L’entrepreneur à succès qui ne fait RIEN comme tout le monde (Romain Collignon)

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Transcription texte de l’interview :

Olivier Roland : Romain est ingénieur physicien en nanotechnologies, et son métier actuel n’a rien à voir avec ce qu’il a étudié. Il voulait en fait devenir entrepreneur, et comme il est également expert en beatbox, il décide de faire de sa passion son premier projet en ligne, qui n’a pas été franchement un grand succès.

Romain Collignon : Pendant trois années où j’ai fait zéro euro.

Olivier Roland : Il décide alors de pivoter et de se lancer dans un tout nouveau business, à côté de son travail pour le gouvernement.

Romain Collignon : J’ai fait 2 ans d’ambassade, et après, j’ai passé 2 ans pour une agence ministérielle de la recherche à Paris.

Olivier Roland : Une épreuve difficile, dans laquelle il a su prioriser son succès futur plutôt que le plaisir à court terme.

Romain Collignon : Je me levais à 5h du mat pour bosser jusqu’à 9h. J’étais passionné, et puis finalement, il faut aussi, je pense, mettre l’énergie pour ça.

Olivier Roland : Tu te couchais à quelle heure ?

Romain Collignon : Je ne dormais pas beaucoup à l’époque, je ne pense pas, parce que le midi, je travaillais aussi dessus. J’étais un peu le gars où tout le monde allait bouffer à la cafétéria, et moi, j’étais celui qui a bouffé vite fait à la cafétéria pour pouvoir taffer sur le temps de midi.

Olivier Roland : Ce qui a fini par payer, puisqu’il gagne l’équivalent d’un an de salaire en une semaine à la sortie de son premier produit.

Romain Collignon : Salaire net, je devais être à 2 000 par mois. Donc à l’intervalle, pour moi, cela faisait 24 000 par an là où j’étais, et un lancement de 30 000.

Olivier Roland : Boum.

Romain Collignon : Oui, mais ça fait boum.

Olivier Roland : Oui.

Romain Collignon : Ça fait boum quand tu vois…

Olivier Roland : Donc, tu as sauté au plafond.

Il développe ensuite son business jusqu’à atteindre un très beau chiffre d’affaires, mais travaille trop.

Tu travailles combien d’heures par semaine à peu près dedans ?

Romain Collignon : Trop.

Olivier Roland : Ah oui, OK, trop.

Romain Collignon : À l’époque, trop.

Olivier Roland : Et décide d’automatiser complètement son entreprise.

Romain Collignon : Et donc, j’ai tout automatisé. Et pour te dire, le décodeur a fonctionné pendant six années. Au fur et à mesure, le chiffre d’affaires diminue quand tu ne mets pas d’énergie dedans.

Olivier Roland : Parce que tu ne crées pas de contenu ?

Romain Collignon : Depuis 6 ans, je ne créais plus rien.

Olivier Roland : Cela fonctionne très bien, mais il a un problème.

Romain Collignon : Malgré le fait d’avoir ce business en ligne, j’étais relativement seul. Je me sentais seul. Et on parlait de salariat tout à l’heure, il y a quand même ce côté connexion que j’avais complètement perdu.

Olivier Roland : Et il décide de changer, à nouveau, complètement de business et d’approche. Un pari osé qu’il réussit avec brio, puisqu’il multiplie par plus de 10 son chiffre d’affaires en quelques années seulement.

Romain Collignon : Ouais, là, on a terminé à un 1,5 million cette année.

Olivier Roland : Donc, c’est tout à fait un plus de fois 10 par rapport à Décodeur du non-verbal.

Dans cette conversation avec Romain Collignon, nous parlons également de :

  • Comment dépasser ses peurs pour démarrer son entreprise
  • Comment trouver une idée de business rentable
  • Comment passer de salarié à entrepreneur, et trouver sa raison d’être
  • Comment vendre un produit avant de l’avoir créé, tout en étant éthique et transparent sur le sujet
  • Comment pivoter son business modèle jusqu’à trouver le bon, tout en gardant son enthousiasme
  • Comment scaler votre business sans vous tuer à la tâche
  • La beauté de la routine pour être plus performant et plus heureux (même si sur ce point, nous ne sommes pas d’accord)
  • Pourquoi les membres de l’équipe de Romain parlent anglais dans leur réunion, alors qu’ils sont tous francophones
  • Et bien d’autres choses encore.

C’est parti.

<Générique>

Olivier Roland : Donc, Romain, est-ce que tu as l’impression d’avoir une vie atypique aujourd’hui, par rapport à la vie de la plupart des gens ?

Romain Collignon : La question qui tue. Je vais te répondre par oui et non, dans le sens où oui, atypique, parce que quand je regarde autour de moi les personnes qui ont le même âge ou qui ont le même parcours que moi, j’ai clairement une vie qui est très différente. Et en même temps, j’ai envie de te dire non, parce que la façon dont est organisée ma vie, qu’elle soit personnelle ou professionnelle, je suis un papa, je suis un mari, je suis aussi un entrepreneur qui travaille, on va dire, 9h-18h comme peut-être quelqu’un qui est dans le salariat, donc j’ai envie de te dire non. Mais on peut explorer ces deux sujets, si tu veux.

Olivier Roland : Oui, c’est ce dont on va parler tout au long de cette interview.

Déjà quelque chose quand même d’assez atypique dans ton parcours, c’est qu’aujourd’hui, tu fais quelque chose qui n’a vraiment rien à voir avec tes études. Est-ce que tu peux partager quelles études que tu as fait?

Romain Collignon : Oui. Bien sûr.

Olivier Roland : Parce que donc, tu n’as pas eu la chance de rater tes études, n’est-ce pas ?

Romain Collignon : Oui, je n’ai pas eu la chance de rater mes études. De formation, je suis ingénieur physicien.

Olivier Roland : Dans quel domaine ?

Romain Collignon : Dans le domaine des nanotechnologies.

Olivier Roland : Ce n’est quand même pas le petit domaine.

Romain Collignon : Non, sur le papier…

Olivier Roland : Ça en jette ?

vie atypique comprendre les choses études nanotechnologies

Romain Collignon : Ça peut en jeter. Et si j’ai fait ces études-là, c’est que j’étais bon à l’école, sur le papier, dans le système scolaire que l’on fait quasiment tous. Et surtout, j’étais nourri par cette curiosité insatiable de comprendre comment fonctionnent les choses. Et finalement, la physique, tu te rends compte que plus tu vas vers le petit, plus tu comprends que tu as un monde que tu ne connais pas. C’est surtout cela, je pense, qui me motivait. Et donc, le métier pour lequel j’étais prédestiné, c’était ingénieur physicien. En gros, je devais me retrouver dans des salles blanches pour travailler pour AMD, Intel, Philips, ces grosses boîtes, et concevoir les technologies qui allaient arriver dans les 3, 5, 10 ans. Ça, c’était sur le papier.

Olivier Roland : Dans les microprocesseurs, les CPU.

Romain Collignon : Exactement. Microprocesseur… J’ai travaillé même sur le sujet des OLED, qui à l’époque n’était pas du tout sur les écrans, notamment la couleur bleue, qui avait une durée de vie qui était très limitée par rapport au rouge et au vert. Et donc, je travaillais là-dessus en recherche et développement chez Philips.

Olivier Roland : Waouh, c’est une technologie utilisée dans les écrans plats.

Romain Collignon : Qui maintenant est… ouais.

Olivier Roland : Mais qui est mature.

Romain Collignon : OK. Ça, c’était sur le papier.

Olivier Roland : D’accord. Tu te destinais à ça ?

Romain Collignon : Oui.

Olivier Roland : Et tu sors de l’école avec ce beau diplôme. Et là, qu’est-ce qui se passe alors ?

Romain Collignon : Et là, qu’est-ce qui se passe ? C’est qu’on est en 2008. Ça va faire maintenant 13 ans, 14 ans, et mes premiers… j’ai quand même travaillé. On va parler de l’entrepreneuriat forcément, mais j’ai quand même travaillé dans des institutions déjà, alors, ministérielles. Mon premier job, c’était à l’ambassade de France à Berlin.

Olivier Roland : Et quel rapport pour un ingénieur physicien déjà ?

Romain Collignon : Alors, justement déjà, je pense qu’il y a le petit côté rebelle qui se mettait en place parce que mon métier, c’était de travailler dans des boîtes, et au final, ma première boîte était l’ambassade. C’était déjà un peu en opposition. Tout au moins, ce n’était pas le chemin prédestiné. Mais mon métier là-bas était d’organiser notamment pour le ministère de la Recherche des meetings entre des politiques, on va dire, ou des sénateurs français pour leur montrer ce qu’il se passait dans le domaine des nanotechnologies en Allemagne. Donc, je leur fais rencontrer des chercheurs en Allemagne, des universités, d’organiser des événements. Si tu veux, j’utilisais cette connaissance du domaine des nanotechnologies non pas dans la recherche et développement, mais plus pour comprendre l’écosystème et organiser ces rencontres, ce genre de choses.

Olivier Roland : Donc là, tu étais plutôt dans l’événementiel, finalement.

Romain Collignon : Oui, événementiel. Il y avait aussi pas mal de veilles aussi, parce qu’avec ce réseau-là qu’on avait en Allemagne, on écrivait des publications qu’on appelait les bulletins. Je pense que cela existe toujours les bulletins électroniques.

Olivier Roland : Attends, tu es tombé sur ce post et tu t’es dit « c’est ce que je veux faire », ou ? Ce que je veux dire, c’est quand même assez éloigné.

Romain Collignon : Non, mais à l’époque, en fait, ma dernière année d’école d’ingénieur, je l’ai faite en Allemagne. Donc, cela joue aussi.

Olivier Roland : Ah oui, et tu parles allemand couramment.

Romain Collignon : Et du coup, je pense qu’un mec qui est dans les nanotechnologies, qui parle allemand, il n’y en avait pas des masses, donc je ne sais pas si c’est pour cela que j’ai été pris. Dans tous les cas, c’était pour moi mon premier job. C’était hyper sympa quoi. C’était hyper sympa d’être à Berlin. Tu vois, on était sur la Pariser Platz, là où il y a la porte de Brandebourg.

Olivier Roland : Je n’y suis jamais allé.

Romain Collignon : Ah oui ?

Olivier Roland : Non, cela fait partie des choses que je vais faire.

Romain Collignon : OK, ce sont de bonnes adresses.

Olivier Roland : OK. Donc, tu te retrouves là-bas et ?

Romain Collignon : Et ça, c’était le premier job. Mais en parallèle, c’est marrant, mais c’est là-bas que j’ai découvert « Des Livres Pour Changer de Vie ».

Olivier Roland : Donc, mon blog.

Romain Collignon : Oui, ton blog.

Olivier Roland : Tiens donc, en 2008.

Romain Collignon : Donc, en 2008, oui.

Olivier Roland : J’ai démarré fin 2008.

Romain Collignon : Oui, c’est ça. Moi, je suis arrivé en fin 2008, donc je pense que je l’ai découvert en décembre, fin 2008, ou janvier.

Olivier Roland : C’est le genre de parcours comme Benoît de Bonne Gueule, du coup, c’est intéressant.

Romain Collignon : Oui.

Olivier Roland : Puisque lui aussi, il l’a découvert fin 2008.

Romain Collignon : Et Michael Ferrari aussi qui, à l’époque, était à Berlin et je pense qu’il disait cela.

Olivier Roland : Oui, vous vous êtes rencontrés à ce moment ?

Romain Collignon : Non, on l’a su après. Peut-être qu’il y avait quelque chose là-bas à Berlin qui est passé.

Olivier Roland : Une faille spatio-temporelle.

Romain Collignon : Oui, si tu veux, oui. Donc, si tu veux, j’étais là-bas dans ce job, je suis resté 2 ans. C’était très, très intéressant. Je ne regrette pas du tout, même l’expérience d’être à l’étranger. Mais tu voyais déjà que ce n’était pas ce pourquoi mes études me prédestinaient. Déjà, par rapport à mes collègues ou camarades de classe, je faisais quelque chose de complètement différent. Et c’est en même temps à ce moment-là où ce côté business en ligne, on va peut-être revenir dessus, mais ce côté liberté, ce côté monter son entreprise, c’était un rêve à cette époque-là.

Olivier Roland : Déjà.

Romain Collignon : Ouais. Mais du coup, « Des Livres Pour Changer de Vie », c’était quelque chose. On était dans le développement personnel. On était dans la création de boîtes. On était sur des sujets sur lesquels je commençais tout juste à m’éveiller. Mais j’étais toujours salarié à cette époque.

Olivier Roland : Et puis, en plus d’une…

Romain Collignon : D’une belle institution

Olivier Roland : Oui, d’une institution gouvernementale ?

Romain Collignon : Exactement, oui.

Olivier Roland : Ce qui, pour beaucoup de gens, est un peu l’antithèse de l’entrepreneuriat.

Romain Collignon : Oui, complètement. Je pense qu’on va revenir dessus.

Olivier Roland : Donc, OK. Tu te retrouves là avec ces rêves, ce blog qui t’inspire. Comment tu as creusé le gap ?

Romain Collignon : Comment j’ai creusé le gap ? Je pense que j’ai commencé à bloguer, figure-toi, en parallèle sur le human beatbox. Ça, je ne sais pas. On n’en a pas forcément rediscuté, mais Berlin était… Il y avait un mouvement qui s’initie à Berlin sur l’art de faire de la musique avec sa bouche.

Olivier Roland : D’accord.

Romain Collignon : Je suis très passionné par le sujet.

Olivier Roland : Tu peux nous faire une démonstration ? Ah, OK.

Romain Collignon : Il y a quelques petits restes.

Olivier Roland : Excellent.

Romain Collignon : Mais c’est là où avaient lieu les championnats du monde, ce genre de choses, et c’était un domaine qui était très émergent. Et c’est là où j’ai commencé à bloguer, mais vraiment pas où je caressais peut-être l’espoir de faire un business de ce sujet-là. Simplement, c’était l’histoire en parallèle de ce job-là, de partager sur un blog. C’est là que j’ai découvert WordPress, ce genre de choses. Un sujet qui me passionne.

Olivier Roland : WordPress qui est un logiciel de blog.

Romain Collignon : Exactement, qui maintenant, enfin : Qui n’a pas son blog sur WordPress ?

Olivier Roland : C’est la référence.

Romain Collignon : La référence, oui. Mais si tu veux, c’est un side project. Et dans l’esprit quand même, il faut quand même le dire, parce que ce souci-là maintenant n’existe plus. Cela m’a permis de rencontrer toute la communauté. Cela m’a permis de participer au Championnat de France aussi de ce sujet-là, et je caressais l’espoir si tu veux de…

Olivier Roland : Cela, c’était avant que tu t’inscrives à Blogueur Pro ?

Romain Collignon : Blogueur Pro, je pense que je me suis inscrit, c’était… quand est-ce que tu l’as lancé ? Décembre 2010 ?

Olivier Roland : Oui.

Romain Collignon : Il y a quand même 2 ans, donc 2 ans avant. Mais entre lancer vraiment son entreprise et se dire « Tiens, OK, je vais quitter mon job pour développer un projet entrepreneurial notamment en ligne », je suis plutôt lent. Mais à l’époque, tu dois être un des premiers à en parler de cette possibilité.

Olivier Roland : Oui, absolument.

Romain Collignon : Là, aujourd’hui, c’est limite classique.

Olivier Roland : C’est presque mainstream, oui.

Romain Collignon : C’est mainstream. À l’époque, on est…

Olivier Roland : Ça ne l’était pas du tout, non.

Romain Collignon : Non, c’était Far West.

Olivier Roland : Oui, complètement.

Romain Collignon : Et ce blog-là, je l’ai développé en me disant « tiens, je pourrais peut-être en vivre d’une certaine manière ». Mais quand tu regardes un peu, toi qui enseignes la niche où se positionner dessus, l’human beatbox, c’est un art. La plupart des gens qui s’intéressent à cela n’ont pas d’argent pour s’acheter des instruments de musique. Donc, c’est un marché

Olivier Roland : Déjà des gens qui n’ont pas un panier d’achats moyen énorme, oui.

Romain Collignon : Voilà. Deux, est-ce que c’est vraiment un problème ? Voilà. Faire une musique avec sa bouche, ce n’est pas un problème que tu as envie de résoudre. Et est-ce que tu as un nombre de personnes suffisant pour te dire « je peux poser un business dessus » ? Non, c’était à l’époque, en 2008, tout au moins, quelque chose qui était émergent. Donc, il y a très peu de personnes qui s’intéressaient à ça, sauf les hyper passionnés.

Olivier Roland : D’accord.

Romain Collignon : Ceci étant dit, c’est une expérience que j’ai développée jusqu’en 2011. Et tu vois, c’est là où j’ai terminé l’human beatbox, c’est là où je suis entré dans Blogueur Pro, c’est là où j’ai lancé la deuxième activité, on va pouvoir en parler. Mais pendant trois années où j’ai fait zéro euro de ce projet entrepreneurial, c’est long trois années, j’ai quand même développé certaines choses comme créer un blog sur WordPress, parler à sa communauté. Ce sont des choses pour lesquelles je n’étais pas du tout câblé pour.

Olivier Roland : Donc, tu avais quand même déjà cet objectif de gagner de l’argent avec ton blog sur le beatbox, ou c’était plus un hobby que tu voulais explorer, tu t’es dit « si je gagne de l’argent, ça sera un bonus » ?

Romain Collignon : Je dirais que c’est plus la deuxième solution.

Olivier Roland : D’accord.

Romain Collignon : Mais je pense que je caressais l’idée de pouvoir faire quelque chose. Tu vois, quand on veut se lancer dans l’entrepreneuriat, qu’on ne l’a jamais fait, on a envie de le faire. Mais est-ce qu’on se donne les moyens de le faire ? Je pense qu’à l’époque, je ne me donnais pas les moyens pour le faire.

Olivier Roland : Mais c’est intéressant parce que finalement, moi, j’ai eu la démarche similaire à la tienne, sauf que moi, j’avais ma première entreprise à côté. Mais mon premier blog « Technosmart », j’ai passé plusieurs mois dessus sans que cela amène quoi que ce soit. C’était sur les nouvelles technologies. Je l’ai laissé en ligne pour montrer au monde ce qu’il ne faut pas faire, donc si vous voulez voir ce qu’il ne faut pas faire avec un blog, allez voir.

Ça permet en tout cas de s’initier. Et dans ton cas, en plus de s’initier, peut-être pas à l’entrepreneuriat, mais si quand même déjà, tu développes des compétences qui vont t’être utiles après dans ton projet entrepreneurial. Et c’était un des messages que je portais qui n’était effectivement pas si courant à l’époque, mais même aujourd’hui, il y a des gens qui n’ont pas compris, c’est que quand tu te lances dans un petit projet comme ça sur le web où tu vas commencer à créer du contenu communiqué, tu n’as pas besoin de beaucoup de ressources.

Romain Collignon : Non.

Olivier Roland : Tu peux faire ça à côté de ton boulot, de ton activité, de tes études. Et puis, cela te crée des compétences qui vont t’être utiles pour le reste de ta vie.

Romain Collignon : Compétences et mindset. Je pense que si je regarde, on verrait toutes mes aventures entrepreneuriales qu’on dessine de 3 à 6 ans. Il y a toujours ces compétences sur lesquelles tu apprends, et après, tu capitalises pour l’entreprise suivante. Donc ça, ce sont des compétences. Mais il y a aussi surtout le mindset, les changements. Ce blog-là m’a fait dire : oui, Romain, tu as une « expertise », tu peux la partager au monde. Donc, le regard des autres. J’ai travaillé à fond là-dessus. Genre j’ai ma première vidéo YouTube, tu regardes en 2009 et tu te dis, c’était… maintenant, faire des vidéos sur YouTube, là, on en fait, c’est…. est-ce que c’est mainstream ? Je ne sais pas encore. Mais à l’époque, j’étais terrorisé de faire ça.

Olivier Roland : C’est normal.

Romain Collignon : Mais du coup, quand tu deviens entrepreneur, tu es obligé de marketer ton message.

Olivier Roland : Tu as peur et tu le fais quand même.

Romain Collignon : Et tu le fais quand même ! Ouais, exactement. Donc, ce sont plus des leçons de mindset j’ai envie de te dire, qui m’ont après servi et accompagné dans la suite.

Olivier Roland : Donc, tu vois que tu n’as clairement pas gagné d’argent avec ce projet et tu t’inscris à Blogueur Pro quand même, ce qui est quand même un investissement même si tu avais un salaire et tout ça déjà.

Romain Collignon : C’était mon salaire mensuel, très clairement.

Olivier Roland : D’accord. Tu as mis un mois de salaire dans Blogueur Pro. Donc, c’est que tu te disais « OK, il faut que je passe la vitesse supérieure, il faut que je sois plus sérieux dans mon projet. » Et là, tu avais peut-être une vision aussi plus claire de ce que tu voulais faire. Tu voulais vraiment gagner de l’argent et être libre avec un business sur le web.

Romain Collignon : Oui, je pense que c’est ça. Je pense que le message que t’as clairement inspiré ces choix de… il y a 10 ans. Des Livres Pour Changer de Vie, oui, c’était du dev perso, à la fois aussi du business, mais il y avait toujours ce petit côté en filigrane de liberté.

Olivier Roland : Absolument. Et je l’ai toujours.

