ce n’est pas très important ».

Alex Haffner : Exactement. Oui, j’essayais vraiment de me libérer du regard des autres. Alors, il faut faire attention parce que moi vraiment, j’aime que les gens soient libérés du regard des autres, mais après, il y a quand même une certaine limite à la marginalisation. D’accord ? Comme je l’ai dit, il n’y a jamais deux vérités. Il y a toujours une partie, et un excès peut nous faire vraiment tomber bas. Après, si cela convient à la personne, j’ai envie de lui dire « Tant pis, fais ce que tu veux ».

Olivier Roland : Est-ce que tu penses que tu as des croyances différentes de celle de la majorité des gens ?

Alex Haffner : Oui, tout à fait. Par exemple, je suis agnostique, c’est-à-dire que pour moi, Dieu, c’est la synergie de tout ce qui nous entoure, et également toutes les synchronicités, etc. C’est-à-dire que moi, je me suis rendu compte que si je me laissais aller, toute cette synergie t’emporte dans le bon chemin.

Après, c’est peut-être aussi un peu de la croyance positive, mais je me dis que tout va bien aller et, au final, tout va bien. Je vais te donner un exemple. Là, ça m’est arrivé avant-hier. Je revenais de Nantes, j’étais avec des candidats d’une élection que j’ai faite à Nantes et ils repartaient…

Olivier Roland : Alors, tu peux dire ce que c’est, vas-y, balance.

Alex Haffner : Election Mister Triton.

Olivier Roland : C’est juste un exemple de l’éclectisme d’Alex, c’est quoi Mister Triton ?

Alex Haffner : C’était un week-end de fou. C’était génial, franchement.

Olivier Roland : Donc, ce sont des hommes qui se regroupent ?

Alex Haffner : Oui, ce sont les élections. Alors, le triton est le masculin de la sirène où on nage en monopalme avec… et il y a une élection du coup avec photo. On nageait le plus longtemps sous l’eau en apnée, etc., la grâce étant prise en compte. Donc, j’ai participé à cela et c’était génial.

Olivier Roland : C’était une parenthèse. Mais donc, tu rentrais de Nantes.

Alex Haffner : Je rentre de Nantes avec eux, et ils habitent où ? A Marne-la-Vallée Chessy. Pour moi, ouigo, c’est parfait. J’arrive, allez. On part à une heure qui est non voulue, et au final on arrive 20 minutes avant le ouigo. Moi, j’avais pris les places dans la voiture. J’arrive, et là, ils me disent « Votre billet n’est pas valable, il n’est pas passé, allez voir le contrôleur ». Je fais « Ouf ». Je vais voir le contrôleur, je fais « Voilà, je pense que ce n’est pas passé », il me dit « Ah ? », il vérifie effectivement « Écoutez, allez voiture 13, je vais vous faire le même prix ». J’arrive voiture 13, et là, je vois le chef de train qui me demande un peu ce qui se passe. Je lui dis « Écoutez, voilà, je pense qu’il y avait un souci. Moi, j’attends le contrôleur ». « C’est moi le chef de train », « OK ». Il vérifie tout de suite et il fait « là, c’est 130 euros ou vous ne montez pas ». Je fais « Mais vous vous rendez compte que ce n’est pas de ma faute si le paiement n’est pas passé, mettez-vous un peu à ma place ». « C’était 130 euros » . Je fais « Écoutez, votre collègue m’a dit qu’éventuellement, il y avait possibilité de l’avoir le même prix et tout cela ». Il fait « Non, c’est 130 euros ».

Le collègue arrive et il discute un peu, il dit « Moi, je me suis engagé », il fait « Si tu t’es engagé… voilà ». Il m’a fait monter en train. Je monte dans le train et il fait « Excusez-moi pour mon collègue. Moi, je ne peux pas laisser passer cela, mais je vais vous faire un geste commercial sur le train, je ne vous fais pas payer ».

Olivier Roland : Waouh !

Alex Haffner : Il fait « je vais faire semblant de vous encaisser ». Alors, tac, il prend sa petite tireuse, tac, il tire. Je mets dans ma poche, comme cela et puis je vais me mettre à mon siège. Et en fait, il était mal plié, donc je le sors. Je regarde et, en fait, il y avait le numéro de téléphone du contrôleur.

Olivier Roland : C’est marrant cela.

Alex Haffner : Voilà. En fait, il repasse et il me dit « Gardez bien votre ticket ». Je fais « oui, j’ai vu ». Je lui ai envoyé un petit message, je lui ai dit « Merci beaucoup pour ce que vous avez fait pour moi, etc. ». Je sens que lui voulait plus, et je fais « moi, j’ai quelqu’un dans ma vie ».

Olivier Roland : C’était une contrôleuse ?

Alex Haffner : Non, un contrôleur. Ce n’est pas grave.

Olivier Roland : Oui. Non, absolument.

Alex Haffner : Donc, « j’ai quelqu’un dans ma vie », il fait « Ah, dommage ». Mais bon, il n’y avait pas que cette barrière-là non plus. Il fait « Mais du coup, tu es bi, hétéro, gay ? », je dis « hétéro ». Il fait « Ah, j’aurais foiré jusqu’au bout ». Je fais « Mais non, pas du tout, et au contraire. Moi, je te conseille de continuer parce que j’aurais pu être la bonne personne. Ce n’est pas parce que ça ne s’était pas coordonné comme cela qu’il faut lâcher l’affaire et ne plus le faire. » Donc, je le conseille de continuer dans cette voie-là.

Olivier Roland : Donc là, on a un exemple où tu ne t’es pas pris la tête sur comment tu allais rentrer. Finalement, tout s’est goupillé bien et tu as même vécu une petite aventure rigolote. Et en plus, tu as inspiré quelqu’un.

Alex Haffner : Mais en fait ce qui est marrant aussi, c’est que comme je le disais, tout se synchronise tout le temps bien, mais le destin, il me met quand même des petits coups de pression, genre le coût des 130 euros. Genre à l’aller par exemple, à l’aller, je devais aller à Guérande et ma sœur me dit, parce qu’elle habite à Mayotte « Écoute, j’ai acheté une voiture, je dois la faire partir en bateau. J’ai fait un devis, est-ce que cela t’intéresse de le faire ? ». Je fais « Oui ». Elle fait « Voilà, c’était autant, je te les donnerai ». Je fais « OK, trop bien. Mais par contre, je dois être à Guérande le lendemain. Est-ce que Saint-Nazaire, c’est loin de Guérande ? » 20 minutes. « What ? »

Olivier Roland : C’est dingue.

Alex Haffner : Voilà, encore une synchronicité. Et pareil, sur la route, petit coup de stress, à un moment, il n’y avait plus d’essence et j’ai eu peur de tomber en panne d’essence jusqu’à la station. Mais au final, cela s’est bien goupillé et je suis arrivé à l’heure. Mais pareil, à chaque fois, tout se goupille bien, je le sais, mais il y a toujours des petits coups de pression de temps en temps. Je ne sais pas, c’est marrant.

Olivier Roland : C’est intéressant parce que cela rejoint un peu à loi de l’attraction. Toi, qu’est-ce que tu penses de cela ? Tu y crois vraiment à fond ?

Alex Haffner : Complètement. Après, moi, je me laisse aller et cela se goupille tout le temps bien.

Olivier Roland : Est-ce que tu as vu le film ou tu as lu le livre « Le secret de l’attraction » ? Le secret, le secret. D’accord, non. D’accord, parce que c’est…

Alex Haffner : Non, je n’ai pas, il faudrait que je le lise.