Romain Collignon : Que tu as toujours eu parce que c’est en toi. Et je pense que quand tu as lancé la formation, tu dis « oui, c’est le truc à faire ». Il paraît que c’était un saut de foi à l’époque de se dire d’investir sur moi-même, ce n’est pas le genre de truc qu’on avait appris à faire. Et très clairement, je savais que c’était…

Au départ, je pense que j’étais venu avec l’idée de monétiser justement ce blog sur le human beatbox, mais j’ai très vite compris, je pense, dès le premier cours que c’était mort, ce que je viens de t’expliquer.

Olivier Roland : Parce que les premiers cours, c’est l’étude de marché. On voit les potentiels économiques, oui, et tu te dis c’est mort.

Romain Collignon : Exactement. Et s’il y a bien un truc qu’on peut voir depuis le début cette interview où je dis « la physique, ça me passionnait parce que j’apprenais l’infiniment petit », le human beatbox est aussi un truc sur lequel j’apprenais, que j’aimais transmettre. Si tu veux, il y avait d’autres sujets sur lesquels… notamment la psychologie et le langage corporel, qui est un sujet qui me passionnait et pour lequel je dévorais des livres et ce genre de choses. Et au final, je me suis rendu compte, c’est peut-être cette niche-là sur laquelle je peux venir asseoir une expertise, créer des offres.

Et ça rentrait pile-poil avec ce que tu proposais avec Blogueur Pro à l’époque, et ce auquel finalement, ma première vraie aventure entrepreneuriale, celle qui m’a permis de quitter le salariat, c’était cette aventure-là. Donc, l’idée de ça, c’est une passion et un potentiel économique de la niche.

Olivier Roland : Oui.

Romain Collignon : Mais ça, tu vois, je l’ai appris après.

Olivier Roland : Très bien. Oui, d’accord, mais c’est le début de Blogueur Pro.

Romain Collignon : Oui.

Olivier Roland : Tu t’en rappelles encore 10 ans après. Tu as intégré cela dans les bases.

Romain Collignon : Oui, j’ai intégré. Mais après, sur le moment, tu ne conscientises pas. C’est après avec les expériences que tu conscientises tout cela. C’est ce qui me permet quand j’ai des conversations avec des personnes qui souhaitent se lancer dans l’entrepreneuriat, je vais direct voir sans décourager si, oui ou non, il y a un potentiel pour cette activité-là.

Olivier Roland : Et là, maintenant, on va plus loin dans Blogueur Pro puisqu’on parle même de l’Ikigai, tu sais. Donc, le potentiel économique, la passion, puis aussi la compétence et la mission de vie. Ce n’est pas forcément facile à trouver, mais en tout cas, on en parle.

Romain Collignon : On découvre.

Olivier Roland : On a un idéal à atteindre.

OK. Donc là, tu l’as dit, tu as pivoté sur le langage du corps. Mais déjà, on peut quand même noter ton ouverture d’esprit et le fait que tu es quand même très polymathe, c’est-à-dire que tu t’intéresses à des choses qui ne sont pas forcément connectées entre elles. C’est quelque chose que tu as toujours eu cela.

Romain Collignon : Sauf quand on voit les connexions.

Olivier Roland : Exactement. On a beaucoup de similarités là-dessus. On voit des connexions là où les gens ne les voient pas forcément. C’est une force d’ailleurs. Et toi, tu lis beaucoup, tu te formes beaucoup. Comment tu fais ? Oui, c’est ça.

Romain Collignon : Je bouffe du bouquin, du Kindle, du podcast, des formations toujours. Et à ce que j’ai pu constater en discutant avec d’autres entrepreneurs, c’est peut-être une des spécificités, c’est que je vais vraiment au bout des choses. C’est-à-dire, tu as combien de vidéos sur YouTube ?

Olivier Roland : Plus de 1800.

Romain Collignon : 1800. Tu vois, si je te découvrais maintenant, et si j’adhère aux messages, je serais capable de mentionner les 1800 vidéos.

Olivier Roland : Les 1800 vidéos ?

Romain Collignon : Il y a des gens comme ça que j’ai suivis pendant un an et demi, à écouter leur contenu des 10 dernières années en fois 2, parce que j’adhère à leurs messages. Donc, tu parlais des forces ; après coup, j’ai fait un test de connaître le Strengths Finder.

Olivier Roland : J’en parle au début de Blogueur Pro.

Romain Collignon : C’est tellement clé parce que si tu veux, si on assoit, on peut être passionné de quelque chose, mais si la façon dont on le propose et la façon dont on crée son business n’est pas aligné avec nos forces naturelles, c’est-à-dire ce pourquoi je ne sais pas si c’est de l’ADN, je ne sais pas si c’est de l’éducation, je ne sais pas d’où ça vient ? Mais moi, la première force, c’est le learner, c’est-à-dire je n’ai rien d’autre à faire, une île déserte, une bibliothèque, je peux rester 25 ans. Mais ça, ce n’est pas le cas de tous les entrepreneurs et je pense que c’est important aussi. Et c’est ce que tu expliques dans Blogueur Pro et dans les nouvelles versions, c’est comment articuler finalement son expertise et son business sur les choses sur lesquelles on a la force.

Donc learner, c’est le premier, et le deuxième, c’est connector. La deuxième chose, c’est juste de connecter tout ce que j’apprends et c’est une des valeurs maintenant de ce que l’on fait dans la boîte puisqu’on travaille avec les entrepreneurs, c’est juste de prendre toutes ces informations-là de structuration de boîte, de les connecter et les simplifier parce que cela fait partie de ma zone, on appelle cela zone de génie ou Ikigai, ces différents termes. Mais oui, quand tu regardes le parcours, on a fait 4, 5 ans de parcours. Ce sont des thèmes très, très variés. Mais au final, c’est un peu toujours le fait de capturer l’information, la structurer, la retransmettre. Et ça, tu peux regarder sur les 12 années ou 14 années d’entrepreneuriat, ça a toujours été un trait commun.

Olivier Roland : Donc tu démarres ton blog sur le langage du corps. Tu es toujours à l’ambassade à ce moment-là ?

Romain Collignon : Je crois que je suis en transition puisque j’ai fait 2 ans d’ambassade, et après, j’ai passé 2 ans pour une agence ministérielle de la Recherche à Paris. Donc finalement, j’ai travaillé 4 ans en dehors.

Olivier Roland : Tu n’as jamais été fonctionnaire, finalement.

Romain Collignon : Non, c’était des statuts un peu spécifiques.

Olivier Roland : Alors, cela fait quoi de bosser pour le gouvernement ?

Romain Collignon : Tu as vu la question piège ?

Olivier Roland : T’as le droit d’en dire du positif.

Romain Collignon : Oui. Non, mais j’ai le droit d’en dire du positif. Dans l’expérience quand j’étais jeune, c’était une super expérience et c’était une très belle carte de visite si je voulais continuer à faire carrière dedans.

Olivier Roland : D’accord.

Romain Collignon : Ce qui n’était pas le cas. Les inconvénients, et c’est là où je pense que j’ai été très rapidement frustré et c’est aussi pour ça que le blog sur le langage corporel qui m’a permis de créer ma première activité s’appelait « Le décodeur du non-verbal ». Et si tu veux, quand tu as une démarche entrepreneuriale, tu as envie de créer des choses, tu as envie de créer tout ça.

Cela m’a aussi montré que quand on est dans une structure comme ça, une agence ministérielle par exemple, ta créativité, si tu veux, tu n’as pas forcément l’occasion de l’exprimer. Donc, c’est plus d’une frustration.

Olivier Roland : C’est un peu trop processiser peut-être comme environnement.

Romain Collignon : Oui, processiser. Puis, tu vois, le côté…

Olivier Roland : Bureaucrate.

Romain Collignon : Oui, ça passait vite. Je me rappelle toujours de solutions logicielles qu’on utilisait qui étaient archaïques, et moi, ça me foutait dedans quand tu pouvais utiliser…

Olivier Roland : Dès que tu veux faire un changement, ça prend des plombs.

Romain Collignon : Disons que l’initiative individuelle existe très peu, très, très peu.

Olivier Roland : C’est un peu étouffant pour un entrepreneur quand même.

Romain Collignon : Mais oui, complètement. C’est pour ça, heureusement qu’il y a les side projects à côté.

Olivier Roland : Tu travailles quand même pas mal d’heures dans ton travail, non ?

Romain Collignon : Oui.

Olivier Roland : Comment tu fais pour passer du temps sur ton projet entrepreneurial ?

Romain Collignon : C’est un truc un peu que tu expliques, tu sais. Soit tu brûles les bateaux et tu construis ta boîte.

Olivier Roland : Que je ne recommande pas.

Romain Collignon : Voilà, soit tu fais en parallèle. Et je pense qu’à l’époque, mon aversion au risque, parce que je pense financier essentiellement, sur les choses qui étaient son taf, ce n’est pas évident avec le recul, il faut le faire tout de suite. Mais avec le recul, il y a des choses à prendre en compte. Du coup, j’ai développé ce blog et fait la première offre, le premier lancement… J’ai dû mettre 18 mois à le faire. C’est assez long, mais au moins, c’est bien structuré. Ça, c’est la première chose.

Et ensuite, je faisais, je ne sais pas, 9h à 18h, on va dire, c’est classique dans ce job-là, mais je me levais à 5h du mat pour bosser jusqu’à 9h. J’étais passionné et puis finalement, il faut aussi, je pense, mettre l’énergie pour ça.

Olivier Roland : Tu te couchais à quelle heure ?

Romain Collignon : Je ne dormais pas beaucoup à l’époque, je ne pense pas, parce que le midi, je travaillais aussi dessus. J’étais un peu le gars où tout le monde allait bouffer à la cafète, et moi, j’étais celui qui a bouffé vite fait à la cafète pour pouvoir taffer sur le temps de midi.

Olivier Roland : Tu n’avais pas d’enfant à l’époque ?

Romain Collignon : Non, je n’avais pas d’enfant.

Olivier Roland : OK. Donc là, on voit aussi ce qui a fait ton succès, tu es capable de sacrifier du plaisir à court terme pour des résultats à long terme. Ce que finalement, pas beaucoup de gens sont capables de faire.

Romain Collignon : Non.

Olivier Roland : C’est aussi une question de motivation.

Romain Collignon : Je ne crois pas dire d’où vient la motivation.

Olivier Roland : Se lever à 5h, ce n’est quand même pas à la portée de tout le monde.

Romain Collignon : Ouais, je le fais encore, je me lève assez tôt, et encore plus quand on a déjà des enfants maintenant parce que c’est le temps entre cinq et sept, tu peux avoir du temps pour toi avant que les enfants se réveillent.

Olivier Roland : Tu te levais à 5h, tu te mettais un bandana autour de la tête, un couteau entre les dents et tu bossais à fond pendant 2 heures et demie avant d’aller au boulot.

Romain Collignon : Oui, c’est ça. Je me rappelle très bien quand la première formation a été lancée. Toi, tu me conseilles de, c’est toujours le cas, de vendre avant d’avoir créé toute la formation ou faire le premier module.

Olivier Roland : Juste pour faire une parenthèse, le business modèle que j’enseigne dans Blogueur Pro, cela consiste surtout à vendre des formations. On peut aussi vendre des prestations de services ou des produits physiques, mais disons que les formations, ça a le gros avantage d’avoir une marge importante, de pouvoir scaler facilement et de pouvoir être vendu avant d’être créé et de manière complètement transparente et ouverte. Tu dis aux gens que c’est bêta, ou c’est en avant-première, ou prévente tout simplement.

Romain Collignon : Exactement. Du coup, j’avais vendu avant.

Olivier Roland : Donc, pendant 18 mois, tu te lèves à 5h du matin, tu bosses le matin avant d’aller au boulot et peut-être le soir aussi en rentrant ?

Romain Collignon : Oui, le soir.

Olivier Roland : Et tu as le temps de voir ta femme un peu, ou comment ça se passait ?

Romain Collignon : À l’époque, j’ai… Non, la première année, je ne la connaissais pas.

Olivier Roland : D’accord.

Romain Collignon : La deuxième année, c’est là où je l’ai rencontré. Ça fait 11 ans qu’on est ensemble.

Olivier Roland : Elle est célibataire ?

Romain Collignon : Exactement.

Olivier Roland : Et tu ne te faisais pas trop distraire par les amis, les soirées ?

Romain Collignon : Si, je pense encore.

Olivier Roland : L’envie de rencontrer justement quelqu’un.

Romain Collignon : Non, mais du coup, j’ai trouvé la bonne juste au moment. Bon…

Olivier Roland : D’accord.

Romain Collignon : Mais oui, distraire. Oui, clairement, ça c’est sûr. Ce que je vois, c’est que le travail était beaucoup plus intense quand justement la formation a dû être livrée, parce que tu fais le premier module en avance, mais après, chaque semaine, je devais délivrer le truc.

Olivier Roland : Oui. Alors, attends, tu fais ton lancement de produit. C’est aussi quelque chose que j’enseigne dans la formation. Tu avais fait combien de ventes à l’époque ?

Romain Collignon : C’était 3 000 € de chiffre d’affaires.

Olivier Roland : Donc, pour toi, c’était quoi ? Un an de salaire peut-être ?

Romain Collignon : Oui, c’est ça.

Olivier Roland : Un an de salaire en une semaine, avec 18 mois de travail.

Romain Collignon : Non, parce qu’à l’époque, je devais être payé genre net. À l’époque, tu ne sais plus entre… quand tu es entrepreneur, la TVA, tout ça, tu ne connais pas et puis le salaire net. Le salaire net, je vais être à 2 000 par mois. À l’intervalle, pour moi, cela faisait 24 000 par an là où j’étais et un lancement de 30 000.

Olivier Roland : Boum.

Romain Collignon : Oui. Ça fait boum.

Olivier Roland : Bah oui.

Romain Collignon : Ça fait boum quand tu vois…

Olivier Roland : Donc, tu as sauté au plafond, tu as fait péter le champagne ?

Romain Collignon : Oui, je pense, c’était beaucoup d’efforts. Tu connais ton premier lancement, c’est…

Olivier Roland : Oui, c’est énormément de travail.

Romain Collignon : Émotionnellement, beaucoup de travail…

Olivier Roland : C’est comme un mariage, en fait.

Romain Collignon : J’ai pris plus de plaisir au mariage quand même. Mais en tout cas, le chiffre qui a été fait, c’est que même là, je n’ai pas quitté mon job tout de suite. J’ai dû m’y mettre encore 9 mois jusqu’à temps de faire le deuxième lancement.

Olivier Roland : C’est normal parce que le premier lancement,

Romain Collignon : Il faut livrer

Olivier Roland : Tu dis, c’est peut-être oui. Déjà, tu dis que c’est peut-être la chance, c’est peut-être… on ne sait pas si ça va continuer. Tu avais besoin d’être assuré.

Donc, t’as dû créer la formation tout en continuant à alimenter ton blog et à faire ton…

Romain Collignon : C’est pour ça que ça, c’est dur.

Olivier Roland : Au bout d’un moment, tu…

Romain Collignon : Ouais, mais bon. Après, la première fois où ça arrive quand même, tu te dis « c’est possible ». Maintenant, est-ce que je peux réitérer effectivement ? Et je pense que je suis resté trop longtemps en me disant « j’aurais dû quitter dès le démarrage, avec le recul ». J’aurais eu beaucoup de temps, ça aurait été beaucoup plus vite.

Olivier Roland : Il y en a beaucoup qui se disent ça.

Romain Collignon : Oui.

Olivier Roland : Mais bon, au bout d’un moment, il y a eu aussi une déclaration psychologique, oui.

Romain Collignon : Du coup, c’est bien de leur dire parce que… oui. Avec le recul, c’est ça. Et là, c’est justement Lauriane, ma femme qui, à force de lui en parler, elle me disait « mais rien ne t’empêche de quitter ton job ». Donc, je l’ai quitté genre quelques mois plus tard. C’était la meilleure décision de ma vie. Maintenant, tu te retrouves seul, tu n’as plus de collègue, tu bosses de chez toi, tu te retrouves face à ton activité.

Olivier Roland : T’as infiniment plus d’heures du jour au lendemain.

Romain Collignon : Oui, exactement, beaucoup plus de responsabilités aussi. Mais je pense que j’avais fait pendant les mois et les années avant, et notamment à travers le parcours Blogueur Pro, mes armes, pour pouvoir enfin le faire tout seul. Parce qu’on peut et j’en connais qui restent indéfiniment avec leur job salarié qui est très bien payé, un peu cette prison dorée dont tu parles, et puis, ils ont leur business à côté, mais ils ne vont jamais pousser le business parce qu’ils gardent toujours leur salariat à côté. Après, je pense que ça marche pour certains.

Olivier Roland : Il y avait un infopreneur qui faisait plus d’un million par an et qui gardait son job parce qu’il avait peur. C’est dingue quand même.

Romain Collignon : Il était jardinier ?

Olivier Roland : Non, non. Je ne vais pas dire qui c’est, mais il avait un job très bien payé à plus de 10 000 € par mois, ce qui était quand même beaucoup moins que ce qu’il gagne avec sa boîte. Mais voilà, il se disait « c’est la sécurité de l’emploi ». Donc, il y a vraiment un mindset des fois qui… un état d’esprit qui peut accélérer ou freiner les choses. Mais ce n’est pas facile de faire le basculement.

Romain Collignon : Non, puis je disais jardinier parce que quelqu’un qui a besoin d’être en contact de la nature, il y a certains jobs où il y a des avantages, et en fait, on ne se voit pas non plus changer pour… on peut perdre aussi des avantages, mais cela dépend des gens.

Olivier Roland : Tu te retrouves avec un business qui fonctionne bien, tu n’es plus employé. Est-ce qu’à un moment, tu te dis « OK, j’ai atteint tous mes objectifs. Quelle est la prochaine étape ? ». Ou ça a coulé de source pour toi d’évoluer ?

Romain Collignon : Je pense que cela a toujours évolué. Là, on est 2011. Mon premier lancement, cela doit être septembre 2012. Jusqu’en 2016, j’ai développé pendant quatre années ce décodeur du non-verbal.

Olivier Roland : Donc, il faut même s’en rendre compte, quelle était la promesse de la formation ?

Romain Collignon : C’était décoder le langage du corps.

Olivier Roland : Et on peut dire quand même que ce n’est pas forcément le marché le plus porteur du monde.

Romain Collignon : Non, mais suffisant. En fait, c’est suffisant pour avoir une entreprise qui te permet de… en vrai, avec le recul, je pense que j’aurais pu, parce qu’à un moment donné, j’ai décidé. Pour la faire courte, on va peut-être revenir dessus, mais toutes les stratégies de marketing et de création de boîtes que j’ai développées pendant ces quatre années-là, à commencer en discutant avec d’autres entrepreneurs à intéresser d’autres entrepreneurs : on me demande comment tu as fait ça ? C’est ce que je partageais.

Sur le beatbox, j’ai appris à faire du WordPress. Décodeur du non-verbal, WordPress, j’étais déjà à l’aise, mais ça m’a permis de structurer ça pour créer un business. J’ai créé un business et j’ai développé tout un tas de formations, faire du lancement, faire du webinaire, faire des séquences emails, toute cette panoplie que t’as besoin notamment pour le business en ligne. Puis, à un moment donné, tu structures tellement ça, et là, merci mon côté ingénieur de structuration. Du coup, cela inspire d’autres entrepreneurs à faire la même chose. C’est pour cela qu’en 2016, j’ai un peu switché, et je me suis dit tout ce que j’ai pu développer sur le décodeur non-verbal, je peux aussi le partager, l’enseigner.

Olivier Roland : Donc, avant qu’on parle de ce nouveau business modèle qui est d’ailleurs aujourd’hui ton business principal, tu es arrivé à combien en chiffre d’affaires au maximum ?

business model chiffre d'affaires

Romain Collignon : C’était 120 000.

Olivier Roland : Ce qui est déjà beau, une petite entreprise sympathique. Tu travailles combien d’heures par semaine à peu près dedans ?

Romain Collignon : Trop.

Olivier Roland : Oui OK, trop.

Romain Collignon : À l’époque, trop. Parce que d’ailleurs, c’est quelque chose qu’on enseigne avec nos membres, c’est que dans ce domaine de l’infoprenariat ou de la formation en ligne, business en ligne, tu as un gap, j’ai le sentiment autour de 80 – 100 000 – 120 000. Tout seul, tu peux y arriver en mode au four et au moulin, tu fais tout, tu peux avoir quelqu’un qui t’assiste. Et à un moment donné, si tu veux juste doubler ton chiffre d’affaires, tu es obligé de faire les choses différemment. Tu es obligé de t’entourer, tu es obligé de processer. Je dis « obligé », je pense que c’est la façon qui a fonctionné pour moi et c’est ce qu’on partage.

Olivier Roland : C’est compliqué de scaler au-dessus de 100 000 sans cela.

Romain Collignon : Exactement.

Olivier Roland : Tu peux, mais bon.

Romain Collignon : Et en fait, tu ne le fais pas, parce que si tu imagines juste le fait d’avoir le double de clients et que tu fais par exemple du coaching, tu regardes ton agenda et tu dis « non, déjà que j’ai des semaines hyper remplies, doublées. » Tu t’autosabotes d’une certaine manière. Et donc, je pense que sur cette activité-là, il y a aussi une question de… c’est bien que tu parles de l’Ikigai, de pourquoi ? Mon pourquoi sur la thématique avait été égrené au fur à mesure des années. Je n’étais plus forcément intéressé par la thématique. Moi, ce qui m’intéressait, c’était de construire les systèmes derrière. Donc, on arrive sur le côté un peu ingénieur, le marketing…

Olivier Roland : Là, tes études t’ont aidé quand même dans ta carrière d’entrepreneur ?