Olivier Roland : Oui, mais du coup, je suis assez critique sur ce film/livre parce qu’il met trop l’accent sur le fait de vouloir quelque chose sans parler trop de l’action. Mais toi, c’est intéressant parce qu’au final, il faut vouloir désirer quelque chose pour pouvoir l’accomplir. Dans l’entreprenariat, c’est super important et dans la vie en général. Et là, on voit un exemple que tu as l’objectif en tête, tu vas te mettre en action et puis finalement, tu ne te préoccupes pas trop du process, tu sais que tu vas trouver les moyens d’y arriver au fur et à mesure ?

Alex Haffner : C’est cela, exactement.

Olivier Roland : Cela, c’est très intéressant. Je pense qu’il y a tellement de gens qui se paralysent dans l’action parce que justement, ils veulent tout planifier, ils n’y arrivent pas et du coup ils ne font pas grand-chose ou ils ne voient rien.

Alex Haffner : Par exemple, j’ai bossé aussi dans l’hôtessariat où durant des salons, je gérais des trucs. Et il y avait des moquettes qui allaient être jetées, qui avaient été créées exprès pour le salon, et je me suis dit « Je vais emménager dans un truc, j’ai besoin de ça. » J’étais à vélo et c’était des rouleaux mais immenses, et j’avais plein d’autres trucs. J’ai tout pris et je me suis dit « Cela va passer », je te jure que j’ai réussi à rentrer chez moi avec tout. Et en fait, simplement parce que je me suis dit « je sais que ça va le faire ».

Et pareil, pour le bricolage, à chaque fois, je sais que je vais trouver un moyen d’arriver à mes fins, et à chaque fois, je trouve le petit truc qui va parfaitement, bam, la vis qui va… c’est un truc de malade. C’est tout le temps.

Olivier Roland : Du coup, est-ce que tu as une mission dans la vie ? Est-ce qu’il y a quelque chose qui te porte particulièrement ?

Alex Haffner : La vraie mission que j’ai dans la vie, c’est de pouvoir faire ouvrir les yeux aux gens comme quoi une toute petite action peut entrainer des choses incroyables, un peu comme la loi de Pareto 80/20. Et en fait, les gens ne se rendent pas compte qu’avec des toutes petites choses, ils pensent que c’est insignifiant, mais non, cela fait toute la différence. Et cela vraiment, c’est le message que j’aimerais porter haut et fort, et amener un gros message aussi de tolérance. Au travers de l’art, au travers de tout, au travers des personnes, mon gros message, c’est vraiment être tolérant vis-à-vis des autres.

Olivier Roland : Donc aujourd’hui, tu es plutôt content de ta vie apparemment. Est-ce que tu prévois de continuer comme cela ou, à un moment, il y a Alex qui va s’assagir un petit peu quand même, rentrer dans le « droit chemin », tu y vas et tu es dedans ?

Alex Haffner : Ce n’est pas possible, en fait. Comme dirait Jasmine dans Aladdin, je suis allé trop haut, trop loin, pas de retour en arrière.

Olivier Roland : Et tu te vois prendre ta retraite à un moment ?

Alex Haffner : Je suis déjà en retraite.

Olivier Roland : Oui, c’est le sentiment que j’ai aussi. Tu te sens à la retraite là.

Alex Haffner : Moi, je le suis depuis très longtemps en retraite, c’est-à-dire que pour moi… tu vois, mon grand-père, il me disait « Trouvez un travail qui te plait, tu n’auras pas à travailler un seul jour de ta vie ».

Olivier Roland : C’est ce qu’on entend partout, oui.

Alex Haffner : Oui.

Olivier Roland : Et c’est ce que tu as fait ?

Alex Haffner : C’est ce que j’ai fait, bien sûr.

Olivier Roland : Et ça, c’est intéressant parce que finalement, on entend partout et quand on regarde autour de nous, il y a très, très peu de gens qui sont dans ce cas-là.

Alex Haffner : Exactement.

Olivier Roland : Pourquoi d’après toi ? Qu’est-ce qui manque à ces personnes ?

Alex Haffner : Comme je te l’ai dit, le sentiment qui est très fort dans l’instinct humain, c’est la peur, donc ils sont bridés par la peur souvent. La peur, cela peut être la peur du regard des autres, la peur de décevoir aussi, de décevoir ses parents, la peur du changement, les multiples facteurs.

Olivier Roland : Toutes ces peurs-là que tu as affrontées au fur et à mesure tranquillement, pas de bébé par pas de bébé.

Alex Haffner : C’est cela, step by step.

Olivier Roland : C’est baby step by baby step.

Ecoute, merci d’avoir partagé tout cela, c’était très intéressant. Je pense que c’est vraiment une interview différente de celle dont on a l’habitude de faire sur cette chaîne, mais cela vous montre justement qu’on n’a pas besoin d’être un entrepreneur avec un succès immense pour être libre et puis créer une vie qui est différente de celle des autres. On peut se créer sa propre aventure avec ses propres moyens et Alex en a un excellent exemple.

Est-ce que tu as trois livres à recommander aux gens qui sont là, parce que là, cela fait longtemps qu’on est ensemble, donc il y a peut-être encore 25% des gens qui sont là, ce sont les plus motivés ? Qu’est-ce que tu as comme livres qui t’ont impacté, que tu aimerais recommander ?

Alex Haffner : J’ai beaucoup aimé Robert Greene « Les 48 lois du pouvoir ». Franchement, ce qui est excellent dans ce livre, c’est que moi, j’adore l’histoire : il remet des concepts psychologiques avec des exemples historiques. En fait, j’ai vraiment aimé ce parallèle qui permet un peu d’ouvrir les yeux sur comment le monde fonctionne pour s’en prémunir ou pour pouvoir un peu améliorer sa vie aussi.

Olivier Roland : D’ailleurs, Robert Greene que j’ai eu la chance d’interviewer, dont vous pouvez voir l’interview sur ma chaîne principale Olivier Roland « Robert Greene : Le suicide l’a amené à devenir auteur« .

Pour terminer cette interview, pour tous les Rebelles Intelligents qui sont là et qui sont inspirés finalement par ton exemple, qu’est-ce que tu peux leur donner comme conseil pour être libre justement ?

Alex Haffner : Laissez-vous aller. Surtout, fiez-vous à vous-même, à vos ressentis et vous verrez qu’en lâchant prise et en prenant les opportunités qui vous plaisent bien sûr, et en cheminant, vous serez beaucoup plus relaxe parce que cela va vraiment vous faire redescendre en pression parce que vous savez que le chemin est tracé et vous vous laissez aller.

Olivier Roland : Merci beaucoup, Alex, d’avoir partagé tout cela.

Alex Haffner : Je t’en prie, ce fut un plaisir.

Olivier Roland : Donc, il n’y a pas de chaîne YouTube pour te retrouver, il n’y a pas de site web, il n’y a rien. Tu as décidé de ne pas du tout avoir de présence sur Internet. D’ailleurs, on est chez toi là et tu n’as même pas de connexion wifi. Tout à l’heure je t’ai demandé le code wifi.

Alex Haffner : Je n’ai pas Internet chez moi.

Olivier Roland : Tu n’as pas ? Tu utilises la 4G, cela te suffit.

Alex Haffner : C’est cela.

Olivier Roland : Merci beaucoup d’avoir partagé tout cela. J’espère que cela en a inspiré certains parmi vous pour justement se créer l’aventure de votre vie.

Et voilà chers amis Rebelles Intelligents, si tu es encore là, tu fais partie des 25%, des 20%, des 2% qui sont restés jusqu’au bout. En tout cas, tu fais partie de la minorité motivée. Je suppose que c’est parce que ce podcast t’a plu. Si c’est le cas, tu es libre de laisser un commentaire sur ta plateforme de podcast préféré. Et si tu le fais, je t’en remercie par avance parce que c’est grâce à des petits gestes comme celui-ci que ce podcast va toucher davantage de rebelles intelligents et les aider à créer l’aventure de leur vie.

Merci d’avoir écouté ce podcast et à très vite pour le prochain.

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