Romain Collignon : Peut-être ma façon de penser, mais est-ce que je l’avais avant mes études ou pas ? Je ne sais pas. Ce qui est sûr dans mes études, c’est cette curiosité insatiable. Mais, tu vois…

Olivier Roland : Tu l’avais.

Romain Collignon : Mais ça, je l’avais déjà d’une certaine manière quand j’étais gamin.

Olivier Roland : Tu l’as eu sans tes études.

Romain Collignon : Peut-être, oui. Mais dans tous les cas, ce côté structure, je sais que ce qu’on vient chercher chez nous, c’est cette structuration. Et je pense que finalement, j’ai fait comme l’ingénieur parce que j’étais structuré, comme pas mal de gens qui sont un peu bons en maths ou en physique, il y a un petit côté

Olivier Roland : Carré.

Romain Collignon : Carré, moins créatif qu’un littéraire. Et pourtant, c’est bien d’être créatif quand on est entrepreneur.

Olivier Roland : Et donc, tu avais tous ces amis qui te demandaient « Mais Romain, comment tu fais ? C’est excellent. » et tu t’es dit « je vais commencer, je vais pivoter un peu ». Et tu en avais peut-être marre aussi du langage corporel ?

Romain Collignon : Oui, j’en avais marre. En fait, ce qui se passait, je me suis rendu compte que je passais beaucoup plus de temps dans les séminaires pour entrepreneurs que des séminaires, par exemple, sur la psychologie. Mes copains, mon réseau.

Olivier Roland : Parce que ça, c’est intéressant, parce que beaucoup de gens ne se rendent pas compte, mais quand vous créez une boîte, d’un seul coup, vous avez un deuxième métier. Vous avez le métier technique que vous aviez avant, parce que beaucoup de gens créent une boîte dans les compétences techniques qu’ils ont, qu’en général, ils ont développé en tant que salariés, même si ce n’est pas ton cas. Et après, vous avez aussi un autre métier, qui est celui de chef d’entreprise et qui demande de s’y connaître en stratégie, en management, en gestion de budget, en marketing, en publicité, en 1 milliard de choses, et du coup, on se retrouve à devoir s’éduquer à la fois dans la technique et puis dans le côté entrepreneurial. Donc, tu te retrouves au bout d’un moment finalement que tu es plus passionné par l’entrepreneuriat en tant que tel que par le sujet de ton entreprise.

Romain Collignon : Oui.

Olivier Roland : Intéressant.

Romain Collignon : Exactement. Et je pense que c’est cette flamme qui te… Être entrepreneur, c’est sur le long terme. Donc si tu perds cette flamme-là, et je pense, on le voit régulièrement, il y a des notions, il faut se réinventer. Toi, cela fait 10 ans que tu fais Blogueur Pro, tu es un des rares, tu vois, à pouvoir …

Olivier Roland : C’est vrai ?

Romain Collignon : Non, mais c’est vrai, à pouvoir pérenniser quelque chose comme ça autant avec la même passion.

Olivier Roland : Est-ce qu’il y a encore des formations des infopreneurs francophones d’il y a 10 ans qui existent ? Je ne crois pas.

Romain Collignon : Qui est autant de succès, je ne sais pas. Franchement.

Olivier Roland : Aux États-Unis, il y en a. Mais en France, en français ?

Romain Collignon : Non, mais je pense que, pourquoi ça fonctionne ? C’est quand justement, tu es sur ton Ikigai, de base. C’est peut-être une des chances que tu as eues toi, c’est de le trouver directement et d’avoir le courage de faire ça. Je pense que sur le décodeur du non-verbal, j’avais 70% de l’Ikigai, je n’en sais rien, mais je pense qu’il faut les 100%.

Olivier Roland : Tu vois, c’est intéressant, parce que tu dis « j’ai trouvé tout de suite », mais j’avais mon premier business qui a duré 10 ans et qui n’était pas mon Ikigai. Donc, tu vois, cela dépend comment tu vois les choses.

Romain Collignon : OK. Oui.

Olivier Roland : C’est ce que j’enseigne aujourd’hui, c’est que je dis toujours « l’Ikigai, c’est très bien. Il faut voir ça comme une sorte d’étoile du Nord qui va vous guider, mais si vous ne l’avez pas au début, ce n’est pas grave. » Parce qu’après, moi, j’avais, c’était le service informatique et puis le développement logiciel. Donc, passion oui, compétences oui, potentiel économique oui, mais est-ce que c’était ma mission de vie ? De faire en sorte que les gens sont bien meilleurs en informatique ? Pas vraiment, tu vois. Ce n’était pas vraiment un Ikigai, même s’il y avait quand même trois critères sur quatre. C’était peut-être la même chose pour toi.

Romain Collignon : C’est exactement ça.

Olivier Roland : Peut-être que tu te dis que les gens comprennent mieux le langage du corps, ce n’est pas ma mission de vie.

Romain Collignon : C’est exactement ça. Et je crois que c’est un peu la métaphore de l’oignon, c’est-à-dire que trouver son Ikigai, on a tendance à aller le chercher. En fait, je pensais plutôt, en fait, c’est déjà là et c’est juste de tester pour enlever les couches de l’oignon, pour arriver au centre. Donc, je pense qu’au final, l’Ikigai, il est là, on l’a en nous, il faut juste oser faire des choses, tester pour se dire « OK, c’est ça, mais pas tout à fait ça. C’est ça et pas tout à fait ça. ». Et là, je peux te dire que je suis sur mon Ikigai. Dans 25 ans, je sais, ce sera toujours la même chose. Mais ça, c’est venu des expériences.

Olivier Roland : Et j’ai réfléchi sur l’Ikigai et j’ai eu pas mal de discussions là-dessus. Je pense qu’il faudrait ajouter une dimension qui manque. Il faudrait faire un Ikigai 2.0 où tu rajoutes une dimension temporelle. Donc, temporelle à la fois dans la durée, sur les années, mais aussi en termes d’intensité par semaine. Parce que tu peux être passionné par exemple par le surf, mais si tu en fais 10h par semaine, tu vas être le plus heureux du monde, mais si tu en fais 30h, tu vas te tirer une balle. Et il y a cette dimension-là qui n’est pas assez discutée en fait.

Aujourd’hui, on en reparlera après, mais tu ne travailles plus. Tu disais que tu fais du 9- 18h, mais dans les faits, tu n’es pas non plus au four et au moulin. Tu es plutôt en mode stratège dans ta boîte et c’est peut-être ça aussi qui alimente ton Ikigai. On y reviendra après.

Romain Collignon : T’as eu chaud chaud. Je te préviens, je te ferai partir dessus.

Olivier Roland : OK. Donc, tu découvres que finalement, tu es plus intéressé par l’entrepreneuriat. Et alors, comment tu fais le pivot ?

Romain Collignon : Un peu naturellement.

Olivier Roland : Déjà, tu as une audience de gens intéressés par le langage du corps, qui étaient des entrepreneurs, donc il y a peut-être des gens là-dedans qui sont intéressés par ça, mais ce n’est pas non plus évident.

Romain Collignon : Je crois que le pivot, il s’est fait d’une certaine manière. Il fallait que je clôture cette histoire du décodeur non-verbal. Et ma façon de le clôturer, c’était de mettre une deadline et de me dire « j’automatise l’ensemble du processus de vente ». À l’époque, cela fonctionnait beaucoup sur le lancement de formation, qui fonctionne d’ailleurs toujours très, très bien, mais il y avait cette époque d’automatisation de funnels. Il commençait à y avoir des plateformes qui te permettaient.

Olivier Roland : Ces entonnoirs de vente.

Romain Collignon : Exactement, entonnoirs de vente. Et donc, j’ai tout automatisé. Et pour te dire, le décodeur a fonctionné pendant six années. On l’a arrêté il y a 2 mois de ça, tout simplement parce que si tu veux, en termes de ressources pour faire tourner le truc de SAV, au fur et à mesure, le chiffre d’affaires diminue quand tu ne mets pas d’énergie dedans.

Olivier Roland : Parce que tu ne crées pas de contenu ?

Romain Collignon : Depuis 6 ans, je ne créais plus rien.

Olivier Roland : OK, c’est très intéressant. Tu as vraiment laissé tomber le business complètement, à part que tu l’as automatisé en termes de processus de vente.

Romain Collignon : Oui, et de SAV derrière pour être sûr que…

Olivier Roland : T’as arrêté complètement la création de contenu ?

Romain Collignon : Oui, exactement.

Olivier Roland : Tu ne voulais pas prendre un rédacteur ou… ?

Romain Collignon : Non, après, c’est un coût d’opportunité parce que quand je suis passé sur l’autre sujet, notre énergie en tant qu’entrepreneur, notre focus, tu as l’énergie, tu as le focus, tu as l’argent et tu as le temps. Après, tu l’investis là où tu prends le plus de plaisir et puis là aussi sur l’entreprise qui te rapporte le plus dans tous les cas.

L’aventure d’après, rien que penser à lancer l’aventure du décodeur non-verbal, si tu veux, je me disais non, cela ne sert à rien. Je ne veux pas mettre de l’énergie là-dedans, parce que je ne voulais pas de futur pour cette entreprise-là. Et juste entretenir le truc, c’est ce que j’ai fait. On avait quelqu’un au SAV qui permettait de s’assurer que les clients soient toujours livrés.

Olivier Roland : OK. J’imagine juste le business modèle, parce que c’est la beauté d’un business basé sur un blog, c’est que tu as du trafic qui arrive en permanence. Il y a une vraie inertie, ce qui est casse-pied au début parce que c’est long, mais ce qui est bien après, c’est quand tu lâches la pédale d’accélérateur, cela met très longtemps avant d’arriver à zéro, voire cela n’arrive jamais. Mon blog « Technosmart », le dernier article, ça a été publié en 2008, il a encore 2 à 3000 visites par mois aujourd’hui. C’est incroyable.

Romain Collignon : Oui, c’est un asset.

Olivier Roland : Oui, c’est un vrai asset, donc un actif, comme on dit.

Romain Collignon : Pardon.

Olivier Roland : On parle comme Van Damme tous les deux, donc on se comprend. Comme tu as des leads, donc des gens qui s’inscrivent à la mailing liste qui arrivent en permanence de manière automatique et gratuite, en fait, tu as juste besoin d’automatiser la séquence derrière quand les gens arrivent pour vendre automatiquement. Et donc, ça, c’est très intéressant que tu aies fait cela, t’as eu quoi comme chiffre d’affaires sur les six dernières années alors de ton blog ?

Romain Collignon : Ça a diminué, je pense que sur la…

Olivier Roland : C’est normal. Vu que tu ne crées pas de contenu, le trafic finit par descendre.

Romain Collignon : Dans son apogée, c’était 120 000. Je ne sais pas, sur la fin, il devait être à 20, 30 000.

Olivier Roland : Mais en faisant zéro effort.

Romain Collignon : Oui, mais du coup, il y avait quand même des coûts derrière.

Olivier Roland : D’accord. Le gars qui gère le SAV quoi.

Romain Collignon : Oui, puis tu vois, zéro effort et on parle de SEO, c’est bien beau, mais les algorithmes, ils changent quand même aussi. Donc, il faut quand même mettre encore les mains dans le cambouis pour… de manière marginale, je suis d’accord, mais moi, je n’avais pas envie.

Olivier Roland : Disons que ça change moins que les algorithmes de Facebook, Instagram et tout ça. Mais c’est vrai que ça change, oui. Il faut mettre à jour un peu le contenu.

Romain Collignon : Exactement. Et moi, je n’ai pas l’énergie de le faire.

Olivier Roland : Tu ne voulais pas t’embêter avec cela ?

Romain Collignon : Non, non, parce qu’en fait, ce qui se passe, c’est que quand tu étais sur une activité et que tu as l’impression d’avoir atteint une espèce de plafond, et que tu ne vois pas le futur pour cette activité, toi, tu es déjà parti ailleurs. Nous, on est comme ça.

Olivier Roland : C’est même frustrant quoi.

Romain Collignon : Quand tu repasses dans une Ferrari et puis que tu avais ta Clio avant.

Olivier Roland : Je me rappelle quand j’ai commencé à cartonner sur le web, j’avais encore ma boîte de prestation informatique. Quand j’allais chez les clients, je pétais un câble parce que je me dis « je suis en train de perdre du temps, alors qu’il y a mon business qui cartonne qui m’attend. »

Romain Collignon : Oui, exactement. Il faut faire ce choix. Ce n’est pas forcément évident. Il faut des fois faire une… La meilleure façon que j’ai pu avoir pour tirer un trait sur des aventures passées, c’est d’extraire ce que j’avais appris. Et notamment sur le décodeur du non-verbal, j’ai extrait mon réseau parce que j’avais développé un réseau d’entrepreneurs qui m’a servi pour l’aventure d’après, une reconnaissance sur certaines thématiques comme l’automatisation, ce côté qui m’a servi à faire ce switch. Après, le reste, OK, je vais automatiser, je pense que j’avais terminé cette histoire-là. Et pour moi, c’est un peu ça l’entrepreneuriat, c’est un peu des histoires sur lesquelles tu capitalises si tu arrives à extraire justement ce que tu peux apprendre de chaque histoire.

Olivier Roland : Absolument. Tu peux utiliser, en fait, la fondation que t’as créée dans ton business d’avant comme propulsion pour aller plus vite.

Romain Collignon : Oui.

Olivier Roland : C’est comme un mécanisme, tu es ingénieur, avec des taquets, tu sais que tu ne peux pas…

Romain Collignon : Tu ne peux pas revenir en arrière.

Olivier Roland : Tu ne peux pas revenir en arrière, exactement. Tu peux, mais disons que le risque est beaucoup plus faible.

Romain Collignon : Et soit on gagne, soit on apprend. C’est pour ça que c’est aussi un truc qu’on enseigne avec nos membres, c’est que, fais, et au pire, si tu ne gagnes pas, c’est OK, est-ce que tu auras appris ? Et reproduis la même expérience avec l’apprentissage.

Olivier Roland : Donc, on est en 2016. Là, tu prends conscience que l’entrepreneuriat, c’est plus pour toi. Tu automatises tout à ce moment-là dans ton premier business ?

Romain Collignon : Oui, c’était fin 2015, du coup.

Olivier Roland : Fin 2015. Et comment tu fais pour faire tes premières offres ?

Romain Collignon : Ça a été très vite la suite.

Olivier Roland : Tu te dis «Je vais aider les gens ». C’est quoi la promesse ? Je vais aider les gens à structurer leur activité.

Romain Collignon : En fait, la promesse, c’est une des valeurs qui n’était pas nourrie à l’époque, c’est de la valeur de communauté. On parlait du Strengths Finder, tu dois en avoir deux en stratégiques : un en exécution et 2 en relationnel. Et malgré le fait d’avoir ce business en ligne, j’étais relativement seul, je me sentais seul. Et on parlait de salariat tout à l’heure, il y a quand même ce côté connexion que j’avais complètement perdu et je me rendais compte au-delà des pronostics business que la plupart des entrepreneurs aussi se sentaient seuls.

Olivier Roland : C’est vrai.

Romain Collignon : Et c’est toujours le cas, si tu veux. À mon sens, c’est un besoin qui malgré toute la technologie qu’on peut avoir, doit être nourri par du physique, passer de bons moments ensemble.

Donc, la démarche a été relativement simple. C’est que j’ai ouvert un groupe Facebook, alors oui, encore en ligne, où j’ai invité mes 40 potes entrepreneurs avec qui j’avais pu interagir et leur dire « écoutez, moi, j’ai juste partagé sur ce groupe Facebook ce que j’ai appris, mon expérience du décodeur du non-verbal. Si ça vous parle, venez, on échange là-dessus. » Et ce groupe a été vraiment l’étincelle qui a lancé toute la suite. Dans une démarche un peu comme le blogging de partage, sauf que c’était sur une autre plateforme avec une approche un peu plus communautaire. Et je me rappelle avoir organisé des dîners avec les gens du groupe. Et au final, je me suis rendu compte…

Olivier Roland : C’était gratuit là, ce n’était pas un business.

Romain Collignon : Oui. Alors, chacun payait son repas à l’époque. Ce n’est plus le cas, mais exactement, de partage. Et finalement, j’ai eu des demandes de coaching. C’est parti sur du coaching classique.

faire du coaching classique en one to one

Olivier Roland : En one to one.

Romain Collignon : Oui, en one-one.

Olivier Roland : Pourtant, tu étais quand même dans un business modèle où c’est un peu l’ante-crise, c’est-à-dire que tu étais censé échanger ton temps contre de l’argent. Cela ne t’embêtait pas de démarrer par ça ? Tu te dis « c’est un pied à l’étrier ».

Romain Collignon : Oui, c’est un pied à l’étrier. Un, les marges n’étaient pas du tout les mêmes, facturer du B to B business et du B to C. Ma tréso, elle est montée d’un coup dans cette première année-là. Et deux, avec le recul…

Olivier Roland : Tu facturais combien le coaching ?

Romain Collignon : Le mensuel, c’était 2 000 par mois.

Olivier Roland : Pourquoi aussi peu ?

Romain Collignon : C’était vraiment stratégique. On allait voir les funnels, tout ce qui était construit.

Olivier Roland : Non, mais tu avais un certain nombre d’heures de…

Romain Collignon : Je ne sais plus, mais c’était peut-être un call par semaine.

Olivier Roland : D’accord, donc 1h par semaine ou 4h.

Romain Collignon : Ouais, quelque chose comme ça.

Olivier Roland : Qui était à 500 € de l’heure, grosso modo.

Romain Collignon : À peu près. Après, je sais que je débordais, mais oui, j’étais mieux payé qu’un avocat à l’heure. Remarque qu’on m’avait fait, mais en même temps derrière… Et en fait, ce qui s’est passé quand je faisais ça, c’est que oui, ce n’était pas Jean-Claude sustainable. En français, ce n’était pas viable sur le long terme. Et par contre, cela a eu des avantages. Un, c’est que j’ai pu commencer à avoir des patterns dans toutes les personnes à qui je faisais du coaching, donc des schémas récurrents qui m’ont énormément servi après à justement pouvoir peu importe. Donc, je travaillais essentiellement, maintenant, cela change, mais avec des entrepreneurs qui ont cette expertise, qui veulent aussi digitaliser l’étape après Blogueur Pro, on va dire. Et de voir qu’en fait, ils avaient tous les mêmes problématiques et juste de voir cela sous différents angles, cela te permet de voir des structures sur lesquelles tu peux faire passer tout le monde par le même processus. Donc, cet apprentissage en one-one m’a vraiment appris des choses que, moi, j’avais déjà mises en place au décodeur non-verbal, que du coup, je voyais les mêmes schémas sur d’autres niches, et au bout d’un moment, tu as l’impression d’avoir décodé la matrice. C’est vraiment ce qui s’est passé.

Olivier Roland : Tu vois les tendances générales des problèmes des gens et tu sais que tu peux proposer une formation, un produit, un service qui cadre ça.

Romain Collignon : C’est ce qui s’est passé, ce qui s’est passé derrière. Ça, c’est le premier enseignement. Et le deuxième enseignement.

Olivier Roland : D’ailleurs, maintenant dans le Blogueur Pro 2.0 si tu n’avais pas dans la version que tu as eu toi, mais je recommande de faire du coaching au début exactement pour cela, parce que c’est une excellente manière de faire une étude de marché, en plus, en étant payé pour cela, parce que tu es en contact direct avec les problèmes de la réalité du terrain.

Romain Collignon : Exactement. Je pense que c’est le moment où c’est vrai qu’on essaye de dissocier l’argent qui est généré par la boîte du temps qu’on y passe. Mais dans les premiers mois, les premières années, franchement, il faut y aller, il faut prendre son téléphone.

Olivier Roland : Mettre le couteau entre les dents.

Romain Collignon : Oui.

Olivier Roland : Ça, c’est un objectif à moyen terme.

Romain Collignon : Oui.

Olivier Roland : Mais au début, je suis d’accord avec toi. Donc, tu as acquis, tu absorbes tout ce savoir.

Romain Collignon : Ça, c’est le premier avantage. Le deuxième, c’est que je me rends compte que ce que je raconte à untel, je pourrais le raconter à la deuxième personne que j’ai dans l’après-midi. Et surtout je me dis, ces deux personnes-là, elles devraient parler entre elles. Et c’est là où commencent à émerger ces notions de connexion, de communauté et de professionnalisation. Nous accompagnons à travers ce qu’on appelle un mastermind, tout simplement mettre des personnes intelligentes.

Olivier Roland : Cerveau collectif.

Romain Collignon : Cerveau collectif. Oui, mettre des personnes qui sont intelligentes dans une même pièce et j’aime bien dire les rendre plus intelligentes. L’idée, ce n’est pas d’être le plus intelligent d’une pièce, mais c’est vraiment que tout le monde à travers ce cerveau collectif avance. Et c’est là où j’ai eu ce déclic-là en 2016-2017 justement, où j’arrête le one-one. J’arrête… Ce n’est pas que j’arrête, c’est juste, je transforme. J’ai certains clients, je leur dis « écoutez, là, je vais terminer cet accompagnement individualisé. Juillet, là dans 2 mois, je lance le mastermind. Voici la promesse, voici le type de personnes qu’il y a aura dedans. Est-ce que tu embarques ou tu n’embarques pas ? »

Et en fait, aujourd’hui, on a trois programmes d’accompagnement qui sont des masterminds dans lesquels tu as le contenu, puisque le contenu un petit peu classique d’avancement de l’entreprise, de structuration… c’est toujours le même, peu importe la boîte.

Olivier Roland : Ça, c’est sous forme d’une formation en ligne.

Romain Collignon : Tout en ligne, oui. Tout est digitalisé en ligne sur des plateformes. Tu as ce que j’appelle les trois C : Contenu, Coaching, Communauté.

Donc, le contenu digitalisé, asynchrone. Une fois que tu l’as tourné.

Olivier Roland : Il est là.

Romain Collignon : Il est là. D’ailleurs, j’avais tourné via des clients, via des immersions, donc…

Olivier Roland : En plus, c’est vraiment, voilà. C’est le coaching quoi.

Romain Collignon : Exactement, coaching. Donc, c’est aussi comment tu remets des gens en action par rapport au contenu. Au démarrage, c’était moi. Maintenant, ce n’est plus moi qui le fais. Et troisième, c’est la communauté qui est vraiment l’effet de levier, où derrière, quand tu mets les bonnes personnes qui ont les mêmes problématiques.

Olivier Roland : Cela peut faire des étincelles, oui.

Romain Collignon : Oui. Tu as un effet de levier qui est juste énorme, notamment quand tu crées cet aspect et donc j’ai le sentiment qu’on a réussi, qu’on a développé une espèce de marque de fabrique comme ça autour du mastermind et ces programmes trois C qui, aujourd’hui, va nourrir à la fois les gens qui veulent travailler en asynchrone, donc ils font de la formation en ligne, mais s’ils ont besoin du petit côté humain, ils mettent le coaching dessus. Ça, ce sont les deux C. Et puis, ils ont vraiment cette envie de rassembler, fédérateur. Et on voit beaucoup dans nos communautés, tu mets le troisième C, communauté, qui pour moi fait un accompagnement le plus complet que possible. Et d’ailleurs, Blogueur Pro, au démarrage, ce n’était que de la formation, tu mettais du coaching.

Olivier Roland : Oui, du coaching collectif tous les mois.

Romain Collignon : Exactement. Et après, tu as consacré des petits groupes aussi. Après, il y a eu les événements aussi que tu as organisés.

Olivier Roland : Absolument. Puis, maintenant, il y a un groupe Facebook, tout ça. Et on va peut-être proposer de l’accompagnement plus individuel. Mais ça, ce n’est pas le sujet.

Romain Collignon : Ce n’est pas le sujet, mais ça peut aider tout le monde.

Olivier Roland : Et donc aujourd’hui, c’est ton business principal. Donc, tu arrêtais « Décodeur du non-verbal », il y a 2 mois. C’est assez important ça.

Romain Collignon : Oui, c’est-à-dire, j’ai juste coupé les pages de vente.

Olivier Roland : Moi, je pensais que tu avais déjà coupé depuis un moment.

Romain Collignon : Non, non, non. Après, il y avait une certaine fierté de me dire, et je ne sais pas si c’est un côté ego, mais je veux dire, si j’enseigne quelque chose, je dois être en mesure de prouver que ça fonctionne.

Olivier Roland : Oui. Et tu ne veux pas boucler, parce que moi, j’ai toujours voulu… j’ai toujours évité de boucler, c’est-à-dire que je ne veux pas gagner de l’argent en expliquant comment je gagne de l’argent. Tu vois ce que je veux dire ? Je veux toujours pouvoir m’appuyer sur un projet antérieur qui n’était pas ce que j’enseigne. Dans Blogueur Pro, je m’appuyais sur mon premier lancement Agir & Réussir qui était une formation complètement différente, sur comment créer un business normal physique, puisque c’était mon expérience première.

Romain Collignon : Et Agir & Réussir, c’était sur ton expérience.

Olivier Roland : D’entrepreneur pendant ma première entreprise, exactement. Parce que je trouve que c’est plus éthique et plus pertinent pour les gens.

Romain Collignon : Et après, je pense, il faut être aussi clair que ce sont des aventures entrepreneuriales, et qu’à un moment donné, il faut aussi pouvoir, que tu aies des projets, ou après, quand on a une certaine traction sur le projet, c’est plus juste de mettre quelqu’un qui le gère tout simplement. Mais la maturité du décodeur du non-verbal n’était pas assez avancée en termes de structuration, de process d’équipe pour me dire je peux me détacher complètement de ce projet-là pour créer le prochain. Je pense que c’est aussi cela. C’est un peu ce stade où on peut se dire « ce business fonctionne, c’est une muse et je peux passer à autre chose ».

Olivier Roland : Alors, une muse, pour ceux qui ne connaissent pas, cela a été popularisé par Tim Ferriss dans le livre « La semaine de 4 heures ». C’est en gros une entreprise qui est complètement automatisée et qui vous permet de faire ce que vous voulez : boire des mojitos à la plage, ou développer un autre business, ou faire ce que vous voulez. Là, c’est vrai que le décodeur du non-verbal, c’était une muse complète.

Romain Collignon : C’était une muse. Exactement.

Olivier Roland : Tu pourrais en faire un produit d’ailleurs : comment avoir une muse?

Romain Collignon : Oui. Je pourrais.

Olivier Roland : Petite idée, voilà.

Romain Collignon : Est-ce que ça serait sur mon Ikigai ? Je ne suis pas sûr.

Olivier Roland : Oui, peut-être pas. D’ailleurs, on va revenir sur cette Ikigai sur lequel tu étais chaud, mais d’abord, aujourd’hui, ton entreprise, tu sais combien de personnes, vous êtes combien dans l’équipe ?

Romain Collignon : Une quinzaine de collaborateurs.

Olivier Roland : Et tu peux partager ton chiffre d’affaires ?

Romain Collignon : Oui, là, on a terminé à 1,5 million cette année.

Olivier Roland : Donc, c’est que tu as fait plus que x10 par rapport à « Décodeur du non-verbal ». Et là, tu es motivé pour continuer à scaler comme ça. On en parlait un peu avant cette interview, c’est quoi les projets pour… dans 5 ans, tu es où en chiffre d’affaires ?

décodeur du non verbal chiffres dans 5 ans

Romain Collignon : Ce n’est même pas forcément une question de chiffre d’affaires parce qu’aujourd’hui, on est tellement animé par ce que l’on fait, et finalement, ça représente… sur tous les programmes, on doit avoir entre 80 et 100 membres, si tu veux. Mais quand je me dis, le besoin qu’on est en train de nourrir chez les entrepreneurs, on pourrait facilement en avoir fois 10 de ça. Après, est-ce que tu fais fois 10 en chiffre d’affaires ? Ça, je n’en sais rien. Ce n’est pas forcément ce qu’elle nous guidait. Mais dans tous les cas, on est en mesure de pouvoir dupliquer.

On est encore dans ce schéma de : on a réussi à mettre quelque chose, des process en place, des équipes en place qui nous permettent de prendre cette capacité qu’on a développée, et après, la dupliquer pour la prochaine aventure.

Donc là, on est dans la prochaine aventure. Sauf que cette aventure-là du mastermind, elle existe, elle est structurée et on va encore être là dans 25 ans sur ces sujets-là. C’est juste qu’on va commencer à étendre finalement notre offre et puis les personnes à qui on peut le proposer. Ça, c’est la suite, mais peut-être qu’il va pouvoir aider. Et je le vois avec nos membres, c’est que la vision que je peux avoir de ce business-là, dans 25 ans, je sais que je ferai toujours la même chose.

Et je pense que c’est clé, c’est qu’on ne peut pas s’imaginer faire un fois 10 ou ce que tu veux, si derrière, intrinsèquement, tu n’es pas animé avec le feu sacré là-dessus. J’ai même une vision de la veille de ma mort, de me dire : Où est-ce que je vais être ? Comment je vais être entouré ? Comment ça va se passer ? Et finalement, je me rends compte que c’est juste peut-être un fois 100 de ce que je fais aujourd’hui, en termes d’intensité, en termes de relation de qualité, en termes de plein de choses. Et je suis très, très clair dessus. Est-ce que ça va changer d’ici là? Peut-être. Mais mon avenir me plaît beaucoup parce qu’on parlait d’Ikigai et on va peut-être pouvoir y revenir.

Olivier Roland : Tu te sens impatient de revenir sur le sujet.

Romain Collignon : On va peut-être revenir dessus, mais il y a ce concept aussi qu’on appelle la zone de génie qui est corrélée. Et quand tu disais, est-ce que tu peux faire 10h, je ne sais plus de quoi de… c’était de sport ou 30h de sport, de surf ? Voilà. Moi, je sais qu’il y a des choses sur lesquelles, c’est ma zone de génie. C’est-à-dire que je fais ça toute la journée, voire même toute une semaine. Tu me mets, je t’en parlais tout à l’heure, avec une mindmap, à structurer des idées, où tu me mets avec des entrepreneurs au sein d’un mastermind, je peux faire ça tout le temps jusqu’à 24, jusqu’à minuit, 2h, 4h et à 5h, 7h, être debout et renchaîner comme ça.

Olivier Roland : Tu peux faire ça pendant combien de temps ?

Romain Collignon : Ça, je n’en sais rien, mais parce que cela m’apporte beaucoup d’énergie. Alors, pour certaines personnes.

Olivier Roland : Tu définis ta zone de génie comme du travail qui te donne de l’énergie.

Romain Collignon : Exactement. Et ça, c’est la différence avec la zone d’excellence où les autres me perçoivent comme excellent. Sauf que si tu fais ça toute la journée, par exemple, moi, le copywriting, écrire, c’est quelque chose pour lequel je suis excellent. Mais si je fais cela toute la journée, mon énergie, elle va baisser.

Olivier Roland : Intéressant. Donc, le copywriting, c’est l’art d’écrire pour vendre ou de créer du texte qui motive les gens à acheter ou à faire une action.

Romain Collignon : Tout à fait.

Olivier Roland : C’est intéressant. Ça me rappelle un peu cette définition qui sépare les introvertis des extravertis, tu la connais, qui est que les introvertis rechargent leur batterie quand ils sont seuls. Les extravertis, c’est l’inverse, ils rechargent leur batterie quand ils sont avec des gens. Et on peut avoir des introvertis qui ne sont pas du tout timides, qui sont très sociables, qui adorent aller dans les soirées, mais ils ont absolument besoin d’être tout seuls de temps en temps, sinon ils pètent des câbles et c’est mon cas.

Et là, c’est très intéressant cette idée d’énergie. Donc, tu te retrouvais dans ta zone de génie quand tu donnes de l’énergie. OK. Donc, aujourd’hui, c’est…

Romain Collignon : Et c’est ce que je vis aujourd’hui. Quand je suis en mastermind avec des entrepreneurs, je pense que je suis plus introverti qu’extraverti, mais je me recharge dans des petits groupes, des petits cocons, ce genre de choses. C’est ce que j’ai créé. Et j’aime bien faire cela aussi quand on bouffe bien. Alors ça, c’est un truc que je n’ai pas dit du tout, mais pourquoi je réalisais des dîners ? C’est que j’adore bien, bien manger. Finalement, le business modèle qu’on a aujourd’hui nous permet d’être dans des lieux toujours très inspirants, avec des gens inspirants et avec de la bouffe inspirante. C’est un petit aparté, mais je pense que c’est hyper important parce que…

Olivier Roland : Il faut savoir joindre l’utile et l’agréable.

Romain Collignon : Exactement. Il faut que ton business modèle et la façon dont tu le livres viennent nourrir qui tu es personnellement. Ce n’est pas un équilibre pro-perso, c’est une intégration entre ton pro-perso, c’est Tony Robbins qui en parle. Je pense très honnêtement que le business modèle aujourd’hui que l’on a, la façon dont on le délivre est complètement intégrée à qui je suis personnellement.

Olivier Roland : Et puis, c’est cela aussi l’avantage de se créer un business, c’est qu’on peut se créer sa propre réalité. Donc, autant mettre des choses qui nous plaisent.

Romain Collignon : Il faut le faire. Puisque des fois aussi, je pense, on ne s’autorise pas à le faire, par convention sociale, par je n’en sais rien, mais c’est le… si, ça vient, s’il y a un potentiel économique vraiment développement business, il faut vraiment le faire, il faut vraiment s’autoriser à le faire. Les membres qui ont le plus de succès, c’est ceux qui sont eux-mêmes, mais c’est non négociable quoi.

Olivier Roland : Donc, on a cette idée d’énergie dans la zone de génie. Mais pour revenir à l’Ikigai, cette notion de temps, tout à l’heure, cela t’a interpellé puisque tu veux développer quelque chose par rapport à ça peut-être ?

Romain Collignon : Je l’ai déjà développé.

Olivier Roland : OK. Non, mais je ne sais pas, tu as parlé d’énergie plutôt que de temps, mais OK.

Romain Collignon : Oui. Énergie, si tu veux, c’est quelque chose sur laquelle je suis intransigeant. Dites comme ça, c’est assez bizarre, mais les membres avec qui on travaille, on les fait toujours passer par un processus de double fit, il faut que nos programmes soient bons pour eux et que eux aussi soient bons pour nos programmes. Et un des critères majeurs, c’est, est-ce qu’à la fin de cet appel, cet entretien, on a plus d’énergie qu’au démarrage de l’entretien ?

Olivier Roland : C’est intéressant ça.

Romain Collignon : Et on base tout là-dessus, c’est-à-dire que tous nos membres, si ce n’est pas le cas, en fait, c’est mort ou ce n’est pas pour tout de suite. Quand on recrute des membres de l’équipe, c’est exactement la même chose, c’est un de nos critères et c’est même, du coup, une de nos valeurs cœur de boîte, qu’on appelle covalue en anglais, c’est de l’énergie dans chacune des interactions. Je peux te dire une chose, à la fin de cette interview, j’aurais beaucoup plus d’énergie qu’au démarrage de l’interview.

Olivier Roland : D’accord.

Romain Collignon : Donc, pour moi, c’est un critère que je suis sur la bonne voie, que je suis sur mon X ou je suis sur mon Ikigai.

Olivier Roland : Un de tes mentors, c’est Dan Sullivan. Est-ce que c’est quelque chose qu’il partage ? Je trouve cela intéressant, je n’avais pas vu ça ailleurs. Tony Robbins parle de pas mal d’énergie quand même, mais tu te rappelles un peu ?

Romain Collignon : Je ne pourrais pas te dire d’où ça vient, mais au final, quand tu regardes cette notion d’énergie, c’est l’intuition. Quand tu écoutes l’intuition, généralement, quand ça ne va pas. C’est quand il y a un doute, il n’y a pas de doute, ton énergie baisse. Et si tu veux, pour moi, c’est un critère qui est assez simple à suivre. Quand tu t’écoutes, tu dis « est-ce que j’ai plus d’énergie ou non avec telle ou telle personne ? » Et maintenant, cela guide tous mes choix, mais vraiment tous mes choix.

Olivier Roland : Donc, quelqu’un qui t’inspire l’énergie, c’est…

Romain Collignon : Oui, si je sens que l’énergie va être… Des fois, tu peux être coincé, mais tu ne vas pas reproduire l’expérience avec cette personne-là. On a dans l’équipe maintenant un bon détecteur à ça.

Mais je pense que cela crée aussi de la valeur pour nos programmes, parce que quand on sait, quand il y a quelqu’un qui vient dans un mastermind, il sait que naturellement, cela va être un écosystème, parce que ça, c’est important dans la communauté. Quand tu te retrouves dans un groupe, il suffit qu’il y ait une personne qui soit down, ça te flingue le groupe.

Olivier Roland : Absolument. C’est vraiment le ver dans la pomme.

Romain Collignon : Exactement. Donc, on essaye d’avoir des pommes bien mûres et pleines d’énergie.

Olivier Roland : Et donc, tu fais des appels en Zoom pour aussi voir le langage comme moi. Tu utilises un petit peu ce….

Romain Collignon : Je pense que maintenant, c’est un peu inné, c’est un peu intuitif. Mais rien que dans la voix déjà, tu le sais. Tu le sais si ça va fiter ou pas, d’un point de vue énergétique.

Olivier Roland : Et tu dis qu’aujourd’hui, tu travailles toujours de 9h à 18h, pour commencer l’interview comme ça, mais que ta zone de génie, c’est quand tu es dans les groupes. Du coup, cela veut dire que tu passes l’essentiel de ton temps hors de ta zone de génie ou qu’est-ce que tu fais pendant tout ce temps de 9h-18h ?

Romain Collignon : Écoute, il y a de la stratégie. Et la stratégie, c’est quoi ? C’est organiser des idées pour reconstruire le futur.

Olivier Roland : Ça, ça t’excite.

Romain Collignon : Carrément.

Olivier Roland : On le sent avec tes… oui.

Romain Collignon : Il y a ça. Il y a le partage du temps avec l’équipe. Mais comme l’équipe me met en énergie, je passe un super moment aussi parce que c’est l’équipe qui implémente aussi la vision, la stratégie. Il va y avoir aussi des moments. Alors, on fait beaucoup d’événements. Chaque mois, on a quasiment un événement.

Olivier Roland : Qui dure combien de temps ?

Romain Collignon : C’est de un jour à trois jours, dans lequel je suis dans ma zone de génie, parce que c’est de la livraison, enfin de la livraison de programmes.

Olivier Roland : Là, c’est ton équipe qui s’occupe de toute la logistique. Toi, tu n’as rien à faire.

Romain Collignon : Moi, j’ai envie de dire, je suis le program designer. Je vais voir quelles sont les sessions, comment on va les articuler, ce genre de choses. Mais après, tout ce qui est événementiel, on a quelqu’un, Amandine, dans l’équipe qui chapeaute tout ça. En gros, quand j’arrive, je dis, c’est la blague, « je suis Lady Gaga, je veux juste faire mon concert ». Non, mais c’est la blague.

Olivier Roland : OK.

Romain Collignon : Mais je veux juste faire mon concert et tout est organisé pour les membres.

Et qu’est-ce que je vais pouvoir faire d’autre ? C’est me former énormément aussi, passer du temps dans le marketing encore. Mais finalement, le marketing, est-ce que je fais tout ou non ? Je vais structurer le marketing. Eh oui, je fais un 9h-18h.

Olivier Roland : Est-ce que tu te forces à faire ça ou tu te dis c’est important pour moi de faire du 9h-18H ?

Romain Collignon : Non, quand je dis 9h-18h, je vais trois fois par semaine à la salle de sport, entre midi et deux. En fait, quand je dis 9h-18h, c’est cela qui est assez marrant, c’est que tu pourrais te dire « Moi, ma liberté, je la trouve dans la structure. » Donc, il faut quand même que j’aie une structure, surtout quand tu as des enfants et toi, tu as un planning aussi personnel.

Olivier Roland : Tu as combien d’enfants aujourd’hui ?

Romain Collignon : J’ai deux enfants : Sasha a 3 ans, et Zoé, elle a 8 mois. Donc, si tu veux, ce sont des enfants en bas âge et tu es obligé de structurer ta vie perso et ta vie pro.

Olivier Roland : Et ta femme, elle travaille ?

Romain Collignon : Oui, et elle travaille plus que moi, elle adore aussi ce qu’elle fait. Du coup, on a des vies très actives, mais c’est vraiment parce que des fois, quand je parle de structures, surtout pour les gens qui sont dans la liberté, ils se disent « Ah ! Je n’ai pas de structure. » Mais pour moi, je trouve de la liberté dans la structure. Sans cela, en fait, ça serait le chaos.

Olivier Roland : Parce que tu mets en place des structures qui sont libératrices.

Romain Collignon : Pour moi, en tout cas, oui.

Olivier Roland : Et donc, le 9h-18h, tu trouves cela libérateur pour toi parce que ça t’enlève la nécessité de réfléchir au temps que tu veux passer sur les tâches ? Tu dis « au moins, il y a tout ce temps-là où je sais que je dois travailler et je vais me trouver des choses à faire. ».

Romain Collignon : Ce n’est pas « je trouvais », il y a toujours des choses à faire. 

Olivier Roland : Il y a toujours des choses à faire, oui.

Romain Collignon : Tu as toujours des choses à faire mais sur des choses qui sont importantes.

Olivier Roland : Et tu vois, c’est un peu contradictoire par rapport aux conseils phares de la semaine de 4 heures. Je sais que tu ne partages pas forcément la philosophie de ce livre, c’est intéressant, parce qu’un des conseils phares de la semaine de 4 heures, c’est de trouver des choses en dehors du travail qui te rendent impatient de fermer ton ordinateur, en fait.

Romain Collignon : Mais je suis enthousiaste à ouvrir l’ordinateur.

travailler librement horaires de bureau

Olivier Roland : OK, donc c’est l’inverse. Toi, tu n’as pas envie de fermer ton ordinateur. Mais du coup, Tim Ferriss dit « le problème de ça, c’est que c’est facile quand tu es devant ton ordinateur de toujours trouver des trucs à faire, même si ce n’est pas fondamentalement nécessaire, et de tomber dans le travail pour le travail. ». Tu ne crois pas que cela peut être un piège ?

Romain Collignon : Peut-être. Après, je ferme mon ordinateur. Je le laisse au bureau, et chez moi, je ne l’ai pas.

Olivier Roland : D’accord, tu ne l’as pas chez toi. Tu fais vraiment une distinction.

Romain Collignon : Parce qu’avant, je pouvais travailler vraiment, vraiment beaucoup, on en a parlé.

Olivier Roland : Tu ne travailles pas le week-end, par exemple.

Romain Collignon : Non.

Olivier Roland : D’accord. Tu as vraiment une organisation semblable à celle d’un salarié en fait. Ça, c’est drôle.

Romain Collignon : Oui. C’est une structure comme une autre, mais en tout cas, elle me va bien. Et puis, je pense que quand tu as des enfants, tu es un peu obligé de t’adapter à des structures dans lequel ils évoluent. Je ne suis pas encore au stade où je vais créer une structure différente pour eux. Peut-être que quand ils vont grandir, ça sera le cas, mais pour l’instant, c’est une structure qui fonctionne bien.

Olivier Roland : Mais tu as quand même l’impression que ton business est au service de ta vie.

Romain Collignon : Oui, complètement.

Olivier Roland : Parce que tu fais ce qui te plaît.

Romain Collignon : Oui. Tu vois, par exemple là, en avril, on va faire une rencontre avec le Mastermind 67 pendant trois jours. 2 jours et demi, on va travailler avec les membres et le week-end qui suit, tout le monde vient avec sa famille pour échanger, parce que la valeur famille pour moi, j’ai envie de la nourrir. Donc Lauriane, ma femme sera là. Sacha sera là, ma petite, elle sera chez les grands-parents certainement. Et tout le monde vient avec sa famille, donc on sera, je ne sais pas, à 80, 100, quelque chose comme ça.

Olivier Roland : Waouh, ça va être quoi ? Un barbecue géant ?

Romain Collignon : On verra. Ce sera Pâques. Donc, ça sera peut-être la chasse aux œufs de Pâques.

Olivier Roland : Super.

Romain Collignon : Non, mais pour moi, c’est vraiment l’intégration pro-perso.

Olivier Roland : Tu vois, c’est intéressant, parce que juste avant cette interview, je te disais finalement pourquoi je parle de rebelle intelligent. C’est que la société nous donne un package qui est préconçu, et le rebelle bête et méchant, il va juste tout rejeter en bloc en disant « No future no society ». Et ce n’est pas très malin parce qu’il y a des trucs intéressants dans ce que propose la société. Ce qui fait que le rebelle intelligent est intelligent, c’est qu’il va choisir sélectivement les éléments dans la société qui lui correspondent et ceux qui ne lui correspondent pas, et dans ces cas-là, il va inventer sa propre solution. Là, on voit que tu as étudié toi-même différentes structures et tu t’es rendu compte que finalement, le 9h-18h, ça te correspondait.

Romain Collignon : Exactement. On revient aussi à cette zone de génie et d’énergie. C’est en fait, il faut d’abord se connaître vachement soi-même pour, après, structurer son business autour de ça et s’autoriser à le faire. Et soit, on l’apprend un peu à ses dépens. Je pense qu’on l’apprend à ses dépens en tâtonnant. Mais soit des fois, on le trouve très rapidement et tant mieux, mais le risque, c’est effectivement d’appliquer.

Je vais faire juste un petit aparté. On a besoin de se former pour être entrepreneur.

Olivier Roland : En permanence.

Romain Collignon : En permanence.

Olivier Roland : C’est clair.

Romain Collignon : Il y a des structures que notre mentor va nous enseigner, qui vont fonctionner. Mais j’invite aussi à rejeter certaines choses si ce n’est pas en adéquation avec, de manière énergétique, ce que l’on a envie de faire. Donc, trier le bon grain de l’ivraie, ou d’être le bon sceptique. On peut reprendre l’expression que tu veux, il faut tester, après, juste garder ce qui fonctionne très bien. Donc là, je pense avoir trouvé un très bon équilibre sur la façon dont moi, je fonctionne, dont j’aime fonctionner. Mais oui.

Olivier Roland : Tu prends combien de semaines de vacances par an ?

Romain Collignon : Je ne sais pas si j’en prends beaucoup. Je pense que je vais en prendre plus dans les années qui vont arriver. Mais je ne sais pas. Je dirais, vraiment pour moi, une semaine de vacances, c’est vraiment off. Je dirais, je prends un mois au total.

Olivier Roland : Un mois. Et là, tu ne consultes pas tes mails ?

Romain Collignon : Non.

Olivier Roland : D’accord. Tu es vraiment en off.

Romain Collignon : Non, c’est vraiment… On parlait de mon mentor Dan Sullivan. Il a un concept qui s’appelle les Free Days, où lui, il appelle ça les jours de « rejuvénation », en français, je ne sais pas si ça se dit.

Olivier Roland : Ressourcement.

Romain Collignon : Oui, mais en français, je n’ai jamais eu.

Olivier Roland : Se ressourcer, oui.

Romain Collignon : Ressourcer, je ne l’ai jamais eu, mais c’est aussi important que les jours de travail. Donc moi, je suis plus en mode, dans ma journée, je vais avoir une journée où je vais aller faire 2h à la salle de sport qui, pour moi, est un moment où je vais me ressourcer. Très bizarre, je suis à Paris et j’ai 1h de métro et tu dis « mais pourquoi tu prends 1h de métro ? » Parce que c’est dans mon système, où c’est pendant une demi-heure je vais écouter du podcast, je vais lire un livre.

Olivier Roland : Qui n’est pas du temps perdu.

Romain Collignon : Et ce n’est pas du temps perdu. Au contraire, si je ne l’ai pas, parce qu’à un moment donné, là, on est dans les bureaux, mais je suis retourné chez moi là, la peur de covid, j’ai perdu cette ressource et ce pilote automatique de lire et de faire le podcast. Et j’ai vraiment senti quelques semaines, quelques mois où je n’avais pas la même créativité, je n’ai plus ce truc stratégique. Donc, en fait, je me mets dans un système où je viens au bureau, j’ai la salle de sport à côté, j’ai le métro et parce que je sais que c’est sain pour moi.

Olivier Roland : Et tu es un peu comme un chat en fait. Je ne sais pas, tu as eu des chats à la maison ou pas ?

Romain Collignon : Ma grand-mère en avait, mais….

Olivier Roland : Parce que les chats, c’est ça. Ils sont très attachés à leur routine, mais ils ont leur routine qui les rend heureux. Ils sont toujours tranquilles, sans stress. Et si tu perturbes un peu leur routine, ils sont perdus.

Romain Collignon : Justement, pour moi, les vacances, je vais te donner une anecdote. Pour moi, le non négociable, c’est d’aller trois fois à la salle de sport par semaine, parce que je sais que si je ne le fais pas, il y a pas mal de choses qui s’effondrent derrière ou qui s’effritent.

Olivier Roland : C’est important pour tes performances physiques et psychologiques.

Romain Collignon : Ouais, physique, bien-être…

Olivier Roland : Tu fais de la muscu ?

Romain Collignon : Oui, j’ai la salle où j’ai… et puis…

Olivier Roland : T’as un coach ?

Romain Collignon : J’ai été coaché. J’ai de bonnes habitudes. Mais je pourrais avoir un coach. Mais c’est dans ma routine, c’est pareil, je me programme, c’est très routinier. Mon objectif, c’est juste de progresser de séance en séance. Ce n’est pas devenir bodybuilder derrière, mais dans ça, je m’épanouis et je me sens progresser. Et à tel point que pour la petite d’anecdote, le cadeau de Noël de ma femme cette année, puisque c’était une semaine de vacances, c’était de m’offrir trois moments dans la semaine que je puisse aller à la salle de sport pendant les vacances, sachant qu’il y a les enfants à gérer.

Olivier Roland : D’accord.

Romain Collignon : Et pour moi, c’était le plus beau cadeau du monde.

Olivier Roland : C’est vrai ?

Romain Collignon : Parce que ça respectait ma routine. Et justement, ça venait nourrir ce besoin de chat.

Olivier Roland : C’est intéressant.

Romain Collignon : J’ai fait « waouh, génial ! ». Quand je raconte ça, ça peut paraître complètement bizarre, mais au moins…

Olivier Roland : C’est comme ça que tu fonctionnes.

Romain Collignon : C’est comme ça que je fonctionne.

Olivier Roland : Est-ce que cela explique aussi pourquoi tu restes en France ? Je dis ça parce que beaucoup d’infopreneurs qui font plus d’un million s’en vont pour différentes raisons, notamment fiscales. Tu penses que c’est cela aussi ? Tu as besoin de la routine parisienne, d’un cadre que tu connais bien ?

Romain Collignon : Je pense qu’il y a le côté… C’est possible qu’un jour, on parte, je n’en sais rien, mais cela remettrait en cause tellement d’habitudes familiales, professionnelles…

Olivier Roland : Qui te nourrissent aujourd’hui.

Romain Collignon : Qui me nourrissent aujourd’hui. Il faut vraiment se poser et étudier la question pour changer ça. Et peut-être, mais en tout cas, ce n’est pas du tout une priorité ou un focus en ce moment.

Olivier Roland : Et donc, pourquoi tu restes en France alors ?

Romain Collignon : Pour plein de choses. Encore une fois là, cette structure que j’ai, peut-être que je pourrais la trouver ailleurs, la famille qui est proche.

Olivier Roland : Tu ne sens pas le besoin de partir finalement.

Romain Collignon : Pas du tout. Et puis surtout, je pars tous les mois avec nos masterminds.

Olivier Roland : Mais c’est en France.

Romain Collignon : Oui, mais la France, elle est riche déjà. Exemple, moi, prendre 10 heures d’avion, je trouve que c’est du temps perdu. Alors, oui, je pourrais écouter, ce genre de choses.

Olivier Roland : Mais tu rigoles, c’est 10 jours de métro, tu vas pouvoir y aller à fond peut-être.

Romain Collignon : Oui, très bien. Mais je sais par exemple que dès que je…

Olivier Roland : Je te challenge un peu là, mais…

Romain Collignon : Non, mais moi, je vais te rechallenger là-dessus sur les habitudes. C’est hyper compliqué de bien manger quand on voyage. C’est hyper compliqué de faire ton sport, c’est hyper compliqué, tu vois ? Donc moi, le voyage, ça s’anticipe avant/après, pour rester dans la routine. À chaque fois, j’ai cassé des routines qui sont serviables, c’est dès que j’ai eu un changement d’habitudes, dont les voyages.

Olivier Roland : Qui t’ont desservi.

Romain Collignon : Exactement. Et le reste, c’est toujours une cause. On va revenir à la notion d’énergie.

Olivier Roland : Tu ne veux pas un peu d’inattendu quand même parfois, où tu as vraiment besoin ?

Romain Collignon : Non, je ne crois pas.

Olivier Roland : C’est intéressant justement de trouver cette forme.

Romain Collignon : C’est un peu autiste, oui.

Olivier Roland : Il y en a qui disent « boring is beautiful », donc ce qui est ennuyeux est beau. Tu es d’accord avec ça ?

Romain Collignon : Pour moi, ce n’est pas ennuyeux. Donc, ça peut être perçu comme ennuyeux.

Olivier Roland : Oui, bien sûr.

Romain Collignon : Mais oui.

Olivier Roland : Non, parce que quand les gens qui disent « boring is beautiful », ils disent ça en fait. Finalement, il y a de la beauté dans l’ennui parce que justement, tu as tout ce cadre que ça te donne. On sait aussi que plus tu prends des décisions et moins tu es performant dans la prise de décision, même si ce sont des décisions banales. Donc, quand tu as un truc comme ça, tu as des rails qui te guident. Cela peut être intéressant. Moi, c’est vrai que ce n’est pas trop mon style, je suis plutôt un aigle avec un chat quoi. Mais c’est intéressant justement.

Romain Collignon : Après, le boring, tu vois….

Olivier Roland : Parce qu’on aura à la fois des points communs et aussi des points où on n’a pas du tout la même approche.

Romain Collignon : Oui, mais sur lesquels on s’entend.

Olivier Roland : Oui, absolument.

Romain Collignon : On se comprend.

Olivier Roland : Et c’est enrichissant, je le sens.

Romain Collignon : Quand tu vois, genre quand je te dis « je lis énormément et énormément de podcasts », mon côté qui pourrait être boring de celui du structuré, j’ai une échappatoire énorme à travers ces mentors que je lis et que j’écoute. Donc, ma créativité, elle est sollicitée tout le temps, tout le temps j’ai le cerveau qui fuse. Mais c’est plus intellectuel qu’expérientiel peut-être, c’est-à-dire de voyager, de découvrir de nouvelles cultures que j’aime bien.

Olivier Roland : Mais ça, c’est intéressant justement pour tous les gens qui nous regardent et qui ne sont pas forcément des aigles, ou aimeraient en être un mais ne peuvent pas, parce qu’ils doivent se taper leur boulot et le métro-boulot-dodo. Là, tu leur donnes des pistes pour utiliser ça de la meilleure manière. Ou cela peut être une force si vous l’utilisez bien, en fait.

Et aujourd’hui, parlons un peu de ton équipe. Donc là, on est dans tes bureaux. Ce n’est pas vraiment tes bureaux. On est dans une salle qui a été réservée, dans un espace de coworking, où tu loues un bureau. Il fait quoi ? 20 mètres carrés ?

Romain Collignon : Moins. Peut-être moins.

Olivier Roland : Qui est assez allongé. Et tu as une équipe, tu as dit tout à l’heure, de 15 personnes, c’est ça ? En gros, il n’y a pas… enfin, les bureaux, c’est plus symbolique qu’autre chose, j’ai l’impression. Tu me dis si je me trompe ?

Romain Collignon : La raison, il y a plusieurs raisons. On est 15 collaborateurs, mais en temps plein, ça fait 7 personnes.

Olivier Roland : Ils sont tous à Paris ?

Romain Collignon : Non, justement, on n’est que deux à Paris.

Olivier Roland : Ah oui, OK.

Romain Collignon : Une troisième personne qui va arriver, mais…

Olivier Roland : Les autres sont France ou ?

Romain Collignon : En France, à l’étranger. Tous des Français ou francophones. On a aussi des Suisses dans l’équipe. Et donc, on travaille de manière asynchrone depuis déjà très longtemps. On a une structuration, et d’ailleurs c’est ce qu’on enseigne, c’est ce côté.

Olivier Roland : Donc, tu n’as pas d’horaires de bureau ?

Romain Collignon : Non, il n’y a pas d’horaires de bureau. Après, on a des pulsations avec l’équipe qui sont très cadrées dans la semaine. Mais au-delà de ça, on a des gens, notamment pour Mélanie qui est coach chez nous, qui est au Mexique. Mais ça ne l’empêche pas de servir nos clients en tant que coach sur l’après-midi. Et c’est très bien, parce que du coup, ça offre aussi une plage horaire pour nos membres qui n’est pas le matin. Donc, c’est toujours enrichissant même de faire des calls le soir.

Mais pourquoi les bureaux ?

D’une part, c’est que dans la vision que l’on a de la boîte, on va avoir de plus en plus de monde aussi, je pense, sur place. Et tu l’as vu, c’est hyper lumineux, c’est hyper inspirant, on a vu le Sacré-Cœur… On pourrait, moi, je sais que ça me stimule en fait. Donc un, c’est pour venir avoir une demi-heure de métro, mais moi à Paris, je pourrais faire cela n’importe où. Deux, c’est dans ma vision de boîte. C’est qu’il y a 3 ans, quand j’ai fait cette vision-là, je voyais un bureau comme ça hyper lumineux, puisque souvent, j’ai souffert de travailler dans des endroits un peu plus sombres, mais je pense que…

bien choisir ses bureaux entreprise asynchrone

Olivier Roland : C’est un peu le problème à Paris.

Romain Collignon : Oui.

Olivier Roland : C’est facile de se retrouver dans un endroit sombre.

Romain Collignon : Tous les jours. De venir, et puis tu as vu mon setup, j’ai un écran énorme et tout ça. Moi, j’ai besoin d’avoir un écran énorme pour mettre trois écrans dessus, pour pouvoir bosser. On dirait un cockpit d’avion, mais si j’étais juste avec mon laptop, j’ai mon laptop aussi. Je suis un peu geek aussi sur les bords.

Olivier Roland : Oui, ça, je te comprends.

Romain Collignon : Donc, il y a de ça.

Olivier Roland : Cela fait plaisir d’avoir du bon matos.

Romain Collignon : Du bon matos. C’est comme un boulanger. Si tu fais le bon pain, il faut un beau four quoi.

Olivier Roland : Absolument.

Romain Collignon : Absolument, la métaphore était juste. Elle était pétée, mais oui, c’est ça.

Olivier Roland : Non, mais il faut de bons outils.

Romain Collignon : Il faut de bons outils, exactement.

Olivier Roland : Et ça rend le plaisir du travail encore plus fort.

Romain Collignon : Exactement. Et puis, cela me permet aussi de couper avec la maison. Donc, voilà. Et ce qui assez bizarre, ce n’est pas bizarre, mais maintenant, dès que… puisqu’on a quand même du monde qui vient dans le bureau pour faire les entretiens sur de choses, il y a un petit côté belle marque employeur qui est un vrai sujet quand tu veux structurer ton équipe, attirer des talents… Ou le fait d’avoir une présence physique contribue à la crédibilité de la marque et aussi de se dire…

Olivier Roland : Tu crois ? Pour recruter ?

Romain Collignon : Oui, pour recruter, ça joue.

Je discutais avec la boîte avec qui on travaille sur les finances, qui ont eux pris un coworking à Concorde. Et l’intérêt, c’est pour que les talents, jeunes, notamment les talents, aient un point central à Paris dans un bel endroit. Ce qui fait que c’est hyper attirant par rapport à une autre boîte, si tu veux, qui ne le ferait pas.

Olivier Roland : Mais si dans ton cas, les gens ne sont pas à Paris, du coup, ce n’est pas…

Romain Collignon : Non. Non, non, mais ça, c’est maintenant.

Olivier Roland : D’accord.

Romain Collignon : Ça grossit.

Olivier Roland : Oui, mais c’est assez paradoxal d’avoir des bureaux sans horaire de bureau finalement.

Romain Collignon : Oui, tout dépend de pourquoi tu as le bureau.

Olivier Roland : D’accord. Quand tu recrutes, tu ne cherches pas forcément à avoir des gens proches physiquement ?

Romain Collignon : Non, ce n’est pas un critère.

Olivier Roland : Quand je t’ai dit, j’ai une équipe là, on est quasiment 30 maintenant, ils sont dans le monde entier et ça ne nous intéresse pas trop de savoir où ils sont en fait. Tant qu’ils ont une bonne connexion Internet, c’est intéressant. On n’a jamais eu de bureau.

Romain Collignon : Et encore une fois, approche différente, mais cela fonctionne. Et je pense que ça doit refléter aussi la personnalité de…

Olivier Roland : Et pour toi, c’est aussi pour séparer vraiment concrètement le perso du pro, tu ne bosses jamais à la maison.

Romain Collignon : Très rarement. Très, très rarement.

Olivier Roland : OK. À la maison, tu t’occupes de tes enfants et tu profites de ta femme.

Romain Collignon : Oui.

Olivier Roland : Et donc là, juste avant, on déjeunait avant l’interview, tu m’as dit un truc qui m’a vraiment surpris, c’est que tu m’as dit « toutes les réunions, on les fait en anglais ». Et même les communications aussi, c’est ça dans l’équipe ? Alors qu’aujourd’hui, il n’y a que des francophones, on est d’accord. Donc là, vraiment, je t’avoue, je suis vraiment surpris.

Romain Collignon : Pourquoi ?

Olivier Roland : Oui, mais pourquoi ? Vas-y, partage-nous.

Romain Collignon : C’est une découverte. D’une part, ça a été une obligation. Après, une découverte. Et après, on s’est dit qu’on avait fait le bon choix.

Olivier Roland : D’accord.

Romain Collignon : D’abord, l’obligation, c’est qu’on a travaillé avec un américain pendant deux années, qui ne parlait qu’anglais. Et moi, je parle anglais tout le temps, j’écoute en anglais. Ça paraissait naturel. Et ça s’est un peu imposé dans la structuration de la boîte de tout faire en anglais, les meetings.

Olivier Roland : Ça ne t’a pas bloqué que le gars ne parlait pas français quand tu l’as recruté ?

Romain Collignon : Non, non, parce que moi, je parlais déjà anglais dans ma tête tout seul. Non, mais je raisonne en anglais. Tu te rends compte que la langue du travail comme l’anglais est hyper efficace.

parler et penser en anglais, international

Olivier Roland : Oui, je suis d’accord. On ne pense pas de la même manière qu’on pense en anglais. Il y a certaines choses qui sont plus efficientes.

Romain Collignon : Oui.

Olivier Roland : C’est vrai.

Romain Collignon : Donc, ça a joué et c’est parti de là.

Olivier Roland : Et on voit que des fois, tu as des mots qui t’arrivent en anglais d’abord, comme moi, parce qu’il y a des mots d’ailleurs parfois tu n’arrivais pas à trouver des traductions, c’est plus pertinent en anglais qu’en français.

Romain Collignon : Oui. Sans aller dans le Jean-Claude Van Dammien, ça, c’est sûr. Mais après, c’est juste une réalité et je sais que nos confrères québécois font vraiment attention à ne pas mettre de l’anglais dessus. Donc ça, c’est marrant. Des fois, je parle plus anglais qu’eux.

Olivier Roland : Coucou à nos amis québécois.

Romain Collignon : Ouais. Et ça, c’est une première chose. Mais après, aussi, on s’est dit dans la vision de la boîte, c’est plus moi qui me suis dit, c’est qu’on va tout structurer en anglais, parce qu’à un moment donné, ce qu’on fait là sur le marché francophone, quand on sera amené, je ne sais pas dans quelle année, à le déployer à l’international, on aura déjà fait tout ce travail de faire les choses en anglais. Tu vois, ce ne sera pas une routine. Ce ne sera pas un changement même dans l’équipe qui sera en place pour accueillir la future équipe.

Là, je suis en train de terminer le livre de Daniel Butler, qui est l’ex-CEO de Captain Train. Donc, il a écrit un bouquin en 2021 sur comment scaler son entreprise pour l’exit, pour la revendre ? Et un de ces conseils clés que j’ai relu, c’est « fais direct tout en anglais », parce que ça évite de réinventer la roue. Il suffit d’ouvrir un autre pays, que ce soit la Hongrie, que ce soit Netherlands, tu vas le faire en anglais.

Et je pense que ça ne coûte pas plus de tout penser en anglais. Peut-être pas forcément les réunions d’équipe, mais tout au moins toute la structuration, les process, etc., la documentation, parce qu’à un moment donné, si on a des ambitions, il faudra traduire. Ça, c’est un premier point, mais que j’ai découvert après. Et ensuite, ça, c’est quelque chose que je n’avais pas vu venir.

Olivier Roland : Et je fais juste une parenthèse, mais c’est un inconvénient majeur de notre domaine. C’est que si jamais tu vends des produits physiques comme des chaussures ou des vêtements, que tu vendes en Italie, en Espagne ou aux États-Unis, c’est le même produit. Tandis que nous, il faut qu’on traduise tout en fait, puisqu’on fait du contenu essentiellement. Et c’est un frein majeur pour l’expansion à l’international.

Romain Collignon : Ça, c’est vrai.

Olivier Roland : Mais c’est aussi un frein pour nos concurrents qui sont en d’autres langues.

Romain Collignon : Oui, ça, c’est un frein dans le développement de business. Mais je pense qu’à un moment donné, quand tu es prêt pour l’internationalisation, c’est cool qu’en interne, tu aies déjà la structuration de business. Moi, je parle vraiment du back-office, de comment tu pilotes le business.

Et un deuxième gros avantage que je n’avais pas vu venir, mais qui est clé, c’est que dans nos recrutements, prendre un francophone qui a une vraie appétence pour l’anglais, qui est hyper à l’aise en anglais, j’ai remarqué que c’était des profils qui étaient beaucoup plus avancés ou tout au moins avec qui c’est agréable de travailler. Parce que je pense que quand on est français et qu’on a soit une expérience à l’étranger qui nous a permis d’apprendre l’anglais, soit de manière un peu curieuse, on a envie d’apprendre, cela montre une caractéristique que nous, on recherche chez les membres de l’équipe : curiosité, apprentissage… Donc voilà, très clairement, tous les membres de l’équipe parlent anglais.

Olivier Roland : Et tu ne vas pas me dire qu’il n’y a pas des fois quand même où il y a une tentation de parler en français parce que c’est plus simple

Romain Collignon : Bien sûr, ça arrive, mais tu verrais notre slack.

Olivier Roland : C’est que de l’anglais.

Romain Collignon : Oui, à 75% c’est de l’anglais.

Olivier Roland : C’est dingue.

Romain Collignon : Même moi, je ne fais pas gaffe, j’écris en anglais tout le temps. Mais parce que c’est une façon de fonctionner. Je ne sais pas si c’est…

Olivier Roland : Alors qu’il n’y a aucun anglophone dans votre équipe aujourd’hui natif, je veux dire, c’est fou quand même.

Romain Collignon : Oui, exactement.

Olivier Roland : Aucun de non francophone ?

Romain Collignon : Oui.

Olivier Roland : Et donc, tu as prévu de faire quoi ? Ça sera quoi le premier pays à l’international ?

Romain Collignon : Je n’en sais rien, c’est encore…

Olivier Roland : D’accord, c’est un projet one shot.

Romain Collignon : Je sais qu’on y arrivera. Après, c’est toujours pareil. Dans le développement business, tu as certaines étapes. Ce n’est pas que c’est une mauvaise idée, c’est juste une séquence en fait. Dans la séquence, ce n’est pas encore là. Je pense d’ici 3 ans.

Olivier Roland : Alors, ça va, tu te sens bien de faire une interview en français, tu n’as pas la petite goutte là qui…

Romain Collignon : Non.

Olivier Roland : OK. Du coup, tu as démarré comme infopreneur, mais est-ce que tu te définis toujours comme infopreneur aujourd’hui ?

Romain Collignon : Non, je pense qu’en fait, il y a différentes étapes et tu peux le corréler au chiffre d’affaires de la boîte. Mais quand on est infopreneur, moi, la façon dont je l’ai vécu, donc c’est une projection personnelle, c’est que tu es plus artisan et dans le bon sens du terme. C’est-à-dire que tu fais tout, tu fais à la fois le commercial, tu fais à la fois le bon pain…

Olivier Roland : Tu es l’homme-orchestre.

Romain Collignon : Tu es l’homme-orchestre, exactement. Et puis, à un moment donné, si tu veux développer la boîte, tu dois changer de statut, tu dois changer d’identité. Et si tu restes coincé avec l’identité de l’infopreneur, tu pourrais… puisque tout est une histoire de mindset, une identité. Tu dois d’abord changer d’identité avant de mettre en place les bonnes croyances qui vont derrière te faire mettre les bonnes choses en place.

Après, c’est genre juste d’être entrepreneur. Ce n’est pas du tout la même chose, infopreneur, entrepreneur. Déjà, il y a quelqu’un, un quidam « je suis infopreneur », il va te regarder, il va faire quoi ? Je suis blogueur. Je suis entrepreneur. Et déjà, je suis entrepreneur, tout le monde comprend. Et là, ça c’est une première chose. L’entrepreneur, il va avoir son équipe, petite équipe. Et après, tu as le stade d’après, c’est chef d’entreprise. Moi, quand je suis passé, les membres d’entrepreneur à chef d’entreprise, tu vois juste, dans la posture, « Ah, je suis chef d’entreprise, tiens, je… » OK. Ça peut être un peu sérieux, mais en vrai, derrière, tu associes inconsciemment des responsabilités, des façons de faire, structurer une équipe.

Olivier Roland : Tu es plus en position de chef d’orchestre.

structurer son équipe, chef d'orchestre

Romain Collignon : Exactement.

Olivier Roland : Comme chef d’entreprise, chef d’orchestre.

Romain Collignon : Exactement. Et ça, tu peux corréler ça à des développements de chiffre d’affaires de boîte, puis après, tu as la notion d’investisseur. Tu n’es plus chef d’entreprise, tu es investisseur. Donc, un investisseur, est-ce qu’il va piloter son business ? Non, il va mettre des DG dans les boîtes. Mais ça, tu… Il y a certaines personnes qui naissent directement avec la bonne identité, ça va très vite. Puis, il y a d’autres personnes comme moi, si j’ai mes 5 étapes, j’ai salarié, artisan, entrepreneur, chef d’entreprise, et là, je suis en train de toucher ce côté investisseur de me dire, dans la façon dont j’opère le business, encore une fois. Je suis très peu dans l’opérationnel maintenant.

Olivier Roland : Pour toi vraiment, tu associes infopreneur à être l’artisan, en fait.

Romain Collignon : Oui, mais dans le sens noble du terme.

Olivier Roland : Oui, j’ai bien compris, mais OK. Moi, je veux plus l’infoprenariat, enfin, être infopreneur comme le fait d’avoir un business qui aide les gens avec le contenu.

Romain Collignon : Oui, de prendre l’information.

Olivier Roland : Et notamment, la différence par rapport à l’influenceur, c’est que l’influenceur, il divertit avec son contenu. Mais du coup, tu peux aider avec ton contenu sans être l’artisan dans la boîte.

Romain Collignon : OK. Et qu’en fait, tu pourrais…

Olivier Roland : On ne va pas couper les cheveux en quatre, mais…

Romain Collignon : Non, mais tu pourrais dire « je suis artisan avec la spécialité infopreneur ». « Je suis artisan avec la spécialité influenceur ». Et après, toi, tu gravis l’échelle comme ça.

Olivier Roland : Mais ton métier aujourd’hui, c’est quand même d’utiliser du contenu, tu l’as dit, mais c’est vrai qu’il y a du coaching aussi. Mais normalement, tout ça, ça gravite autour du métier d’infopreneur.

Romain Collignon : C’est en train de changer. Je te dis, on fait des masterminds. Franchement, on a développé des compétences événementielles qui vont nous servir pour la suite. Donc, quand j’ai démarré il y a 2 ans, est-ce que j’étais dans l’événementiel ? Non, pas du tout. Mais au final, je me rends compte que c’est une des grosses valeurs de ce qu’on fait dans la boîte, d’organiser ses communautés, de les livrer et de faire en sorte qu’ils aient une belle expérience.

Olivier Roland : Pour gérer ton équipe comme ça sans avoir de bureau, tu utilises quel logiciel ou quel système ?

Romain Collignon : Alors, je pense que les outils viennent surtout d’une structure qu’on utilise, qui est Traction de Gino Wickman. Je ne sais pas si tu es sensible à ce qu’on appelle les systèmes opérationnels de boîtes.

Olivier Roland : Non.

Romain Collignon : Tu en as trois ou quatre sur le marché. Tu as Gazelles, tu as Traction, tu as Holocratie. Puis, tu as un autre que j’ai découvert récemment qui s’appelle Organizational Of Physics. Mais l’idée, c’est juste de se dire « je mets un système pour piloter la boîte », et ce système comprend comment je mets mes process, comment je structure mes équipes, la communication des équipes. C’est vraiment du plug and play. Comme ton téléphone, ton iPhone, il a un système derrière qui fait tourner l’iPhone avec les applications, en gros, c’est de pluguer ça. Donc nous, on utilise Traction. Du coup, ça implique qu’il y a des outils qui permettent de mettre en place ce système-là. De manière assez classique, on va faire la gestion de projet sur Asana.

Olivier Roland : Comme moi.

Romain Collignon : La communication d’équipe sur Slack.

Olivier Roland : OK. Moi, j’évite.

Romain Collignon : C’est intéressant de voir.

Olivier Roland : Parce que je trouve que ça encourage trop les conversations en temps réel. Je ne veux pas de ça.

Romain Collignon : Sauf que nous, par exemple, on a Slack, il n’est pas pour gérer les tâches. Donc, tu vois dans Slack, tu as…

Olivier Roland : Et c’est pour discuter, du coup.

Romain Collignon : Pour discuter ou pour un truc très particulier. Mais très souvent, quand c’est un truc qu’on ne peut pas répondre en 30 secondes, dans Slack, il y a un petit plugin qui crée une tâche sur Asana. Donc, de manière asynchrone, on peut changer.

Olivier Roland : D’accord. Mais du coup, pourquoi ne pas aller directement sur Asana ?

Romain Collignon : Oui, on peut faire tout. Mais après, il a quand même des trucs dans l’événementiel, tu ne vas pas faire ça dans Asana quoi. Quand tu as des trucs à gérer en live, par exemple.

On a aussi par exemple des retours d’information. Quand nos coachs font un coaching, il y a des automatisations qui arrivent dans Slack qui envoient le résumé de ce qui a été discuté dans le coaching. Donc, c’est plus pour de l’information d’équipe, puis ça crée aussi une ambiance. En tout cas, ça fonctionne très bien.

Et puis, on a un triptyque après, c’est toute la suite Google Drive qui nous permet d’avoir toute cette documentation, ou d’avoir ces fichiers qui ne vivent pas, si tu veux. Dans Asana, ça vit, c’est du projet, ça avance. Dans Google,

Olivier Roland : Là, tu as les procédures écrites dans…

Romain Collignon : Oui, les procédures, les Google Sheets.

Olivier Roland : Google Docs, OK.

Romain Collignon : Exactement. Donc ça, c’est structuré. Ça, ce sont les trois outils qu’on utilise de manière, on va dire, c’est un peu triptyque pour nous. Et après, on en a d’autres. Après, je ne sais plus.

Olivier Roland : Non, mais c’est intéressant. On a deux piliers similaires. Donc, Asana, on a le même logiciel. Moi, je mets plutôt des fichiers Word, Excel sur un Sync qui est un Dropbox, mais sécurisé. Le reproche que je fais à Google Sheets, Docs… c’est qu’en fait, Google a accès à l’ensemble du contenu, puisque ce n’est pas chiffré de bout en bout. Ce qui pose problème s’ils se font hacker, ce qui pose problème pour des questions de surveillance… Chacun a sa sensibilité là-dessus. Moi, c’est aussi un de mes métiers la sécurité informatique, donc voilà.

Et aujourd’hui, tu es content. Ce système, c’est efficace pour ton entreprise ?

Romain Collignon : Oui, c’est hyper efficace. On va même gérer nos meetings. Par exemple, tous nos agendas de meeting, c’est-à-dire, les topics qu’on va discuter, sont dans Asana sous forme de tâches. C’est-à-dire que quand tu discutes, à un moment donné, il y a quelqu’un qui va prendre la tâche, tu as juste à l’assigner dedans. Donc, tu transformes un item d’un agenda en tâche qui va être effectuée par le collaborateur. Tu ne perds pas d’information.

Olivier Roland : Tu as pris l’abonnement payant dans Asana, parce que moi, je n’ai toujours pas compris quand je dois leur envoyer de l’argent.

Romain Collignon : Si, oui.

Olivier Roland : OK. Tu vois une plus-value par rapport à la version gratuite ?

Romain Collignon : Je ne pourrais pas dire, ce n’est pas moi qui gère ça.

Olivier Roland : D’accord.

Romain Collignon : Mais dans tous les cas.

Olivier Roland : Parce qu’il y a tellement de choses déjà dans la version gratuite. Ça fait 6 ans que j’utilise Asana.

Romain Collignon : Après, il faut aussi savoir l’exploiter au maximum. Je sais qu’on l’exploite très bien. Après, ce n’est pas moi qui ai mis ça en place donc…

Olivier Roland : Tu as un spécialiste de ça ?

Romain Collignon : Oui, à l’époque, il y a Derick qui était l’Américain dont je parlais tout à l’heure, c’est un fan de ça.

Olivier Roland : D’accord.

Romain Collignon : Donc, forcément, il y a des choses qui ont été implémentées et structurées, qui maintenant font partie de la cadence dans la boîte.

Olivier Roland : Comment tu trouves les talents en général ? Tu les cherches sur Malt, par exemple, on sait que c’est une place de marché.

Romain Collignon : Non, c’est beaucoup le réseau. Donc ça, c’est une des façons de faire. Je suis en connexion avec énormément de gens. Mais après, ce que j’ai remarqué, c’est que les gens, les talents, en fait, ils ne cherchent pas de job, ils sont déjà en poste. Là, en ce moment, ce n’est pas que j’ai une approche agressive, mais c’est que quand j’ai des profils que je cible bien et que je peux identifier, que ce soit sur LinkedIn ou autres, je leur fais à la Steve Jobs, tu vois. Je vais aller les chercher.

En fait, ce qui est assez intéressant, je t’en parlais tout à l’heure, c’est qu’il y a des profils un peu plus séniors qui ont cette expertise, cette expérience. Entre 35-40, c’est assez marrant, il y a un sweet spot où tu as bien bossé 15 ans, 20 ans pour une boîte, tu te poses et tu dis « est-ce que ça a vraiment du sens ce que je fais ? » Oui, souvent non. Et c’est le moment, il faut aller les chercher et les débaucher parce que tu leur fais à la Steve Jobs, comme il a fait avec Sculley. Il a été voir chez Pepsi. Est-ce que…

Olivier Roland : Tu es aussi au Pepsi à l’époque.

Romain Collignon : Exactement. Il a dit, ça, je ne sais pas s’il l’a vraiment dit, mais c’est ce que l’histoire dit.

Olivier Roland : A priori, il a vraiment dit, oui.

Romain Collignon : Est-ce que tu veux vendre de l’eau gazeuse toute ta vie ?

Olivier Roland : Gazeux sucrée toute ta vie ?

Romain Collignon : Ou venir avec nous et changer le monde ? C’est le pitch que j’ai aujourd’hui sur les postes qui sont assez importants, parce qu’on a plein de missions.

Olivier Roland : Il y a tellement de cadres, comme tu dis, qui sont compétents, mais qui sont complètement en perte de sens. Il y en a beaucoup parmi mes élèves. C’est même un de mes avatars principaux.

Romain Collignon : Oui.

Olivier Roland : Ils ont besoin de…

Romain Collignon : Alors, soit ils montent leur boîte.

Olivier Roland : Ils veulent se lancer. Enfin, ils veulent se reconvertir quoi et avoir un projet qui est effectivement proche de leur valeur.

Romain Collignon : Mais tout le monde n’est pas entrepreneur. Et donc, du coup, il y a des intrapreneurs par contre.

Olivier Roland : Absolument.

Romain Collignon : Dans une belle structure, avec du sens… Moi, c’est notre approche là-dessus.

Olivier Roland : Et tu es content jusque-là des résultats ?

Romain Collignon : Oui, exactement.

Olivier Roland : Non, mais c’est une très bonne approche.

Romain Collignon : En tout cas, moi, l’enseignement de ce que j’ai pu comprendre pour structurer l’équipe et qui a beaucoup shifté, le premier, c’est que je veux dans la boîte des personnes qui soient séniors sur le papier, qui ont une vraie expérience, plutôt que de les former. Donc, chaque personne qui arrive à des postes particuliers, en gros, je dois être allumé ou le membre de l’équipe qui est son manager doit être allumé, parce qu’on n’est pas là pour enseigner ce qu’ils doivent faire, les personnes viennent pour nous enseigner ce qu’on doit faire. Ça, c’est un premier shift. Et ensuite, le deuxième shift, c’est que les gens que tu vas avoir dans ton équipe sont déjà en poste.

Olivier Roland : OK.

Romain Collignon : Voilà. Et si tu mêles déjà ces deux trucs-là, tu as de fortes chances que tu aies quelqu’un.

Olivier Roland : Tu passes par des chasseurs de têtes ?

Romain Collignon : Là, on est en train de travailler avec quelqu’un justement qui va nous aider à recruter.

Olivier Roland : Waouh.

Romain Collignon : Ce n’est pas encore le cas.

Olivier Roland : OK.

Romain Collignon : Oui, mais c’est l’art de la guerre à un moment donné quand on arrive à… c’est team, team, team quoi. Surtout dans un écosystème. Alors, je ne pourrais pas dire qu’on est dans l’écosystème startup, levées de fonds… Mais toutes les discussions, je peux les avoir avec ces chefs d’entreprise. Tu as des levées de fonds, tu as beaucoup de capital en France, du coup, tu as des salaires qui sont boostés pour certains postes, surtout dans la Tech, que ce soit les CTO ou les développeurs… qui ont des salaires de fous, et donc c’est un peu biaisé. Si tu veux, c’est vraiment la recherche des profils et des talents. Donc nous, dans notre domaine, ça va, on arrive à s’en sortir, mais il faut vraiment faire grandir le recrutement et garder aussi ces talents. Ce sont des sujets sur lesquels on bosse à fond là.

Je pense que tu n’as pas de soucis là parce qu’à ce que je vois, c’est que tu gardes vraiment tes collaborateurs pendant très longtemps.

Olivier Roland : Oui, on a un turnover qui est extrêmement faible dans l’entreprise. Et je pense que c’est en grande partie parce que déjà, on leur propose des conditions qui font rêver beaucoup de salariés. Pas d’horaire de bureau, pas de bureau, tu peux vivre où tu veux dans le monde.

Romain Collignon : Bien payé.

Olivier Roland : Tu peux être en voyage, tu es bien payé. Et en plus, tu bosses dans un projet quand même inspirant où tu vois clairement que ça aide des gens à être plus libres et que ça aide des gens à aider des gens, puisque j’aide des personnes comme toi à développer des business et tout ça, donc ça fait vraiment effet ricochet. Donc, oui, j’ai un turnover quasiment zéro en fait.

Romain Collignon : Non, mais tu peux être fier de ça.

Olivier Roland : Oui, j’en suis très content, et ça fait aussi partie… C’est un ingrédient important dans un business au service de ta vie parce que si tu dois gérer un turnover en permanence, c’est compliqué quand même d’avoir une boîte qui bosse pour toi.

Romain Collignon : Exactement.

Olivier Roland : Donc, oui, je suis content d’avoir ça et je l’ai naturellement grâce à la structure que j’ai adoptée.

Romain Collignon : Oui. Et je pense que là, tu as coché plein de ton… On parlait, juste un petit aparté là dans le mastermind de la semaine dernière de la belle marque employeur, les différents critères qui font qu’une belle marque attire les talents, garde les talents, et tu coches plein de trucs : les valeurs, quand ils adhèrent aux valeurs, ils restent chez toi, la mission, le salaire, les conditions de travail… Ça coche quand même pas mal de trucs pour pas mal de gens.

Olivier Roland : Et tu vois, tout à l’heure, tu parlais du fait que l’anglais, ça filtre automatiquement. Moi, c’est pareil. Cette structure n’est pas pour tout le monde. Il y a des gens, s’ils n’ont pas un bureau où aller tous les jours, ils vont péter un câble parce qu’ils ont besoin d’une structure justement. Donc là, automatiquement, ça attire des gens qui sont autonomes, débrouillards.

D’ailleurs, quand je dis qu’il y a à peu près 30 personnes dans l’équipe, ce n’est pas à temps complet. Mais il n’y a que des freelances, on n’a aucun salarié, zéro. Et ça a été comme ça depuis le début. Je ne crois pas qu’on ait eu un seul salarié. J’ai peut-être eu mon bras droit qui a été salarié pendant 6 mois avant que je parte de Londres, à Dubaï. Mais bref, c’était anecdotique. Je ne sais même pas pourquoi on a fait ça, mais bref. Donc, voilà. C’est vraiment des organisations différentes.

Et là, c’est intéressant, parce qu’il n’y a pas beaucoup d’infopreneurs qui font le pivot comme ça, enfin, la transition plutôt vers un vrai business, comme on l’enseigne un peu, tu vois. Là, tu es vraiment parti là-dedans. J’ai trouvé, je l’ai débauché des cadres.

Romain Collignon : Oui, c’est passionnant.

Olivier Roland : Oui, c’est passionnant.

Romain Collignon : C’est toujours, tu vois, ça reviendrait à ce que je disais en début d’interview, ce côté apprentissage… Quand tu as une vision et que tu te rends compte après ce que sont tous les obstacles de cette vision, tu te rends compte que tu dois passer par ces étapes-là, qu’il faut être un peu plus corporate. Mais après, on peut réinventer les choses. Ça n’a pas besoin d’être aseptisé comme on pourrait le voir dans des boîtes qu’on dit de recrutement, HR (Humain Relation), ressources humaines. Oui, on en a besoin, mais on peut le faire aussi à notre façon et c’est ce qu’on essaie de faire.

Olivier Roland : Ça doit être un vrai atout aussi, c’est ça. Les petites entreprises, on est beaucoup moins corporate, on n’a pas un langage aseptisé. On est plus humain, plus vrai, plus proche de la réalité. Ça plaît aussi. Il y a eu un moyen de politiquement correct et de politique tout court. Oui, tu es d’accord avec ça ?

Romain Collignon : Je suis d’accord avec ça. Et je discutais encore ce matin de nos fiches de poste. Nos fiches de poste, en fait, tu les regarderas, elles sont très structurées. Mais là encore, il y a un profil qu’on recrute cette semaine, on parle de Gollum dedans et de l’anneau, parce que le succès client est précieux, feedback précieux. Tu as ça direct dans l’introduction. Les personnes pour qui, sans humour, c’est mort. Elle va partir et tant mieux. Puis, quelqu’un qui va dire « attends, c’est… ah c’est marrant, ils ont un peu d’humour, je vais continuer. »

Olivier Roland : Oui, ça filtre.

Romain Collignon : Ça filtre. Ce n’est pas que de l’humour dans ce que l’on fait, mais au moins, on assume qui on est. C’est ça, c’est assumer qui on est, en fait.

Olivier Roland : Vous cherchez plutôt les gens qui voudraient bosser chez Apple que chez IBM.

Romain Collignon : Oui, je pense. Oui, c’est ça.

Olivier Roland : Et question que je trouve intéressante, est-ce que tu regardes le diplôme des gens que tu embauches ?

diplome utile recrutement entreprise

Romain Collignon : Non.

Olivier Roland : Ça, parce que voilà.

Romain Collignon : Tu as la réponse.

Olivier Roland : OK. Ce n’est pas un critère.

Romain Collignon : Non. Les critères, ils sont assez simples. Ce sont les valeurs. Donc, est-ce que nos valeurs ? Nous, on a 5 valeurs qui sont core value, qui définissent notre ADN de boîte. Voir s’il y a une adéquation parce que même si la personne est hyper compétente dans le rôle, si les valeurs s’éloignent au bout d’un moment, la relation va s’effriter et ça ne fonctionnera pas. Voir aussi quelle est la vision du collaborateur mais qu’à un an. Est-ce que sa vision personnelle, de ce qu’elle souhaite accomplir, est en adéquation avec le poste qu’on lui propose ?

Parce que tout pareil, si au bout d’un an, on voit déjà qu’on est complètement sur deux planètes différentes, cela ne sert à rien d’investir dans la relation au démarrage. Après, effectivement, les compétences. Et moi, j’aime beaucoup cette phrase qui est de travailler avec des gens avec qui on a déjà travaillé. Et en vrai là, j’ai deux personnes qui arrivent dans l’équipe, ce sont des gens avec qui j’ai déjà travaillé quand j’étais étudiant. Mais cela ne veut pas dire que, aussi s’il y a quelqu’un que je ne connais pas qui vient travailler avec nous, on va toujours faire un test pour savoir si on peut travailler ensemble parce que…

Olivier Roland : Donc, il y a un test quoi, un mois ?

Romain Collignon : Oui, un test. Là, on a quelqu’un qui va venir pour… qui va devenir la plume de la boîte, je peux te dire qu’on a fait des tests. Donc là, on est encore dans le processus de recrutement, on a trois profils. On a fait les tests, déjà, OK. Ce que tu écris et publies par rapport à la voix et tout ça, le ton de Romain, c’est bon quoi. Maintenant, on va vérifier les valeurs, on va vérifier la vision dans un an, mais sur le papier, tu sais faire le job et tu le fais très bien. Tu es excellent dans ce que tu fais, tu vas nous enseigner des trucs. Mais ça, si tu ne fais pas le test avant, tu ne peux pas savoir. Sur le profil similaire quand même, c’est important de…

Olivier Roland : Combien de temps dure le test ?

Romain Collignon : Je ne sais pas. Là, par exemple, pour ce profil-là, c’était une de mes vidéos qui allait sortir dans deux semaines. Voici une vidéo, et puis, je te donne quelques critères un peu, mais avec une marge de créativité et de liberté aussi, parce que je ne vais pas non plus formater les gens, et je veux voir ce que tu nous envoies en fait tout simplement.

Olivier Roland : Moi aussi, j’ai mis le test au cœur de mon recrutement, et clairement le diplôme, ce n’est pas du tout un facteur.

Romain Collignon : Non, le diplôme, c’est vrai que je ne regarde pas du tout.

Olivier Roland : C’est clair. Mais il y a énormément d’entrepreneurs à qui je parle qui me disent exactement la même chose. C’est quand même intéressant, parce que beaucoup de gens sont quand même persuadés qu’un diplôme, c’est important… mais j’ai l’impression que c’est de moins en moins regardé par les recruteurs. Ce n’est peut-être pas vrai dans le monde corporate, je ne sais pas, mais en tout cas dans les milieux plus agiles de petites boîtes et tout ça, ce sont les tests qui font tout.

Romain Collignon : Ce que tu veux, en anglais, je dirais add put, mais qu’est-ce que la personne peut sortir, produire comme résultat. Je m’en fous du diplôme.

Olivier Roland : On est des exemples de gens qui se sont formés par eux-mêmes.

Romain Collignon : C’est soit on n’a pas de diplôme, soit on en a eu, et qui se sont formés pas mal, dans tous les cas moi, ce que j’ai vraiment cherché justement, c’est la curiosité. Si tu as une problématique, tu ne sais pas faire, OK, mais est-ce que tu auras le réflexe d’aller chercher par toi-même la solution et d’essayer ? Tu vois, c’est plus ce côté ressource. Est-ce que tu as des ressources en interne pour aller chercher les solutions toi-même ? C’est vachement plus intéressant, si tu veux. C’est comme l’histoire du pêcheur ou…

Olivier Roland : On te donne un poisson ou apprend à quelqu’un à pêcher. 

Romain Collignon : Exactement. Non, pas de diplôme.

Olivier Roland : Pas de diplôme oui, intéressant. Tu m’en as déjà parlé en saupoudrant un peu tout au long de l’interview, mais quelles sont tes croyances qui sont différentes de celles de la majorité ? Est-ce que tu les avais identifiées ?

Romain Collignon : C’est tellement intégré, mais à travers le reflet, il y a des choses… Tu m’aurais posé la question entre il y a 10 ans et aujourd’hui, je peux te dire qu’il y a des choses qui ont fondamentalement changé, peut-être des croyances autour de la perfection et de l’imperfection. Maintenant, je pars vraiment du principe qu’on construit l’avion en volant, tu vois. C’est genre on fait les choses, « fais, mieux que parfait »… parce que maintenant, j’ai compris que quand on crée quelque chose, soit on gagne, soit on apprend. Et pour moi, c’est clé et on l’enseigne. Et je pense que ça avant, il fallait que ce soit parfait. Donc, qui dit parfait dit procrastination, dit finalement on ne fait rien.

Olivier Roland : Absolument. Donc, tu es tombé dans le perfectionnisme à outrance parfois.

Romain Collignon : Oui.

Olivier Roland : Ça peut toucher beaucoup d’entrepreneurs.

Romain Collignon : Oui, c’est le syndrome du bon élève aussi, tu vois. Mais au final, maintenant, j’assume complètement de faire des erreurs, et voire même, on a cette culture dans l’entreprise du… Tu connais Ryan Holiday, The Obstacle is the way, donc L’obstacle est le chemin, en français.

Olivier Roland : Oui, l’obstacle est le chemin. Je ne sais pas comment ça a été traduit. J’adore cet auteur, mais je n’ai pas lu ce livre en particulier.

Romain Collignon : OK, c’est intéressant. Je ne veux pas refaire le pitch, mais nous, on l’a modélisé sur « The feedback is the way ». Donc une de nos valeurs, c’est justement d’envoyer, de faire les choses et de récupérer le maximum de feedback pour itérer. Donc, on a des processus d’itération complets. Je suis complètement OK de lancer des trucs qui sont complètement en dehors de la zone de confort, de prévenir les membres que c’est la première fois qu’on le fait, mais vous avez l’opportunité d’être ce bêta, toujours pareil, testeur. Et nous, on n’est pas commanditaire de feedback.

Sur chaque chose qu’on va faire, on a un process à la fin de chaque projet qui s’appelle Feedback Loop, donc la boucle de feedback. On va se poser quatre questions. La première, c’est : qu’est-ce qui était OK ? Qui a bien marché ? Parce que des fois, c’est intéressant aussi de ne pas oublier ce qui a bien marché. Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné ? Si je devais recommencer ce projet, qu’est-ce que je ferais différemment ?

Olivier Roland : Intéressant.

Romain Collignon : Et ça, c’est hyper clé parce que du coup, déjà, ça nous met dans un état d’esprit de je vais reproduire le projet. Combien de fois l’entrepreneur va créer un truc, mais ne va jamais capitaliser sur ce qu’il a fait ? Blogueur Pro, tu vois, chaque année, tu le lances. Donc, tu fais ce feedback. Et après, c’est se dire « OK, quelles sont les trois, quatre actions que je vais mettre en place pour la prochaine fois ? » L’idée, ce n’est pas d’implémenter tout, mais c’est d’avoir cette démarche progressive d’amélioration continue. Je pense que ça, ce sont des choses que je ne faisais pas du tout avant. Maintenant, cela fait vraiment partie de la culture entreprise. On prend le feedback de l’équipe, on prend le feedback des membres. Donc, à chaque fois, qu’est-ce que je fais l’année prochaine ? Je n’en sais rien. Je prends le feedback et on va construire à partir du feedback. Tu parlais des croyances, c’est une des choses qu’on a vraiment mises en place.

Olivier Roland : Donc, fais plutôt que parfait, et vraiment aller chercher le feedback.

D’ailleurs, tu me disais juste avant le début de l’interview, on parlait d’une cliente à toi qui t’envoie beaucoup de feedbacks et que tu prends ça gracieusement et que tu utilises vraiment.

Romain Collignon : Oui, parce que l’ego des fois te dit « ce n’est pas bien ce que j’ai fait ». Et franchement, je suis tellement bullet proof.

Olivier Roland : Là-dessus.

Romain Collignon : J’ai tellement pris de choses, des fois, des choses… toujours des choses qui m’ont servi en fait.

Olivier Roland : Comment tu as fait pour travailler sur ton ego pour ne pas qu’il t’empêche d’être à l’écoute du feedback ?

Romain Collignon : Je ne sais pas. C’est le développement personnel, c’est la maturité, je n’en sais rien. Puis, juste de comprendre que quand quelqu’un te fait un feedback, ce n’est pas qu’il te veut du mal. Au contraire, c’est qu’il te donne du temps, de l’énergie pour améliorer les choses. Et en fait, c’est dans leurs propres intérêts. Moi, j’ai un de mes membres, j’adore, il me donne toujours plein de feedbacks, mais il me dit « je te le dis, parce que je sais que l’année prochaine, tu vas mettre ça en place. »

Olivier Roland : Ils te font confiance là-dessus, oui.

Romain Collignon : Oui. Après, moi, ça fait partie vraiment de notre culture.

Olivier Roland : Tu ne peux pas tout mettre en place non plus.

Romain Collignon : Non. Après, derrière, ça nous donne, c’est ce qu’on appelle des backlog dans l’industrie tech, où tu as plein d’idées pour développer le produit. Après, c’est juste de les hiérarchiser en fonction de certaines priorités. On passe, nous, par un filtre : est-ce que c’est vital, nice to have, ou neither ? En gros, c’est : est-ce que c’est vital ? On peut l’avoir ou aucun des deux. Donc, si c’est « aucun des deux », soit ce sont de fausses bonnes idées. Mais à partir de ce qui est vital, on essaie de restructurer. On fait beaucoup de versions de programmes à minima chaque année, c’est-à-dire on a capitalisé sur toute cette année, qu’est-ce qu’on a appris et comment va faire une nouvelle version à partir de ça. Et après aussi, dans les budgets alloués, parce que souvent, c’est facile de rajouter des choses. C’est aussi des fois très compliqué d’enlever des choses. Mais des fois, il vaut mieux enlever certaines choses pour plus d’efficacité.

Olivier Roland : Difficile de renoncer à quelque chose que tu as prévu.

Romain Collignon : Oui, mais quand on s’est confronté et que ça n’a pas marché, je suis complètement OK pour l’enlever. Donc, c’est plus une démarche de test and learn. Voilà.

Olivier Roland : Tu vois d’autres croyances que tu as et que la majorité des gens n’ont pas ?

Romain Collignon : Déjà, ces deux-là, c’est vraiment pas mal.

Peut-être une troisième croyance et je la rabâche pas mal à nos membres, c’est qu’il n’y a pas d’objectifs trop ambitieux, il y a juste des deadlines trop ambitieuses.

Olivier Roland : Intéressant.

Romain Collignon : Donc, tu vois, c’est toujours la vision tu prends un Elon Musk ou je n’en sais rien moi, à Dubaï, les Émirats Arabes unis, ils ont des visions sur plusieurs générations. Ce sont des visions pharaoniques.

Olivier Roland : Tu sais que Dubaï a comme ambition de créer une ville sur Mars d’ici 2117.

Romain Collignon : OK. Ils vont y arriver.

Olivier Roland : Parce qu’en 2017, ils ont dit « Dans 100 ans, on va avoir une ville sur Mars. » Il n’y a pas cela dans les pays démocratiques, malheureusement. Ça manque un peu de vision à long terme.

Romain Collignon : Parce que, oui, c’est short termisme. Mais eux, ils ont le capital pour le faire. Ils voient ça sur plusieurs générations.

Olivier Roland : Puis, ils ont le savoir-faire de créer un truc dans le désert à partir de rien.

Romain Collignon : C’est ça. Donc, ils ont aussi le passé, l’expérience qui permet de faire ça. Nous, on a au moins ça en France. Je ne sais pas, peut-être qu’on a un historique aussi, un passé qui est relativement lourd, qui nous empêche aussi de voir le futur.

Olivier Roland : Absolument.

Romain Collignon : Et ça, ça joue. Et donc, je pense que quand on est entrepreneur, ce qui vient alimenter, c’est la vision dans un premier lieu. C’est de voir plus grand, fois 10, plus fort. Mais après, ne pas se dire « je fais ça dans 6 mois ou dans 1 an », parce que c’est juste, en fait, on est en train de tuer dans l’œuf une vision. Mais c’est juste de se laisser le temps de devenir beau, voire même excellent dans ce que l’on fait pour pouvoir mettre en place la vision.

Donc, quand je te partage que j’ai ma vision la veille de mon décès, ou même dans 25 ans, je sais ce qu’on fera encore, j’imagine de faire ça dans 25 ans. Mais si ça se trouve, dans 10 ans, on l’aura déjà fait. Mais parce que c’est 25 ans, j’ai le temps. C’est 100 trimestres, tu vois ? Donc 100 trimestres, tu as le temps d’en mettre des projets trimestriels.

Olivier Roland : Tu veux dire que tu veux être ambitieux, sans te mettre trop de pression non plus ?

Romain Collignon : Oui, je n’ai aucune pression. Si on ne fait pas ça ce trimestre-là, ce n’est pas grave, on fera le prochain. Mais souvent, c’est de se fixer des…

Olivier Roland : C’est le temps long alors.

Romain Collignon : Oui, c’est le temps long. Et je trouve que, du coup, la vie ralentit quand tu continues comme ça. Je ne sais pas, non, dans la deadline. Oui, on a des deadlines, c’est important d’en avoir pour faire avancer le truc, mais on a le temps.

Olivier Roland : Alors, c’est intéressant que de mixer ça avec le côté on construit l’avion en volant parce que dans l’avion en volant, on peut se dire justement s’il y a une sorte d’urgence, un sentiment d’urgence qui est intrinsèque.

Romain Collignon : Il faut, sinon on procrastine.

Olivier Roland : Alors, comment tu mixes le sentiment d’urgence avec la non pression sur les objectifs à long terme ?

Romain Collignon : Il faut savoir les décomposer les objectifs.

Olivier Roland : Parce que là, tu n’as pas la même énergie sur la vision à long terme que sur la vision à court terme.

Romain Collignon : Oui, c’est possible. En fait, quand tu as une vision à long terme, tu peux avoir l’énergie. Mais concrètement, si tu ne vois pas les choses se manifester au quotidien, tu peux vite perdre la vision. On les connaît ces séminaires flamboyants où tu vas faire la vision et tu es comme ça et tu es chaud. Après, tu te retrouves chez toi tout seul le lendemain et tu fais…

Olivier Roland : Tu te mates Netflix ?

Romain Collignon : Et tu te mates Netflix, tu n’es pas dedans. Et moi, ce que j’ai remarqué, c’est que 90 jours ou le trimestre, c’est la période qui est suffisamment longue pour l’être humain de se fixer des objectifs qui sont ambitieux, en dehors de zone de confort, et un temps suffisamment long pour pouvoir mettre en place les choses. C’est d’ailleurs pour cela que nous, nos masterminds, nos groupes, on se voit tous les trimestres. C’est là où on va réinitier la vision « Est-ce qu’on reconnecte ? » et tout ça. Donc moi, j’ai des visions à 25 ans qui sont ramenées sur 3 ans. Et sur 3 ans, ce sont des choses assez concrètes qui peuvent entrer dans des projets trimestriels.

Et donc, on fait tout dans le trimestriel. Nos objectifs, c’est toujours trimestriel, parce qu’on va faire des choses. Là, on a lancé un podcast qui s’appelle « Structure », le dernier trimestre là, en Q4 2021. Lancer un podcast, OK. Dans notre vision à 25 ans, ça va nous servir, ça va être un vrai actif, mais c’est un projet trimestriel pour le lancer parce que si tu veux lancer en deux semaines, ce n’est pas assez.

Si tu dis « je vais faire un an pour le faire », tu prends un temps trop long et tu risques d’oublier le projet. Donc, je pense que, en tout cas pour moi, pour les membres de l’équipe et puis pour nos membres des programmes, tout décomposer en trimestriel, cela fonctionne très, très, très bien, pour être à la fois ambitieux et, en même temps, se laisser suffisamment de temps pour faire les choses.

Olivier Roland : Et ça, c’est quelque chose que vous faites en réunion, en équipe ?

Romain Collignon : Oui, on a des meetings, du coup. On a des meetings.

Olivier Roland : Tu as des meetings. Est-ce que je peux encore te parler ?

Romain Collignon : Une structure. Ouais, une structure.

Olivier Roland : OK.

Romain Collignon : Et ça, tu vois, quand on fixe, on appelle ça des rocks. Et ça vient de la méthodologie Traction dont je te parlais tout à l’heure, ces objectifs trimestriels.

Olivier Roland : Que les gens peuvent apprendre en lisant un bouquin.

Romain Collignon : Oui, puis c’est surtout en appliquant. C’est toujours la même chose, parce que ce genre de choses, ces structures on a mis bien 2 ans à être bien rodé là-dessus. Donc, il ne faut pas non plus se dire « j’ai lu le bouquin, je mets en place ça tout de suite », non. C’est pareil, on crée des habitudes.

Autant on crée des habitudes serviables pour l’être humain, autant le business, il faut aussi qu’ils se laissent le temps de créer des habitudes pour que cela devienne automatique.

Olivier Roland : Donc, on a les croyances que tu as qui sont différentes. Est-ce que tu as des actions que tu fais régulièrement dans ta vie perso, parce que la pro, on en a déjà parlé, mais qui ne sont pas très courantes ?

Romain Collignon : Je ne sais pas. Dans notre écosystème, peut-être que c’est normal.

Olivier Roland : Oui, mais on veut dire par rapport à la population générale. Tu as déjà dit, tu vas trois fois par semaine à la gym, et ça, c’est vraiment…

Romain Collignon : Oui, non négociable.

Olivier Roland : Oui, c’est non négociable. C’est quoi, c’est trois fois une heure ?

Romain Collignon : Oui, grosso modo, c’est ça. C’est mon minimum.

Olivier Roland : Tu fais les bras. Tu as différentes zones du corps. Tu as les jambes, tu as les pecs et puis dos.

Romain Collignon : C’est ça.

Olivier Roland : Comme moi.

Romain Collignon : Mais tu vois, pas plus. Et puis, l’idée, c’est d’être juste bien en fait, de sentir bien en énergie. Si je ne le fais pas, je sais que c’est un fondamental qui… On est des athlètes de haut niveau en tant que chef d’entreprise, donc il faut prendre soin de soi.

Olivier Roland : OK, à part ça ?

Romain Collignon : À part ça, gratitude à max. En fait, chaque journée, j’utilise une application qui est le Five Minute Journal qui est en papier, qui est en application.

habitude à adopter gratitude

Olivier Roland : Je recommande d’ailleurs.

Romain Collignon : Toutes mes applications sont sur l’iPhone parce que c’est le seul outil que j’utilise tout le temps. Lecture à fond.

Olivier Roland : La gratitude, je fais comme toi.

Romain Collignon : Et est-ce que tu apprends aussi à la fin de la journée ? Parce que c’est intéressant, c’est se dire OK, c’est toujours cette histoire de feedback, c’est qu’est-ce que j’aurais pu mieux faire aujourd’hui, mais que je n’ai pas fait ?

Olivier Roland : Écoute, je l’ai fait pendant un certain temps et j’ai trouvé que cela ne m’apportait pas tant que ça en tout cas. Je l’ai zappé. Je vais peut-être le refaire un de ces quatre. OK, donc tu fais ça aussi ?

Romain Collignon : Vraiment tous les jours.

Olivier Roland : Tu fais Five Minute Journal, en fait, oui. C’est trois choses pour lesquelles tu as de la gratitude, la chose que tu aurais pu améliorer et puis les transactions que tu veux faire aujourd’hui qui vont faire de cette journée une belle journée.

Romain Collignon : Exactement.

Olivier Roland : Et donc, tu as dit…

Romain Collignon : J’enlève trois objets de chez moi chaque jour.

Olivier Roland : Ah bon ? Disons qu’au bout d’un moment, tu n’as plus rien.

Romain Collignon : Oui, c’est ça l’idée.

Olivier Roland : C’est-à-dire que tu achètes plus vite que tu en enlèves ?

Romain Collignon : Alors, là, quand tu n’as plus d’objet, c’est j’enlève trois photos de mon téléphone. Mais l’idée, c’est vraiment de…

Olivier Roland : Intéressant.

Romain Collignon : Tu vois, un peu comme Marie Kondo. Je sais que deux fois par an, d’habitude, je rentrais de vacances, je passais une semaine parce que tu accumules des trucs chez toi.

Olivier Roland : C’est clair.

Romain Collignon : Mais tu vois, les objets, c’est de l’énergie.

Olivier Roland : Absolument. Là, on a beaucoup de points communs là-dessus parce que c’est quasiment pareil.

Romain Collignon : D’ailleurs, tes bouquins, tu les as virés ?

Olivier Roland : Oui, quand j’ai déménagé de Lille à Londres, j’avais 25 cartons, dont 17 de livres, donc j’ai tout donné à Laurent Breillat que tu connais qui est aussi un élève Blogueur Pro. Et j’ai tout racheté sur Kindle en fait. Et ça m’ennuie quand je dois les lâcher. J’ai voulu acheter deux livres, ils n’étaient pas sur le Kindle, j’ai pété un câble. J’ai dû les acheter en papier parce que je veux vraiment les lire et ça m’a vraiment soulé.

Et toutes mes possessions pourraient tenir dans un coffre de voitures, à part mes guitares, parce que les guitares, ça prend de la place.

Romain Collignon : À part mon saxophone, donc voilà.

Olivier Roland : Tu joues du saxo ? OK, intéressant. Tu vois, là, on se connaît.

Romain Collignon : D’accord. On se connaissait vraiment.

Olivier Roland : On est vraiment proche là-dessus. OK, quoi d’autre ?

Romain Collignon : Donc oui, et ça, je pense que c’est une croyance qui… D’enlever les objets de chez moi, j’avais une petite astuce, c’était de mettre des petits post-its dessus. Et si au bout d’un an, le post-it était encore là, c’est que l’objet vraiment, on n’a pas besoin.

Olivier Roland : Et les objets des enfants, cela fait partie ?

Romain Collignon : Et ça pour moi, c’est un challenge.

Olivier Roland : D’accord. Avec les enfants qui ramènent… Est-ce que ta femme est minimaliste ou pas ?

Romain Collignon : Non, il y a des objets qui finissent dans des boîtes, finissent à la cave, qui ne sont pas jetés. Mais moi, je n’ai aucun souci, même si on m’offre quelque chose, par exemple, si ça n’apporte pas de valeur énergétique, à les jeter ou à les donner…

Olivier Roland : Moi, je demande qu’on ne me donne plus de cadeau en fait. Moi, ce que je demande, c’est que les gens fassent une donation à une association caritative que j’ai nommée du montant.

Romain Collignon : C’est génial. Je prends note.

Olivier Roland : C’est mieux. C’est une belle énergie à donner justement.

Romain Collignon : Ça dépend comment on reçoit les cadeaux.

Olivier Roland : Ou alors, je veux une expérience. Je préfère m’acheter des expériences que des…

Romain Collignon : Pareil, une bonne bouffe.

Olivier Roland : Voilà ou un truc où tu vois que la personne a investi du temps pour faire un truc particulier. OK, quoi d’autre ?

Romain Collignon : Et quoi d’autre comme habitude ? La lecture, podcast.

Olivier Roland : Oui. Tu médites ?

Romain Collignon : Non, c’est un truc sur lequel…

Olivier Roland : Il faudrait que tu t’y mettes.

Romain Collignon : Il faudrait. Avec le mot faudrait, pour moi, ça fait baisser mon énergie.

Olivier Roland : Tu devrais tester.

Romain Collignon : Je devrais être un bon sceptique, et j’ai déjà testé.

Olivier Roland : Ah d’accord.

Romain Collignon : Mais j’ai pas forcément accroché.

Olivier Roland : Intéressant.

Romain Collignon : Mais une bonne habitude, je me fais livrer mes plats le midi.

Olivier Roland : Tu es libre de tester à nouveau.

Romain Collignon : Oui, tout à fait. L’alimentation, je me fais livrer des plats tous les midis.

Olivier Roland : OK.

Romain Collignon : Sauf quand je déjeune avec toi le midi.

Olivier Roland : Parce qu’il n’est pas comme tous les gens ?

Romain Collignon : Mais si, je me fais livrer tous les lundis matins mes repas du midi. Donc, si tu veux, ça me déplogue le fait de qu’est-ce que je vais manger ?

Olivier Roland : Uber Eats.

Romain Collignon : Ça s’appelle Seazon. Ça livre pour la semaine, donc j’essaye vraiment de processiser ça. Ça peut paraître extrême. Et puis…

Olivier Roland : Tu sais moi, je ne mange qu’au restaurant.

Romain Collignon : OK.

Olivier Roland : Ça fait depuis 2015 que je ne me fais plus à manger. J’ai décidé de déléguer à l’univers. Et c’est beaucoup plus facile de manger sainement.

Romain Collignon : En fait, tu les mets sur pilote automatique. Je pense que c’est ça. Toutes les habitudes que j’essaye de faire, c’est de ne pas avoir à réfléchir sur les choses qui me font du bien.

Olivier Roland : Absolument. Donc, est-ce que tu vas aussi loin que Steve Job, qui avait 10 fois la même tenue parce qu’il ne voulait pas choisir…

Romain Collignon : Presque. Tu vois, j’ai toujours ces mêmes jeans-là. Ces baskets-là, je les ai en autres couleurs. Ces pulls-là, je les ai en autres couleurs. Et j’achète tous mes T-shirts chez Zara.

Olivier Roland : D’accord.

Romain Collignon : Quand c’est la saison au printemps, j’achète une dizaine. Donc, oui, j’automatise ça. Mais moi, c’est toujours… Tout ce qui me demande de l’énergie, je pense que c’est inconsciemment, et on en revient à ces notions de qu’est-ce qui m’apporte de l’énergie ou pas ? Je délègue cela, je mets cela sur pilote automatique. Voilà.

Olivier Roland : D’autres choses ?

Romain Collignon : Je ne sais pas. J’essaie juste d’imaginer des trucs où des amis d’enfance m’ont dit « mais tu es un taré là-dessus ». Mais je pense que maintenant, ils sont habitués, donc ils ne me disent plus.

Olivier Roland : OK. Au bout d’un moment, c’est le nouveau normal.

Romain Collignon : Oui, c’est ça.

Olivier Roland : Donc, tout à l’heure, t’as partagé ton chiffre d’affaires librement. Quel est ton rapport à l’argent ? Et comment tu te positionnes par rapport à ce que tu vois du rapport à l’argent en France ?

Romain Collignon : Je pense que mon influence américaine me libère sur parler d’argent tout simplement. Je crois qu’il y a deux énergies autour de ça, et en toute transparence, je pense que j’en maîtrise une et je ne maîtrise pas l’autre. Il y a la notion de générer de l’argent et la notion de gérer de l’argent. Générer de l’argent, on sait faire. La gérer, je pense que je ne suis pas le spécialiste.

Olivier Roland : Ah oui. Mais pourtant, tu es minimaliste, tu le dépenses dans quoi ?

Romain Collignon : Je ne dépense pas.

Olivier Roland : Ah oui, d’accord.

Romain Collignon : Non, je ne dépense pas, mais côté gérer, je n’investis pas.

Olivier Roland : Ah, tu n’investis pas, d’accord.

Romain Collignon : Ou très peu et en mode… Quand je travaille, quand je discute avec d’autres entrepreneurs dans nos masterminds, tu sens qu’ils ont vraiment une énergie. Ils adorent que le moindre limite euro, il va aller dans un endroit où ils vont capitaliser dessus. Moi, je n’ai pas encore cette énergie, c’est quelque chose si tu veux que j’ai envie

Olivier Roland : Tu gardes ton cash ?

Romain Collignon : Oui, enfin.

Olivier Roland : Avec l’inflation qui est en train de monter, c’est…

Romain Collignon : Oui, je suis le propriétaire de ma propre maison,

Olivier Roland : D’accord.

Romain Collignon : Il y a des trucs qui sont faits, mais ce n’est pas du tout optimisé. Et c’est un sujet sur le…

Olivier Roland : Tu n’as pas de système où tu dis, tous les mois, je prends 10 ou 20 % de mon revenu et…

Romain Collignon : Non.

Olivier Roland : Ah oui, d’accord.

Romain Collignon : Non.

Olivier Roland : C’est facile à automatiser ça.

Romain Collignon : Oui. Mais tu vois, c’est une notion, je pense, d’énergie. Et puis c’est, je pense, encore un truc à travailler. Tu vois, de mon enfance, je n’ai pas appris ça, la notion de l’argent.

Je vais raconter une petite anecdote. Je ne viens pas d’une famille du tout entrepreneurial, mais le seul entrepreneur qu’on connaissait bien dans la famille avait quitté sa femme et puis lui avait fait un enfant dans le dos. Donc pour moi, le seul entrepreneur que je connaisse, c’était quelqu’un que j’aimais beaucoup, j’ai associé ça. Alors, la valeur famille était hyper importante. Donc si tu veux, il faut se détacher de ces notions-là d’entrepreneuriat, argent, et reconstruire cela avec des valeurs qui sont beaucoup plus serviables. Et j’ai pu rencontrer des personnes après qui avaient plus d’argent, beaucoup plus d’argent et qui s’en servaient à des fins beaucoup plus nobles dans mon système de valeur. Je pense qu’il y a ce côté reprogrammation que j’arrive à faire. Puis, il y a toujours du travail sur cela. Donc, si, je peux être transparent pour générer l’argent, aucun problème. Le gérer, c’est en apprentissage.

Olivier Roland : Et le fait d’en parler, parce qu’en France, c’est quand même un sujet assez tabou dans certains cas en tout cas ou les gens sont plutôt pudiques ?

Romain Collignon : Cela dépend avec qui, en fait. Je pense que c’est toujours pareil.

Olivier Roland : Comme tu dis que c’est l’influence américaine, moi, c’est pareil. Clairement, l’avantage de la culture française, c’est qu’on est beaucoup moins pudique sur le sexe que les américains.

Je discutais avec Anthony Bourbon, c’est le fondateur de Feed, puisque j’ai fait une interview avec Anthony Bourbon et je disais voilà, aux États-Unis, c’est un scandale si le président se fait sucer par sa secrétaire, alors qu’en France, tout le monde s’en fout complètement. À la limite, on lui dit : good job, mais vas-y, qu’est-ce que tu fais pour la France quoi ? Il y a vraiment cette séparation des choses qui fait que c’est plus relax. Par contre, les américains, ils ont aussi cette absence de pudeur sur l’argent et le fait d’en parler et leurs relations.

Romain Collignon : Oui, ils ont cette culture justement d’investissement qui est là depuis le plus jeune âge. C’est vrai, ce sont des cultures différentes. Oui.

Olivier Roland : OK.

Romain Collignon : Non, mais tu vois, c’est pareil quand on dit « il faut faire attention ». De manière normale, je ne parle jamais d’argent en fait. C’est un corollaire. Mais après, si on me lance…

Olivier Roland : Sur le sujet, ça ne te pose pas problème.

Romain Collignon : Oui. Après, c’est toujours des notions d’ego aussi. On en parle tous les deux. Il n’y a pas de comparaison. Il y a aussi le côté, on parle de chiffre d’affaires, mais en profitabilité, c’est toujours pareil.

Olivier Roland : Oui.

Romain Collignon : C’est… qu’est-ce qui te reste ?

Olivier Roland : Mais tu vois, beaucoup d’influenceurs ont des problèmes même quand je les interviewe, moi, pour en parler. Non pas que eux soient gênés par cela, mais ils sont gênés parce qu’ils se disent « dans ma communauté, il y en a qui vont mal le prendre ».

Romain Collignon : Oui, et ça, je peux comprendre. Mais moi, ma communauté, elle est là aussi pour avancer.

Olivier Roland : Alors qu’aux États-Unis, tu as des influenceurs qui bâtissent leur communauté en vendant l’ultra, genre MrBeast, où il va dire « tiens, je te donne 1 million si tu es le dernier à toucher le truc ».

Romain Collignon : Après, là, c’est une réflexion que je me suis faite très récemment et je pense que je l’ai entendue ou lue, c’est que si tu associes le bonheur à l’argent… La phrase que j’ai entendue et qui résonne, c’est « Le bonheur, c’est ce qui te reste quand tu n’as plus d’argent. » C’est tout ce que tu as réussi à construire autour de toi, et moi, si j’enlève juste la valeur argent, tout ce que j’ai réussi à construire personnellement, amis, famille… je suis hyper nourri, donc je suis heureux. Je ne dis pas que… l’argent fait aussi le bonheur puisque cela te permet de faire des choses que tu ne ferais pas si tu n’en avais pas.

Olivier Roland : Tu préfères être heureux et riche que heureux et pauvre, ou pas ?

Romain Collignon : Oui, c’est ça, c’est un peu ça le résumé.

Olivier Roland : Écoute Romain, tu as partagé énormément de choses. Avant de se quitter, toi qui as dit que tu lis énormément comme moi, quels sont les trois livres que tu recommanderais ?

Romain Collignon : Donc, si je balaye sur les 15, 20 dernières années ?

Olivier Roland : Oui. Trois livres qui ont le plus d’impact, ou dont tu penses qu’ils vont avoir le plus d’impact pour les gens.

Romain Collignon : OK, j’en partageais un. En ce moment, je reviens toujours à celui-là quand on me pose la question, c’est le « One Thing » que tu as forcément…

Olivier Roland : The One Thing.

Romain Collignon : C’est « The One Thing ».

Olivier Roland : La chose ?

Romain Collignon : La chose, oui.

Olivier Roland : La chose unique.

Romain Collignon : Qui m’a énormément aidé et qui, je crois, à la fois…

Olivier Roland : Cela a été traduit en français ou pas ?

Romain Collignon : Oui, parce qu’on a tendance à penser qu’il faut toujours plus, et notamment dans l’entrepreneuriat, de faire plein de choses pour pouvoir développer son activité. Et moi, je me suis rendu compte qu’au contraire, c’est en éliminant le plus de choses possibles, en étant sur son X, avec une proposition de valeur très simple, très claire, que c’est là où on développe le plus. Donc moi, c’est un enseignement que je partage énormément avec les membres de nos programmes. C’est, tu n’as pas besoin de créer 50 000 offres. Pour parler de Blogueur Pro, tu en crées une et tu développes le truc pendant 10 ans. Et pour moi, cela m’a vraiment marqué ce truc-là et je pense que ça me suit sur pas mal de choses que je fais de revenir sur la simplicité des choses. Ça, c’est le premier livre. Chaque livre a toujours des enseignements.

Un deuxième qui est là beaucoup plus entrepreneurial, c’est, on parlait de Dan Sullivan. Il y a un concept qu’il a partagé il y a très longtemps, mais qui, du coup, est sorti en bouquin l’année dernière, qui s’appelle « Who Not How », c’est le Qui plutôt que le Comment.

Romain Collignon : Et ça, quand on est un entrepreneur, des fois, on a sa vision. Après, on voit tous les obstacles qui nous empêchent d’avoir sa vision. Et notre réflexe, c’est de chercher le comment on résout ça. En fait, tu enlèves le mot « comment » et tu cherches le « qui ». C’est « Qui est le qui qui va pouvoir me permettre d’atteindre ma vision ? ». Et ça, maintenant, c’est un réflexe que j’ai pour plein de choses. Peu importe l’ambition, le projet… je ne cherche pas comment faire. Je cherche qui l’a déjà fait et qui va pouvoir le faire pour moi. Pour moi, je pense que c’est un changement clé parce qu’on a été éduqué à « faire toi » dans l’éducation, tout seul. Quand tu fais tes examens à l’école ou machin, tu n’as pas le droit d’embaucher quelqu’un pour faire ton exercice ou ton…

Olivier Roland : Oui, c’est vrai.

Romain Collignon : Tu n’as pas le droit, donc tu es formaté à faire des choses par toi-même et à tout savoir faire. Et quand tu es entrepreneur, ce n’est pas comme ça que ça fonctionne.

Olivier Roland : Oui, c’est sûr.

Romain Collignon : Donc, moi, ça m’a vraiment reformaté sur mon approche.

Olivier Roland : Cela t’a appris à avoir cette vision de chef d’orchestre plutôt que l’homme d’orchestre.

Romain Collignon : Oui. Et libérer, décomplexer sur ce genre de choses. Ça, ce serait le deuxième livre. Et un troisième.

Olivier Roland : Pour la route.

Romain Collignon : Pour la route, c’est vraiment de… écoute, oui, le troisième, je t’en parlais tout à l’heure en déjeunant, c’est « Vivid Vision » de Cameron Herold, donc la vision Vivid. 

Romain Collignon : Parce que, qu’on fasse cela à titre personnel ou à titre pour la boîte, je pense que tu ne peux pas créer des choses si tu n’es pas clair sur ton futur en fait. Et ce bouquin-là, m’a vraiment aidé à structurer à la fois la vision du business et la vision perso, parce que souvent, on va créer de manière un peu intuitive la vision business, mais ce qu’on ne se rend pas compte, c’est que si on n’a pas travaillé sur la vision perso, cela vient en conflit. Donc naturellement, ton inconscience va t’empêcher de faire des trucs pour ta vision business.

Par contre, si tu commences par ta vision perso, sur toutes ces facettes de vie qu’on connaît, spiritualité, couple… tu as dans cet écosystème le business qui va venir supporter tout cela, quand je disais que nous, on a des masterminds, on mange bien et tout ça, parce que ça supporte ma vision perso du truc. Et je disais que quand j’ai lu ce bouquin-là, il y a 2 ans et demi, 3 ans, cela m’a vraiment aidé à structurer la vision du business, et je sais que tous les 3 ans, je vais repasser par le bouquin par Framework et réinitialiser ces visions-là parce que ces visions, elles ne sont pas ancrées dans le marbre tout le temps, elles évoluent. On les fait évoluer. Et c’est ça pour le troisième.

Olivier Roland : Et après c’est complémentaire à l’Ikigai.

Romain Collignon : Complètement, oui. Puisqu’il y a cette facette pro perso. Peut-être pas toutes les facettes de l’Ikigai, mais ça se ressemble.

Olivier Roland : Super. Là, cela fait plus de 2h qu’on est ensemble. Clairement les gens qui sont encore là, ils sont…

Romain Collignon : Vous êtes des Warriors.

Olivier Roland : Ultra motivés. Ce sont des warriors. Ils font quoi ? Il y a peut-être 15 % des gens qui sont arrivés jusqu’au bout, tu vois. Il faudra regarder ça sur YouTube.

Quels conseils tu peux leur donner ? S’ils sont là, c’est qu’ils sont ultras motivés, probablement, qu’ils veulent se lancer en entrepreneuriat. Quels conseils tu peux leur donner pour ça ?

Romain Collignon : Tout ce que vous pouvez faire pour apprendre sur vous-mêmes, faites-le. Parce que je vous ai donné plein de choses : Strengths Finder, zone de génie, toutes ces choses-là, Ikigai, c’est en fait le socle fondamental qui va vous permettre de créer tout ce que vous voulez créer derrière. Donc, plus vite vous allez apprendre sur vous et plus vite vous avancerez.

Olivier Roland : Super. Merci, Romain, d’avoir partagé tout ça. Pour ceux qui veulent découvrir un peu ton contenu, ils peuvent faire quoi ? Aller sur ta chaîne YouTube par exemple ?

Romain Collignon : Tape Romain Collignon sur Google. Et puis, je pense oui, sur la chaîne YouTube, on a pas mal de vidéos où je partage plus en détail certaines choses qu’on a discuté ensemble. Donc, c’est un bon départ.

Olivier Roland : Merci à toi d’avoir partagé tout ça. Et à la prochaine.

Romain Collignon : À la prochaine.

Olivier Roland : Et voilà chers amis rebelles intelligents, si tu es encore là, tu fais partie des 25%, des 20%, des 2% qui sont restés jusqu’au bout. En tout cas, tu fais partie de la minorité motivée. Donc, je suppose que c’est parce que ce podcast t’a plu. Si c’est le cas, tu es libre de laisser un commentaire sur ta plateforme de podcast préféré, et si tu le fais, je t’en remercie par avance parce que c’est grâce à des petits gestes comme celui-ci que ce podcast va toucher davantage de rebelles intelligents et les aider à créer l’aventure de leur vie.

Merci d’avoir écouté ce podcast et à très vite pour le…

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